Disney+, Sonic, Bad Boys, Netflix... les plus gros succès de 2020

La Rédaction | 24 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 24 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Cartons au box-office, victoires dans le business du streaming, conséquences de la pandémie, triomphe des fans... retour sur les vainqueurs et succès de 2020.

Le destin de nombreux films ayant été mis sur la sellette face à la pandémie, avec beaucoup de sorties repoussées ou rétrogradées en VOD ou SVoD, le bilan inévitable des succès et bides de fin d'année prend une tournure un peu spéciale. Mais dans ce chaos, il y a bien eu des vainqueurs, pré-Covid ou pas.

Succès au box-office en début d'année, stratégies payantes du streaming, phénomènes localisés ou à l'échelle mondiale dans l'industrie... La rédaction a sélectionné 10 vainqueurs cette année. Et si même 2020 a des gagnants, tout est possible.

 

photo"Voilà mon business plan messieurs les actionnaires"

 

SONIC

Qu'on le trouve particulièrement nul ou simplement sympa, Sonic le film a été un carton plein. Avec un budget officiel de 80-90 millions hors marketing, et plus de 320 millions au box-office, cette adaptation du hérisson culte de Sega a été le succès-surprise de début 2020. Après Pokémon : Détective Pikachu (433 millions) en 2019, le film Sonic a rappelé qu'un jeu vidéo pouvait rapporter gros au cinéma, à défaut de forcément donner un bon film. De quoi relativiser la soi-disant malédiction des adaptations de jeux vidéo.

Le projet de porter Sonic à l'écran remonte aux années 90 (où une version légèrement folle a failli voir le jour), preuve que tout le monde se demandait comment s'en sortir. Comment transformer les aventures colorées d'un hérisson sous coke, qui file à toute allure dans des décors de cartoon absurdes, en film ? Le studio Sony a fini par jeter l'éponge, et Paramount a eu le nez creux en récupérant le projet, pour le lancer avec le réalisateur Jeff Fowler, venu de l'animation.

 

photoL'étincelle du succès

 

Le plus fou-drôle-cocasse reste que Sonic a visiblement frôlé la catastrophe. Car avant le succès, il y a eu le bad buzz. La guerre avait été déclarée par les fans dès les premières images, qui misaient sur le physique musclé et très humanoïde du hérisson, en cachant le visage du héros pour stimuler le public. L'équipe a alors décidé de jouer la carte de l'humour face aux critiques, tout en continuant à affiche les grosses cuisses de bodybuilder. Lorsque la première bande-annonce est finalement sortie, avec un hérisson légèrement flippant, ça a été un ouragan dans le verre d'eau du web.

Le studio avait visiblement sous-estimé ce rejet et avait fini par changer les plans. Six mois avant la sortie, le réalisateur accuse réception des messages des fans : "Merci pour le soutien. Et la critique. Le message est clair et net... vous n'êtes pas satisfaits par le design et vous voulez des changements. Ça va arriver. " La date de sortie est repoussée de trois mois, et le budget est rallongé (environ 5 millions) pour un nouveau design de Sonic, plus proche d'un cartoon.

Ainsi, le géant hollywoodien a plié face aux fans, et les fans lui ont renvoyé la balle, en faisant du film un succès. Un cas d'école qui risque de résonner dans les prochaines années...

Notre critique de Sonic, le film-qu'on-trouve-raté-mais-ça-n'engage-que-nous, c'est par ici.

 

photoComme une tête de vieille chaussette maquillée

 

BAD BOYS 3

Si le retour d'une vieille franchise peut vite terminer dans la fosse au purin du box-office, celui de Bad Boys a été le bingo de 2020. Évoqué depuis dix ans, ce Bad Boys 3 a connu un développement compliqué, avec notamment le départ de Joe Carnahan et une sortie plusieurs fois repoussée, si bien que le projet était devenu le running gag. D'autant plus face à la popularité déclinante de Will Smith au cinéma (les bide marquants d'After Earth et Gemini Man, les débats sur son importance dans Suicide Squad), et la présence déclinante de Martin Lawrence depuis environ 20 ans.

Mais Bad Boys for Life a calmé tout le monde pour devenir le plus gros carton de la franchise (qui a également eu droit en parallèle à la série dérivée Los Angeles Bad Girls, annulée après deux saisons). Avec un budget d'environ 90 millions et plus de 426 millions au box-office, le retour a été plus que gagnant pour le duo, et le studio Sony. À titre de comparaison, Bad Boys II en 2003 avait encaissé dans les 273 millions, pour un budget d'environ 130 millions.

