Star Wars : Les Derniers Jedi - le meilleur (moins pire) de la trilogie Disney ?

La Rédaction | 25 décembre 2022
La Rédaction | 25 décembre 2022

Star Wars : les Derniers Jedi est ce soir à 23h05 sur TF1.

Avant le catastrophe Star Wars : L'Ascension de SkywalkerStar Wars : Les Derniers Jedi s'attirait encore et toujours les foudres d'une partie des spectateurs, mais de manière spectaculaire. Mérite-t-il tant de haine ?

Notre classement de la saga Star Wars, du pire au meilleur.

Les années passent mais la colère demeure. La simple mention du film Les Derniers Jedi suffit à relancer l'interminable débat sur cette soi-disant horreur et infamie, qui serait l'un des pires épisodes de la saga, et qui serait même, selon la légende, responsable de la faim dans le monde. De la productrice Kathleen Kennedy au réalisateur Rian Johnson, en passant par Kelly Marie Tran (l'interprète de Rose) et Laura Dern, tout le monde en a pris pour son grade.

A la sortie, Ecran Large avait publié une critique mitigée-positive des Derniers Jedi, ce qui avait provoqué pas mal de réactions légèrement excessives. Quelques années après, le film devient encore plus intéressant et riche à la lumière des dernières productions Disney, que ce soit Star Wars : L'Ascension de Skywalker ou la myriade de séries comme The MandalorianLe Livre de Boba Fett, Obi-Wan Kenobi et Andor.

Les Derniers Jedi méritait-il toute cette haine ? N'est-il pas, finalement, l'un des meilleurs (ou disons, moins pires) morceaux de Star Wars version Disney ?

On passe en revue les raisons de la colère – et pourquoi c'est souvent un brin exagéré.

 

 

LUKE EST MALTRAITÉ

Star Wars : Le Réveil de la Force se terminait sur Rey qui retrouvait Luke, sur l'île perdue d'Ahch-To, pour lui rendre son sabre laser. Un moment fort et émotionnel qui aura été brisé directement par Rian Johnson dès le début des Derniers Jedi puisque le héros récupère l'arme, et la jette par-dessus son épaule avant de partir. C'est une image qui symbolise pour beaucoup le traitement raté de Luke Skywalker, personnage lumineux et courageux, réduit ici à un vieux renfrogné. C'est aussi une image en écho au Retour du Jedi, où il jetait son sabre face à Palpatine.

Que Mark Hamill lui-même ait exprimé des désaccords avec la tournure du personnage n'a pas aidé à calmer les fans déçus ou énervés par ces choix.

 

Photo Mark HamillLe moment qui a brisé la magie ?

 

Et Luke a effectivement bien changé... ce qui peut sembler logique, voire nécessaire après tant d'années. Le faire revenir ne pouvait que signifier une évolution, sauf à vouloir l'enfermer dans un rôle de mentor facile et doux. Pour Rian Johnson, Luke s'est donc retiré pour des raisons explicitées dans le film : il a failli succomber à la peur et la colère en voyant Kylo Ren suivre un chemin dangereux, et en conséquence son apprenti a succombé au côté obscur de la Force.

Ce qui rappelle l'affrontement entre Luke et Dark Vador, où seule sa colère lui avait permis de surpasser son adversaire. L'épargner n'était pas un acte d'héroïsme, et de pitié positive : c'était la défaite d'un Jedi qui se laissait mener par ses émotions, et se retrouvait au bord du précipice du Mal, malgré tous les avertissements en ce sens.

Luke n'a pas appris de ses erreurs, s'estime impuissant face au Dark Side qui guette tout Jedi (y compris lui, face à Kylo Ren, lorsque son sabre laser s'active), et en corrompt toujours de nouveaux. Il décide donc de s'exiler. Comme Obi-Wan sur Tatooine, entre La Revanche des Sith et Un nouvel espoir. Ou comme Yoda sur Dagobah, qui s'est isolé après une défaite face à Dark Sidious. La sagesse des Jedi les pousse donc souvent à se retirer du monde, et attendre qu'ils y soient rappelés par le destin.

