Justice League, Batman v Superman, Suicide Squad... quels sont les meilleurs et pires films du DCEU ?
Le meilleur et le pire des films de l'univers étendu DC : la rédaction donne son avis.
Des hauts et des bas, il y en partout. Mais surtout chez DC. Après une période plus que compliquée à tous les niveaux, avec Justice League comme point d'orgue du chaos en coulisses, la Warner a repris des couleurs avec Aquaman, premier film de l'univers à atteindre le milliard au box-office., suivi peu après par le tonitruant Joker de Todd Phillips. Une belle dynamique un peu entamé par la contre-performance de Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn, que Wonder Woman 1984 tentera de faire oublier, en dépit des chamboulements d'agenda engendrés par la pandémie de Covid-19.
L'occasion pour chaque rédacteur de s'exprimer, et montrer que l'équipe est parfois (tout le temps) très divisée.
Attention toutefois, vous ne trouverez pas Joker dans cette sélection. Non pas qu'il n'ait pas eu nos faveurs (voir notre critique par ici), mais le métrage ayant été produit et pensé comme une oeuvre résolument à part du DCEU (ce qu'assumait son réalisateur dès la conférence de presse du film, lors du Festival de Toronto 2019), il nous a semblé pertinent de ne pas l'inclure dans ce dossier.
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn aurait pu en être oui
GEOFFREY CRÉTÉ
LE MEILLEUR : MAN OF STEEL
C'était le début et c'était beau. Malgré les limites de ses films, Zack Snyder avait prouvé avec L'Armée des morts, Watchmen et Sucker Punch sa capacité à générer des images et univers, certes sous très fortes inspirations, mais aussi dotées d'une véritable force cinématographique. Chef d'orchestre, le réalisateur a un talent certain pour conjuguer montage, musique, photographie et action pour propulser le spectateur dans un beau et intense spectacle de son, lumière et même émotion.
Man of Steel le rappelle dès ses vingt premières minutes. Au rythme du grandiose morceau Arcade de Hans Zimmer, Snyder met en scène une mini-aventure spatiale de feu et de drame, où les vaisseaux, les tirs, et autres bestioles volantes se croisent sur fond d'acocalypse. Ce sens du solennel et du spectacle infuse le film entier, qui ressort l'origin story avec les faiblesses trop familières (notamment la construction des flashbacks) mais n'oublie jamais d'émerveiller.
Côté cahier des charges blockbuster, Zack Snyder assure le service. L'action est grande, ambitieuse, bruyante, et n'hésite pas à mettre en scène la force de Superman, parfaitement incarné par le statuesque et massif Henry Cavill. Man of Steel marque ainsi la rétine par sa puissance cinégénique rayon spectacle, mais pas que. Snyder orchestre aussi de beaux moments en suspens au milieu de la tempête, utilisant notamment la belle musique de Hanz Zimmer et une jolie direction artistique pour incarner des images magiques, touchantes, ou simplement humaines.
De son intro virevolante à ses derniers instants excitants, où Clark Kent arrive au Daily Planet avant que la musique ne décolle, Man of Steel est un film qui vibre, qui se lance avec l'envie et le courage des débuts. Le film a ses défauts, avec pas mal d'éléments écrits à la truelle, mais il impose une vision et un style indéniables. Avec le recul, c'est encore plus un très beau point d'entrée du DCEU.
Henry Cavill, ce bloc de charisme
LE PIRE : BATMAN V SUPERMAN
Taper sur Justice League est à la fois facile et hors de propos, tant le film est une coquille vide signée Warner (et pas Zack Snyder ou Joss Whedon, qui n'est certainement pas le vilain et puissant pirate qui a tout cassé). Suicide Squad, lui, est si fade qu'il ne mérite même pas la colère. En revanche, malgré ses ambitions et qualités, Batman v Superman : L’Aube de la justice est un cas passionnant dans ses ratés.
Film-ogre et rendez-vous titanesque et fantasmé par les amateurs de super-héros et comics, cette deuxième entrée du DCEU a accéléré sa chute. Et s'il est simple de blâmer le public avide de blockbuster prémâchés, et le studio avide de sous, il est également plus que possible de voir un film qui s'écroule sous ses défauts.
Devenu un gros running gag depuis, le "Martha" illustre quelque chose de réellement problématique dans le scénario signé David S. Goyer et Chris Terrio. Jamais la haine entre Superman et Batman ne fait sens, au-delà d'une donnée établie dès le titre : l'écriture trop appuyée ne donne pas de vraie dimension à la haine de Bruce Wayne, tandis que l'idée d'un Superman devenu malgré lui un symbole qui inspire la peur reste trop survolée.
