Resident Evil : on a classé les films avec Milla Jovovich, du pire au meilleur (ou moins pire)

La Rédaction | 15 juillet 2022 - MAJ : 17/04/2023 11:44
La Rédaction | 15 juillet 2022 - MAJ : 17/04/2023 11:44

La saga de jeux vidéo Resident Evil a donné lieu à une saga de films Resident Evil avec Milla Jovovich, et Paul W.S. Anderson aux manettes. Pour le meilleur du pire, et le pire du pire.

En six films Resident Evil sortis entre 2002 et 2017, le réalisateur-scénariste-producteur Paul W.S. Anderson et l'actrice Milla Jovovich ont réussi leur pari. A partir d'une saga de jeux vidéo qui a tellement muté que les liens dans la mythologie sont désormais des miettes, le duo a orchestré une grande épopée de série B tendance Z, où la super-héroïne Alice croise des zombies, des clones, des monstres, des dragons et beaucoup, beaucoup de mauvais goût.

Bilan des opérations : plus de 1,2 milliard au box-office, et un succès plus que solide sur la durée, en grande partie grâce à la fidélité du public à l'international.

 

 

Depuis, Resident Evil a continué sa route. Côté jeux vidéo, Resident Evil: Village a rappelé que tout ça n'avait plus beaucoup de sens, et Capcom exploite encore et toujours le filon avec le remake de Resident Evil 4. Côté cinéma, le reboot Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City a tenté de lancer une nouvelle saga, mais le petit échec au box-office a probablement calmé tout le monde. Côté série, Netflix a mis la main sur les morts-vivants, avec l'affreux Resident Evil : Infinite Darkness, et une série Resident Evil centrée sur les Wesker.

De quoi régulièrement se dire que les films Resident Evil avec Milla Jovovich n'étaient pas si mauvais, au fond. Ecran Large a donc revu la saga pour la 42ème fois, afin de classer ces films, du pire jusqu'au meilleur (ou moins pire, c'est selon).

 

 

6. Resident Evil : Chapitre Final

Sortie : 2017 - Durée : 1h45

 

Resident Evil : Chapitre Final : photo, Milla JovovichFun fact : mon nom est Alice

 

Résumé du bordel de Resident Evil 6 : Suite au génocide de figurants des épisodes précédents, il ne reste que quelques milliers d'humains sur Terre. Alors qu'Alice a su échapper à Wesker (le méchant devenu gentil puis re-méchant), La Reine rouge (la méchante devenue gentille, puis re-méchante, puis re-gentille) lui explique qu'elle doit retourner au laboratoire d'Umbrella pour trouver un antidote.

Poursuivie par le clone du clone de son ennemi, elle s'allie avec un groupe de survivants à Raccoon City, dont fait partie Claire. La petite troupe s'introduit dans la "ruche" d'Umbrella et y apprend que le Virus-T était en fait un moyen de volontairement décimer la population mondiale, afin de faire triompher les éligibles à l'ISF, sous couvert d'évangélisme radical. Alice apprend également qu'elle est elle-même un clone d'Alicia, la gamine dont la maladie a inspiré le virus.

Au risque de se sacrifier, l'héroïne se frite avec le Isaacs original, qui se bastonne comme Robert Downey Jr. dans Sherlock Holmes, le laisse se faire achever par son propre clone, et libère l'antidote dans l'air, sauvant le monde, enfin presque. Qu'on confie à Anderson la gestion de la crise du Covid !

 

Photo Ali LarterMais oui c'est Claire

 

Pourquoi on peut aimer : Certaines scènes partent d'une bonne idée, comme le combat contre le dragon zombie du début, assez fun sur le papier. Malheureusement, les promesses pas tenues, c'est un peu la thématique de cet ultime volet.

Pourquoi on ne peut que détester : On aurait pu vous parler de plein de choses. Du jeu éteint des comédiens, de la direction artistique sous anti-dépresseurs, de la grosse blague du cliffhanger de Retribution (la grande baston à la Maison Blanche) qui est totalement évacué dans une ellipse. Ou même de l'absolue débilité du scénario, qui consacre dans un feu d'artifice de saillies nanardesques toutes les pires facilités de la saga, en tête desquelles les clones, capables de littéralement multiplier les antagonistes au bon vouloir d'Anderson. Mais tout bardé de twists incohérents qu'il est, le film remporte haut la main le titre de pire Resident Evil autrement.