 

photo, Daisy Ridley, Adam DriverDisney et les fans se battant pour le respect de Star Wars

 

Qu'il résiste plus face à Rey est simplement une autre étape : en finir avec les Jedi pour en finir avec les Dark Vador, enterrer cette force suprême détruira les deux facettes de la pièce, qui coexistent. Il reste un héros, qui agit de manière plus grande et sensationnelle donc. Et qu'il décide de ne pas réellement combattre Kylo Ren, préférant éviter ses coups et ne même pas l'affronter en chair et en os, est la preuve qu'il a retenu une leçon après Le Retour du Jedi.

Des choix narratifs qui peuvent bien sûr déplaire, agacer, ou briser la magie pour certains, mais des choix qui ont un sens et un but néanmoins.

 

Photo Mark Hamill, Dark VadorUne image à avoir en tête

 

PERSONNE NE SAIT QUOI FAIRE DE REY

Le cas est intéressant parce qu'il révèle toute la difficulté de tenir une saga coincée entre un héritage à protéger et un futur à écrire, entre le remix facile et les risques liés à toute nouveauté. La Rey du Réveil de la Force était une copie quasi conforme de Luke, ce qui a autant réconforté qu'exaspéré le public. Qu'elle soit sa fille était donc l'option facile, et Rian Johnson a sans nul doute pris ça en compte dans son scénario. L'héroïne découvre ainsi que ses parents seraient des gens lambda, et qu'elle ne serait pas la descendante quasi royale des super-Jedi alors même qu'elle semble dotée de capacités extraordinaires - ce que le film justifie par le hasard, qui fait que chacun peut devenir un Jedi au fond.

Le mystère sur ses origines est la pierre angulaire de ce personnage, et la trilogie va devoir affronter cette question malgré une position intenable, avec peu de chance de satisfaire le public. Rey cristallise bien des critiques, sur la gestion à moyen terme des histoires, et l'incapacité de Lucasfilm à choisir une direction, ni trop nostalgie-flemmarde, ni trop audacieuse-risquée.

Dans tous les cas, en tant qu'héroïne et visage de cette trilogie, elle est l'illustration la plus claire des errances, approximations et manques de clarté de l'équipe de Kathleen Kennedy. Cette dernière assume cette part d'incertitude et liberté laissée aux réalisateurs, qui peuvent ainsi réécrire, atténuer et rediriger les personnages et l'univers.

 

Photo Daisy RidleyUn grand pouvoir implique de grandes capacités à encaisser

 

LEÏA EN SUPERMAN ?!?

Lorsque son vaisseau est attaqué, Leïa se retrouve précipitée dans le vide intersidéral. Inanimée, la peau glacée, elle flotte vers le néant… jusqu’à ce qu’elle se reprenne et utilise la Force pour voler jusqu’au sas de pressurisation le plus proche, cape au vent, tel un curieux ersatz de Superman. Cette scène, imprévisible et rompant avec ce qui s’annonçait comme des adieux déchirants à un des piliers de la saga, est peut-être celle qui a le plus instantanément révolté les fans.

Et pour le coup, il faut dire qu’elle pose plusieurs problèmes bien réels. Non seulement on n’a jamais vu un personnage user de la Force de la sorte, et on ne peut pas dire que Leïa ait été caractérisée préalablement comme une Jedi capable de pareilles prouesses. Mais après tout, pourquoi pas, Star Wars a toujours aimé surprendre son spectateur, en tuant Obi-Wan, en révélant l’identité de Dark Vador... Alors, pourquoi ne pas tenter de renverser la table avec la princesse et commandante incarnée par Carrie Fisher ?

Et c’est là que le bât blesse, si on n’a pas forcément envie de reprocher à Johnson d’expérimenter, sa tentative arrive au plus mauvais moment. Non seulement elle piétine la belle émotion qui pointait alors que Kylo hésitait à tirer sur le vaisseau abritant sa mère, elle contredit le choc de voir Leïa nous quitter et elle donne enfin le sentiment de servir très opportunément à délayer la sauce, étirant plus que de raison un récit aux enjeux confus. 

 

photo, Carrie FisherVers l'infini et au-delà

 

POURQUOI CANTO BIGHT ?

Les aventures de Finn et Rose sur cette planète-casino posent quelques gros problèmes de rythme, cohérence et enjeux, et représentent très bien les faiblesses des Derniers Jedi. De l'apparition de Maz Kanata pour présenter la mission comme dans un jeu vidéo, au faux twist de DJ qui se révèle être aussi dangereux qu'il le disait lui-même dès le début, cette partie semble avoir été assemblée pour les mauvaises raisons : retarder l'intrigue, séparer les personnages, établir la relation entre les deux personnages destinés à s'aimer, placer quelques scènes d'action et poursuites, imaginer une planète pour varier les environnements...