L'intrigue use et abuse de ficelles trop grossières, notamment autour d'un Lex Luthor qui tient les héros comme des marionnettes. L'enlèvement de Lois relève du pilotage automatique. Le climax est une bouillie numérique sans inspiration. De tous les côtés, BvS déborde, et menace de s'écrouler.
Parmi les bonnes choses : le thème de Wonder Woman
Le moteur à gravitas de Batman v Superman : L’Aube de la justice semble être le même que dans Man of Steel, mais l'énergie est ici si dispersée (Batman, Superman, Lex, sans oublier Wonder Woman en arrière-plan), que le film laisse une étrange impression de trop-plein et de vide.
Les ambitions de Zack Snyder, qui questionne la figure du super-héros, ont beau être passionnantes sur le papier, le résultat à l'écran a tout d'un rendez-vous manqué. C'est même un pâle écho à son beau Watchmen. Et ce n'est pas le passage en force de l'univers étendu (les fichiers vidéo secret avec les logos des héros, la scène du Knightmare, le flash de Flash) qui aide le métrage à avoir une quelconque harmonie, surtout avec le recul d'un projet global du cinéaste depuis enterré.
Enfin, la question de la version longue (32 minutes supplémentaires tout de même). Unpopular opinion, comme diraient les jeunes : ce Batman v Superman rallongé n'est pas un grand film, mais étire les problèmes du film vu en salles. A moins d'avoir été conquis par la version sortie au cinéma, cette version de 3h ne règle donc rien.
PS : Shazam est aussi un bon candidat pour être le "pire".
CAMILLE VIGNES
LE MEILLEUR : MAN OF STEEL
Retour à la case reboot pour Superman, huit ans après Superman Returns, loin d'avoir convaincu tout le monde (surtout la Warner Bros.) et d'avoir offert à la franchise un nouvel horizon. Produit par Christopher Nolan, écrit David S. Goyer et réalisé par Zack Snyder, Man of Steel a eu pour ambition de remettre les compteurs à zéro, de faire entrer le plus célèbre des superhéros dans la modernité et de lancer le DCEU face à Marvel.
Une combinaison intelligente avec le réalisateur du très bon Watchmen, et derrière lui celui de la dernière trilogie sur le chevalier noir et son co-scénariste... en somme, un trio tout à fait à même de proposer un homme d'acier tel qu'on ne l'a jamais vu.
Un peu déprimante cette Terre ?
On aurait pu craindre un énième récit très classique, essayant trop de rendre hommage à Richard Donner en passant de Krypton à Smallville puis Metropolis. Mais si l'introduction rejoue de près ou de loin la mythologie kryptonienne du premier Superman, son apocalypse spatiale baigne dans une grandiloquence shakespearienne (on peut remercier Hans Zimmer) nouvelle. Cette ouverture, étrange et belle, détermine la direction esthétique du film : on y retrouve le goût habituel de Snyder pour le dramatique, légèrement contrecaré par une mise en scène tourbillonante.
Le principal enjeu du film n'est pas tant l'héroïsme de Superman et son devoir de sauver le monde contre une attaque extraterrextre, que son pendant dramatique : celui de toucher terre, d'apprendre, de comprendre le prix de la vie et le poids des actes (comme le choix cornélien de savoir s'il peut/doit sauver son père).
Malheureusesement, le côté psychologique est souvent maladroit et ne prend pas toujours, alourdi par un scénario trop alambiqué - notamment à cause des flashbacks. Puis vient le grand final alloué à tout blockbuster qui se respecte : aéronefs, voitures, missiles, gratte-ciel, feu, glace, verre, métal... tout finit par s’entrechoquer dans un grand fracas étourdissant sur fond de tornade numérique.
Bref, c'était la promesse d'un DCEU plein de nouvelles thématiques, esthétiquement ambitieux, avec un certains sens de la dérision dans le traitement plastique du super-héros... mais bon, Batman v Superman : L’Aube de la justice est venu enterrer tout espoirs.
PS : Aquaman est venu relever le niveau après de très mauvais films (Suicide Squad, Justice League) et aurait donc pu être premier du classement.
LE PIRE : BATMAN V SUPERMAN
Batman v Superman : L’Aube de la justice tente d’accomplir un vieux fantasme de cinéma, faire s’affronter le chevalier noir et l'homme d'acier. Problème, les deux premières heures sont extrêmement brouillonnes. Et sur les 2h30 de film, ça fait beaucoup. Les scènes se heurtent les unes aux autres sans vraiment prendre leur temps, et laissent l’impression d’une histoire broyée et compliquée, bien loin de Watchmen de Zack Snyder où le temps s’étirait et le découpage était clair.