Chapitre Final est en effet le seul rejeton de la saga à dépasser le seuil de la douleur, étape que peu de productions ont effleurée dans l'histoire du cinéma. Grâce à une mise en scène surexcitée et un montage qui ferait passer un clip de Rob Zombie pour la compilation des meilleurs plans-séquences de Béla Tarr, il attaque physiquement le spectateur. Celui-ci ne peut que détourner le regard à intervalles réguliers pour préserver sa vue, et ménager son oreille interne.

 

PhotoLa salle de montage, allégorie

 

À une époque où les boudins sur-découpés à la Taken dominent le marché du film d'action américain, et où les Conjuring-like au rabais mesurent leur succès au nombre de sursauts qu'ils réussissent à arracher à leur pauvre victime, Anderson compile tous les défauts de ses contemporains. Il pousse les potards du vomitron à fond, avec un jump-scare tous les 6 plans, et 85 plans à la minute. Y survivre tient du tour de force. Y prêter attention tient du miracle.

Contrat obscur passé avec le lobby des opticiens ? Expérience occulte commanditée par les fameux pédo-criminels d'Hollywood ? Tentative méta-filmique de transformer le public de la franchise en zombies ? Difficile de comprendre les tenants et aboutissants de tels choix, qui font des opus précédents des chefs-d'oeuvre de subtilité.

 

PhotoRédacteur d'Ecran Large après un marathon Resident Evil

 

Une scène pas culte : La toute fin, reposante pour les yeux (enfin, presque), mais pas pour la logique. Alors que l'antivirus se répand, Alice survit contre toute attente. L'explication de ses congénères ? Il fallait être sûr qu'elle était prête à se sacrifier. En d'autres termes, ils n'auraient pas sauvé l'humanité si leur propre clone ne faisait pas preuve d'altruisme. Conclusion ridicule au culte de Milla Jovovich, dont se repait son époux depuis 6 films, cette scène démontre une dernière fois l'absurdité des enjeux de la saga.

 

photo, Milla JovovichCeci est son histoire

 

5. Resident Evil : Apocalypse

Sortie : 2004 - Durée : 1h40

 

Resident Evil : Apocalypse : Photo Sienna Guillory, Milla JovovichAlice > Jill (apparemment)

 

Résumé du bordel de Resident Evil 2 : Les zombies envahissent Raccoon City, et Umbrella met la zone en quarantaine. Désormais super-warrior grâce au Virus-T, qu'elle encaisse bien, Alice aide un groupe de survivants. Notamment Jill Valentine et sa fameuse mini-jupe (joker canicule), et Carlos Oliveira.

Le docteur Charles Ashford, qui travaille pour Umbrella, propose de les aider s'ils vont sauver sa fille Angela. La moitié du casting crève en cours de route, surtout avec Nemesis à leur basque. Révélation : tout ce bordel de virus a commencé parce que papa Ashford voulait soigner la maladie génétique d'Angela. Sauf que ça a eu quelques conséquences malheureuses.

Le méchant Major Cain arrête les héros, et veut que Nemesis et Alice se battent. Mais le méchant se souvient qu'il aime bien Alice (après tout, c'est censé être Matt, du premier film), et se sacrifie pour la sauver. Raccoon City est rasée, l'hélico des héros se crashe, et Alice est laissée pour morte. Mais le diabolique docteur Isaacs l'a capturée. Mais Alice s'échappe, et retrouve Jill et Carlos. Mais tout ça était prévu : Alice est désormais connectée à un satellite Umbrella, et ça fait peur (?).

 

photoNemesis dans la nuit

 

Pourquoi on peut s'amuser : Parce que c'est à ranger aux côtés de navets tendance nanar, comme Highlander - Le retour, Mortal Kombat 2 : Destruction finale, La Fin de Freddy ou Virus ? Que ça peut potentiellement passer avec quelques litres de bières pour anesthésier les neurones et l'esprit critique ?

Pourquoi il faut avoir honte : Parce que c'est d'une nullité abyssale ? Pour quiconque aime le cinéma, cet épisode réalisé par Alexander Witt (réalisateur de seconde équipe, passé sur Speed, Twister, Gladiator ou encore La Mémoire dans la peau) est une souffrance de tous les instants. Découpage, montage, musique, dialogues, interprétations : rien ne va dans ce film à 45 millions qui a tout d'un vieux DTV, et qui pue l'incompétence à tous les niveaux. Même une amusante cascade comme Milla Jovovich qui descend la paroi d'un immeuble est bousillée par la mise en scène, et l'absence totale d'énergie. Côté frayeur, ce n'est pas mieux, avec des jump-scares insipides et zéro scène qui tire profit du cadre cauchemardesque.