Rien que le résumé de cette partie est ridicule : Finn est arrêté par Rose alors qu'il veut éloigner la balise de retour de Rey pour la protéger, et les deux décident de monter un plan pour infiltrer le vaisseau ennemi afin de neutraliser leur traqueur. Maz Kanata leur indique la planète où trouver l'homme de la situation, mais le duo est arrêté avant de le repérer, et ils rencontrent dans leur cellule un expert en piratage plus que louche, qui les libère. Les héros s'échappent en libérant des lévriers de l'espace, et sont sauvés par le hacker. Lequel finira pas les trahir alors que leur plan semblait être l'issue.

 

Photo Kelly Marie Tran, John BoyegaUn duo qui n'aide vraiment pas Les Derniers Jedi

 

Très nette impression de remplissage, de parenthèses successives et de péripéties artificielles, qui ne mènent à rien, et ramènent l'intrigue au même point. En retirant tout ça, Star Wars : Les Derniers Jedi arriverait quasiment à la même situation. Et les éléments importants (comme le fait que DJ révèle le plan de la Résistance à Hux) sont amenés avec tant de difficulté, que ça leur donne surtout des airs de forcing. Créer de gros obstacles et des échecs pour les héros est une bonne idée, mais avec tant d'efforts, de temps et de péripéties pour si peu, provoque surtout une frustration, et laisse la sensation d'une narration bancale.

Et ce n'est pas la seule chose qui appelle ces sentiments. Rien que l'affrontement entre Finn et Captain Phasma, personnage ô combien stylé et mis en avant dans la promo, est là encore un rendez-vous manqué, ou comment enchaîner pas mal de diversions grossières !

 

Photo Benicio Del ToroUn personnage raté et problématique

 

QUE VIENT FAIRE LAURA DERN DANS CETTE GALÈRE ?

S’il est un nouveau personnage avec lequel le public n’a pas été tendre, c’est bien la vice-amirale Holdo, interprétée par Laura Dern. Et pour le coup, une partie des problèmes pointés par les fans sont tout à fait légitimes. En effet, difficile de ne pas se dire que si Holdo existe, met en œuvre un plan secret qui n’a pas la moindre raison d’être secret et se sacrifie dans un rare élan de stupidité (se sacrifier ainsi de la part d’un leader militaire est un non-sens absolu, à fortiori en laissant derrière lui des troupes très affaiblies), c’est uniquement pour allonger encore un peu un film qui n’a pas tant de choses à raconter et ne souhaite pas brûler sa cartouche Leïa si tôt.

En revanche, les innombrables attaques concernant son costume ont de quoi laisser perplexe. Non seulement on voit mal en quoi il constituerait un reniement des canons esthétiques de la franchise, mais la prélogie nous a habitués à des attentats textiles autrement plus dangereux. Et enfin, il faut aussi reconnaître un vrai désir de la part de Rian Johnson de garder Star Wars vivant et créatif. Tout simplement parce que Holdo, en dépit d’une stratégie peu convaincante, nous offre un des plus beaux moments de toute cette fresque, qui culmine dans un geste kamikaze invraisemblablement beau, spectaculaire, plastiquement accompli, à la puissance imparable.

Et puis bon, le scénar a beau l’agiter un peu n’importe comment, c’est malgré tout à elle qu’on doit au personnage de Poe de prendre un peu d’épaisseur, et de renouveler le stéréotype créé par Han Solo.

 

Photo Laura DernRendez-nous la Présidente Roslin !

 

UNE ANTI-COURSE POURSUITE... STÉRILE ?

Autre facette de l'intrigue lourdement critiquée : la traque de la Résistance par les vaisseaux du Premier Ordre. La flotte menée par Leïa est plus rapide, et peut maintenir une distance de sécurité tout en se protégant des tirs ennemis, tandis que les méchants les pistent de loin, incapables de les rattraper ou les détruire, attendant que leurs réservoirs se vident pour les anéantir.

L'idée d'une poursuite infernale est intéressante, tout comme celle d'un compte à rebours. Mais il y a quelque chose de presque comique à voir ces dinosaures métalliques avancer lentement dans l'espace, dans une fausse tranquillité qui cache une lente mise à mort reposant sur une histoire un peu artificielle de vitesse. Le traqueur au centre de ce dispositif, puisqu'il empêche la Résistance de s'évader sans être suivie, semble là aussi un peu trop gros.

