Jurassic Park, Jurassic World : on a classé la saga des dinos, du pire au meilleur (le premier)

La Rédaction | 11 avril 2023 - MAJ : 12/04/2023 08:58
La Rédaction | 11 avril 2023 - MAJ : 12/04/2023 08:58

Jurassic ParkJurassic World : retour sur les six films de la saga culte des dinosaures, adaptée de Michael Crichton, lancée par Steven Spielberg et probablement salie par Colin Trevorrow.

Si le premier Jurassic Park réalisé par Steven Spielberg est un classique parmi les classiques, célébré et vénéré depuis des années et certainement jusqu'à la fin des temps, la franchise adaptée des livres de Michael Crichton a vite divisé le public.

Le Monde perdu : Jurassic Park est l'un des Spielberg les moins aimés, et Jurassic Park III est né dans la douleur pour décevoir bien du monde. Le grand retour avec Jurassic World a largement nourri des débats, Jurassic World : Fallen Kingdom encore plus, et Jurassic World : Le Monde d'après probablement encore plus.

Aucun mystère donc sur la première place du podium, mais vifs débats sur le pire parmi les autres opus. La rédaction a voté, la rédaction a tranché, et vous allez bien sûr vous énerver.

 

Photo Ian malcolmÀ quel moment la saga a-t-elle passé ce cap ?

 

6. Jurassic World 3 : le monde d'après

Sortie : 2022 – Durée : 2h27

 

 

Ce que raconte Jurassic World 3 : Après JW2, les dinosaures sont apparemment en liberté dans le monde, mais c'est moins grave que ces sauterelles préhistoriques qui bouffent les champs. Ce sera le prétexte pour réunir Ellie Sattler, Alan Grant et Ian Malcolm dans le QG de BioSyn, une entreprise dirigée par une espèce de Steve Jobs qui a un plan diabolique.

De leur côté, Owen et Claire essaient de protéger Maisie, finalement enlevée par des méchants pour être revendue à BioSyn. Avec l'aide d'une pilote sortie de nulle part, ils se retrouvent dans la vallée perdue de BioSyn, avec tous les autres.

À la fin, la vallée est en flammes, tout le monde a survécu sauf le méchant... et rien n'a changé, retour à une planète avec des dinos plus ou moins en liberté.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoC'est beau, mais ça dure deux secondes

 

Pourquoi Jurassic World 3 est le pire : Parce que rien ne va dans ce film censé clore la trilogie Jurassic World, et qui est tellement mal pensé, écrit et filmé qu'il ferait passer le premier Jurassic World pour un bon film, et Jurassic World 2 pour un classique du cinéma.

Premier gros problème : personne n'assume la conclusion de Fallen Kingdom. Ce Monde d'après avec des dinosaures en liberté n'a pas grand-chose d'apocalyptique, et la promesse d'une nouvelle ère est résumée en quelques images de JT (moins amusantes que celles de l'épilogue de JW2), puis balayée avec le décor d'une vallée qui n'est qu'un énième parc. Le film a tellement peur de son ombre qu'il tourne en rond, et se termine à peu près là où il a commencé.

Cette déception est d'autant plus immense que le scénario est une vaste plaisanterie, qui empile les aberrations, incohérences et absurdités. L'écosystème est menacé par les méchantes sauterelles, mais apparemment pas par la présence des dinosaures. Le grand méchant a un plan tellement vaseux que personne ne prend la peine de réellement le comprendre. Le trio culte de Jurassic Park est réuni avec un prétexte grossier, particulièrement ridicule du côté de Malcolm. Tout le monde court dans tous les sens (pour sauver Maisie, bébé Blue, des inconnus...), et personne n'est décoiffé (même par un crash d'avion), dans un enchaînement de péripéties plates et de rendez-vous manqués.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Sam Neill, DeWanda Wise, Chris Pratt, Jeff GoldblumPalme de la pire scène du film (voire de la saga)

 

Alors même que la trilogie a laissé dans le fossé plusieurs figurants de luxe en cours de route (pensée pour ces gosses de parents divorcés et les deux geeks du premier Jurassic World), ce troisième épisode traîne toujours des poids morts, et s'enlise toujours plus dans l'écriture hollywoodienne bas de gamme.

Entre les nouveaux venus transparents (DeWanda Wise, Mamoudou Athie, et Campbell Scott servis par trois miettes de caractérisation), les apparitions plus que dispensables de quelques personnes inutiles (Omar Sy, Justice Smith, Daniella Pineda), le retour encombrant du trio de Jurassic Park, et la gestion de Claire et Owen (alchimie puissance -1000) avec leur fille symbolique, personne n'a le temps d'exister, avancer et créer la moindre émotion.