 

Photo Milla JovovichLe début de la fin du département costume

 

S'inspirer (vaguement) du jeu Resident Evil 3 : Nemesis était une excellente idée, qui permettait d'aller dans le huis clos à ciel ouvert, dans un décor très cinématographique (une ville dévastée), et avec un grand méchant culte. Mais Apocalypse se plante sur toute la ligne, que ce soit avec son groupe de survivants de série Z (la journaliste ridicule, le black comique), ou son Nemesis qui n'a plus grand-chose de terrible (mention spéciale à sa quasi petite larme finale : il y a un homme derrière chaque monstre).

Pour quiconque aime les jeux, c'est également la douleur. Paul W.S. Anderson avait décidé de créer le personnage d'Alice pour ne pas s'enfermer dans l'histoire des héros des jeux, mais le scénariste et producteur n'hésite pas à piller la saga. Les films sont à la gloire d'Alice Jovovich, qui récupère ici tous les attributs de Jill Valentine : elle sauve la situation, est poursuivie par Nemesis, et drague même Carlos. Pourquoi donc avoir Jill au milieu, réduite à un rôle minable (avec en plus une Sienna Guillory vraiment à côté de la plaque, et pas crédible pour un sou avec sa jupe et son flingue) ? C'est le premier symptôme de cette franchise qui ne sait pas quoi faire de la mythologie des jeux, et accepte donc de la piétiner.

 

Photo Sienna GuilloryTop 3 des perso sacrifiés dans les films

 

Une scène pas culte : Alice qui débarque tel un ange-bikeuse dans l'église, pour sauver tout le monde (y compris Jill donc, décidément incompétente). Moto au ralenti à travers le vitrail, musique insupportable, salto de l'héroïne avec caméra qui bascule, balles au ralenti avant la grande explosion : en voilà une bien belle horreur de cinéma.

 

photo, Milla JovovichNo Church in the Wild City

 

4. Resident Evil : Retribution

Sortie : 2012 - Durée : 1h35

 

Resident Evil : Retribution : photo, Milla JovovichPossible meilleure scène du film

 

Résumé du bordel Resident Evil 5 : Encore capturée, Alice se réveille encore une fois à poil chez Umbrella. Surprise : le méchant Wesker est devenu gentil et envoie Ada Wong pour l'aider, car la vraie méchante est la Reine Rouge, l'increvable gamine-unité centrale qui contrôle Jill avec son scarabée-décolleté.

Umbrella a enfermé Alice dans un immense centre sous un lac en Sibérie, où le virus est testé dans des décors grandeur nature, avec une histoire de clones jetables pour ramener des personnages morts de la saga (Carlos Oliveira) et des acteurs en vogue (Michelle Rodriguez). Il y a aussi Leon S. Kennedy et Barry Burton, histoire de, et Luther West, "personnage" vu dans le film d'avant.

L'un des clones d'Alice avait une fille, donc Alice se la joue Ripley et l'adopte. À la fin, Alice libère Jill de son scarabée, et tout le monde retrouve Wesker à la Maison-Blanche, assaillie de zombies et monstres. Apparemment, c'est le combat final.

 

photo, Milla JovovichTop 3 des costumes qui n'ont aucun sens (sauf à la fistinière)

 

Pourquoi on peut tolérer : Parce qu'à ce stade, le je-m'en-foutisme de Paul W.S. Anderson atteint des sommets proches du génie. Pourquoi s'embarrasser avec un scénario, un univers et des personnages crédibles, quand on peut simplement empiler des scènes d'action ? Et ramener des personnages en clones ? Et incruster tout et n'importe quoi sur nos beaux fonds verts ?

Resident Evil est un jeu vidéo, et Retribution est construit comme un (mauvais) jeu vidéo. Le réalisateur assume pleinement qu'il se fiche de tout, tant qu'il peut filmer Milla Jovovich tapant des zombies et monstres dans divers décors. Pourquoi ? Comment ? Peu importe. Retribution est ainsi le film le plus radical et honnête de la saga, celui qui affiche fièrement son visage boutonneux d'ado touchant, mais débilos. Ce qui peut potentiellement être très drôle, puisque ça permet d'enchaîner deux héroïnes qui affrontent deux molosses à New York, puis des hommes virils tirer dans tous les sens à Moscou.