Alors que la Résistance lâche peu à peu ses vaisseaux secondaires, et que l'étau se resserre, tout le monde semble passif, comme bloqué sur une position pour occuper l'espace. La menace se ratatine, réduisant le Premier ordre à une bande de rageux pas très efficaces, tandis que la technologie devient le frein de tout et tout le monde, des deux côtés. Que tout se résolve avec le sacrifice spectaculaire de Holdo, pour une image aussi belle que pratique pour l'intrigue, est là encore un joker sorti de la manche pour tout terminer et passer à autre chose. Et entre Canto Bight et ça, Star Wars : Les Derniers Jedi laisse vraiment l'impression d'un énorme ventre mou.

 

Photo Domhnall GleesonVeuillez patienter

 

ILS ONT CASSÉ LA FORCE

Des héros qui en font un usage surpuissant et apprennent à la maîtriser en deux coups de cuillère à pot laser, une Leïa qui se la joue Kryptonienne, une mystique évacuée par les grands Yoda et Luke Skywalker en personnes, tel un pyromane et enfin un épilogue qui retourne complètement le concept initial de la Force. Aucun doute, la franchise s’est offerte ici la plus audacieuse expérience de déconstruction de son histoire. Ou plus exactement, sa plus grande déconstruction depuis L'Empire contre-attaque, dont on oublie souvent combien il écrase d’éléments d’Un Nouvel Espoir.

La trajectoire de Luke brutalement interrompue, la révélation de ses origines, jusqu’à son saut dans le vide, puis l’éparpillement des héros, venaient pulvériser une grande partie des éléments établis par George Lucas, qui fit tout son possible pour effacer ces accès de noirceur et de profondeur avec Le Retour du Jedi. À bien des égards, Rian Johnson respecte ici une des données premières de Star Wars, qui s’est constamment réinventé. Tout comme la prélogie choisissait de rompre avec l’ADN narratif de ses ancêtres, le cinéaste opère ici des choix qui transforment substantiellement l’univers.

Mais ils ont toujours participé de Star Wars, et c’est précisément grâce à ces ruptures que l’épopée a su rester, sinon moderne, au moins vivante. Et si « démocratiser la Force », crime de lèse-majesté s’il en est, n’était pas tout simplement une des meilleures façons de sortir de l’équation, parfaite mais balisée, qui structure Star Wars depuis des décennies ? Avec ces héros Campbellien en diable, George Lucas a établi une mystique, dont il n’est absolument pas déconnant qu’elle évolue avec le monde dans lequel elle croit.

 

photo, Mark Hamill, Carrie Fisher"Je reviens, je vais boire des larmes de fan"

 

SNOKE ON THE WATER

Il est terriblement paradoxal d’entendre de nombreux spectateurs se désoler du sort de Snoke, vaincu, trahi et tué par son apprenti, alors qu’un des premiers griefs visant Le Réveil de la Force visait justement l’air « générique », la redite après Palpatine, que constituait Snoke. Or, justement, le personnage est à la fois efficacement caractérisé et un bon moteur de renouvellement. Sous ses airs de successeur à l’Empereur, le Suprême Leader dévoile dans ce chapitre un goût pour l’apparat et un narcissisme qui seront bien sûr son talon d’Achille.

Techniquement impressionnant, inquiétant, dans son espèce de robe de chambre spatiale, à la fois redoutable et manifestement diminué par de terribles blessures, Snoke illustre le désir des Derniers Jedi de remettre les actions et les émotions des personnages au cœur du récit, plus qu’un cadre traditionnel par définition rigide. Ici, chaque protagoniste est en mouvement et existe pour s’accomplir, c’est ce qui fait de Kylo une force capable de le défaire. Ce grand méchant arrêté à mi-parcours n’était donc qu’un leurre ? Peut-on en ressortir de la frustration ?

Pourquoi pas, mais n’oublions pas que Star Wars a toujours su gagner en profondeur en nous ménageant des espaces d’interrogation, de questionnements, autorisant une créativité de la part du spectateur, il serait regrettable de s’en agacer aujourd’hui.

 

photo, Andy SerkisSnoke

 

L'HUMOUR N'A RIEN À FAIRE LÀ !

