The Elder Scrolls Online : avant la saga des Portes d'Oblivion, retour sur une mythologie fascinante et dragonique

La Rédaction | 29 janvier 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 29 janvier 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Alors que The Elder Scrolls online vient de dévoiler de nouvelles extensions de son univers, on revient sur une passionnante mythologique vidéoludique.

La fantasy et le médiéval fantastique en général sont depuis longtemps des terrains de jeux privilégiés pour la création vidéoludique. Mais peu de jeux vidéo peuvent se vanter d’avoir, au gré des décennies, bâti une mythologie aussi dense et évocatrice que la licence The Elder Scrolls. À l’heure où son dernier avatar, The Elder Scrolls Online, continue de déchaîner les passions, revenons sur cette œuvre à part, et cet univers que des millions de joueurs ne cessent d’arpenter depuis 1994. 

 

 

D'ARENA A BLACKWOOD 

La naissance des mythes engendre parfois leur propre légende, et c’est le cas de The Elder Scrolls, concept mutant et création miraculée. Arena, le premier opus, aura subi maintes métamorphoses avant d’être en mesure d’engendrer le monde de Tamriel. Initialement pensé pour être un jeu d’action, ce dernier devait permettre aux joueurs de prendre la tête d’une troupe de gladiateurs, combattant et défaisant des troupes adverses, de colisées en théâtres médiévaux, jusqu’à affronter les prestigieux combattants de la cité impériale. 

Cette structure donnera son titre au jeu, mais en cours de production, il va se transformer radicalement. Les développeurs étant de fiers rôlistes, ils vont progressivement s’inspirer de leurs créations personnelles et des univers qu’ils ont établis pour leur bon plaisir, afin d’enrichir leur amphitéâtre virtuel. Pas tout à fait conscients de la portée de leur geste, débordants de références, ils travaillent à un rythme trop soutenu pour livrer un jeu parfaitement équilibré. On y trouve une quête principale et une tripotée de quêtes secondaires, répétitives et basées sur un schéma largement balisé. 

 

photoQuand on arrive en ville

 

Le tout s’étale sur un terrain de jeu invraisemblablement vaste (on évoque alors un bac à sable de quelque 12 millions de km2 abritant une centaine de villes !). Et c’est cet élément qui va conférer à The Elder Scrolls sa grandeur. Jouer est répétitif, mais ce sentiment de redite est nuancé par des récompenses toujours différentes et devient un formidable terreau pour l’imagination. Et alors que Bethesda, constatant des ventes d’abord très timides et des critiques mitigées, craint d’avoir signé son arrêt de mort, c’est vers le culte que l’entreprise se dirige. 

Le bouche-à-oreille fait rapidement d’Arena (dont le  Elder Scrolls est encore un mystère, y compris pour ses créateurs) une création de grande valeur, et sa suite, Daggerfall, est mise en chantier. C’est elle qui va arrêter le système de jeu encore vénéré aujourd’hui, le parfaire, et surtout, cristalliser sa mythologie. 

 

photoPlus on est de fous, plus on frit

 

À L’AUBE DU 5e JOUEUR 

En littérature pendant des décennies, puis du côté du jeu de rôle traditionnel, plus récemment sur grand et petit écran, la fantaisie déchaîne les passions. Mais si beaucoup de créations partagent des univers extrêmement proches – dont The Elder Scrolls a digéré quantité de codes – la saga qui nous intéresse se place sur un tout autre niveau. Sur le papier, on y retrouve quantité d’empruns à Donjons & Dragons ou Ultima Underworld (dont la conception des donjons fut essentielle au développement des intérieurs d’Arena). Les classiques du genre sont cités, jusqu’à des curiosités, comme Legends of Valour

Mais ce n’est pas cette galaxie d’hommages et d’héritages qui constitue la particularité de la saga. Non, contrairement à la plupart de ses concurrents, le monde de Tamriel n’est pas un simple royaume, agrémenté de races déjà vues ailleurs, assujetti à des règles ou à un arrière-plan culturel commun. En 1954, J.R.R Tolkien révolutionnait profondément la littérature britannique en publiant Le Seigneur des Anneaux, récit phénoménal qui n’avait comme ambition rien moins que fournir à la culture britannique une mythologie qui lui appartienne, capable de faire jeu égal avec les fabuleux récits nordiques. 