 

photo, Michelle RodriguezFast & Furie

 

Pourquoi il faut être intolérant : La logique et la cohérence n'ont jamais été importantes dans les films, mais Retribution passe un cap. Et c'est le début d'un festival de débilité inouï. Alice est censée avoir perdu ses pouvoirs (oui oui, Wesker les a repris au début d'Afterlife, et lui redonne à la fin de cet épisode), mais se bat toujours comme une warrior. Elle apprend le langage des signes par magie, puisque jamais la mémoire des clones n'est évoquée. La relation avec cette enfant est d'ailleurs totalement artificielle, et hilarante. Le retour de la Reine Rouge n'a plus grand sens à ce stade. Et l'aveu ultime d'échec sera le cliffhanger, totalement passé à la chasse d'eau dans le film suivant (adieu Jill, Leon et la gamine, bonjour Wesker redevenu méchant d'un coup, et merci l'ellipse sur le combat titanesque).

C'est également le pire casting de toute la saga. Leon S. Kennedy a droit à sa seule apparition, sous les traits neurasthéniques de Johann Urb, dans une version parfaitement insipide du héros des jeux. Idem pour Barry Burton, incarné par Kevin Durand, et transformé en gros beauf à cigare. Les deux personnages ne se croisent jamais dans les jeux principaux, et mènent ici une bande de soldats sans intérêt.

 

photo, Johann Urb, Milla JovovichJ'ai mal à mon Leon

 

Le sort d'Ada Wong n'est pas beaucoup plus reluisant, même si l'allure de warrior et femme fatale de bas étage est héritée des jeux (sa rencontre avec Alice est une copie conforme de ses retrouvailles avec Leon dans le jeu Resident Evil 4, au ralenti près). Bingbing Li n'a pas grand-chose à défendre, mais a au moins un rôle auprès d'Alice - et remet Leon à sa place, comme un vieux beauf, à la fin. Le contraire de Jill Valentine, puisque Retribution est le dernier clou dans son cercueil. Devenue une méchante poupée tueuse (comme dans le jeu Resident Evil 5), elle est finalement sauvée par Alice... et disparaît avant le début du dernier film. Sienna Guillory est naturellement ridicule, puisque tout ce qu'elle a à jouer est ridicule.

Mention spéciale à Michelle Rodriguez, sûrement conquise par l'idée de jouer deux personnages très différents (une femme normale parfaitement inintéressante, et une soldate méchante parfaitement inintéressante). Transformée en boss final, l'actrice a au moins le plaisir de fracasser deux mâles, avant de disparaître dans un des rares plans amusants du film.

 

photo, Bingbing LiBelle fidélité à la connerie des jeux

 

Une scène pas culte : Milla Jovovich lancée dans une bande-demo à la gloire des ralentis, dans un couloir où elle fracasse des zombies. C'est un best of du cinéma de Paul W.S. Anderson, avec 45 angles de prise de vue, des chorégraphies surdécoupées, une musique et des bruitages lourdingues (ces voix blanches lorsque le chargeur s'envole), des petits effets à la bullet time, un plan sang-sur-la-caméra pour la 3D, une héroïne qui trouve le temps de rester cool avec sa chaîne de vélo, aucun sens de la physicalité avec des coups aériens absurdes, et bien sûr zéro sens (une tonne de zombies poursuit Alice avant le couloir, mais ils arrivent au compte-goutte, sans raison).

 

Photo Milla JovovichSacrée facture d'électricité pour la Sibérie

 

3. Resident Evil : Extinction

Sortie : 2007 - Durée : 1h30

 

Resident Evil : Extinction : photo, Milla JovovichMaintenant disponible avec option Mad Max

Résumé du bordel : C'est la merde. Le Virus-T a décimé la quasi totalité de l'humanité, les actionnaires d'Umbrella comptent leurs billets dans leur bunker, des clones d'Alice se font trucider par dizaines pour le vaccin du docteur Isaacs, et Claire (Ali Larter) vivote dans le désert à la tête d'un convoi de survivants. Heureusement, l'espoir subsiste, grâce à un carnet trouvé comme par magie par la Alice originale : il existerait une zone sans zombie, nommée Arcadia, en Alaska.

