L'Enfer des zombies : la cathédrale gore de l'abominable Lucio Fulci

Simon Riaux | 18 mars 2021
Simon Riaux | 18 mars 2021

Et si le plus grand film de zombies était une cathédrale gore et putrescente, une série B hallucinogène signée Fulci ? Bienvenue dans L'Enfer des zombies.

Au fil des décennies, les zombies ont envahi la culture populaire jusqu’à saturer nos écrans, petits comme grands. Au sein de centaines d’œuvres souvent produites au rabais surnage une poignée de créations qui ont défini le genre, ou su le démocratiser. De La Nuit des morts vivants en passant par The Walking Dead ou des réinventions telles que 28 jours plus tard, rares sont les créations à avoir laissé une empreinte sur le royaume des morts amateurs de cerveau frais. 

Et si L'enfer des Zombies a initialement été produit pour siphonner le succès des œuvres de Romero (allant jusqu'à lui piquer son titre européen) son auteur, Lucio Fulci, en a fait une création résolument à part, un jalon monstrueux et inclassable, autant qu’un manifeste esthétique encore impressionnant aujourd’hui. 

 

affiche italienneQuand tu veux faire la nique à Zombie de Romero...

 

LA TERREUR DES DEUX MONDES 

Dans la moiteur d'on ne sait trop quelle île ensoleillée, une silhouette abat un corps remuant sous un linceul. "Maintenant, le bateau peut partir, dites-le aux autres", murmure le tireur. Au petit matin, un voilier entre dans le port de Manhattan. Indolent, il progresse dans les eaux polluées de la Grosse Pomme. L’étrange embarcation est rapidement arraisonnée par les garde-côtes, qui la croient un instant vide. Ils ne tardent à être attaqués par un homme corpulent et en état de décomposition avancée, une condition qui ne l’empêche nullement de se jeter sur eux pour les mâchouiller. 

Sous ses airs d’introduction badine et balisée, l’ouverture de L'Enfer des zombies jongle déjà, comme le fera Fulci durant tout le métrage, avec plusieurs symboles et héritages culturels typiquement occidentaux. La référence pourra échapper au spectateur américain, mais la venue d’un mort-vivant, une dépouille contaminante, par voie maritime, en appelle à notre souvenir reconstitué des grandes épidémies, souvent représentées comme arrivant par la mer, via les bâtiments commerciaux. 

 

photoEncore un qui ignore les gestes barrière

 

Mais c’est aussi un des plus beaux passages du Dracula de Bram Stoker, qui faisait de l’arrivée d’un mystérieux bateau à Londres la porte d’entrée du funeste comte sur la capitale britannique et le début d’une succession d’évènements cauchemardesques. Chez Fulci, cette introduction fait figure de véritable note d’intention, de trait d’union entre diverses influences qui vont aboutir à la passionnante complexité de sa proposition. L’Amérique tout d’abord, toile de fond artificielle et cynique, puisqu’à l’époque, l’Italie est suffisamment décomplexée en matière de propriété intellectuelle pour laisser le film qui nous intéresse s’intituler sur le territoire transalpin Zombi 2

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commentaires
Ray Peterson
19/03/2021 à 00:32

De très belles fulgurances en effet dans ce film. Mais je préfère de loin, dans la période Fulci/zombie, son film "L'Au-Delà", mieux écrit, mieux dirigé, plus poétique, plus sensuelle, plus tout!

Pat Rick
18/03/2021 à 20:08

Un très bon dans son genre, par contre il faut apprécier le style du bis italien.

Dilandar
18/03/2021 à 19:52

La musique de ce film !!!

Dario 2 Palma
18/03/2021 à 18:26

Il y a quelques fulgurances visuelles et horrifiques dans cet ENFER DES ZOMBIES mais aussi un gros problème de rythme, la première heure exotique et touristique n'est pas passionnante, et cela vaut aussi pour les autres films d'horreur de ce réalisateur qui se révèlent souvent bien inégaux, bancals.
Le montage le rythme ne sont pas les points forts de Fulci, de même que sa direction d'acteurs.

zetagundam
18/03/2021 à 16:09

Le film est plaisant sans être génial non plus, mais je dois avouer ne pas être un grand amateur de films de zombies et du cinéma bis italien, mais je suis toujours épaté par la scène du requin, dont je n'ai pas réussi à trouver comment elle a été réalisée, et par la scène de l’œil qui est encore très crédible de nos jours

Management
18/03/2021 à 14:53

Super ! Ça m'a donné envie de le voir