Tout James Bond : Quantum of Solace, l'héritier illégitime de Casino Royale

Mathieu Lapon | 15 avril 2022
Mathieu Lapon | 15 avril 2022

Quantum of Solace est ce soir à 23h33 sur Canal+.

Revigoré par le vent frais du reboot, James Bond : Quantum of Solace ne pouvait être que la résultante d'une voie pavée de succès... ou pas.

Sympathique spectacle, mais sans finesse à la réalisation ni équilibre au scénario, le film se contente de ce qu'il a de plus innovant en tant que 007 : être la suite directe de l'opus précédent.

Avec Casino Royale, le monde se surprend à adouber Daniel Craig. Non seulement, notre nouvel agent secret au regard d'assassin russe (chose cocasse s'il en est, pour un Bond) s'approprie avec brio le matricule 007, mais son histoire propulse la franchise vers de nouveaux sommets. Loin des gadgets ubuesques et déconnectés de la réalité qui faisaient pourtant l'ADN de la franchise depuis 1962, James Bond devient plus réaliste, psychologique et faillible que jamais.

 

 

Affiche frL'affiche officielle de Quantum of Solace

 

De quoi ça parle ?

Bien déterminé à faire payer ceux qui ont forcé Vesper Lynd à le trahir dans Casino Royale, James Bond est en chasse. Après avoir arrêté Mr. White dans sa villa italienne à la fin du dernier film, il le met dans le coffre de sa voiture et le ramène à une base du MI6. S'ensuit l'interrogatoire de White pour remonter jusqu'à son employeur.

White s'amuse de l'ignorance du MI6, révélant que la mystérieuse organisation pour laquelle il travaille est absolument partout. C'est alors que Mitchell, le garde du corps de M, sort son arme et commence à tirer sur tout ce qui bouge. S'enfuyant après avoir collé un peu de plomb çà et là, il est talonné par 007, qui le tue de justesse. Qui plus est, White est parvenu à s'enfuir.

 

photoBond aussi pressé que le scénario

 

La piste s'étant aussitôt refroidie, Bond et M reviennent à Londres. La patronne de 007 est en panique. Fort heureusement, après une fouille de l'appartement de l'agent infiltré, des liasses de billets sont découvertes et permettent à Bond de dénicher une nouvelle piste à Haïti. Sur place,. James tue le détenteur des billets et profite de sa mort pour usurper son identité et s'infiltrer. Il fait alors la rencontre de Camille, une collaboratrice de sa véritable cible : Dominic Greene, magnat de l'écologie et patron de Greene Planet, qui est une extension de l'organisation qu'évoquait Mr. White : Quantum. 

S'il grille bien vite sa couverture auprès de Camille, il la suit et remonte jusqu'à Greene, qui prévoit d'aider un général bolivien du nom de Medrano à faire un coup d'État dans son pays, en échange de quoi Quantum prendrait le contrôle d'un désert bolivien dépourvu de ressource apparente. Bond voit Camille être donnée à Medrano et ne peut s'empêcher de la sauver, juste avant qu'elle ne tire sur le général bolivien, la privant de la vendetta qu'elle désirait secrètement. Ils s'enfuient et Bond reprend sa mission, informé par le MI6 que Greene tiendra une réunion dans un opéra autrichien.

 

photoEn voiture comme sur deux roues, il trace.

 

007 s'y rend, se met sur écoute, et découvre qu'une bonne moitié du monde politique collabore avec Quantum, qui tient absolument à s'approprier une ressource cachée dans le désert bolivien. Un agent infiltré au service du premier ministre local essaye d'arrêter Bond, mais 007 le fait tomber du toit de l'opéra, le condamnant aux hommes de Greene, qui le tuent. Bond part pour la Bolivie.