Alice sauve le convoi d'une attaque de corbeaux meurtriers grâce à son napalm psychique (bienvenue dans Resident Evil), et elle propose au groupe de la suivre vers le paradis dézombifié. En quête d'essence à Las Vegas, le groupe est stoppé par une horde de zombies et Isaacs, qui veut le sang de l'héroïne, potentiel remède au virus. Il peut contrôler Alice à distance avec une télécommande, mais il en faudra plus pour la stopper.

Le convoi part de son côté, tandis qu'Alice pénètre dans le bunker d'Umbrella. Elle découvre tous ses clones, puis affronte Isaacs devenu Tyrant dans le couloir à laser dont Anderson est si fier. Elle est sauvée par un de ses clones, et appelle Wesker et Umbrella à la fin : elle et ses copines vont venir se venger à Tokyo.

 

photo, Ali Larter, Milla JovovichDe gauche à droite : Figurant 1, Claire, Alice, Figurant 33

 

Pourquoi ça peut être amusant : Si la mise en scène ne tutoie pas les sommets, loin de là, ce troisième opus bénéficie tout de même d'un énorme avantage par rapport à son triste prédécesseur : un réalisateur doté d'une véritable expérience, et d'un appétit non-négligeable pour les outrances de série B. Russell Mulcahy, déjà responsable du génial Razorback et du culte Highlander, y assemble assez de séquences délicieusement absurdes pour faire passer le temps, et esquiver la bouillie immonde d'Apocalypse. Une générosité permise par un des écarts les plus stupides de l'adaptation : les pouvoirs d'Alice.

Paradoxalement, c'est dans cet épisode que cohabitent le plus des concessions aux jeux et des trahisons délirantes. Le personnage de Claire, ne retranscrivant pas trop mal son caractère de meneuse, y côtoie l'introduction des clones d'Alice, une porte ouverte au n'importe quoi scénaristique dont ne manqueront pas de s'inspirer les suites. Bête, mais pas désagréable grâce à un rythme appuyé et quelques passages amusants, Extinction aura à lui seul relevé le niveau d'une saga qui allait dans le mur dès sa naissance.

 

photo, Milla JovovichDes chiens zombies plutôt mignons en fait

 

Pourquoi ça reste moisi : Les ambitions post-apocalyptiques du film ont de quoi faire sourire. Plus proche de Cyborg que de Mad Max, Extinction ne fait finalement qu'exporter toutes les tares de la saga en plein Nevada, avec ses personnages dénués d'intérêt (tout le casting secondaire est inutile, y compris Carlos, importé des jeux), ses tics de mise en scène irritants (la première baston fait saigner les yeux) et sa conception bien à elle de la direction d'acteur, qui rend difficile le discernement des vrais zombies dans ce champ de betteraves.

Tous les clichés du film de zomblard sont également au rendez-vous, convoqués par la plume d'Anderson, qui reste évidemment producteur et scénariste. Dans un monde dévasté par les morts-vivants depuis belle lurette, un personnage cache encore sa morsure et le méchant s'injecte lui-même des trucs pour devenir encore plus méchant. La franchise commence à recycler ses idées moyennes avec une première réexploitation de la salle des lasers, prouvant que l'auteur de Mortal Kombat n'a déjà plus rien à raconter, sinon une litanie à sa compagne, démultipliée dans un ultime plan qui se rapproche probablement de son plus grand fantasme.

 

photo, Milla JovovichBug dans la matrice

 

Une scène pas culte : Comment ne pas évoquer la séquence des corbeaux zombies, très audacieux remake des Oiseaux d'Hitchcock, où les piafs numériques picorent à mort la moitié des figurants du film, avant de se faire cramer la tronche dans un plan que Michael Bay enrage encore de ne pas avoir dirigé. C'est ça aussi, la beauté des Resident Evil : rapprocher les plus grands artistes du 7e art.

 

photo, Milla JovovichMilla pète le feu

 

2. Resident Evil : Afterlife

Sortie : 2010 - Durée : 1h40

 

Resident Evil : Afterlife : Photo Milla JovovichDécor très inspiré et inspirant

 

Résumé du bordel : Comme promis à la fin d’Extinction, Alice débarque à Tokyo avec tous ses clones pour détruire la forteresse souterraine d’Umbrella. Et alors qu’ils se font décimer et que la base explose, Alice est sur le point de tuer Wesker, enfin, dans son avion. Pas de chance, il réussit à lui injecter un sérum qui lui enlève tous ses pouvoirs. L’appareil se crashe, Alice survit, et Wesker semble y mourir.