Un travail colossal, qui a nécessité l’invention d’une histoire, la chronique de ses innombrables soubresauts et la création de plusieurs langages. Plus qu’un simple effort d’imagination, il s’agit là d’une architecture cosmogonique follement ambitieuse, une pratique qui porte un nom gentiment barbare : la mythopoétique. Et c’est bien ce à quoi nous avons affaire avec The Elder Scrolls

 

photoDu plaisir d'arpenter Tamriel

LES DIEUX SONT TOMBÉS SUR LA CRÊTE   

L’univers d’Elder Scrolls ne se limite pas à la géographie de son empire ou aux cultures qui le composent. Tout commença par le rêve de Godhead, un songe qui serait demeuré banal, si sa qualité divine ne l’avait pas transformé en réalité. Dans l’imagination d’une puissance supérieure naquirent ainsi Anu et Padomay, respectivement émissaires de la lumière et des ténèbres. Leur simple existence provoqua l’avènement puis l’écoulement du temps, tandis que le rapprochement de leurs deux puissances, lumineuses et ténébreuses, devait donner naissance à une troisième entité, Nir. 

Les deux frères succombent à son charme, mais cette dernière n’éprouve de sentiments que pour Anu. Leur amour va engendrer la création d’un monde à part entière, sous forme de 12 planètes et d’un soleil. C'en est trop pour Padomay, éconduit et ivre de colère, il attaque Nir et la blesse mortellement. Anu le maudira et le précipitera dans les limbes, avant de s’endormir dans le soleil. 

 

photoC'est qu'il a l'air fort, ce château

 

Quelques milliers d’années et un nouvel affrontement fratricide plus tard, la colère de ces deux entités laisse une Création en miette, dont Anu utilisera les vestiges pour fonder une unique planète, Nirn. Pour que plus jamais son vilain frangin ne menace le fruit de son amour, il le transpercera de son épée et se précipitera avec lui dans les limbes. Le sang d’Anu donnera forme aux étoiles, celui de  aux  et le mélange de leurs deux nectars vitaux engendrera des divinités : les Aedra. Tout pourrait alors aller de mieux en mieux dans le plus immortel des mondes, si un Aedra particulièrement puissant, Lorkhan, incarnation vivante de la notion de Limite, n’avait pas décidé d’établir un nouveau plan d’existence, le Mundus, où la vie sera mortelle. Un projet qui sera mené à bien, mais lui coûtera son existence, ainsi que celle de nombreux Aedra, devenus des êtres de chairs et de sang à l’occasion de la transmutation opérée par Magnus, un de leurs représentants les plus puissants. Lui et quelques autres entités, peu désireuses de faire l’expérience du vieillissement et de la mort, fuirent dans un autre plan de réalité, qui serait bientôt connu sous le nom d’Oblivion

 

photoBon, alors cette histoire de plume plus forte que l'épée, c'est très relatif quand même

 

LE PORTE A PORTES D'OBLIVION

Fort de cette genèse qui recombine des éléments issus des mythes grecs, égyptiens et judéo-chrétiens, faisant de la figure d'Abel et de Caïn un motif matriciel (comme souvent dans les jeux vidéo), Elder Scrolls va pouvoir dérouler in-game, un monde tout aussi riche et surtout multiple. Car la synthèse mythique dévoilée n'est finalement qu'un aperçu du substrat mystique qui préside à la vie de Tamriel.

Chaque race, chaque culture en livre sa réinterprétation, et ces ramifications spirituelles ont parfois une importance colossale dans le lore. C'est le cas du culte de Talos, déclencheur d'une guerre impitoyable entre l'Empire de Cyrodiil et le Domaine Aldmeri, qui engendrera une modification des rapports de force entre les différentes factions de Nirn, au cours de son quatrième âge.