Inutile de dire que Bad Boys 4 a été lancé sans plus attendre. Et que la carrière des réalisateurs belges Adil El Arbi et Bilall Fallah a été lancée, puisqu'ils réaliseront des épisodes de la série Ms. Marvel et devraient chapeauter un autre comeback qui traîne depuis des années : Le Flic de Beverly Hills 4.

 

photo, Will Smith, Martin Lawrence"Je t'avais dit que de garder Bad Boys For Life pour Bad Boys 4 Life"

 

INVISIBLE MAN

La formule Blumhouse, encore et toujours. Pour le studio de Jason Blum spécialisé depuis Paranormal Activity dans le film d'horreur à petit budget et méga succès, Invisible Man a encore été un carton. Avec un budget officiel de 7 millions et plus de 140 millions au box-office, le film réalisé par Leigh Whannell, avec Elisabeth Moss, a encore une fois prouvé l'intelligence (au moins côté business) d'un tel plan.

Le baromètre de rentabilité a donc explosé, comme avec Insidious, Sinister et Get Out, en plus de récolter de bonnes critiques. Le cheap dans les moyens financiers, mais pas dans l'équipe et les ambitions : dans ses bons moments (car il y a aussi les mauvais), Blumhouse force le respect.

C'est d'autant plus fort que la carrière d'Invisible Man a été freinée par la pandémie. Aux États-Unis, son exploitation dans les salles a été stoppée après un mois, mais a continué dans les drive-in, et en Premium VOD. Au-delà du box-office, le film a donc très certainement été un carton plus large.

C'est là aussi que la triste limite de Blumhouse apparaît : malgré le désir initial d'une histoire unique, annoncé par l'équipe, Invisible Man devrait avoir droit à une suite. Ne manquerait plus qu'elle soit aussi bien que Sinister 2 pour rappeler que Blumhouse est un studio comme les autres.

Notre critique de cet homme invisible moderne, par ici.

 

photo, Elisabeth MossImage cool pas dans le film

 

DISNEY+

Avec près de 87 millions d'abonnés en décembre 2020, Mickey peut fanfaronner. Préparé depuis au moins 2015, annoncé en 2018, lancé en novembre 2019, Disney+ a bel et bien trouvé une place dans la guerre du streaming en un an, face à Netflix (dans les 200 millions d'abonnés) et Amazon Prime Video (plus de 150 millions).

La communication du studio a sans surprise été bien pensée, puisque Disney visait officiellement entre 60 et 90 millions d'abonnés d'ici 2024... et l'a déjà atteint fin 2020. Nul doute que cette estimation était basse, afin de créer un sentiment de surpuissance que même le studio n'avait pas osé envisager.

Merci qui ? Merci The Mandalorian, à peu près la seule nouveauté digne de ce nom. Il y a bien sûr eu une poignée de films exclusifs (La Belle et le Clochard, Noëlle, Togo, Artemis Fowl, Mulan), le phénomène musical Hamilton aux États-Unis, et quelques babioles à côté, mais la série Star Wars a été une tornade dès son lancement.

 

photoKneel before Mando

 

2020 aura été une année importante côté stratégie pure, avec la sortie légèrement foireuse de Mulan, des débats sur la censure des films, la bascule plus franche vers le streaming au détriment des salles, et le raz-de-marée d'annonces en fin d'années (notamment une vingtaine de séries Marvel et Star Wars). Sans oublier que Disney+ a peu à peu été déployé dans le monde sur cette période (avril 2020 en France).

Après une première année chiche en nouveautés, Disney passera la deuxième en 2021, avec notamment l'arrivée des premières séries Marvel (WandaVision dès janvier, Falcon et le Soldat d'hiver en mars, Loki en mai), ou encore la sortie simultanée en salles et en SVOD de Raya et le Dernier Dragon. Difficile de ne pas imaginer que le nombre d'abonnés aura explosé après cette vague.

Le triomphe de la machine de guerre Disney+ est mis en lumière par les chiffres de HBO Max (environ 30 millions d'abonnés cet automne) et Apple TV+ (estimation d'environ 40 millions), avec un détail de taille : tout le monde a gonflé ces chiffres grâce à des offres, donnant un premier accès gratuit au service (Disney+ via un accord avec l’opérateur télécoms Verizon, HBO Max via les abonnés à HBO, Apple via les nouveaux utilisateurs d'iPhone et Macbook). La vraie bataille sera donc de garder tout ce monde, et leur donner envie de sortir la CB.