Là-bas, il y retrouve Camille, qui a la ferme intention de finir ce qu'elle avait commencé. Elle et James apprennent que Greene doit signer son accord avec Medrano. En cours de route, ils apprennent à se connaître, et comprennent qu'ils cherchent tous les deux à se venger de quelqu'un par le biais de Greene (Camille confesse que sa famille a été tuée par Medrano). Ils découvrent après avoir été fauchés d'un avion et atterri dans un des ravins du désert que des étendues d'eau sont contenues par des barrages de Greene Planet.

 

photo, Daniel CraigCrasseux et largués dans le désert, mais toujours classes.

 

James comprend alors que Dominic Greene veut l'eau du pays, afin d'en contrôler le coût et la revendre plus cher aux boliviens, victimes d'une sècheresse qui met à sac leur habitat. Le binôme arrive finalement à l'hôtel. Chacun des revanchards va de son côté : Bond vs Greene, Camille vs Medrano. Camille prend finalement le dessus et trouve le courage d'appuyer sur la détente pour tuer Medrano. James rattrape Greene qui fuit, blessé par son combat avec l'agent britannique. Il lui soutire des informations sur Quantum et le largue au cœur du désert, le laissant pour mort (avec un bidon plein d'huile de moteur comme seule boisson). 

La Bolivie est sauve ; les collaborateurs de Greene sont arrêtés ; et James ne couche pas avec sa camarade, qui part plutôt aider les Boliviens à faire céder les barrages restants de Greene Planet. Bond se rend en Russie pour y trouver l'amant secret de Vesper, qui l'a forcé à le trahir en lui soutirant l'argent gagné dans Casino Royale.

Alors que M est persuadée que James tuerait l'homme qui lui a privé du seul amour qu'il a jamais eu, il se contente de le faire arrêter. La patronne est fière de la résilience de son agent, dont elle informe au passage la mort de Greene (gavé d'huile de moteur et tué de quelques balles par les agents de Quantum). James Bond s'en va au loin, laissant derrière lui le collier qu'il gardait de Vesper, libéré par la vérité. Fin.

 

photo, Judi Dench, Daniel CraigNe pas regarder son interlocuteur pour faire plus mélancolique

 

Pourquoi ça craint

Après la qualité certaine de Casino Royale, on était en droit d'attendre un film au moins équivalent, si ce n'est - soyons fous - meilleur que le premier. Qui plus est, le fait que Quantum of Solace reprenne exactement là où son prédécesseur s'arrêtait est une première dans l'histoire de la franchise 007, et avait de quoi pimenter la narration de la saga. Pourtant, en à peine trois minutes d'ouverture, le film se plombe autant que la voiture escortant White accuse de coups. 

Une première séquence qui commence doucement, avec de gros plans sur des voitures roulant à plein moteur, des armes et le regard plus déterminé que jamais de James Bond : le ton semble donné. Et pourtant, en à peine cinquante secondes d'exposition, les sons, jusqu'alors couverts par la musique, reprennent le dessus... et tout part déjà à vau-l'eau.

Ce qui se révèle être une course-poursuite entre Bond et les hommes de White devient un concert de sons de mitraillettes et de collisions, aussi agressif pour les oreilles que le surdécoupage de la séquence ne l'est pour la rétine (la seule explication derrière cette déferlante de cuts doit être que le monteur du film touchait une prime par coupe sur la table de montage).

 

photo, Daniel CraigUn tir, un cut.

 

Une bouillabaisse d'effets illisibles, cumulés sur une durée ni assez courte pour nous épargner la fatigue visuelle, ni assez longue pour nous imprégner d'une quelconque ambiance. Les défauts de cette séquence se retrouveront dans toutes les scènes d'action d'un film marqué par le manque de temps.

Avec 1h40 à son compteur, Quantum of Solace doit pourtant régler le complot bolivien de Greene, esquisser les plans plus globaux de Quantum, amener James à sa vengeance personnelle et même gérer un arc de rupture de confiance entre 007 et le MI6. C'est tout bonnement impossible. Le film a parfaitement conscience de ce boulet qu'il se traîne, de cette surcharge scénaristique qui ne pourrait être digérée qu'avec une durée plus conséquente. C'est pourquoi il décide, dans une tentative un peu désespérée, de gratter du temps par des artifices aussi gros qu'un éléphant.

