Avant Godzilla vs. Kong : les 5 pires films du roi des monstres

La Rédaction | 12 mars 2021 - MAJ : 12/03/2021 14:08
La Rédaction | 12 mars 2021 - MAJ : 12/03/2021 14:08

En 1954, le roi des monstres naissait, et ouvrait la voie à presque 35 suites, dans lesquelles le lézard géant a été traité à toutes les sauces, de la majesté destructrice à la pitrerie destinée à amuser les gosses... et vendre des jouets. Retour sur les plus absurdes, mercantiles ou indigentes de ses aventures.

La perception occidentale de la saga Godzilla est souvent au mieux moqueuse, au pire méprisante. Pourtant, les différentes ères de la franchise proposent toutes leur lot de bons films. En réalité, ce qui fait aussi leur force, c'est leur diversité. Chacun y trouve son compte, qu'on y cherche des affrontements titanesques, des réflexions métaphysiques ou tout simplement une grosse dose de caoutchouc et de scènes kitschs. Même dans ses incartades Z, la saga s'avère indéniablement divertissante la plupart du temps, pour peu qu'on sache apprécier ses élans absurdes.

Mais parfois, la Toho dérape, en emmenant son monstre chéri dans des extrémités délirantes - ou pire -, en capitalisant un peu trop franchement sur sa trogne irrésistible. Qu'ils soient délicieusement nanardesques, absolument risibles ou franchement irritants, ces excès valent le coup d'oeil. C'est pourquoi on a décidé de les explorer.

Retrouvez notre dossier sur les 5 meilleurs films de la saga.

 

photoIl a changé depuis qu'il est devenu papa

 

Le Fils de Godzilla (La planète des monstres) - 1967

De quoi ça parle ? Des scientifiques désireux de mener à bien des expériences inutiles sur une île du Pacifique font plusieurs découvertes d'intérêt. Tout d'abord, ils établissent de manière certaine qu'il est imprudent d'improviser des expériences sur des mantes religieuses géantes. Peu après ils découvriront que provoquer une augmentation de la température terrestre ne sert pas à grand-chose, sinon mourir. Et enfin, ils nous permettront de découvrir ce qui se passe quand un studio veut donner naissance au fils du Roi des Monstres, pour un budget qui ne permettrait pas d'investir dans une boîte de cotons-tiges.

Le reste appartient à l'histoire, l'histoire des cauchemars et des grandes erreurs humaines, tels la Saint-Barthélemy, Les Visiteurs 3 et les génocides en général.

 

photoPlus jamais ça

 

Pourquoi c'est une monstrueuse catastrophe ? Parce qu'absolument rien ne va dans ce cauchemar filmique couché sur pellicule. Après plus de dix ans à régner sur les écrans tokyoïtes, le Roi des Monstres est devenu non seulement une star, mais aussi une icône familiale. Une évolution logique, la Toho l'ayant progressivement fait passer de titan destructeur à protecteur de la Terre et de ses habitants, contre des hordes de monstres toujours plus spatiaux. De là à lui adjoindre un marmot, forcément gentil, forcément mignon, il n'y avait qu'un pas cynique et malvenu. Non seulement l'entreprise apparaît absurde, au regard de la mythologie générale de la saga (certes gentiment bordélique), mais la chose est entreprise ici avec une telle petitesse, une tentative d'engranger les brousoufs à peu de frais, qu'elle ne peut mener qu'à la catastrophe.

L'apparence abominable de ce fils de Godzilla, le design vomitif de ses antagonistes - seigneur, cette araignée multicolore - la pauvreté des décors, confinent au grotesque, tant il semble aujourd'hui absurde que quelqu'un ait pu jadis ambitionner de gagner avec cela autre chose qu'un déshonneur cosmique. Jusque dans sa construction, l'entreprise est une aberration. En témoigne cette dernière partie, au cours de laquelle Godzilla apprend la vie à l'étron de latex habité qui lui sert de fils. Mélange de film informatif, de suicide total, mais aussi de métrage institutionnel à destination de quiconque se demande comment piétiner le peu de joie de vivre qu'il lui reste, La Planète des monstres est une séance de torture d'une rare brutalité.