 

photo, Paul Bettany, Elizabeth OlsenLa galaxie Marvel arrive dans vos salons

 

Le marché asiatique

Le paradoxe ne manque pas de mordant : bien que ce soit le pays dont vient le Coronavirus, la Chine s'en est un peu mieux sortie que les États-Unis au niveau de l'économie cinématographique. Et pourtant, c'était mal parti. Le premier pic de l'épidémie a touché le pays en plein dans une période très rentable, aux alentours du Nouvel An chinois. En plus des millions, voire des milliards perdus à cause de la fermeture des salles locales, beaucoup de blockbusters étrangers ont fui, comme Sonic.

Mais la pandémie a paralysé les États-Unis bien plus longtemps, au point que dans la deuxième partie de la crise sanitaire mondiale, les blockbusters chinois sont devenus les plus gros leviers économiques du secteur. Résultat, pour la première fois de l'Histoire, le box-office chinois a plus rapporté que le box-office américain, comme le rapporte Sky News. Si l'industrie américaine a amassé 1,9 milliard de dollars, le marché local a engrangé 1,98 milliard de dollars, un écart qui se creuse encore plus en cette fin d'année selon les analystes du Hollywood Reporter.

L'émergence spectaculaire du cinéma chinois ces dernières années a poussé les producteurs américains à de plus en plus draguer le public asiatique, voire carrément à se lancer dans des co-productions avec des firmes du coin. Cette année, la stratégie n'aura pas payé avec un Mulan très décevant pour Disney et le démarrage catastrophique de Wonder Woman 1984.

 

photoMulan repart à pied sur Disney+

 

Les marchés chinois et japonais n'ont pas attendu qu'Hollywood les abreuve de leurs rares blockbusters pour galvaniser leurs cinéphiles. Les mastodontes chinois de cette année ont tout balayé devant eux, avec en tête de cortège The Eight Hundred, épopée se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale et accessoirement plus gros succès de l'année, à l'échelle mondiale. Avec 461 millions de dollars de recette (dont... 460 millions en Chine), le long-métrage coiffe au poteau le Bad Boys for Life de Sony, déjà une bonne surprise et leader américain.

Le 3e opus des aventures policières pleines d'explosions se contente en fait de la 3e place du podium, puisque My People, My Homeland, une comédie dramatique chinoise, s'intercale avant lui avec 429 millions de dollars de recette. Aux États-Unis, il n'est même pas sorti en salles. Un autre film chinois est bien installé dans le top 10 de l'année : Legend of Deification, à la 9e position avec 240,6 millions de dollars de recette et devant En avant, ce qui en fait le deuxième film d'animation mondial de 2020, année au cours de laquelle ni Soul, ni Raya et le Dernier Dragon ne sont sortis au cinéma.

 

photoThe Eight Hundred tire à vue sur la concurrence

 

De véritables phénomènes, qui apparaissent également au Japon, où Demon Slayer : Le train de l'infini a tout explosé, au point d'amasser 310 millions de dollars, dont le plus gros vient de son pays d'origine. Au niveau mondial, c'est le 7e plus gros succès de l'année, devant Le Voyage du Dr Dolittle ou encore Birds of Prey. Il prend fièrement la place de premier film d'animation à l'internationale.

Les appels du pied de l'oncle Sam envers le public asiatique sont de moins en moins efficaces, et les blockbusters locaux de plus en plus performants. La crise du coronavirus a-t-elle concrétisé l'émergence de la nouvelle puissance cinématographique populaire ? La suite au prochain épisode.

 

photoBox-office slayer : Le train de la thune infinie

 

LA FORMULE NETFLIX

Plus personne ne s'en étonne, mais Netflix est une véritable machine de guerre, capable de transformer tout ou presque en or, que ce soit un film ou une série. 2020 l'aura encore démontrée, avec notamment les phénomènes Tyler Rake et The Old Guard. En l'espace de quelques mois, ces deux films d'action montés sur une formule similaire (une star hollywoodienne, un personnage torturé, une bataille explosive, une suite dans les idées) auraient explosé les compteurs.

Netflix s'est ainsi vanté que la baston de Chris Hemsworth avait battu des records de visionnage sur le premier mois, estimant que près de 100 millions d'abonnés s'étaient jetés dessus. Dans la foulée, la baston de Charlize Theron était un peu derrière, avec quasi 80 millions. Des chiffres à prendre avec des pincettes vu les méthodes de comptage de Netflix, mais peu importe : Tyler Rake et The Old Guard ont été des succès, qui ont occupé l'espace pendant des semaines.