Par exemple, en coupant purement et simplement les séquences de transitions (la piste d'Haïti est dénichée ; le plan suivant, Bond au pied de l'hôtel haïtien où il doit être), ou en faisant apparaître comme par magie des personnages. On pense notamment à celui de Camille (Olga Kurylenko), qui arrive pile quand James sort de l'hôtel haïtien. Et en plus, il s'avère justement que c'est le moment où le géologue dont il usurpe l'identité avait rendez-vous avec elle. Hum. Quelle chance !


photo, Olga KurylenkoUn peu trop facile, ma bonne dame.

 

Ce n'est que la première anicroche pour la pauvre Camille. Si sa soif de vengeance, en plus de la rendre plus consistante comme James Bond Girl, a le mérite de la connecter plus facilement à Bond (et au sujet du film), il n'empêche qu'elle souffre d'un cruel manque de développement, pas arrangé par le fait qu'elle garde sa carapace pendant plus de la moitié du film, avant de finalment se confier à James, dans un ravin bolivien. À peine les révélations faites, le film doit embrayer sur un troisième acte (faiblard en action, au demeurant), et l'expédier en deux temps trois mouvements. Camille restera donc sans doute dans les mémoires pour ne pas avoir couché avec l'agent secret. 

Il y a aussi la secrétaire du MI6, Fields (Gemma Arterton), dont la mort injuste est censée titiller la fibre "Vesper" de Bond. Mais si Camille n'a pas pu voir son personnage briller malgré son temps d'écran, alors la pauvrette rousse, même recouverte de pétrole (référence à la femme recouverte d'or dans Goldfinger, pour les incollables), n'y fera rien. Il en restera au moins l'idée de la revanche cruelle de Bond abandonnant Greene avec un bidon d'huile de moteur (une ironie du sort bien trouvée et amusante).

Au final, les deux femmes du film resteront totalement dans l'ombre de Vesper, sans même avoir une chance d'en être un bon faire-valoir.

 

photo, Gemma Arterton, Daniel CraigZéro pour le prix de deux

 

Et au sommet de ce gâteau de superficialité, un méchant pas crédible pour un sou, qui ne sert pas la menace que prétend représenter l'organisation Quantum. Si l'on sent le désir de Mathieu Amalric d'incarner ce personnage distant, véreux, froid, plus intellectuel que gros bras, son jeu est au mieux passable, au pire l'allégorie d'une mauvaise constipation.

Qui plus est, sa condition physique rend le climax du film futile au possible, puisqu'on essaye de nous faire croire que Dominic Greene a l'ombre d'une chance d'en découdre avec James Bond (et à celui de Daniel Craig, qui plus est). Un antagoniste un peu à l'image de ce film : balayé d'un revers de la main. On s'amusera aussi (avec tendresse) de la tentative d'effleurer des sujets écologiques (la fameuse "prise de conscience" des années 2000) et politiques avec la pénurie d'eau en Bolivie, qui se résume grosso modo à quelques plans sur des villageois geignant devant une gouttière vide.

 

photo, Mathieu AmalricMr. Vert(e)

 

En pâtissent donc l'aura manipulatrice et "État profond" de Quantum, dont les membres se font griller dans une scène (l'opéra autrichien) certes amusante, mais contre-productive pour sa crédibilité. On a du mal à croire que l'organisation ait besoin d'un contrepoids comme James Bond pour être révélée au grand jour, à vrai dire. 

En bref, le film est plein de bonnes idées, mais semble avoir tellement peur de la densité des histoires qu'il hérite de Casino Royale qu'il préfère les fuir dans le capharnaüm de ses scènes d'action, trop nombreuses (et bordéliques) pour un film si court. Avec la chance qui lui a pourtant été donnée d'être la suite directe du film précédent, Quantum of Solace ne profite pas de son statut pour rendre hommage à la complexité de son prédécesseur. 