 

photoUn jour, les coupables devront payer

 

Godzilla's revenge - 1969

De quoi ça parle ? Ishiro est un jeune garçon, qui, comme tout individu de son espèce, adore Godzilla, et pas exactement pour sa symbolique politico-tragique. Quand il s'endort, il rêve de l'île des monstres, où cohabitent les stock-shots des films précédents les kaijus de la franchise, accompagnés par la réincarnation caoutchouteuse du morveux qui le brutalise dans les terrains vagues du coin. Heureusement, il pourra compter sur les conseils avisés du Fils de Godzilla, surnommé Minilla.

Et ça tombe bien, parce qu'Ishiro rencontre deux braqueurs de banque dans une usine en friche, qui le kidnappent pour s'enfuir. Grâce à l'enseignement du tas de boue ambulant, il échappe à ses ravisseurs bien gauches et s'en va coller une raclée à ses ennemis. En effet, comme Godzilla nous l'enseigne, la violence résout tout.

 

photoPeut-être les deux pires Kaijus de la saga

 

Pourquoi c'est une monstrueuse catastrophe ? Ne faites pas attention au titre. Godzilla's Revenge est sans conteste l'ultime représentation de l'opportunisme de la Toho des années 1960, ne reculant devant rien pour draguer les mioches sans trop taper dans le portefeuille. Et sur cette "production", pour ne pas utiliser le mot "arnaque", le studio n'y est pas allé de main morte, en recyclant sans vergogne l'intégralité de son catalogue. Les films de l'ère Showa ont souvent eu recours au stock-shot, surtout depuis la création de "l'île des monstres", une banque d'image narrative. Mais aucun n'avait eu l'outrecuidance d'en abuser à ce point.

Le long-métrage consiste donc à voir le jeune protagoniste se balader sur une île et assister aux combats des très sympas Godzilla vs Ebirah et Les envahisseurs attaquent, de King Kong s'est échappé ou même - horreur - du Fils de Godzilla. Et si se retaper les bastons de films précédents n'a rien d'enthousiasmant, le contrechamp est bien pire. Car non seulement les tribulations d'Ishiro relèvent de la fable morale trépanée, mais elles sont agrémentées d'un Minizilla à qui un esprit tordu a conféré le pouvoir de la parole, le rendant, par un exploit que les scientifiques peinent à expliquer, encore plus irritant.

Le roi des monstres avait déjà subi bien des outrages par le passé, mais le voir jouer à Pascal le grand frère reptilien après s'être effacé au profit d'une des bestioles les plus abrutissantes de l'univers fait quand même un peu de peine. Et ce n'est pas fini...

 

photoQuand tu regardes la TV avec ta tumeur

 

Godzilla vs Megalon - 1973

De quoi ça parle ? Les habitants de Seatopia ne sont pas contents. Non seulement les humains leur envoient régulièrement sur la tronche des bombes nucléaires pour faire des essais, mais ils polluent aussi non-stop. Afin de se venger, ils décident d'envoyer leur champion, le bien nommé Mégalon, sur la terre.

Mais c'est sans compter sur un inventeur, son fils et son ami, qui conçoivent un robot nommé Jet Jaguar. Dans un premier temps, le héros mécanique est contrôlé par les méchants, qui s'en servent pour guider Megalon dans sa soif de destruction. Mais quand le trio parvient à s'échapper de leur emprise, ils récupèrent Jet Jaguar et l'envoient mandater Godzilla. Pour contrer ce nouvel ennemi, les seatopiens en appellent à d'autres méchants, lesquels livrent leur propre Kaiju, Gigan. Pif paf pouf, bim bam boum. Tout ce petit monde se met sur la tronche en beuglant et les gentils gagnent, à la surprise générale.

Pourquoi c'est une monstrueuse catastrophe ? Malgré les gros dérapages mercantiles Le Fils de Godzilla et Godzilla's Revenge, Big G avait réussi à repartir au top de sa forme dans le diamant brut de la période Showa : Godzilla contre Hedorah. Mais l'approche de Yoshimitsu Banno, revenant parfois à la noirceur des débuts, n'a pas plu au studio. Celui-ci a préféré proposer un nouveau cycle familial en ré-embauchant Jun Fukuda, lequel allait signer la fin puérile de la première vraie ère du monstre.

 

photoÇa en Jet

 

Après Godzilla vs Gigan, visant déjà un public de morveux, il enchaîne sur ce Godzilla vs Megalon, qui passe encore un cap dans le ridicule. La faute à Jet Jaguar, tentative évidente de séduire le public des tokusatsu et autres divertissements à base de robots géants, qui vole la vedette à un Godzilla transformé en Deus Ex Machina. Fruit d'une sorte de croisement entre Ultra-Man, Goldorak et Mazinger Z, c'est surtout le design gagnant d'un concours organisé par la Toho pour trouver le grand gentil de leur nouvelle production.