Avec les salles de cinéma fermées, Netflix est plus que jamais apparu comme l'alternative et l'option idéale, capable d'offrir le divertissement pop-corn-confortable aligné sur le cinéma classique - c'est-à-dire le spectacle hollywoodien, avec une star hollywoodienne.

 

photo, Charlize TheronPlanter la hache de guerre du streaming

 

Côté série, Le Jeu de la dame et Emily in Paris ont suivi la même trajectoire de succès. Les aventures d'Anya Taylor-Joy en joueuse d'échecs et Lily Collins en gentille pouffe américaine ont cartonné, permettant à Netflix de brandir le carton "record" : Le Jeu de la dame serait la mini-série la plus regardée de toute l'histoire de la plateforme, avec plus de 62 millions de visionnages.

C'est moins spectaculaire pour Emily in Paris, qui a simplement été parmi les séries les plus regardées à sa sortie, mais la création de Darren Star a bénéficié d'un effet de pur buzz. Transformée en usine à blagues et mèmes sur les réseaux sociaux, la série romanticonne a été portée par les spectateurs, si bien que même ceux qui y ont échappé connaissent précisément son existence.

 

photo, Anya Taylor-JoyEchec et mate sur Netflix

 

Tyler Rake, The Old Guard, Le Jeu de la dame et Emily in Paris ne sont pas les seuls succès de Netflix en 2020. Au Royaume des fauves, La Casa de papel partie 4, Ratched, Hubie Halloween, The Haunting of Bly Manor ou même la télé-réalité Love is Blind ont cartonné. D'où la vraie question qui émerge, encore : tout ça aurait-il autant marché sans Netflix ?

Le visionnage était-il un vrai choix, ou une consommation facile via la page d'accueil ? Netflix n'est-il pas devenu l'équivalent moderne du zapping de papa et maman, où l'abonné regarde ce qui est lui proposé sans trop chercher plus loin ? Dans tous les cas, la formule Netflix est plus solide que jamais, et adoubée par les abonnés (et tous ceux qui pompent l'abonnement des copains-copines).

 

photo, Joe Exotic Tiger King bientôt avec Nicolas Cage

 

LE STREAMING VS LA PANDÉMIE

Au-delà de Netflix, le bulldozer streaming a aussi tout écrasé en temps de pandémie. Sans salles de cinéma, la SVoD est devenue l'ultime joker pour éviter aux studios et distributeurs de se retrouver pendant des mois avec un film sur les bras, avec le risque qu'il soit finalement écrasé dans un futur embouteillage de sorties en 2021.

Netflix, toujours, a bien sûr largement profité de la situation. Le géant du streaming a récupéré Enola Holmes (prévu en salles via Warner Bros. et Legendary Entertainement), Les Sept de Chicago et The Lovebirds (prévus en salles via Paramount). Même la série Emily in Paris était à l'origine prévue sur Paramount Network.

Côté France, Netflix a racheté Bronx réalisé par Olivier Marchal, prévu en salles en septembre. Côté diffusion américaine, le géant a également marqué quelques gros coups, avec Mignonnes (qui a créé un vent de polémique, à cause d'une affiche à l'origine) et ADN réalisé par Maïwenn (ce qui lui a valu d'être disqualifié pour éventuellement représenter la France aux Oscars).

 

photo, Millie Bobby BrownMillie Bobby Netflix

 

Netflix n'a pas été le seul à surfer sur les vagues de la pandémie. Apple TV+ a ainsi mis la main sur USS Greyhound - La Bataille de l'Atlantique, le film avec Tom Hanks dont Sony a préféré se débarrasser. L'acteur était le premier à râler, mais Apple a eu le nez creux en payant 70 millions pour l'acquérir puisque ça a été l'un des cartons SVoD de 2020. Un succès plus que bienvenu vu la place encore timide d'Apple TV+ sur le marché.

Côté Amazon Prime Video, il y a aussi eu quelques gros coups. La plateforme a récupéré Pinocchio réalisé par Matteo Garrone, la comédie Forte avec Melha Bedia, Brutus Vs César réalisé par Kheiron, Connectés réalisé par Romuald Boulanger.

