Sahara : pourquoi ce sous-Uncharted cartonne-t-il sur Netflix ?

Sorti dans l’indifférence générale en 2005, Sahara cartonne aujourd’hui sur Netflix. Comment ce sous-Uncharted est-il devenu un petit monument de cool ?

Alright, alright, alright...

LA FAUTE À McCONAUGHEY 

Quand sort le film de Breck Eisner, en 2005, Matthew McConaughey est sur le point de foirer momentanément sa carrière. Malgré des débuts fracassants chez Linklater avec Génération rebelle, Matthew a entamé une carrière qui se refuse à prendre. Entre jeune premier ou seconds rôles ombrageux, il n’imprime pas la rétine du public et souffre d’un déficit d’image qui tient la critique plutôt à distance. 

Mais après un virage entamé avec La Défense Lincoln, Killer Joe puis Mud - Sur les rives du Mississippi, il est devenu un comédien aussi prisé du cinéma indépendant que d’Hollywood. Du coup, les nombreux projets auxquels il participa au début des années 2000 sont actuellement redécouverts, et pour certains, appréciés. C’est le cas de Emprise par exemple, mis en lumière lors du récent décès de Bill Paxton, et aujourd’hui de Sahara, où la coolitude et le charisme de Matthew McConaughey font enfin des merveilles. 

On est bien loin de Dallas Buyers Club

HOLD MY COOL 

Quand Sahara sort en 2005, le film va souffrir de l’air du temps. Sorti 15 jours avant Batman Begins, il ne laissera pas les mêmes traces dans la mémoire collective. Et pour cause, le public est en demande de grand spectacle plus sombre, une veine qu’embrassera totalement Christopher Nolan, qui s’apprête à façonner Hollywood et ses blockbusters. Une esthétique qui triomphera d’autant plus après la crise de 2008, repoussant le cinéma d’aventure et sa bonne humeur aux confins de l’agenda filmique. 

Mais aujourd’hui, après des années de super-héros sauvant le monde et confinement international qui ne restera pas comme un grand sommet de fun, tout le monde a un peu envie de se détendre. Et pour le coup, l’épopée turbo-rigolo-débilote d’un chasseur de trésors traquant un cuirassé de la guerre de Sécession au cœur du Sahara a des airs de programme rêvé. 

On fait du char à voile avec une épave d’avion, on mitraille à qui-mieux-mieux et on affronte avec le sourire des centaines de fous furieux paramilitaire, tout ça pour les beaux yeux d’un gros paquet de pièces d’or. 

La victoire en chantant

UNCHARTED AVANT UNCHARTED ? 

Et si en 2005, Sahara ne parvient pas à imposer sa marque à Hollywood, difficile de ne pas se dire qu’un certain Uncharted l’a regardé avec attention avant de débarquer en 2007 sur Playstation 3. Non seulement on trouve des visions voisines, avec ses pièces d’or, son cuirassé de guerre sorti de son éléments naturel, mais le blockbuster synthétise beaucoup d’éléments qui deviendront les ingrédients emblématiques de la saga vidéoludique. 

Le ton du héros joué par McConaughey est mi-aventurier, mi blagueur, paraît tout prendre à la légère et commente constamment l’action ; soit un mélange d’Indiana Jones et John McClane... soit exactement la recette de la personnalité de Nathan Drake. Tout comme on pourra voir dans le personnage de Penelope Cruz une compagne à mi-chemin entre Chloe et Elena. Des passerelles absolument frappantes quand on redécouvre le climax du film, qui n'est pas sans évoquer le gigantesque combat ensablé d'Uncharted 3 : L'Illusion de Drake.

Les scènes d’action aussi, suivent une logique qu’on retrouvera dans les jeux à succès. Avec ses soldats interchangeables, ses gunfights spectaculaires mais détendus et son bad guy en forme de paramilitaire générique, c’est du Uncharted dans le texte. En 2005, Sahara n’a pas convaincu, mais 15 ans plus tard et des millions d’exemplaires du blockbuster de Naughty Dog écoulé, tout un pan du public est ravi de revisiter cette aventure peut-être sous-estimée.

Le film est disponible sur Netflix et au-delà, les dernières nouvelles du prochain film Uncharted sont là.

Les Aventuriers de L'Uncharted Maudit