La sensibilité à tel ou tel type d’humour est éminemment subjective, mais reprocher à Rian Johnson d’avoir placé ici et là quelques pointes de loufoquerie, c’est oublier un peu vite l’héritage de la franchise en la matière, qui est conséquent, et le niveau de la Guerre des Blagues jusqu’alors, rarement inoubliable. Les Derniers Jedi aurait-il commis un crime contre la saga en laissant Luke traire un gros alien à trompe ? Les fans ont-ils raison de se scandaliser d’avoir été piégé par l’image d’un fer à repasser pris trop vite pour un vaisseau ? Faut-il se venger des Porgs ?

On est libre de le croire, mais alors, qu’on en finisse avec les Ewoks, qu’on ampute la moitié des vannes entre Han et Chewie, tant elles sont épaisses. Et ce bestiaire, si souvent traité de manière bouffonne ou absurde, comme dans l’antre de Jabba… Non, Rian Johnson n’a pas créé de rupture en ajoutant un peu d’humour et sa sauce. Il a au contraire proposé des gags plutôt malins, questionnant toujours le regard du spectateur. Et c’est peut-être cela, plus que la présence d’une quelconque forme de bizarrerie ou de dérision, qui a pris le public au dépourvu.

 

PhotoEwok ou e-woke ?

 

RIAN JOHNSON EST COUPABLE, FORCÉMENT COUPABLE

Il faut bien un coupable, et pour beaucoup de spectateurs, il s’agit logiquement de Rian Johnson, accusé d’avoir tout foiré, d’avoir ruiné la continuité de la saga, bref, d’avoir fait en quelque sorte cavalier seul dans la pire des directions. Sauf que ça n’a aucun sens. Vous pouvez bien haïr Les Derniers Jedi jusqu’à la moelle, Rian Johnson n’a pas kidnappé Star Wars pour lui faire subir les pires outrages, tout seul dans sa cabane au fond des bois.

Tout comme il semble un peu facile de prendre les récents propos de Kathleen Kennedy au sujet de la liberté laissée aux cinéastes au pied de la lettre. Les nombreux renvois de réalisateurs (Colin Trevorrow, Phil Lord et Chris Miller, etc.) en attestent avec évidence. Et c’est parfaitement logique. Si Disney a besoin d’auteurs, d’artistes pour élaborer une narration, il est évident que le studio ne va pas leur donner d’un produit qui représente un investissement de 4 milliards de dollars. Ce serait simplement irresponsable, voire contre-productif.

Et par conséquent, imaginer que le plan de Johnson n’a pas été pensé, accepté, validé, avec la supervision du studio, laissant le metteur en scène saccager ce qu'avait construit Le Réveil de la Force… relève purement de l’imagination. Bien sûr, après le spectaculaire énervement des fans, l’heure fut à la réécriture et au dérapage contrôlé en matière de communication, comme l’indique chaque déclaration de J.J. Abrams, vantant le film de Johnson tout en affirmant s’en différencier.

 

Photo Star Wars : Les Derniers Jedi"Et là, tu twerkes sur le cadavre de l'Amiral Ackbar"

 

LAISSONS LE TEMPS FAIRE SON TRAVAIL

Oui, Les Derniers Jedi a été détesté... par une partie du public... et à sa sortie. Une haine et un soi-disant désastre à nuancer donc.

Difficile de ne pas se souvenir que la prélogie a été conspuée, moquée, et traînée dans la boue galactique à sa sortie. Jar-Jar était le punching ball ultime, L'Attaque des clones n'a pas vraiment été mieux reçu, et à part La Revanche des Sith qui a réconcilié la majorité des spectateurs avec la saga, la prélogie de George Lucas était perçue comme la preuve de son incompétence. Tout lui a été reproché, de ses limites de scénariste et directeur d'acteur à sa propension à remâcher sa mythologie jusqu'à l'abîmer, en passant par un amour du merchandising et un univers de plus en plus niais et enfantin - d'autres diraient "Disney" comme synonyme.

 

porgsLe porg-peluche qui découvre Baby Yoda

 

Pourtant, le temps a calmé les esprits. La prélogie est désormais moins détestée, est défendue par certains (dont certains chez Ecran Large), et est même devenue le repère pour symboliser une autre époque où Star Wars était vraiment Star Wars, menée par un artiste et pas des business men, et pas une machine à jouets Disney. C'est presque comique, vu comme la prélogie porte en elle tous les signes d'une machine produite par Mickey, tout en étant la continuation logique de la franchise - après tout, Lucas avait capté la force du merchandising dès le début et les Ewoks sont vite arrivés.