L'effet est encore plus terrible avec la surdose de fan service bête et laid. Colin Trevorrow veut rendre hommage aux scènes et images cultes de la saga, mais se contente de citations ridicules. Quand Laura Dern retire ses lunettes, c'est pour observer un champ dévasté (une belle métaphore de la saga). Quand Malcolm agite une sauterelle enflammée en guise de fumigène, ça n'aboutit à absolument aucune tension ni suspense. Et quand le grand méchant ressort du placard la bombe de mousse à raser, c'est parfaitement inutile. Même le trio original semble avoir été conservé dans du formol, avec une garde-robe fétichisée pour le plaisir le plus régressif. De quoi faire passer Star Wars 9 pour un exemple de bon fan service.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Chris PrattDeath-Dino Race

 

Mais le coup fatal vient de la mise en scène de Colin Trevorrow, qui repousse de son côté les limites du non-cinéma. De la scène d'intro (fabuleuse démonstration de non-tension et non-spectacle) au climax parfaitement plat et générique, en passant par une hallucinante rencontre entre tous les héros et le grand méchant dino (de toute évidence aveugle, sourd et sous somnifère), il passe à côté de quasiment toutes les idées - même les bonnes. À côté de Jurassic World 2 réalisé par Juan Antonio Bayona, c'est une douleur infinie. Mais même à côté du premier Jurassic World, c'est incroyable de médiocrité.

Jurassic World 3 est le plus long des épisodes de la saga - dans tous les sens du terme. Il y avait la promesse d'un monde inédit et incroyable, et d'une conclusion épique et sensationnelle. Il n'y a à l'écran qu'un champ de ruines, dévitalisé et sans énergie, qui se termine comme un disque rayé (une vallée comme énième parc, un énième super-dino). Tristesse infinie.

Notre critique du très mauvais Jurassic World 3 : Le Monde d'après.

 

5. JURASSIC WORLD

Sortie : 2015 - Durée : 2h04

 

Jurassic World : photo, Chris Pratt"Laissez-moi crever."

 

Ce qui se passe dans Jurassic World : Le Parc Jurassic a fini par ouvrir, mais la multinationale derrière ce retour en grâce veut toujours plus de sous, et décide d'en inventer de toutes pièces de nouveaux dinosaures. Étonnamment, l'Indominus Rex, monstre géant capable de communiquer avec les autres espèces et de devenir invisible tout en jouant du didjeridoo parvient à s'échapper, casse et mange beaucoup de choses. Mais heureusement, Chris Pratt est là pour applaudir quand le T-Rex et deux raptors domestiques lui font un combo de kicks pour le précipiter dans la gueule de l'énorme mosasaure.

Ce qu'on aime dans Jurassic World : Aussi curieux que cela puisse paraître, en trois films, la première trilogie Jurassic Park, pourtant centrée sur le concept d'un parc d'attractions accueillant des sauriens, ne nous avait jamais montré ledit parc en activité. La promesse d'assister à une véritable orgie de dinos dévorant des centaines de touristes dans un authentique mélange d'attaque préhistorique et de film catastrophe était donc immensément stimulante. Et malgré la platitude de sa mise en scène, le premier tiers de Jurassic World laisse espérer que quand tout se déréglera, le spectacle sera au rendez-vous.

 

photo, Chris PrattLe gardien de l'infographie

 

D'ailleurs, la première attaque de l'Indominus Rex, plutôt vicieuse et correctement rythmée, laisse espérer que le décor sera propice à de sympathiques débordements. S'ils sont quasiment absents du film, il est paradoxal de noter que c'est l'unique séquence authentiquement cruelle qui aura été pointée du doigt comme une faute de goût par une grande partie de la presse et du public, à savoir le massacre inter-espèce de la malheureuse Zara (Katie McGrath), désarticulée par des ptérosaures avant d'être mastiquée par l'aquatique mosasaure. Signe que le public ne souhaitait pas retrouver l'angoisse spielberguienne, mais bien prolonger la recette Marvel d'un divertissement programmatique et jamais risqué.

Ce qu'on n’aime pas dans Jurassic World : Il serait facile de lister les nombreux échecs du film, mais il est peut-être plus pertinent de se pencher sur leur origine : la philosophie même du projet. Pensé comme un quasi-reboot (nouveau parc, nouveaux personnages, nouveaux dinosaures), le métrage se conjugue désormais avec les modes de son temps.

 

photoDes fans agacés

 

Tout y est donc lisse et industriel, conçu pour ne heurter personne et satisfaire modérément le public le plus large possible. La volonté manifeste de s'inspirer du système établi par Disney (jusque dans le casting de Chris Pratt, le Star-Lord des Gardiens de la Galaxie) appauvrit considérablement le substrat mythologique de base, puisque ce ne sont plus les dinosaures eux-mêmes qui sont ici l'objet d'émerveillement et de terreur, mais un succédané artificiel, l'Indominus Rex.