Peu importe ce qu'on pense de tous ces films, la situation périlleuse a en tout cas forcé quelques décisions, et permis à l'ogre streaming de bouffer quelques rations inattendues. Tout ça a aussi mis en lumière la bataille (presque) silencieuse en France, entre le streaming et les salles. Invitée sur le plateau de Quotidien, Maïwenn expliquait que le CNC avait tout fait pour l'inciter à ne pas vendre ADN à Netflix ou Amazon, malgré leurs offres intéressantes. Une manière de contrer la force de frappe évidemment séduisante de ces plateformes, et le symptôme d'une gentille panique en coulisses. L'ironie étant que la sortie française d'ADN a été annulée au dernier moment face à la non-réouverture des cinémas mi-décembre... alors qu'aux États-Unis, le film a bien été acheté par Netflix.

 

Photo Tom HanksLa fenêtre de sortie ciné, brisée

 

LE CINÉ FRANÇAIS ? Antoinette dans les Cévennes...

Le confinement, puis le déconfinement ont engendré quantité de spéculations quant à la survie des salles, mais avant tout leur fréquentation. Logiquement, les limitations consécutives à la crise sanitaire mondiale l'ont durement impactée, ainsi que le climat d'angoisse généralisé, pas exactement propice aux activités extérieures, culturelles, à fortiori dans de grandes salles obscures peuplées d'inconnus. De même, il est encore bien trop tôt pour prétendre interpréter définitivement des chiffres encore parcellaires et des tendances qui nécessiteront du temps pour se confirmer ou s'infirmer.

Néanmoins, dans un contexte privant les salles de l'essentiel de la production américaine, beaucoup redoutaient un écroulement radical de la fréquentation, et des entrées. Or, s'il y a bien une chose qu'a prouvée la population cinéphile française, c'est son attachement au grand écran, mais plus encore à une offre variée. Car si, à la notable exception de Tenet, super-héros, épopées ensablées, véhicules fastes et furieux et agents secrets ont déserté l'Hexagone, les longs-métrages français ont été nombreux à ne pas démériter. Tout Simplement Noir, avec pas moins de 760 628 entrées, s'est fait remarquer.

 

photo"Voilà, il faut revenir au cinéma maintenant"

 

Les Blagues de Toto aura fait rire, en allant chercher le million d'entrées. Même certains films, fauchés par le second confinement, ont pu réaliser des démarrages exceptionnels, en une semaine avec 600 444 spectateurs, Adieu les cons de Dupontel démarrait mieux encore que son éclatant succès Au revoir là-haut. Même début en fanfare pour 30 jours max, qui réunissait plus d'un million de spectateurs en seulement deux semaines. Enfin, l'exemple le plus frappant de succès français demeure sans doute Antoinette dans les Cévennes, avec plus 700 000 entrées. Un score inespéré pour une toute petite production, protée par les excellents Benjamin Lavernhe et Laure Calamy, certes soutenue par une presse positive, mais dont le bouche-à-oreille aura été l'instrument du succès.

Ces réussites signifient-elles que les salles pourront à nouveau se remplir sur la foi d'une offre plus diverse ? Il est bien trop tôt pour l'affirmer, d'autant que le comportement du public après le deuxième confinement, mais aussi la nature du catalogue proposé, demeurent de grandes inconnues. Mais ce dynamisme de plusieurs productions françaises (et les réussites parallèles de productions telles que Ip Man 4 : Le Dernier CombatAkira, ou encore L'Ombre de Staline) permet d'espérer que le public est désireux de nouveauté et de cinéma. Un élan que pourrait porter le cinéma français, dès qu'il sera en ordre de bataille.

 

photo, Laure CalamyDe la difficulté de ramener le spectateur au cinéma

 

ryan murphy

Pendant que des cinéastes étaient obligés de reporter leur tournage, stopper leurs nouveaux films et patienter gentiment pour que quelqu'un se décide à racheter leur projet que plus personne ne veut diffuser au cinéma, Ryan Murphy s'est mis bien. Déjà que l'homme le plus infatigable d'Hollywood avait réussi en 2019 à sortir la saison 2 de Posela saison 9 de American Horror Storyla saison 2 et 3 de 9-1-1 tout en lançant The Politician sur Netflix, 2020 semble l'avoir épargné des malheurs des autres.

Ainsi, malgré la pandémie de Covid-19, Ryan Murphy a concrétisé une multitude de projets pour Netflix. D'abord, il a balancé deux nouvelles séries avec Ratched et Hollywood sans compter la deuxième saison de The Politician  (déjà de retour, à peine neuf mois après la première). Il a aussi réalisé son troisième film, The Promdix ans après Mange, prie, aime avec un casting de fou furieux (Meryl StreepNicole KidmanKeegan-Michael Key...) et produit le très apprécié The Boys in the Bandremake du film éponyme de 1968, ainsi que le documentaire Secret Love.