Quelques mois plus tard, Alice arrive en avion à Arcadia. Sauf qu'il n'y a rien, hormis une Claire énervée, amnésique à cause de ce foutu scarabée. Elles repartent vers Los Angeles et tombent sur des survivants, cloitrés dans un immeuble au milieu d'une marée de zombies. Gros hasard : le frère de Claire, Chris, est là.

On découvre qu'Arcadia est en réalité un gros bateau, visible au loin. Il faut donc y aller, mais pas en avion (sinon c'est aussitôt fini). Après quelques attaques de zombies dans les douches, dans les couloirs et sous l’eau, le groupe s'enfuit à travers les souterrains. Alice, Claire et Chris sautent dans un canot pneumatique, direction Arcadia... qui est désert.

C'est un piège de Wesker, qui a emprisonné tous les survivants dans des tubes high-tech. Les Redfield sont mis à terre par Wesker, et Alice lui explose la tête. Il s'échappe en avion (encore), veut tout faire péter (encore), mais Alice l'a piégé (donc c'est lui qui explose). Alice pense avoir gagné, diffuse un message radio pour les survivants du monde. Dommage, plein d'avions Umbrella arrivent pour les attaquer, avec Jill et son scarabée à la tête de l'armée.

 

Photo Wentworth Miller, Milla Jovovich, Ali LarterClaire, Chris et Alice, le trio gagnant

 

Pourquoi c'est un bon gros délire : Parce que le film tient la promesse de la fin d'Extinction, avec la horde de clones d'Alice. Voir l'héroïne badass entourée de ses alter ego pour envahir une base d'Umbrella a donc de quoi réjouir, surtout avec autant de petites morts, de grosses explosions, de gunfights bien bourrins et d'épées sacrément aiguisées. Le film s'offre une séquence d'ouverture spectaculaire (avec de l'hommage à Matrix Reloaded), et se permet même de tuer son héroïne (enfin pas tout à fait) pour mieux jouer avec la multitude d'Alice. Bref, c'est plutôt fun et c'est le moyen de rendre ce quatrième opus un peu différent des autres, même si l'utilisation des clones est de courte durée.

Et si Afterlife réussit vraiment à amuser, c'est notamment grâce à sa grosse partie centrale dans une ancienne prison. Le gros délire zombiesque un peu teubé se transforme en mini-slasher, lorgnant les plates-bandes de L'Armée des morts, avec un invité de marque : Wentworth Miller de Prison Break, dans la peau d'un prisonnier qui sait comment s'échapper (si ça ce n'est pas un clin d'oeil drôle, à défaut d'être un Chris respectable). Les morts s'enchaînent, la tension monte et les grosses bastons où ça mitraille de partout se succèdent sans discontinuité, en faisant un récit tonitruant (même si dénué de logique réelle).

 

Photo Milla JovovichUne entrée en matière aiguisée

 

Des bastons bien plus intéressantes et réjouissantes que les deux opus d'avant, grâce au retour de Paul W.S. Anderson derrière la caméra. Si le monsieur n'est pas un scénariste hors-pair, ni même un réalisateur haut de gamme, il met à l'amende toutes les scènes d'action d'Apocalypse, et va bien plus loin qu'Extinction. En résulte des séquences plus lisibles, des chorégraphies plus travaillées, un montage moins charcuté, et surtout des décors bien mieux utilisés (les douches wow), pour servir le plaisir le plus bête et simple. Car oui, c'est le premier épisode en 3D, donc Anderson s'amuse bien.

Pourquoi c'est quand même nul : Parce que c'est totalement bête, que les séquences d'action s'enchaînent inlassablement au milieu d'une histoire sans queue ni tête. Les personnages ne meurent jamais vraiment (Wesker, sérieux), tout le monde est probablement le clone de quelqu'un d'autre (déjà), Chris débarque par magie, et Alice perd ses pouvoirs en moins de dix minutes... mais reste surpuissante. Finalement, toute cette parenthèse n'apporte rien à la saga (puisque le final annonce que tout va être défait à coups de grosses explosions bien bruyantes). Bref, c'est drôle, mais c'est con.

 

Photo Milla JovovichDes zomblards partout en mode The Walking Dead ou L'armée des morts

 

Une scène pas culte : Indiscutablement la scène dans les douches avec Claire et Alice qui sont face au Bourreau Majini, personnage vu dans le jeu vidéo Resident Evil 5Certes, il y a trop de ralentis (même en temps, est-ce surprenant ?), mais Paul WS Anderson joue admirablement des décors pour créer une vraie atmosphère et une esthétique assez sympa avec cette pluie artificielle (les douches étant explosées par la hache du zombie).