Inventé pour l'occasion, il ne fait écho à aucune bébête légendaire, mais bien aux désidératas de studios ne comprenant les matériaux qu'ils manipulent et achève de rendre le film totalement contradictoire, celui-ci piétinant sa critique initiale d'une entreprise de divertissement et d'un public incapables de s'émerveiller.

 

photoLe Machoirosaurus Rex

 

Dès lors, comment s'étonner qu'en plus d'être d'une mollesse et d'une fadeur constante, le résultat s'avère un affront terrible au Jurassic Park premier du nom ? Là où Spielberg révolutionnait en profondeur le blockbuster, générait une machine à rêve encore effective des décennies après sa sortie et engendrait une transformation en profondeur des effets spéciaux et des motifs du cinéma de divertissement, Jurassic World se contente de suivre la mode, en veillant toujours à s'y conformer dans la plus grande tiédeur.

L'ensemble se transforme donc en attraction mécanique, dont la plus tragique incarnation demeurera sans doute la nouvelle vision des vélociraptors. Hier super-prédateurs redoutables et incarnation terrible du péché d'orgueil de l'humanité, ils sont renvoyés au rang de vulgaires toutous. Un affront numérique au goût de trahison.

Et si Jurassic World était bien ?

 

4. JURASSIC PARK III

Sortie : 2001 – Durée : 1h32

 

Jurassic Park III : Photo"Pardon, mais votre accoudoir me gêne."

 

Ce qui se passe : Encore marqué par les évènements tragiques qui ont mené à la ruine du parc Jurassic, le professeur Grant s'est juré de ne jamais plus mettre les pieds à côté d'une patte de dinosaures. Mais un couple dont le fils a disparu après s'être un peu trop approché d'Isla Sorna le berne à coups de chèques en blanc et le convainc de participer à une nouvelle expédition.

Les mercenaires qui les accompagnent se font manger. Leur avion se fait manger. Le bon sens se fait manger. Mais après avoir échappé à un gang de ptéranodons et à une attaque nocturne de Spinosaure, nos héros peuvent compter sur l'intervention de l'armée américaine, que le professeur Grant a pu contacter grâce à un appel de poche

 

 

Ce qu'on aime : Spécialiste des effets spéciaux passés à la mise en scène, Joe Johnston est un artiste complet, qui aura été appelé plus d'une fois à la rescousse de projets à la production compliquée, voire infernale (Wolfman et Casse-Noisette et les Quatre Royaumes) comptent parmi ses sauvetages les plus ahurissants. Si Jurassic Park III ne fut jamais un projet tout à fait désespéré, il bénéficia largement de la polyvalence de son réalisateur, à l'aise avec les exigences d'un tournage techniquement complexe et nécessitant de marier des technologies différentes. Un savoir-faire palpable lors des divers morceaux  de bravoure de l'ensemble.

Et le film n'en manque pas. Du débarquement sanglant sur une île peu hospitalière, en passant par un duel impressionnant entre le T-Rex et le Spinosaure, sans oublier quelques confrontations avec des raptors plumitifs et surtout l'impressionnante fuite de la volière, Jurassic Park III traite bien l'amateur de dinos.

 

Jurassic Park III : photoPourquoi faire simple quand on peut faire en animatronique ?

 

Ce qu'on n'aime pas : De toute évidence, personne à la tête du projet ne savait vraiment quoi raconter. Le prétexte à cette orgie d'écailles n'a absolument aucun sens, et on ne croit jamais aux pseudo-motivations des personnages. Ces derniers sont tous d'une bêtise spectaculaire et rien n'est jamais fait pour les caractériser proprement. Pire, ils sont souvent à deux doigts de la parodie. Et quand finalement surgit le personnage du fils pas trop prodigue, difficile de conserver son sérieux, tant l'intrigue traite ses enjeux par-dessus la jambe.

Au fur et à mesure, on devine que le film a bien plus une mentalité de série B que de blockbuster. Un grand-écart qui rend l'ensemble terriblement schizophrène, et l'empêche de se trouver une véritable identité. Preuve en est, le scénario ne cherche jamais à s'inscrire véritablement dans les pas de ses deux prédécesseurs, comme s'il était bien conscient de ne pouvoir s'y mesurer. Ultime symptôme du phénoménal je-m'en-foutisme qui préside à la narration,  le climax se retrouve expédié en deux coups de cuillère à pot (malgré une poignée de belles images, avant d'avoir recours à un deus ex machina complètement absurde (l'armée américaine vraiment ?).