 

photo, Daniel CraigÇa valait bien le coup de traverser tout le désert bolivien

 

pourquoi ON apprécie quand même

Pourtant, malgré ses nombreuses lacunes, le film reste appréciable. C'est sans doute son plus gros paradoxe, mais sa durée est autant une faiblesse qu'une force : ce qu'il perd souvent en intelligence et en profondeur, il le gagne parfois en dynamisme et en spectaculaire. Alors que Casino Royale essayait de faire redescendre Bond sur Terre, Quantum of Solace, un peu le cul entre deux chaises, profite du fatras ambiant de ses scènes d'action pour parfois s'amuser, éveillant la part la plus infantile et "pulp" qu'on connaît de l'agent secret, quand il s'agit de batailler.

On pensera à la séquence de la course-poursuite de Mitchell, le faux garde du corps de M. Dès que Bond arrive au sommet du clocher, c'est pour en redescendre (dans un superbe travelling, d'ailleurs) et partir sur un duel où James et son adversaire sont accrochés comme deux babouins à leurs lianes aux cordes d'un chantier. Un spectacle qui vaut assurément le coup. 

 

photo Daniel CraigBond. Babouin Bond.

 

On peut aussi penser à la scène du parachutage express de Bond et Camille dans le désert bolivien, un joli doigt d'honneur aux lois de la physique (ils ouvrent le parachute à même pas cinquante mètres du sol et sont frais comme des gardons à l'atterrissage). Quelquefois, la mise en scène épileptique du film ne parvient pas à tuer totalement la belle folie de situations qui offrent de quoi prendre son pied.

Mais dans le genre subtil, la scène d'action dans l'opéra autrichien jouant La Tosca est bienvenue. Avec une pièce de théâtre dont le thème est la vengeance d'un amant, il n'est pas anodin de l'avoir attribuée au James Bond de Craig, dont la motivation est entièrement dictée dans le film par la perte de Vesper. Plus encore, elle donne de la force au montage effréné de la séquence, qui traduit la rage débordante de 007 (à tel point que les sons sont coupés dans les dernières secondes de la course-poursuite entre les hommes de Greene et James, comme si ce dernier ne pouvait plus entendre que sa haine).

 

photo, Jeffrey Wright, Daniel CraigL'art de l'insolence

 

Un 007 savamment campé par Daniel Craig, qui oscille toujours aussi bien entre professionnalisme et provocation. Mais dans Quantum of Solace, James Bond est blessé. Si l'agent secret peut encaisser un millier de coups de poing, de balles et autres fantaisies de ses adversaires pour le désarçonner, la seule chose qui peut réellement être atteinte chez lui est son cœur. Et Vesper l'a fait. Ainsi, Daniel Craig doit jouer un Bond plus ambivalent, essayant de renfiler une carapace qu'il ne retrouvera jamais complètement. 

Cette contradiction se traduit dans les subtils élans de Craig de jouer son James Bond avec un brin de fierté souvent mal placé, refusant d'admettre qu'il a été touché. Que ça soit avec M dans leur base à Sienne ou avec René Mathis en Italie, James est comme un lion qui craindrait de perdre le trône de stoïcisme sur lequel il a toujours siégé, s'il venait à admettre que Vesper l'a trahi parce qu'elle l'aimait. Un déni de la douleur du deuil, qui tranche complètement avec l'archétype bondien, mais qui lui sied à merveille.

 

photo, Daniel CraigLe Bond dont on a besoin, mais qu'on ne mérite pas.