Ce type de conflits, reposant organiquement sur les lois et traditions régissant cet univers, est légion dans la mythologie Elder Scrolls. Et c'est là qu'il nous faut revenir au titre même de la licence. "The Elder Scrolls" signifie très littéralement "les Rouleaux des Anciens", et il faut bien sûr entendre le terme "rouleaux" comme parchemin, forme première de transmission du savoir écrit, des légendes et des rites. Car, jeu après jeu, c'est bien l'abondance d'informations, de données historiques et contextuelles, qui ont contribué à faire de la saga une oeuvre si particulière, si immensément vaste.

Louer la narration parcellaire et éclatée de Dark Souls est devenu un lieu commun de l'analyse vidéoludique, mais il faut rappeler que si From Software a porté cette logique a un niveau d'excellence peut-être inédit, le désir de recourir à une narration fragmentaire pour mieux investir le joueur était déjà au coeur de la licence qui nous intéresse depuis belle lurette.

 

photoY a pas de lézard

 

Impossible de s'immerger dans Elder Scrolls sans se plonger des heures durant dans les ouvrages qui parsèment chaque jeu, sans compulser son histoire et ses traditions. Un héritage provenant directement de la tradition du jeu de rôle traditionnel. En effet, pour permettre aux joueurs attablés de se reposer effectivement sur leur imagination, il exigeait d'eux comme du maître du jeu d'établir une masse conséquente de repères tangibles, un univers assez solide pour leur permettre d'y injecter des récits complexes.

Des principes que les jeux ont parfaitement intégrés donnant vie à plusieurs civilisations palpables. Et en retournant à la Seconde Ère de son histoire mouvementée, The Elder Scroll Online offre aux joueurs confirmés, comme aux néophytes, l'opportunité de prendre le pouls de ce monde, avant les spectaculaires soubresauts de son Histoire que nous connaissons déjà.

 

photoEt bah, ça a changé Mortal Kombat

 

ET AU MILIEU SCROLLE UNE RIVIÈRE

Depuis sa sortie en 2017, The Elder Scrolls Online aura permis à 18 millions de joueurs d'arpenter chaque recoin de Tamriel, et d'accomplir enfin la promesse initiale formulée en 1994. Après s'être développé, avoir appris de son débarquement dans l'univers particulier des MMORPG, la franchise semble décidée à s'approprier l'année 2021. Elle sera rythmée par plusieurs ajouts majeurs au cœur de son système de jeu, à travers une nouvelle saga, baptisée Les Portes d'Oblivion. Structurée autour de quatre contenus, qui permettront aux joueurs de s'aventurer quelque 800 ans avant les évènements de The Elder Scrolls Oblivion, cette nouvelle épopée devrait nous occuper un bon moment.

On y trouvera donc un Pack de jeu téléchargeable de donjons nommé Flames of Ambition, un Chapitre spécifiquement intitulé The Elder Scrolls Online : Blackwood, un Pack de jeu téléchargeable de donjons disponible ultérieurement, et enfin un Pack de jeu téléchargeable de zone. C'est le deuxième contenu qui retient ici notre attention, et pour cause, il contient théoriquement de quoi enrichir nettement le monde de Tamriel. Bethesda promet en effet que les joueurs auront accès à une trentaine d'heures de quête scénarisée, se déroulant alors que Mérunès Dragon (l'antagoniste d'Oblivion) tente de mettre la main sur les 4 "ambitions", de terribles armes au potentiel de destruction massive.

 

photoEt si vous souhaitez en apprendre plus sur The Elder Scrolls Online : Blackwood, c'est par ici !

 

Voilà qui sera l'occasion d'explorer un tout nouveau lieu, le Bois Noir, situé dans une zone d'une taille équivalente à celle du chapitre Elsweyr. L'aventure nous permettra également de nous balader en dézinguant des adversaires du côté des Terres mortes. À en croire le studio, les évènements seront autant d'occasions de creuser encore un peu la mythologie générale et les liens qu'elles tissent entre les différentes cultures, notamment au contact d'Argoniens vénérant les Daedra. Voilà qui est plutôt séduisant, alors que le système de jeu accueillera une nouveauté de taille, puisqu'il sera désormais possible d'avoir à ses côtés un PNJ désigné en tant que "compagnon". Pas inclus dans le système de PVP, ils auront la capacité de soutenir le joueur en gagnant des niveaux, acquérant des compétences et pourront même nous causer.

