La Légende de Beowulf : quand Robert Zemeckis était trop en avance sur son temps

Mathieu Jaborska | 26 septembre 2021
Mathieu Jaborska | 26 septembre 2021

Laid pour certains, sublime pour d'autres, La Légende de Beowulf est l'une des réalisations les plus audacieuses de la carrière de Robert Zemeckis et une expérimentation trop souvent occultée.

16 décembre 2009. Le monumental Avatar de James Cameron sort et monopolise les conversations pendant des semaines. Une expression est sur toutes les lèvres : performance capture. On hallucine de la prouesse technologique et artistique accomplie, on loue le goût de futur que laissent ces 2h41 sur la rétine, on revient aux origines de cette révolution hollywoodienne, actée par la non moins monumentale trilogie du Seigneur des Anneaux et la prélogie Star Wars. Ce qui précède Avatar est désormais précurseur, ce qui le suit contemporain.

On en oublie d'autres expérimentations plus discrètes, car moins appréciées, supervisées par le cinéaste Robert Zemeckis, spécialiste des casse-têtes techniques depuis qu'il s'est dépêtré de la production de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. L'une d'entre elles s'était même risquée à délaisser le public familial pour tout miser, le temps d'une parenthèse désenchantée, sur la dimension épique de son récit : le méprisé La Légende de Beowulf, sorte de geste suicidaire aussi mal reçu à l'époque que fascinant aujourd'hui.

 

photoA hero comes home

 

Pole position

Impossible de ne pas aborder Beowulf sous l’angle de la technologie, non pas parce qu’il ne raconte rien, au contraire. Mais parce qu’il fait du procédé dont il est devenu le représentant martyrisé, au point de symboliser pour beaucoup le fameux syndrome de l’uncanny valley au cinéma, le cœur de son identité, qu’il le veuille ou non. C’est d’ailleurs aussi l’angle choisi par le Youtubeur Le Fossoyeur de films, qui l’a utilisé pour aborder le potentiel et les limites des libertés permises par la mise en scène numérique. Dès sa préproduction, cette adaptation d’un poème ancestral portait les germes d’un véritable commentaire sur la technologie et ses limites.

Déjà, son existence résulte d’une avalanche d’impossibilités. Pour s’en rendre compte, il faut remonter plusieurs années en arrière, jusqu’en 1999. Tom Hanks pose une option sur le livre Boréal-express, désireux de jouer le conducteur et le père Noël. On est loin des batailles épiques de Beowulf, et pourtant, c’est le premier domino de l’histoire de la motion capture intégrale. Car c’est Zemeckis qui se retrouve à la barre de l’adaptation, et qui, dos au mur, décide de se la jouer avant-gardiste.

 

photoBienvenue dans le futur

 

Il l’explique à Wired : « Je ne voulais pas que ça ressemble à un dessin animé, mais le tourner en prises de vue réelles l’aurait rendu horrible, et ça aurait été impossible – ça aurait coûté 1 milliard au lieu de 160 millions ».

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Tout savoir sur La Légende de Beowulf

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
greg67
30/09/2021 à 15:12

Merci de reparler de ce film. Je me souviens avoir été très impressionné après l'avoir vu 2 ans après sa sortie ciné.

pith
30/09/2021 à 08:48

Merci de réhabiliter ce film, le fan de Zemeckis que je suis pense aussi que c’est une œuvre importante du cinéaste ! Et oui, Silvestri ne m’avait pas enthousiasmé comme ça depuis des lustres et il n’a pas vraiment fait mieux depuis (Marvel, comment dire...)

Hasgarn
27/09/2021 à 09:46

Ce film, rahh mais quel film !

Oui, aujourd'hui, il a une tronche de cinématique de jeu PS2 mais depuis quand un film n'est pas avant tout une histoire ? Ce scénario est tellement bon. Neil Gaiman, Roger Avary.

Et puis Zemekis qui donne toute la mesure de sa réalisation.

Un très bon film

Hawaii
26/09/2021 à 16:25

Que de souvenirs pour moi en parlant de ce film sous estimé et pourtant pour l époque techniquement hallucinant car c est le premier film que j ai projeté sur un projecteur numérique et en 3D.

Ray Peterson
26/09/2021 à 13:35

ERRATUM : la magnifique scène de la grotte entre Beowulf et la MERE de Grendel.

Beral
26/09/2021 à 13:32

Un vrai film ed super hero peut être le seul...

Ray Peterson
26/09/2021 à 12:54

Ayant eu la chance de le voir en 3D au parc de Mickey, le film prend véritablement tout son sens en le regardant dans ces conditions !!!

Un des meilleurs films de Zemeckis et pour moi son meilleur en capture même devant "A Christmas Carol" sorti (je crois) deux ans après.

La musique de Silvestri, la mise en scène tout en perspective et les thématiques du temps, de l'histoire réinventée, la filiation, le rôle de la mère et j'en passe etc.... Un casting de ouf, de la violence, des mouvements de caméra de dingue, de la censure extrêmement bien pensé et ludique, un design de dragon enfin digne de ce nom et la magnifique scène de la grotte entre Beowulf et Grendel. Bref chef d'oeuvre incompris et à réhabiliter pour ma part.

Pierre Daoulas
26/09/2021 à 12:42

Idem, j'adore ce film !

Numberz
26/09/2021 à 11:19

Fan de ce film depuis sa sortie. Quelques années après, il est un objet fascinant. Il viellit comparé au méthode actuel et pourtant il ne prend pas une ride, sans doute aidé par l'ambiance, le scénario ect... Je fais parti des j'adore ce film.