 

Business Bond

Fatalement, ce second opus pas tip-top de l'agent secret, qui avait pourtant chauffé les fans de la saga avec Casino Royale, allait subir un retour de bâton sévère. Cette fois, pour un budget (toujours plus pharaonique) de 225 millions de dollars, Quantum of Solace n'en rapporte que 586 millions au box-office mondial. En comparaison, le précédent film n'a coûté que 150 millions pour 594 millions de recettes. Le premier film de l'ère Craig, avec moins d'argent, en a rapporté plus. Au-delà du bouche-à-oreille tiède du film, qu'est-ce qui a pu déraper ?

Quantum of Solace est entré en production durant la grève des scénaristes de 2007, avec un scénario même pas complet (dire que ça se sent serait un euphémisme), obligeant des réécritures constantes au fur et à mesure du tournage. Ce genre de processus, agissant comme un cercle vicieux pour toute la production, doit - en partie - expliquer la différence de budget de 75 millions de dollars entre les deux films. S'ajoutent les quelques scènes d'actions onéreuses (le duel au chantier, le parachutage express) et le coût du film explose.

 

photo, Daniel Craig, Olga KurylenkoCraig et Kurylenko assistant à la combustion spontanée du portefeuille d'EON Productions

 

On note une légère amélioration du côté de la France, avec 3,7 millions d'entrées (contre 3,2 millions pour son prédécesseur), montrant que le pays des Lumières a été réceptif au retour Jason Bournesque du personnage (même si ça n'égale toujours pas les 4 millions d'entrées de Meurs un autre jour), Néanmoins, ça n'approchera pas le moins du monde les 20 millions d'entrées de Bienvenue chez les Ch'tis, sorti la même année. Cependant, il dépassera le diptyque policier franco-italien Mesrine : L'instinct de mort (2,3 millions d'entrée) et Mesrine : L'ennemi public nº1 (1,5 million d'entrées), qui sort sur les deux mois qu'occupe Quantum of Solace en salles.

Quant à la répartition du box-office mondial, c'est l'international qui gonflera le plus la bourse du film (417 millions), même si les États-Unis à eux seuls verseront un bon pactole (168 millions) pour cette aventure sud-américaine de Bond.

En ce qui concerne ses concurrents mondiaux de l'année 2008, un petit film (qui démarrera une petite franchise de rien du tout) du nom de Iron Man fait à peine un million de dollars de moins en recettes que les dernières aventures de 007. Parmi les autres blockbusters vaincus, on compte Twilight, chapitre 1 : Fascination (383 millions), 10 000 (269 millions) ou encore L'Incroyable Hulk (263 millions). En revanche, Quantum of Solace est tanné par Hancock (624 millions), Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (786 millions) et, bien sûr, le phénoménal The Dark Knight (1,001 milliard). Malgré les coups durs quant à son budget et sa rentabilité, le film 007 arrive en septième position, à l'échelle mondiale.

 

photo, Daniel Craig, Mathieu AmalricUn 007 qui se défend pas trop mal au box-office

 

Une scène culte

Il aurait été tentant de sélectionner une scène d'action turbo-mongolo pour caractériser la finesse de chameau avec laquelle l'intrigue de ce film avance, mais ç'aurait été passé à côté de son principal moteur : la tragédie Vesper, qui, malgré un récit parasité à bien des niveaux, se glisse agréablement dans les interstices de ce road-trip quantumesque.

Dans ces fins interstices, on trouve la scène finale du long-métrage. Alors que James Bond peut enfin rendre visite à Yusef Kabira, l'homme responsable de la mort de sa bien-aimée, il l'épargne et se contente de le faire arrêter. Il rend ensuite des comptes à M, qui craignait que son agent ne soit trop aveuglé par sa colère pour le laisser en vie. Son devoir accompli et son cœur soulagé, James retourne au bercail.

 

 

Une première partie où un silence de plomb règne dans la salle. Sans musique, avec pour seule force le regard de Daniel Craig, qui oscille à la perfection entre son intransigeance d'agent secret et son désir dévorant de vengeance, on sent d'un coup d'œil que Bond est à la croisée des chemins. Avec retenue, sa tirade mate d'un seul coup son adversaire, tout en témoignant de la souffrance qui l'habite. Un aveu dichotomique de force et de faiblesse, unique à cette version de 007.