Voilà qui ne sera pas de trop pour explorer de nouveaux antres, des donjons publics et les quelques boss sauvages. Pour mettre la main, la lame ou vos sorts sur ces nouveautés, il faudra néanmoins vous armer d'un peu de patience. Si The Elder Scrolls Online : Blackwood est disponible dès à présent en pré-achat, il ne sortira sur PC que le 2 juin 2021, et le 8 juin sur consoles. Pour patienter d'ici là, le Pack de jeu téléchargeable de donjons Flames of Ambition débarquera sur PC et Stadia le 8 mars prochain, puis sur Xbox One et PlayStation 4 le 16 mars.

D'ici là, il est encore temps de vous replonger dans un des univers les plus riches et fascinants portés par le jeu vidéo ces dernières décennies.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Rose sanguinne
05/02/2021 à 17:25

Je veux un skyrim sur ps5 et vite

Marth
05/02/2021 à 08:00

Merci pour ce genre d'article. C'est vrai que ça doit être chronophage mais ça fait du bien de lire un article d'un rédacteur qui veut partager cet amour pour la saga Elder Scrolls.

Tout comme des films, ces jeux nous plongent dans un univers à première vue complexe et puis un jour on se surprend à en manier toutes les clés !

Paradox
30/01/2021 à 14:19

Tiens, cet article était une belle surprise. Faites gaffe chez Écran Large, vous pourriez finir par plaire à la communauté du Gaming en nous sortant des articles comme ça. En tout cas, la personne derrière cet article à bien bossé son sujet, c'est clair. Le Lore de la sage TES est suffisamment casse-pipe pour qu'il soit facile de se tromper et là on sent que c'est maitrisé un minimum. Que le gamer de la rédaction se dénonce !

Content de voir un média qui ne soit pas spécifique aux jeux vidéos mettre en lumière le travail de titan accompli derrière cette saga. Comme quoi, on peut s'intéresser au monde du cinéma tout en appréciant ce que le gaming peut offrir.

Bof bof
30/01/2021 à 10:42

Je ne comprend pas cet engouement pour cette série de jeu surtout Skyrim qui est bourrés de bugs.
De vilaines couleurs tout y est maronasse et le personnage qu'on incarne est inintéressant, pourtant j'y est joué une bonne dizaine d'heures voir plus, mais j'ai lâché car ras le bol de me battre contre tout ses bugs et d'être constamment transformé en vampire et courir ensuite auprès du mage si j'y arrive sans mourir 100 fois dus au soleil " je suis un campire" donc toujours obligé d'attendre la nuit pour sortir et une fois fait la distance parcourue pas de bol il fait de nouveau jour et vlan je meurre a nouveau, c'est interminable.!
Enfin je ne suis pas fan ce sont des jeux a vite oublier pour moi.

Simon Riaux
29/01/2021 à 18:34

@Dartagland

Essentiellement deux raisons toutes bêtes.

1) Le temps. Un bon papier JV, c'est bien souvent un jeu poncé dans tous les sens, ce qui prend beaucoup plus longtemps qu'un film, ou une série. Et on fait déjà beaucoup de films et de séries.

2) Le temps bordel.

Axa
29/01/2021 à 18:32

Ah Skyrim, que de souvenirs !
Merci pour ce dossier plein de rappels ! J’espère aussi qu’ils nous feront quelque de bien sur la nouvelle génération de console

Roukesh
29/01/2021 à 18:31

Je n'en ai jamais fini un seul. J'y ai pourtant passé des centaines d'heures, voir milliers. Un univers incroyable, dense et palpable. Quel bonheur. Mais c'est aussi ses personnages, leur personnalité, des conflits politiques.
Vivement la suite.

Dartagland
29/01/2021 à 18:26

Pourquoi ne faites-vous pas plus d'articles JV les gars ? C'est du lourd, ça sort des torchons que je peux lire parfois. Vous m'avez donné envie de me replonger là-dedans, entre ES et Witcher j'ai grillé des centaines ou milliers d'heures de ma vie (sans regrets). Mention spéciale à Skyrim, mon amour éternel ...

Mx
29/01/2021 à 16:13

J'ai découvert la série avec Oblivion, énorme baffe, des heures entières à tout explorer, et quelle âme, ce jeux..