Et il suffit de remonter au Réveil de la Force pour voir un même décalage avec le temps. Quand l'épisode 7 est sorti, il a récolté une vraie dose de violence chez certains, en très grande partie à cause des similitudes avec Un nouvel espoir. La paresse était la preuve de l'inutilité du film. Les Derniers Jedi a capté cette colère, au point que le film de J.J. Abrams a souvent été cité comme meilleur, ou disons moins pire. Quand on se souvient que L'Empire contre-attaque n'a pas été adoré par tout le monde à sa sortie, il y a de quoi se montrer curieux de voir comment cet épisode 8 sera perçu dans 5, 10 ou 15 ans. Il ne sera peut-être pas un grand Star Wars, mais probablement plus cette horreur décrite par certains.

 

photoQuand tu sais que le temps sera de ton côté

 

LA HAINE DE DISNEY

Et derrière cette haine se joue forcément la défiance vis-à-vis de Disney. Il y a bien sûr des raisons concrètes de s'alarmer : la surexploitation de la marque, l'aspect événement voué à disparaître avec l'omniprésence dans les salles sur les 10 prochaines années, les spin-off et séries dérivées. Mais Star Wars prend aussi pour l'omniprésence de Disney dans le paysage, et sa mainmise sur le divertissement et le business. De Marvel à Pixar, et encore et toujours plus avec le rachat de la Fox, le studio domine le marché, puisqu'il possède quelques-unes des plus grosses franchises que le public suit avec fidélité.

Bien sûr, c'est Disney qui a racheté Lucasfilm, et le contrôle de près ou de loin. C'est Disney qui a décidé de sortir Solo : A Star Wars Story cinq mois après Les Derniers Jedi, et qui est forcément responsables des productions très compliquées des deux spin-off notamment. C'est Disney qui a autorisé le lancement d'une trilogie avec une marge de manoeuvre narrative un peu trop grande. Le studio a bien entendu sa grosse part de responsabilité, et mérite donc naturellement d'être visé.

 

Photo John BoyegaParé au décollage, et au crash

 

Mais il n'y a qu'à voir la manière dont Kathleen Kennedy est traitée pour se rappeler que la franchise est un terrain miné, encore plus sous l'égide Disney. Boss de Lucasfilm depuis 2012, cette proche de Steven Spielberg et George Lucas a un impressionnant CV de productrice, qui réunit un paquet de films cultes (Retour vers le futurQui veut la peau de Roger Rabbit ?Gremlins, Indiana JonesJurassic Park, Les Goonies, La Liste de Schindler, Sixième Sens).

Des décennies auprès des plus grands réalisateurs hollywoodiens, qui la comptent parmi leurs fidèles, en font l'une des personnalités les plus importantes et respectables du milieu. Et jusqu'à Star Wars, elle était dans l'ombre ou citée comme une productrice talentueuse.

 

Photo"C'était mieux avant"

 

Depuis Les Derniers Jedi, elle est souvent citée comme la source du mal, l'origine de ce chaos, et une personne à retirer de l'équation pour sauver la saga. Kennedy a certainement sa part de responsabilité elle aussi, comme tout boss de cette trempe. Mais qu'elle soit si personnellement visée, comme Kevin Feige, montre bien cette perpétuelle chasse aux coupables, et ce désir de présenter Disney comme une vile entreprise, qui emploie des soldats. Si c'est probablement vrai, c'est surtout la même chose partout, chez tous les studios. Disney a bien des défauts, des limites, des dérives, mais n'en a certainement pas le monopole.