Mais le plus mémorable reste le geste symbolique de Bond, lâchant le collier de Vesper. Précédé d'un dialogue où M lui demande de rentrer auprès du MI6, sous-entendant qu'il n'en était plus durant son deuil, James répond qu'il ne l'a jamais quitté. Il délaisse le collier pour mettre derrière lui la souffrance de sa perte, et ce douloureux espoir qu'il aurait pu être plus que l'agent secret. Une preuve que son corps et son âme appartiennent au MI6, et plus particulièrement à M, qui s'avèrera être la véritable Bond Girl de Skyfall.

Tout savoir sur Quantum of Solace

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commentaires
Un papa c’est si doux
15/04/2022 à 22:49

On voit le papa de Léa !!! C’est l’essentiel

brucetheshark
04/10/2021 à 12:03

@Ethan , Alerte Beauf

Dsluc
03/10/2021 à 01:14

Autant j ai détesté ce film au cinéma autant je l apprécie un peu plus â chaque visionnage. Il n y a quasiment aucun temps mort. La poursuite en voiture est en revanche toujours aussi incompréhensible et le méchant est probablement le moins charismatique de toute la saga avec son cri absurde quand il utilise une hache.

Ethan
02/10/2021 à 23:36

Cela dit le film est un bon film

xav
02/10/2021 à 16:04

Celui-là est le petit mal-aimé que je défends contre tout le monde depuis plus de dix ans.
Je serais gêné si le style caméra-à-l'épaule illisible devenait une habitude dans la série, mais dans le cadre de ce film c'est très à-propos. Cela dépend de ce que le réal veut mettre en valeur: la chorégraphie de l'action? (mieux comprendre comment il bute untel, où il cogne tel autre, comment il esquive le coup d'un troisième, etc.) ou bien le chaos intérieur ambiant? C'est le film où Bond est le moins froid et distant, c'est celui où il se bat pour faire taire sa rage. Pour une fois, l'important n'est pas de comprendre le combat, c'est de transposer visuellement la furie intérieure et incontrôlée du personnage. On n'est plus dans un spectacle kitch et décontractée à la Chapeau Melon Bottes de Cuir où l'on vient pour s'amuser des séquences d'action. On s'en fout de comment il arrive à tuer. Peut-être que James lui-même ressent le combat comme un chaos illisible où son instinct domine, où il tue sans même comprendre comment il y est parvenu.

Voilà pour le style visuel (le principal objet de déception du grand public, j'ai l'impression). Ensuite, pour le reste, sans que je puisse trop détailler pourquoi la mayonnaise prend, eh bien je trouve qu'elle prend (pour moi, en tout cas). Le ton du récit est toujours très juste (sauf peut-être les derniers mots de Matisse qui sont un peu faiblardes, qui nous rappellent qu'on est en pleine grève des scénaristes). C'est un récit que l'on suit vraiment parce que tous les éléments de sa direction artistique nous aident à croire en cette histoire. On est très très loin du kitch, on a une histoire qui se déroule à plusieurs niveaux:
- au niveau de l'intrigue d'espionnage où l'on a l'occasion de voir Bond remonter une piste, dans la continuité de l'intrigue de Casino Royale, au lieu de juste se pointer comme un roger moore devant le méchant déjà identifié, de jouer avec lui pour faire un spectacle de deux heures, et le buter sans surprise à la fin).
- au niveau plus personnel. Je ne vais pas répéter ce que l'article a déjà correctement exposé sur toutes les thématiques de vengeance et de deuil, mais je trouve ça magnifique.