 

Photo Darren Criss, Jeremy Pope, David Corenswet, Jake PickingHollywood

 

Et tout ça, ce n'est que pour Netflix puisqu'à côté, Ryan Murphy a également lancé 9-1-1: Lone Star, le spin-off de 9-1-1 sur Fox en début d'année avec un sacré carton d'audience. Et parce qu'il n'est pas là pour plaisanter, il a continué en 2020 à un rythme effréné de création puisque la saison 2 de la série devrait débuter début 2021 (malgré un tournage retardé).

Il est également depuis quelques mois en train de bucher à la saison 10 de American Horror Story, ce qui lui a donné des idées : faire un spin-off d'anthologie à la série avec American Horror StoriesDu côté de Netflix, il continue à amortir le contrat faramineux de la plateforme puisqu'il tourne actuellement la série Halstonsur le créateur de mode américain du même nom, et se lancera en 2021 sur Monster: The Jeffrey Dahmer Storyportrait du serial killer Jeffrey Dahmer, le cannibal de Milwaukee. Puis, il y aura aussi la très attendue saison 3 de American Crime Story aka Impeachment, sur l'affaire Levinsky, co-produite par Monica Levinsky en personne. Et il cache sûrement bien d'autres projets dans sa besace.

Difficile donc de ne pas voir en Ryan Murphy l'un des grands gagnants de 2020, tant sa carrière ne semble pas avoir été touchée une seule seconde par la pandémie qui a mis le monde à l'arrêt. Well done mister !

 

meryl streepBon par contre, il aurait pu faire un meilleur film...

 

zack snyder, les fans, justice league

S'ils existent, c'est d'être fans. Rarement le public, et sa frange la plus mobilisée, aura bénéficié d'autant d'attention de la part des studios. On pensait, début 2020, que la métamorphose de Sonic le film, précipitée par les retours horrifiés après la première bande-annonce, constituerait un précédent de taille. Mais ce rétropédalage n'était rien en comparaison de celui que nous ménageait Warner. La gestation de Justice League eut tout du chemin de croix, et son année 2020 a pris des airs de résurrection.

Après de conséquentes séances de tournages additionnels et autres réécritures provoquées par la réception glaciale de Batman v Superman : L’Aube de la justice, Zack Snyder quitta précipitamment le baroud d'honneur de DC après une tragédie familiale. Confié à Joss Whedon, le blockbuster fut finalisé après d'ultimes reshoots et un tronçonnage en règle du récit de Snyder. S'en suivit un accueil critique et public déplorable, et une contreperformance au box-office à la hauteur de cette industrielle panouille. Dès la sortie du métrage, les fans énamourés du travail de Snyder réclamèrent le dévoilement du Snyder Cut, encouragés par le cinéaste, qui n'hésita pas à faire savoir que ce dernier était quasi-finalisé et ne demandait que la bénédiction du studio pour voir le jour.

 

photoUn nouveau montage qui ne manquera pas de piquant

 

Après plus de deux ans de campagne extrêmement intense via les réseaux sociaux, progressivement relayée par l'essentiel de l'équipe artistique, Warner officialisa la chose avec le lancement de sa plateforme de streaming maison, HBO Max : Le Snyder Cut allait devenir réalité, et pas de n'importe quelle manière. Le film fantasmé allait devenir une mini-série de 4 heures, bénéficiant d'une rallonge budgétaire de 70 millions de dollars afin d'en achever les finitions et d'en financer un peu de tournage supplémentaire.

Ce revirement n'est pas seulement une victoire pour le réalisateur, c'est aussi une première, industriellement parlant. Un geste fort, et qui interroge, venant d'une major hollywoodienne, dans un contexte où l'industrie, si elle est toujours à l'écoute des fans et autres mouvements communautaires accompagnant ses licences, n'est pas du genre à délier les cordons de sa bourse pour donner satisfaction au sujet de productions considérées comme des échecs économiques. Faut-il y voir un changement de stratégie profond, le symptôme d'un studio en déshérence, luttant pour se donner un cap éditorial ? Autant de questions qui trouveront un début de réponse quand tout le monde pourra poser un oeil sur ce Justice League dopé et augmenté.

 

photoLe film va-t-il retrouver des couleurs ?

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commentaires
Xbad
24/12/2020 à 21:46

Un bon résumé, très bon article