En suivant notamment les mouvements du zomblard à travers ses coups de hache, il réussit à faire ressortir sa puissance et sa dangerosité. Entre le petit coup vicieux de Claire, la fausse mort du Bourreau et finalement le coup de fusil final explosif et sanglant d'Alice dans la tête du mastodonte pour un récital de viande sur les murs, on s'amuse bien. D'autant plus avec la musique bien bourrine de Tomandandy.

 

photo"Coucou, tu veux voir ma grosse hache ?"

 

1. Resident Evil

Sortie : 2002 - Durée : 1h41

 

Resident Evil : Photo Milla Jovovich, Resident Evil"C'est quoi ton pitch, Paulo ?"

 

Résumé du bordel du premier Resident Evil : Dans un labo secret, un mystérieux monsieur vole quelques fioles de virus, et le libère avant de s'enfuir. Du coup, l'intelligence artificielle qui gère les lieux prend les choses en main, tue tout le monde et verrouille la zone.

Alice se réveille, nue (ce qui est assez banal) et amnésique (ce qui l’est moins). Elle a à peine le temps de réaliser qu’elle se trouve au milieu d’un manoir aux airs d'Airbnb qu’un commando surgit. Elle est entraînée avec le mystérieux Matt dans les sous-sols du bâtiment, où ils ne tardent pas à faire la rencontre d’un autre amnésique, Spence. Ils montent dans un super-train secret à grande vitesse, menant au labo secret d'Umbrella.

Leur premier problème est l'IA, appelée la Reine Rouge. Le deuxième : le virus a transformé tout le monde en morts-vivants. Quelques coups de pieds retournés et dialogues plus tard, Alice et Spence retrouvent la mémoire. Elle était une employée d'Umbrella, qui a tenté de révéler au monde ses secrets (parce qu’elle est gentille) ; mais lui, c'est le vilain qui a essayé de voler le virus et l'a libéré (parce que les scénaristes avaient besoin d’un twist).

Un gros licker transforme Spencer en sashimi, et s’en prend aux derniers survivants, qui le tuent alors qu’ils s’enfuient grâce au TGV Umbrella. Michelle Rodriguez, elle, est devenue un zombie, donc elle est abattue. Tout est bien qui finit bien pour Alice et Matt, de retour à la surface... mais capturés par Umbrella. Infecté, le pauvre homme est emporté pour le projet Nemesis.

À la fin, Alice se réveille, encore nue, mais dans un labo. Elle s'échappe et découvre qu'elle est au beau milieu de Raccoon City, ravagée et en proie au chaos. 

 

photo, Milla JovovichFer à lisser ou fer à souder ?

 

Pourquoi on peut détester : Paul W.S. Anderson a beau être relativement débrouillard, il est flagrant qu’il n’a pas les moyens de ses ambitions, et pour qui accorde une grande importance à la direction artistique, ce film aux allures de mauvais escape game risque de rebuter. Il faut dire qu'avec "seulement" 32 millions de dollars de budget, le metteur en scène doit constamment faire preuve de malice pour garantir le spectacle.

Surtout, il peut être terriblement rageant de voir le film éjecter en moins de trois minutes le décor et l’intrigue du premier jeu (le fameux manoir) pour lui préférer la baston sous stéroïdes que Capcom privilégiait déjà à l’époque, le long-métrage étant arrivé peu après le virage opéré par Resident Evil : Code Veronica

 

Photo Michelle Rodriguez"I'll be back dans Retribution"

 

Pourquoi il faut s’amuser : Parce que Resident Evil, peut-être mieux qu’aucune autre production de son temps, est parvenu à synthétiser tous les styles et toutes les modes, a priori irréconciliables, qui traversaient alors Hollywood. L’influence de Matrix est encore prégnante, les franchises surgissaient déjà, mais avec une logique opportuniste qui en faisaient plutôt des produits bas de gamme, on voulait du twist à toutes les sauces, Cube était encore dans les mémoires et, paradoxalement, les morts-vivants étaient alors plutôt has been, avant que 28 jours plus tard ne renouvelle le motif. 