 

3. Jurassic World : Fallen Kingdom

Sortie : 2018 – Durée : 2h08

 

Jurassic World : Fallen Kingdom : photoDino des Enfers

 

Ce qui se passe : Trois ans après Jurassic World, les dinosaures ont pris totalement possession d'Isla Nublar. Malheureusement, le volcan de l'île s'est réveillé et va rentrer en éruption. Claire Dearling et Owen Grady s'allient à milliardaire pour sauver les dinos et les faire vivre sur une nouvelle île.

Après avoir échappé à la lave de justesse (mais pas sauver tous les dinos, oups), Claire est finalement doublée par le méchant assistant du milliardaire qui veut en fait vendre les dinos pour créer des armes vivantes en hybridant leur ADN. Il a réussi à le faire, mais Owen et Claire réussissent à tuer le dino et le riche taré. Insuffisant toutefois pour éviter la libération de toutes les bêtes "normales" par la petite-fille du milliardaire aka une clone (oui oui). La Terre doit maintenant cohabiter avec les dinosaures, modifiant durablement l'écosystème en place depuis des millénaires. 

 

photoUne introduction qui met dans le grand bain

 

Ce qu'on aime : Indiscutablement la mise en scène de Juan Antonio Bayona est le gros point fort du long-métrage. Le cinéaste espagnol confirme son talent et délivre quelques séquences qui n'ont rien à envier au premier film de papa Spielberg, et ce dès l'ouverture du film. L'introduction de Jurassic World : Fallen Kingdom est probablement la scène la plus réussie du long-métrage tant elle capte l'essence même de ce qui faisait le charme des films originels tout en transportant l'univers dans une atmosphère plus horrifique et angoissante. Il y a aussi beaucoup de poésie ici ou là (cet adieu enflammé).

Par ailleurs, le film jouit d'une belle générosité, multipliant les décors et les situations. D'abord grand trip spectaculaire culminant avec l'éruption du volcan, le récit mute en huis clos quasi-horrifique dans un manoir gothique dont Bayona se sert admirablement dans sa seconde partie. De quoi permettre au métrage de sortir de la jungle ou du parc habituels et de venir moderniser la franchise.

 

Jurassic World : Fallen Kingdom : photoChaos Reigns

Et puis, s'il y a bien un truc réjouissant avec Fallen Kingdom c'est évidemment sa conclusion. Mal amenée, mais culottée, elle ouvre des perspectives alléchantes et surtout attendues depuis des années par les spectateurs : comment l'humain réussira à vivre avec les dinosaures ? La balle était dans le camp de Jurassic World : Le Monde d'après pour que Trevorrow en capte le meilleur du potentiel. Malheureusement, on connaît le résultat (voir plus haut), et on a manqué de peu un rêve : voir une ville entière se faire décimer par une horde de velociraptors.

Ce qu'on n'aime pas : À peu près tout le reste tant le scénario de Fallen Kingdom est peu inspiré et suit les traces du Monde Perdu les dinosaures ont repris leur droit sur l'île, des méchants veulent les capturer pour en faire des armes et décident astucieusement de les amener sur le continent pour mieux les contrôler, et évidemment ça tourne mal. Autant dire que Fallen Kingdom déroule son programme tellement sans accros que l'ennui peine à s'évaporer (passé l'excitante introduction), et même si Bayona et les scénaristes (Derek Connolly et Colin Trevorrow) ont décidé de contrecarrer quelques attentes, l'ensemble est globalement trop classique pour étonner.

 

Photo Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Isabella SermonUne scène jamais vue dans l'histoire de la franchise (lol)

 

En résultent les fameuses séquences où le groupe est émerveillé par des brachiosaures, où le groupe se cache pour échapper à un dino, où deux dinosaures s'affrontent... bref du vu et ratavu dans la saga. Sans compter évidemment quelques retours comme celui de Wu (oui, ils ont osé le faire revenir encore) et surtout un méchant qui veut dominer le monde avec le charisme d'une chaussette trouée (Rafe Spall out), soit la marque de fabrique de la saga (coucou Vincent et Arliss).

Mais ce dont souffre probablement le plus Fallen Kingdom, c'est également le manque de charisme de ses propres héros. Outre le bon vieux Chris Pratt venu pour rejouer la même partition (sans rien y apporter), c'est surtout Bryce Dallas Howard qui étonne puisque son personnage change du tout au tout par rapport au premier épisode sans raison apparente. Sous-développé, mal caractérisé, pas aidé par des dialogues terriblement fades... le duo ne répond à aucune logique en plus de ne jamais être en osmose (en tant que possible couple). Chaud.

