Bernie : on roule une pelle à la première folie d'Albert Dupontel

Simon Riaux | 3 avril 2021 - MAJ : 06/04/2021 11:05
Simon Riaux | 3 avril 2021 - MAJ : 06/04/2021 11:05

Consacré par les César de la meilleure réalisation et du meilleur film, Adieu les cons achève de faire de son auteur un des plus célébrés du cinéma français. Mais il n'en a pas toujours été ainsi pour Albert Dupontel, comme le révèle la genèse de Bernie, sa première folie.

Regarder en arrière est particulièrement frappant. Si aujourd'hui, tous les médias s'arracheraient un entretien avec l'artiste, guettant ici un bon mot, là l'annonce d'un nouveau projet, lorsque Bernie surgit sur les écrans en 1996, le metteur en scène est un objet non identifié, qu'ils ne savent pas comment appréhender.

 

Affiche officielle

 

COMME UN COUP DE PELLE DANS LES MOLAIRES 

On est en 1996, sur le plateau du Cercle de minuit, émission où officie Laure Adler, qu’on ne présente déjà plus. En lieu et place de l’atmosphère ouatée typique des mondanités hertziennes, une gêne palpable s’est installée. Au centre du dispositif, Albert Dupontel, venu présenter Bernie, son premier long-métrage. “Film de dénonciation, film peut-être de revisitation de votre propre enfance...” tente la présentatrice.

Le metteur en scène explose de rire. Sans doute a-t-il, à cet instant, les images de son propre long-métrage en tête. La vision d’un orphelin azimuté aiguisant des pelles sur l’autoroute peu avant que son paternel ne s'adonne à la sodomie sur piano. On sent Dupontel gêné, peut-être pas tant pour lui que son interlocutrice, et le brouhaha médiatique qui accompagne la sortie de son travail, perçu comme un dangereux boulet de démolition punk. L’artiste qui envahit l’écran ce soir-là n’a pourtant rien d’un dangereux agitateur et rappelle, au milieu d’un plateau lunaire, que ses ambitions sont d’abord celles d’un conteur, et d’un conteur burlesque.

 

photo, Albert DupontelTout est dans le regard

 

Avec évidence, il déroule le pourquoi du comment d’un univers en apparence chaotique, démine les attendus et les tartes à la crème des questionnements sociétaux. "Si j'avais voulu faire une dénonciation, j'aurais fait un documentaire en 16mm. C'est un vrai film de dénonciation ça. C'est pas le cas du tout. Si on lit Chaplin au premier degré, on peut considérer qu'il dénonce toute son époque. Mais ça pour moi, c'est la mauvaise lecture de Chaplin. Vous me direz, c'est une référence prestigieuse, mais c'est un classique. Il n'y a pas de dénonciation, pas de message, simplement la volonté de traiter un drame par l'humour."

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commentaires
captp
07/04/2021 à 10:09

Merci pour la précision Simon, j'avais pour source deux interviews de dupontel .d'ailleurs bernie lui est dédié .
Disons alors qu'il à beaucoup aidé à la promotion du film sur "sa" chaîne.

Simon Riaux
06/04/2021 à 14:41

@captp

Dans ce cas précis, c'est quand même surtout grâce à Bruno Hodebert et Didier Diaz que le film a pu se faire.

captp
06/04/2021 à 14:38

il me semble que comme Gaspar Noé ou Yan kounen (pour ne citer qu'eux) ils ont bénéficié de l'appui précieux du canal de l'époque et particulièrement d'Alain De Greef .Sans ce mec pas sur que Bernie aurait pu se faire.
le cnc ayant envoyé une note a la lecture du scénario : « C'est le genre de films qu'il ne faut absolument pas faire en France. »
Noé dit clairement que sans lui il ne serait certainement pas réalisateur aujourd'hui.
Son nom aurait mérité d’être cité dans cet article pour service rendu au cinéma .

Garlick
05/04/2021 à 07:15

Petit correctif. Si mes souvenirs sont bon ce n’est pas son ex-femme que son paternel prend sur le piano mais pire : la fille de celle-ci..

l'indien zarbi
04/04/2021 à 09:40

Ce mec est un génie.
Point barre.

Francis
03/04/2021 à 17:57

Nul, mais il a le mérite d'essayer de tracer sa propre voie.

Jonath
03/04/2021 à 15:30

Un film unique et cult, des comme ça, il n y a que Bernie. Merci Albert.

Jayjay
03/04/2021 à 12:30

Revu pour la première fois depuis 96, j'ai trouvé ça hyper glauque et sacrément féroce alors que ça me faisait simplement sourire à l'époque... Dupontel avait une telle rage !