C'est dire la pauvreté des appels du coude de la compagnie, qui bouffe à tous les râteliers, sans vraiment sortir d'une formule sur le point de s'effriter. En est témoin le design des antagonistes, à 1000 lieux des très bonnes idées visuelles d'Invasion Planète X, ou la traditionnelle empoignade finale, bien moins amusante que les grosses bastons précédentes. Et si Godzilla vs Gigan avait pour lui la présence de King Ghidorah, Godzilla vs Megalon doit se contenter de deux Kaiju bien moins inspirés que les stars de la firme. Le timide renouvellement de la franchise ne fonctionne pas du tout et le genre commence à pédaler dans la semoule. Reste que Jet Jaguar sera dans la série animée Netflix Godzilla : Singular Point. Dans cet univers, rien ne se perd, tout se transforme.

 

photoUltra mal

 

Godzilla vs Space Godzilla - 1994

De quoi ça parle ? La force censée contrer la menace Godzilla développe deux projets au cas où le bestiau souhaiterait refaire un tour en ville. Le premier implique de le contrôler par télépathie. Le deuxième consiste à transformer le projet MechaGodzilla en projet MOGUERA (un autre gros robot). Mais alors qu'ils tergiversent, et étudient le monstre, un autre Godzilla venu du ciel, et conçu à partir des cellules de l'original passées par un trou noir fonce vers la terre.

Après quelques péripéties impliquant des Yakuza, des pouvoirs psychiques et le nouveau petit Godzilla, Space Godzilla débarque sur Terre et se frite avec son homologue terrien. Avec l'aide des humains et de MOGUERA, le roi des monstres finit par griller son adversaire lunaire (dans les deux sens du terme). Moralité de l'histoire : un nouveau Kaiju pourrait revenir un jour. Non, sans blague ?

 

photoPiège de cristal

 

Pourquoi c'est une monstrueuse déception ? Qu'on s'entende bien : il n'y a rien de bien honteux dans ce Godzilla vs Space Godzilla, servi notamment par le design de l'antagoniste, tout de cristal et de férocité. Néanmoins, pour ne pas trop tirer sur l'ambulance de la fin de l'ère Showa, il a bien fallu s'attaquer à l'ère Heisei, laquelle est globalement d'excellente qualité pour l'amateur de grosses bestioles. Néanmoins, coincé entre deux des meilleurs films de la période (Godzilla vs. Mechagodzilla II et Godzilla vs Destroyah), le long-métrage fait un peu figure de maillon faible.

Un statut qui n'est pas dû à ses prémisses absurdes. Après tout, le très fun Godzilla vs. King Ghidorah allait encore plus loin dans le délire, sans jamais perdre son spectateur. Dans cette avant-dernière aventure de Big G, tout converge vers un sommet de débilité jouissive, mais rien n'est fait pour le concrétiser. Plus léger, mais pas beaucoup moins sérieux, le film exploite des ficelles déjà tirées auparavant sans jamais exploiter son potentiel bourrin. D'où un goût d'inachevé assez désagréable, qui sera banni des productions des années 2000, d'une générosité irrésistible.

 

photoDevinez qui est de retour !

 

La trilogie animée Netflix - 2017, 2018

De quoi ça parle ? C'est l'histoire d'un aller et d'un retour. Et d'énormément de bla-bla entre les deux. Devant une crise écologique en devenir et l'avènement des kaijus, les humains ont préféré quitter la Terre pour se trouver un nouvel habitat. Manque de pot, ils n'en trouvent pas et doivent donc regagner leur milieu d'origine, désormais totalement dominé par Godzilla et autres bébêtes géantes.

Entre-temps, les survivants humains ont fondé une nouvelle civilisation, les traumatisés d'hier sont devenus les bavards d'aujourd'hui et tout ce beau monde se demande comme parvenir à se débarrasser de cet énorme lézard cracheur de feu nucléaire. 