 

2. Le Monde perdu : Jurassic Park

Sortie : 1997 – Durée : 2h09

 

Le Monde perdu : Jurassic Park : PhotoLes joies du camping sauvage

 

Ce qui se passe : Le monde apprend que des dinos vivent tranquilles sur Isla Sorna, et le neveu de John Hammond a la brillante idée de les ramener sur le continent pour ouvrir un parc, type buffet libre-service pour T-Rex. Pour motiver Ian Malcolm à aller sur l'île, les scénaristes lui inventent une  petite copine Sarah, partie photographier les dinos. Et pour lui compliquer la vie, ils lui mettent dans les pattes Kelly, sa fille de 13 ans, qui l'a suivi.

C'est le début d'une baston entre militaires-business men et scientifiques-amoureux de la nature. Pas mal de gens sont bouffés, le T-Rex attaque la caravane des héros qui essaient de sauver son bébé, et Kelly fait un numéro de gym pour sauver papa. Le T-Rex est ramené à San Diego, il commence à tout ravager et bouffer dans les rues, mais il est renvoyé en bateau pour l'île, et Hammond demande à laisser ces animaux en paix.

 

PhotoUn peu ti-Rex par les cheveux

 

Ce qu'on aime : La maîtrise de Spielberg bien sûr. Cette suite a beau être largement inférieure à Jurassic Park, elle brille régulièrement grâce à des scènes excellentes, qui valent à elles seules le détour.

Impossible de ne pas s'attarder sur la scène de l'attaque des caravanes par papa et maman T-Rex, sommet de tension du genre, et directement reprise du livre de Michael Crichton. La chute de Julianne Moore sur la vitre, le silence pesant, la sangle de l'appareil qui glisse : la simplicité diabolique de la scène est magnifiée par le découpage, le montage (signé Michael Kahn, collaborateur privilégié du cinéaste, oscarisé trois fois pour leurs films ensemble), la musique de John Williams, le travail sur le son (le verre qui se fissure)... c'est une petite leçon de mise en scène. Et il y a peut-être plus de cinéma dans ces quelques minutes, que dans l'intégralité d'autres épisodes de la saga.

Le Monde perdu : Jurassic Park regorge de moments et images forts. La scène d'intro avec une toute jeune Camilla Belle, la chasse des dinos avec les jeeps, la course à la mort dans les champs ("N'allez pas dans les hautes herbes !"), la mort de Dieter Stark (Peter Stormare) attaqué par de mini-dino maxi-danger, un enfant réveillé par un T-Rex venu boire dans sa piscine. Sans aller aussi loin qu'Indiana Jones et le Temple maudit, Le Monde perdu s'avance sur le territoire du spectacle pur, du manège de parc d'attractions (et si on jetait plein de monde sur une île pleine de dinos ?), avec une touche d'horreur. De quoi rappeler à quel point Spielberg est capable de marquer la rétine, même avec un scénario faiblard.

 

Photo"Papa est là"

 

Ce qu'on aime moins : Le scénario signé David Koepp, et librement adapté de Michael Crichton. L'écrivain avait été poussé à écrire une suite après le succès de Jurassic Park, et Spielberg avait de son côté sa propre vision d'une deuxième aventure. Koepp a tenté de marier les deux, reprenant le point de départ du bouquin (une île bis, où étaient créés les dinosaures), mais avec une tout autre intrigue.

Le Monde perdu est donc très différent du livre, qui se passe intégralement sur l'île, et pas en ville à la fin. Et les pires idées du film viennent de toute évidence de Steven Spielberg et David Koepp, à commencer par Kelly, mix de deux personnages de jeunes étudiants du livre. La fille de Ian Malcolm est certainement le plus gros point faible de la suite, de sa présence ridicule pour ajouter une couche artificielle de dramaturgie (il protège sa fille, comme le T-Rex protège son bébé), à son grand moment de gym à la fin.

 

PhotoTop 3 des perso les plus nuls de la saga ?

 

Spielberg et Koepp ont beaucoup hésité à ouvrir l'univers avec un dino dans la ville, conscients que c'était l'ultime limite du concept avant de virer au ridicule le plus basique. Le cinéaste a finalement choisi d'y aller, d'abord pour offrir ce petit fantasme au public. Une décision qui illustre bien le caractère décomplexé de cette suite, nettement moins sérieuse, beaucoup moins solide en termes de personnages et enjeux. C'est là que le choix de Jeff Goldblum est parfait. Passé au premier plan, il incarne la distance un peu amusée vis-à-vis de ce bordel, comme le montre sa première apparition : le cri de la mère paniquée se transforme en bâillement de Ian Malcolm.

Entre ça et les (trop) nombreux moments où l'acteur se rapproche de la caméra, pour annoncer un problème avec un regard intense, il y a de quoi se dire que Spielberg avait définitivement assumé une part de second degré.