Bref, je n'échangerais pas un Quantum of Solace contre dix Skyfall. Skyfall et Spectre ont interrompu l'intrigue haletante de CR et QoS, le démantèlement progressif de l'organisation criminelle Quantum, pour faire un retour au spectacle cinématographique superficiel. Je voulais connaître la suite et fin de l'histoire, mais à la place on a eu des suites qui arrivent à marier kitch et snobisme, qui déploient tout le talent de Sam Mendès pour prouver que ça y est c'est du vrai cinéma, c'est de la photographie oscarisable, c'est de la mise-en-scène haut-de-gamme, mais euh.... l'histoire, par contre, bof, on est au-dessus de ça.

Gus
02/10/2021 à 09:24

Je suis en désaccord avec votre critique. Autant quantum n’est pas terrible, autant vous ne pointez pas les vrais défauts de ce films. La course poursuite est probablement l’une meilleure qui ait été filmée dans la série des bond. Et Amalric est un très bon « mechant »

gigoo
02/10/2021 à 07:06

J’ai regardé la première scène du film
Et c’est tellement illisible que j’ai arrêté de regarder au bout de 3 minutes .. désolé mais un film réalisé avec les pieds ou tu comprend même ce que tu vois à l’écran je peux pas ..

Francis Bacon
02/10/2021 à 06:45

Moi j'aime bien Quantum. Déjà j'ai apprécié les partis pris de mise en scène sur les scènes d'action (plans très court, montage alterné) et puis la poursuite d'ouverture, quel régal visuel et auditif (la musique qui s'arrête et ensuite le moteur de l'aston martin, polala). Je suis pas en général un gros amateur de film d'action, perso je comprends pas trop le reproche de manque de lisibilité (c'est une poursuite en grosses bagnoles quoi).
C'est clair que le scénario a été fini à la pisse, mais bon si on reproche à ce film de pas développer les 2nds rôles, on peut aussi reprocher ça à tous les autres Bonds (hormis peut-être Casino Royale, que ce film a le malheur de suivre).
C'est aussi le seul Bond avec Casino Royale de l'ère "réaliste". Dès Skyfall (à mon grand désarroi) retour de Q, de Monneypenny et des gadgets.
Et puis Amalric, qui fait du pur Amalric (un peu intello, un peu fou, un peu dragueur mais pas gentleman pour 1 sou et ce phrasé) j'adore ce méchant. C'est clair qu'il n'est par contre pas crédible dans un mano à mano avec la montagne de muscle qu'est Craig, d'ailleurs les scénaristes ont été obligés de lui mettre 1 hache dans les mains pour équilibrer le truc (mais même là on sait comment ça va finir lol).

Rakis
01/10/2021 à 20:26

Un James Bond certes mineur (entre les énormes Casino Royale et Skyfall), mais je le vois toujours comme la suite directe du précédent, regardant souvent les deux films à la suite. Olga est magnifique, craquante et sauvage, mais James Bond est dans son deuil et ne pense logiquement pas à la bagatelle (même si l'histoire de vengeance ne se joue qu'au début et à la fin). James Bond peut aimer, se rappeler l'excellent Au Service Secret de Sa Majesté, avec Georges Lazenby et la mort de sa femme. Il me paraissait aussi intelligent de faire de ce nouveau James Bond autre chose qu'un mec en costume, jamais blessé, avec des gadgets délirants et sautant toutes les filles du casting. L'ère Craig a amené un côté réaliste bienvenu (après la voiture invisible de Meurs un Autre Jour, on pouvait craindre la suite du délire). Le film est court, dynamique, épileptique peut-être, mais il gagne en vigueur ce qu'il perd avec le scénario. Joli clin d'œil avec la mort de la James Bond Girl sous la couche d'or noir au lieu d'or pur. Et superbe fin, oui. Amalric est effectivement un méchant de piètre envergure. Il fait pitié en Mikkelsen et Bardem.

Sanchez
01/10/2021 à 17:38

@ethan
Ne t’inquiète pas , tu auras toi aussi un jour une vie sexuelle qui t’éviteras ce genre de pensée

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