Comment résoudre cette impossible équation ? Sans jamais s’inquiéter de la cohérence globale, ou du sens de ce qu’on raconte, mais en se focalisant exclusivement sur l’immédiate satisfaction du spectateur et le tempo général. Technicien capable et compositeur d’images toujours lisibles, Anderson nous offre donc un monument de pop corn aussi décérébré que perpétuellement satisfaisant, qui a en outre le bon goût d’être un chouia plus anglant que la moyenne hollywoodienne en la matière. 

Jusque dans sa bande-son, Resident Evil réjouit. Assumant un ADN de fête foraine décomplexée, qui mélange des tubes de métal du début des années 2000 et de jus de crâne de Marco Beltrami, cette agression auditive contribue grandement au relâchement général, encore rehaussé par la prestation de Milla Jovovich, découverte peu avant dans Le Cinquième Elément, et dont on ignorait encore quelle serait la carrière. 

 

photo, Milla Jovovich, Rintintin"Prends ça Rintintin !"

 

Une scène pas culte : Alice est tout émue, parce qu’elle vient de tuer un zombie à coup de high kick. Pas le temps de remercier les scénaristes pour leur consommation de cocaïne que déjà, une meute de chiens recouverts de bolognaise la toise. C’est l’heure de la grande bascule métaphysique qui va révéler à notre héroïne sa nature et une partie de sa mémoire.

Sans coup férir, elle zigouille les clebs d’une balle chacun et achève le dernier au ralenti et dans les airs, à la grâce d’un feu d’artifice de techno-rock. Simultanément, une icône de cinéma et une technique de lobotomie viennent de naître sous nos yeux.

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commentaires
Arcturus
03/09/2023 à 05:23

Je comprends que beaucoup n'aime pas ces films mais il faut dire que c'était une autre époque et on ne cherchais pas l'oscar. Deso écran large mais vous n'êtes pas objectif et sa devient vraiment pénible vous n'avais de cesse de critiquer (en mal) tout. Je ne serais même plus étonné si vous notez des chef-d'œuvre tels qu'Interstelar ou Thé dark knight 2/10

Mx
16/07/2022 à 16:46

seul le 3, extinction, sort aisément du lot, cadre, mise en scène, action, c'est vraiment le seul opus qui assume ce coté série b, les autres sont complétements z, y compris le tout premier.

Pat Rick
15/07/2022 à 19:52

Je n'ai vu que le 1er et le 3. J'avais trouvé naze le 1er mais le 3 avec ses faux-airs de Mad Max n'était pas déplaisant comme série B.

De toute façon jamais accroché à Milla Jovovich depuis sa pitoyable prestation dans Jeanne d'Arc.

vohmp
29/11/2021 à 16:39

je l'ai est tous vu malheureusement plutôt d'accord avec le classement mais j'aurais inverser le 5 en dernier mon seuil de tolérance et à la douleur a été atteint sur celui,

Jomini
29/11/2021 à 15:11

Je n'ai jamais compris le "succès" qu'a eu la saga au point d'accoucher d'autant de films. Il faut une sacré dise de masochisme pour se les réinfliger

Xbad
21/04/2021 à 14:06

Respect au journaliste qui s'est tapé le marathon RE..

xSkxDark
19/04/2021 à 17:17

Hummmm techniquement Léon et Barry dont apparu dans le même jeu mais sur game boy color (resident evil gaiden)

ZombiCalypse to Come
19/04/2021 à 13:49

un cross-over Fast and Furious+ Resident Evil; et des Dino de Speiber , à 200 millions de $, je demande, y'a du potentiel deconnant Z, mais à 200 millions, çà pourrait bien marche au Bo ces conneries

Moi
19/04/2021 à 10:33

Dans l'ordre j'aurai mis:
6-1,2,3,4,5,6
5-
4-
3-
2-
1-

Marnia
18/04/2021 à 23:15

@Fredé

Ça dépend de quels jeux on parle. Si on parle des premiers... Ouais les films n'ont rien à voir. Si on parle des autres... C'est au contraire assez proche de la nullité des jeux. Wesker est aussi ridicule que dans Code Veronica et RE5 et RE6. Les gros ralentis degueu on les avait dans les jeux, dès le 4eme. Les héros devenus super-héros de kung fu avec des punchlines moisies aussi. Donc ouais les films sont bêtes et laids, mais ça n'est pas loin des jeux qui sont tombés bien bas à partir du 5. Y'a qu'à relire ce qui s'y passe sur Wikipedia pour le constater.

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