 

1. Jurassic Park

Sortie : 1993 – Durée : 2h08

 

Jurassic Park : photoNaissance d'une franchise

 

Ce qui se passe : Quel est le pire qui puisse arriver en construisant un parc plein de dinosaures voraces ? Perdre un employé ? Non, se faire attaquer en justice à cause de la perte d'un employé. Ça, c'est très relou, parce qu'il faut convaincre des experts, en l'occurrence un couple de paléontologues et un spécialiste des punchlines défaitistes que votre parc est très sûr et que tout ce petit monde ne va pas se faire bouffer par la faune locale.

Sauf qu'à cause d'un combo sabotage industriel / tempête tropicale, les bestiaux s'échappent très vite. La petite troupe survit à sa manière et finit par s'échapper de l'île, la laissant aux pattes des sauropsides. Plus jamais, hein !

Ce qu'on aime : N'y allons pas par quatre chemins, Jurassic Park est en haut de la liste des films qu'on aime revoir inlassablement. Tout simplement parce que c'est le blockbuster ultime. Certes, l'affirmation est aisée, mais largement défendable. Car tous les biais d'appréciation marchent sur lui, qu'ils soient techniques, historiques, économiques ou de l'ordre de l'affect pur. C'est en quelque sorte le but vers lequel a tendu l'industrie américaine moderne, le King Kong de la fin du XXe siècle.

 

photoToujours un des plans les plus spectaculaires de l'Histoire

 

Déjà, de façon très physique, il y a le sentiment de sidération absolue qu'il provoque. Steven Spielberg convoque tout ce qui est en son pouvoir, la mise en scène, la musique et les effets spéciaux en tête, pour pousser dans leurs derniers retranchements les codes du cinéma d'aventure, où la plus grande des émotions est celle de la découverte. Ce n'est pas pour rien que les séquences les plus mémorables, dans lesquelles absolument chaque réplique est culte, sont celles où les deux paléontologistes, formidable relais spectatoriels, contemplent pour la première fois les créatures qu'ils ont passé leur vie à étudier.

Le blockbuster post-années 1970 se construit sur le money-shot (un plan très difficile d'exécution) qui est garanti de figurer dans la bande-annonce, une sorte de contrat passé avec le spectateur. Un contrat simple stipulant ceci : payez votre place, et vous verrez quelque chose que vous n'avez jamais vu. Et non seulement le cinéaste illustre très littéralement ce pacte, mais il en fait le coeur de son récit, apportant presque à l'épure les mécaniques du spectaculaire hollywoodien.

 

PhotoMoustique + grenouille = dinosaure

 

Pour atteindre ce degré d'absolu dans l'impression, il faut avoir confiance en chaque aspect du film. Et il peut avoir confiance, puisque tout fonctionne dans Jurassic Park. La musique de John Williams, bien sûr, le suit tête baissée dans cette recherche du spectacle ultime en sacralisant ses thèmes à outrance. Le script de Michael Crichton et David Koepp y participe également, notamment en convoquant des personnages irrésistibles auxquels on aime s'identifier instantanément pour mieux partager leur stupeur. Ne parlons pas des acteurs Sam Neill, Jeff Goldblum et Laura Dern, tous trois parmi les meilleurs de leur génération à Hollywood et qui d'ailleurs souffriront un peu de ces rôles définitifs.

Et évidemment, il y a les effets spéciaux. Toutes les révolutions à gros budget ne vont pas sans leur révolution technique. Impossible d'expliquer en un paragraphe ce que des dizaines d'ouvrages, de documentaires et de vidéos traitent avec précision, pour retracer la folle histoire de la création du CGI, et des mabouls qui ont décidé de créer des dinosaures avec des ordinateurs. Il ne faut cependant pas oublier les animatroniques ahurissantes du Stan Winston Studio, dont l'importance a été occultée par l'omniprésence médiatique des VFX, mais qui n'ont pas moins marqué l'industrie au fer rouge.

 

PhotoQuand tes bras sont trop petits pour ouvrir la portière

 

Enfin, et c'est également l'apanage des grands films hollywoodiens en même temps que la marque de fabrique de son metteur en scène, il comporte un vrai commentaire sur sa propre condition. Si Hammond passe d'industriel véreux à papy impulsif du livre à son adaptation, c'est pour mieux forcer le parallèle avec l'industrie du film américain, dans laquelle l'évolution technologique peut certes concevoir de l'inédit pur, mais aussi échapper au contrôle des passionnés du spectacle.

C'est la cerise sur le gâteau de la grandeur de Jurassic Park : il avait raison. Les effets spéciaux numériques ne sont plus utilisés pour mettre en scène l'exceptionnel. Et si l'outil a complètement transformé la façon de faire des films, les blockbusters les plus performants du moment en abusent peut-être un peu, autant qu'ils abusent du principe de franchise contemporaine, dont Jurassic Park est un des principaux initiateurs. Peu de longs-métrages auront autant été conscients de leur statut, et c'est aussi ce qui en fait un sommet inégalé, et probablement inégalable. PUIS C'EST DES DINOSAURES QUOI !