Tout savoir sur Star Wars : Les Derniers Jedi

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commentaires
Le 8 est mauvais comme les autres
26/12/2022 à 12:07

Déjà cette trilogie est assez nulle
Trop de surenchère pour les Jedi, Disney en fait des Marvel...
Pourquoi Ray et Kylo doivent être toujours super forts... Un Trooper qui arrive à battre un site ,
Pourquoi l'eau en superman, c'était le bon moment de la laisser mourir. Pourquoi ne pas avoir tuer chew dans le dernier épisode, pourquoi ne pas avoir donné a c3po une belle mort en héro de la résistance... Pourquoi ne pas mettre d extraterrestres dans cette trilogie ou si peu... Et je ne parle pas des non sens. Bref Disney sait trop bien faire du naze mais sait aussi faire du bon Mandalorian, Andor, rogueone : c'est top.
Obione c'est pas mal

Obligé de parler des autres gros navets : solo et la bouée Booba feet le chasseur de prime gentil alors que ça devrait être un méchant

Darthy
26/12/2022 à 10:18

Contrairement à beaucoup j’aime bien le traitement de Luke et surtout le film lui offre une fin magnifique et héroïque avec un usage inédit de la force.
Il y a aussi de vraies belles scènes et de belles idées comme la « démocratisation de la Force ».
Mais le problème de fond, c’est qu’il n’y a pas d’histoire et que le scénario est très laborieux à force de vouloir remplir le vide. Ce qui est quand même étonnant de la part de Rian Johnson vu ses autres films… a-t-il été débordé en pré-production par l’ampleur du projet ?

Isac654
26/12/2022 à 09:25

La trilogie est cataclysmique ! Les principaux responsables sont JJ Abrams et ceux qui ont validé son scénario d'un vide intersidéral ! Ryan Johnson s'est retrouvé avec une base pourrie et fait ce qu'il a pu. Puis JJ Abrams est revenu pour le 9. Si je n'etais pas allé en famille pour le voir, je serai parti avant la fin. Les 2 starwars d'Abrams sont nuls et catastrophique. N'importe quel camplin avec un délai de 6 mois est capable de pondre un scénario d'une centaine de pages meilleur que lui pour un starwars ! Le 8 est un mauvais film mais c'est le seul de cette trilogie qui m'a un peu donné le sourire ! Le 8 est sans aucun doute le moins mauvais de cette trilogie !

Taule
26/12/2022 à 01:10

@ justice pig
+1 Tu as tout dis !
D'ailleurs Ryan en est fier, s'assume et s'éclate avec Benoît BLanc, tandis Abrams se fait oublier en tant que réalisateur.

Chris11
25/12/2022 à 23:10

Contrairement au 7 et 9 qui sont irrécupérables, le 8 contient de bonnes idées et quelques scènes marquantes : le bombardement de la scène d'intro, le combat Rey/Ren/Snoke, le combat contre les gardes (personnages importants dans la mythologie SW), la démolition du super/méga/ultra croiseur, l'enfant qui saisit son balai par la force.
Malheureusement, on a également droit au sketch de Leia qui flotte dans l'espace, du voyage au casino pour faire briller des personnages secondaires et autres caméos inutiles, le combat final de Luke et sa mort, la course poursuite sous prozac...
Les autres étaient nullissimes de la première à la dernière seconde sans interruption, oui ce SW est le moins pire des 3 et avec un montage différent et une durée raccourcie aurait presque pu être un bon film.

Justice Pig
25/12/2022 à 22:58

Le meilleur de cette trilogie, et même un des meilleurs de la saga.
Laissons le temps faire son affaire...

AlexKain
02/09/2022 à 00:18

Vous vous êtes trompé. C'est le PIRE Star Wars ayant jamais été fait. Je préfère me mettre le Special Holiday que ce film.

Sanchez
31/08/2022 à 17:06

J’avais complètement oublié la présence de benicio del Toro mdr

Loeilheaume
31/08/2022 à 15:50

Je le trouvais nul il y a 5 ans, je le trouve nul aujourd'hui. C'est mauvais, c'est un remake foireux du pire des 6 premiers épisodes, ça n'a aucun intérêt cinématographique et ça essaie de détruire les pans les plus importants de la mythologie de Star Wars... Je ne sauve rien de ce film (ni de cette trilogie, mais ce volet est le pire des 3 films)

Poudre de Bamako
31/08/2022 à 12:24

C'est le moins "ennuyeux" des trois...

A mon dernier visionnage, c'est le seul que j'ai pu regarder sans toucher à mon portable ni allé au toilette...

Malgré tous ses défauts il à un "truc" de mieux fait que les films de jj Abraham qui le rend multi-regardable contrairement au deux autres qui m'ennuie rapidement au point de couper ma télé ou de passer des scènes.

Ça serait cool de mettre le doigt sur ce "truc" de mieux car je ne suis pas le seul à avoir ressenti ça ^^

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