 

photo GodzillaGodzilla voit jaune

 

Pourquoi c'est une monstrueuse déception ? À l'issue des trois films qui composent ce vaste récit de pure science-fiction surnage un mélange de "tout ça pour ça" et de "pitié, achevez-moi, maintenant". On a du mal à comprendre pourquoi ce récit, finalement assez basique dans ces rebondissements et sa conclusion, a été étiré si longuement. L'idée de bouleverser un peu les schémas de l'affrontement avec Godzilla, de changer d'époque, et d'introduire une authentique relation conflictuelle entre le protagoniste et le kaiju pouvaient s'entendre. Mais à l'écran, rien de tout cela ne fonctionne jamais.

La faute à un rythme bizarroïde, qui débute par un métrage de pure introduction, quand bien même l'intrigue peut difficilement supporter pareille dilatation. Puis, l'essentiel de l'action, plutôt pas dégueu, aura lieu au cours d'un deuxième film correctement tenu... Avant une conclusion aussi mollassonne, dénuée d'enjeux forts et curieusement anti-spectaculaire. Non pas que la logique du bigger and louder soit l'alpha et l'oméga du divertissement, mais se lancer dans une épopée aussi potentiellement libératrice que l'animation, y convier Godzilla, et n'en presque rien faire, c'est à la limite de la légalité.

Tout savoir sur Godzilla vs. Kong

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commentaires
Sprink
14/06/2023 à 22:31

Je valide XD
À jeter
À oublier
Où juste à en rire !! ^^]

Polo62
29/03/2021 à 16:53

Numbers

Moi aussi j'ai beaucoup de tendresse pour le remake de 98 . Le premier que j'ai vu malgré le faite que je connaissais la bêbete depuis mes 5 ans sans m'en rendre compte.
Oui ce n'est pas une créature qui crache des rayons laser mais le design est superbe. C'est toute mon enfance. Que je ai versé des larmes en revenant du cinéma. Je m'en rappel comme si ct hier j'avais 9 ans tu m'étonnes lol .

Beaucoup de films de godzilla sont nul et beaucoup crient au scandale pour ce remake . Et honnêtement en regardant bien à par certains film avant 98 il ny en avait que 6 ou 7 de bon . Le premier le second et mothra contre godzilla puis contre biolante....mais quoi d'autre ?
Allez le second mechagodzilla.

Bref depuis 2014 godzilla a retrouver une nouvelle jeunesse et hâte de voir son combat fasse a Kong

Bob nims
14/03/2021 à 12:56

Les films Netflix ne sont pas si mauvais le 2 est une bonne surprise

Birdy à poil
14/03/2021 à 09:35

@ Ethan : je suis perso encore moins client des NRJ Movies Awards...
Mais la formule des césars n'est pas ratée à chaque fois non plus.
La diversité cette année, et le message politique, étaient inevitable, avec la Covid et des salles fermées.
Difficile d'en tirer des conclusions définitives.

Numberz
13/03/2021 à 12:22

J'espère que le film de Emmerich ne sera pas conspué. Franchement, j'ai une grosse tendresse pour ce remake américain. Les vannes sont très bonnes, les fx sont chouettes, certains ont un peu vieilli mais franchement ça passe.
Le problème du film est peut être d'avoir imposé le nom godzilla car les puristes gueulent par rapport au nom.
Après beaucoup trouverons le film stupide, série Z... Mais moi je le vois comme un actionner qui s'assume, efficace, ironique et bien bon, voire meilleur que bon nombre de film du genre actuel (à part peut être shin godzilla que je n'ai pas encore pu découvrir, et le premier godzilla du mosnterverse).

Bref film nostalgique, film bordélique, mais film qui m'enthousiasme toujours autant.

Karev
13/03/2021 à 05:58

D'accord avec vous sauf que j'échange Spacegodzilla par l'horrible Godzilla vs Ghidorah de 1991 et son sous-Terminator ridicule.

cinema bisseux
12/03/2021 à 18:39

mais ils sont de qualites les films de années 60/70,Kitchsh , bordelique ou deviants,comiques
les daubes des types de chez Netflix -qui prient pour Satan, -ont la technologie, mais c'est froid , industriel , calculé

Mathieu Jaborska - Rédaction
12/03/2021 à 18:30

@BB Allo
@Xander

Comme pour les meilleurs opus, on a décidé d'exclure les films américains. Mais attendez-vous à voir arriver un article sur le sujet très bientôt...

BB Allo
12/03/2021 à 18:26

Le plus con de tous est quand même celui d'Emmerich!!

Xander
12/03/2021 à 18:05

Au risque de détruire au lance roquette l'ambulance. Ou est le emmerich ?

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