Ce qu'on aime moins : On ne sait pas quand vous vous êtes accrochés à une barrière électrique suffisamment puissante pour contenir des monstres préhistoriques pour la dernière fois, mais on peut vous assurer qu'elle ne se contente pas d'éjecter un gosse qui aurait eu le malheur de grimper dessus. Tim aurait dû griller comme une saucisse. La vérité doit éclater.

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commentaires
Klayton
08/02/2024 à 16:26

Jurassic Park fesant le deuil du passé et abandonnant le reve fantasme impossible à tout jamais dans la perfection narrative et visuelle comme auditive et sonore..
Merci la solution lysine..

Je dirai que seul Le monde perdu et Fallen Kingdom sont interressants et que les autres sont soit inutiles JP3 JW soit font pitié comme le la daubasse de 2022

Lougnar
12/04/2023 à 16:57

Perso seul le premier est top ! Les autres sans sans plus mais certains comme JWD sont nuls !
65 la terre d'avant est 2ème ^^

Axlmzo
12/04/2023 à 13:51

JP2 et sa gamine qui fait des soleils à la barre fixe pour tuer les raptors et son couple de héros qui court avec son bébé T-Rex de 80kg dans les bras. Tout ça fout totalement en l’air le début du film et l’attaque sur la falaise. Dommage. JP3 a une mauvaise réputation, car pas shooté par Spielberg, mais réalisé par un vrai bon faiseur en la personne de Joe johnston.
JP
JW
JP3
JW2
JP2
JW3

Oulah
12/04/2023 à 10:12

Clairement mon classement objectif:
Jurassic Park Grand Film


Fallen Kingdom Très Bon Film

Monde Perdu Bon film

Jurassic Park 3 Film Moyen

JW film très Médiocre
JWD Mauvais fan-film

Osheridan
12/04/2023 à 09:52

Encore une fois @LaRédaction a tout faux dans ses critiques.

Que ses goûts soient différents, normal chacun les siens, je ne partage pas mais je tolère mais qu'elle insulte les films qu'elle n'aime pas et les rabaissant à un tel point, je ne tolère pas.

Moi aussi je suis un fan de la première heure de Jurassic Park. Vu au cinéma sous la pluie à faire une heure de queue pour enfin entrer au Gaumont centre ville de Montpellier en 93 et ce n'était pas du tout le jour de sa sortie mais deux ou trois semaines après.
Donc je m'estime être un connaisseur car je les ai tous vu au cinéma ou presque. Seul le Monde perdu je ne suis pas allé voir.

Et mon classement n'a absolument rien à voir avec le votre car j'estime que la franchise Jurassic Park World est vraiment une réussite. C'est incensé de la détruire autant.
J'ai adoré le JPW3, il y avait des scènes moins bien, pas bien originale ou les dialogues pas terribles, mais dans l'ensemble c'était très bien et des scènes me restent en mémoire tellement elles étaient bonnes.
J'ai adoré le début du film par exemple, c'était très bon, un des meilleurs début de la saga.

Après je ne vais pas les classer selon mes goûts perso mais Jurassic Park 2 et 3 je les trouvais vraiment mauvais. Horrible même.
La saga Jurassic park World a réveillé mes souvenirs enfouis du premier et les as sublimé avec des dinosaures encore plus terribles et à la fois d'autres plus tendres ou gentils.
Évidemment je ne juge pas le film que sur ça, je suis très critique aussi mais c'est un des exemples que je donne.

À l'opposé, fracasser JPW comme vous le faites avec vos critiques amères anti-suite et anti-blockbuster parce que vous en avez trop vu, que c'est l'overdose depuis longtemps déjà, et que c'est de bon goût depuis des années de taper sur ces genres là pour se défouler, ce n'est pas avoir un comportement honnête vis à vis des blockbusters et des suites de films célèbres.

Si vous ne pouvez pas vous empêcher de démolir les suites et BB alors, retenez vous de les voir car vos critiques sont mal dirigées.
Plaignez vous du fait qu'hollywood en sort trop mais ceux que vous allez voir, ne leur rejeter pas la faute dessus et critiquer les avec justesse en faisant abstraction de tout, et même du film originel de la saga.

Et sinon oui Jurassic Park 1 est le meilleur de tous, sur ça on est d'accord.
Mais la suite pas d'accord du tout.
Et je trouve que JPW est très proche de la qualité esthétique, scénaristique et émotionnelle du 1.
Je mets simplement JP 1 devant JPW1 par choix subjectif mais objectivement je ne devrais pas.
Des enfants préféreront JPW3 devant JPW1 ou JP1 par choix subjectif, donc pour classer il faut être objectif et entre JP1 et JPW1 ça se joue à rien qui est le meilleur

CJ.malcko
16/02/2023 à 00:33

Je suis moi même un fan absolu de la trilogie JP, Jurassic Park étant le premier film que j'ai vu au cinéma dans mon enfance, forcément ça marque ! Je conviens que JP3 est moyen mais je le préfère tellement à cette trilogie JW.

D'ailleurs je fais bien la distinction entre les JP et les JW, les JW sont des films infects fait par des imbéciles qui n'ont rien compris au propos des premiers films. Je détestais déjà Colin Trevorow pour le saccage qu'il avait fait sur Star Wars mais la ! Mon dieu j'ai eu envie de le brûler clairement !

Je considère les JW comme une insulte aux fans des JP,

Le scénario est moisi, les personnages sont plats et inintéressants, je ne parle même pas des "méchants" et de leurs motivations débiles
"Gna gna vais faire une armée de dinosaures"
Sans parler des incohérences avec les JP
(Dans les premiers JP il n'est jamais question d'un volcan sur Nublar, Hammond n'aurait pas était assez con pour construire son parc sur un volcan endormi, mais il fallait bien un scénario pour fallen kingdom donc hop volcan sorti du chapeau)
Je ne parle même pas des scènes de dressages façon pokémon ou les scènes limite de discussions entre des dinosaures qui m'ont fait me traverser le crâne tellement j'ai facepalm.

Bref je hais les JW, c'est un bon gros tas de merde comme dirais l'autre

Sk.
30/08/2022 à 14:27

Je suis certains que les enfants adorent la trilogie Jurassic World.
Comme pour moi quand je suis sorti de JP3 étant enfant et pensant que c'était le meilleur Jurassic, puis ils grandiront et verront que Jurassic Park est un chef d'oeuvre.


J'étais un peu indulgent à la sortie de Dominion, mais là, j'admet que c'est le plus mauvais alors que j'étais déjà en "facepalme" à la fin de Fallen Kingdom.

Classement :
1. JURASSIC PARK, bon voilà
2. LE MONDE PERDU, quel très bon film d'aventure, hommage à King Kong assumé par Spielberg. Le rodéo des vehicules à coté des Dinosaures, la tension des TREX... On sent une ile infestée, si tu te perds 30s tu meurs, tu vas dans les hautes herbes, tu meurs...etc. Franchement comprends pas les critiques.
3. JURASSIC PARK III, on parle de trilogie ? mais pour moi Jurassic Park et Le Monde Perdu sont un dyptique. JP3 est un sorte de série B ou spin-off de qualité. "Un petit groupe de touriste perdu dans les iles" c'était ça le synopsis. Probablement le meilleurs en termes de Dinosaures.
4. JURASSIC WORLD, je trouve la premiere partie excellente. J'ai eu le sentiment de visiter le parc, j'aurais aimé que ça dure plus longtemps, une nuit de plus... ça fait écho à DisneyWorld, aux investisseurs, aux publics lassé par les CGI etc .... mais il faut de l'action, et là c'est mauvais, Colin Trevorrow n'est pas ce genre de réalisateur, les CGI sont affreux.
5. FALLEN KINGDOM, j'avais grand éspoir avec Bayona, mais le scénario est catastrophique, surtout les dialogues....
La mise en scéne est géniale, les idées sont interessantes... Humain clones, Ventes de Dinos, mais qu'est ce que les personnages sont mauvais, ininteressants et clichés. Colin, t'as des idées mais tu sais pas écrire un film sérieux.
6. DOMINION, vu la version longue... et définitvement Trevorrow fait des films pour enfants, j'ai eu la sensation de voir un film Disney à la limite du cartoon.

Kylno
20/06/2022 à 22:13

Tout n'est que question de point de vue et d'âge. Pour moi jp2 est le pire de la saga et jp1 est le classique indémodable et je trouve les jw divertissants. Pour mes enfants les jurassic World sont meilleurs que les jurassic park car les dinosaures sont plus beaux visuellement et le docteur woo a réussi à créer des dinosaures hybrides (indoraptor, indominus) et mes enfants trouvent ça fascinants. Mais dans les JP ils préfèrent le 3 au 1. Véridique. Ma fille (10 ans) a adoré jw3 du début à la fin, moi je me suis ennuyée sur la première heure et mon fils (5 ans et demi) a aimé avec en commentaire "il est un peu bizarre quand même ce jurassic World". Comme quoi les expressions "Il en faut pour tous les goûts" et "on ne peut pas plaire à tout le monde" prennent tout leur sens.

Kyle Reese
14/06/2022 à 12:33

@Le Dinosaure Man

Trop facile mais surement vrai.

Le Dinosaure Man
14/06/2022 à 02:03

Je les classe du meilleur au moins bon dans leur ordre de sortie, tout simplement.

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