Autre problème : l’histoire, ses tenants et ses aboutissants, et le propos du film ne rattrapent en aucun cas les partis pris fatigants de mise en scène. Entre trip politico-religieux inutilement compliqué (le film martèle un discours judéo-chrétien grossier) et facilité scénariste, Batman v Superman : L’Aube de la justice passe à côté de ses enjeux et de sa crédibilité.
Henri Cavill cloué au pilori par la justice
Les interrogations sur la place du super-héros dans la cité et ce qui en découle, le procès de Superman en tant que demi-dieu terrifiant (ou Messie à crucifier pour ceux qui n’auraient pas suivi), sont des thèmes éminemment importants et intéressants, mais qui sont terriblement mal exploités.
Finalement, Batman v Superman : L’Aube de la justice est bizarre. Aussi bizarre que le "v" qui sépare Batman et Superman dans son titre, abréviation inhabituelle qu’on pourrait lire "vs". Une lettre unique qui ne veut plus vraiment dire versus, qui ne veut pas non plus dire avec ; une lettre qui annonce que les deux héros ne vont ni complètement être l’un contre l’autre, ni vraiment faire équipe. Un titre qui tease l’impression que laisse le film, quelque chose d’étrange et bizarre.
Bon, l'armure de Batman est assez cool par contre
SIMON RIAUX
LE MEILLEUR : BATMAN V SUPERMAN
D'abord, une mise au point : si vous n'avez pas vu la version longue de Batman v Superman, vous n'avez pas vu le film.
On aura volontiers caricaturé la fresque de Zack Snyder en choucroute noirissime et dépressive. Pourtant, elle témoignait d'une ambition et d'une volonté bien différente, et autrement plus intéressantes que la caricature qui en est encore faite. Le réalisateur s'est tout simplement interrogé sur la nécessité de renouveler les figures héroïques et de les rendre à nouveau porteuses de sens. Dans un monde fracturé, en permanence au bord du gouffre, que cela signifie-t-il d'être un héros ?
Essoré par les crises successives d'un occident déboussolé, Batman est devenu un vengeur désespéré, quand Superman peine à trouver une place au sein d'un monde trop hargneux et cynique pour daigner le comprendre. De cette situation de base, le metteur en scène dresse le portrait d'un temps en quête de signification, d'un univers non pas ténébreux, mais forcé de s'interroger sur ses propres démons pour retrouver un peu de sens.
Abattre les idoles, non pas à coups de marteau, mais de fusée
L'interrogation centrale du film, à savoir qu'est-ce que la puissance et comment en faire usage, est ici mariée à une relecture nietzchéenne du catalogue DC, finalement beaucoup plus fidèle qu'on a bien voulu le croire. Car Snyder revient ici au coeur de la philosophie de l'éditeur de comics : ses protagonistes sont des légendes, sommées de se frotter à un monde qui ne les désire ni ne les comprend.
D'où un rythme aux antipodes des canons super-héroïques actuels, et une recherche permanente d'une forme de pureté mythologique. Une démarche puissante, écrasante parfois, qui culmine dans une scène volontiers tournée en dérision. Quand deux héros transformés en déités capricieuses découvrent qu'elles sont ironiquement reliées par le noms de leurs mères, ce sont soudain toutes leurs failles, et la beauté du projet, foncièrement naïf, qui apparaissent à l'écran. Batman v Superman : L’Aube de la justice charge la barque jusqu'à rendre évidente les failles béantes de ses colosses, et retrouver ainsi leur humanité.
Enrobez tout cela avec une photo sublime, et quantité d'hommages au film noir et au western, et vous tiendrez un des films de super-héros les plus singuliers et impressionnants de ces dernières décennies.
C'est ce qu'on appelle un plan iconique
LE PIRE : SUICIDE SQUAD
S'il ne fallait sauver qu'une chose de cette pitrerie, c'est peut-être sa direction artistique miteuse. Ses costumes volés à une kermesse de The Walking Dead, ses méchants figurants dans des costumes en plastoc indignes de Power Rangers, son New York condensé dans une ruelle en carton et un faux open-space : tout concourt à faire de Suicide Squad un gag absurde. Ce dernier nécessitera des quantités de bières herculéennes pour être apprécié, mais bon, faut ce qui faut.
Plus sérieusement, on aura rarement vu un ratage où tout le monde semble décidé à fabriquer un film différent de son voisin. Les scénaristes tout d'abord, dont personne ne semble avoir voulu accorder les multiples versions, aboutissant à un climax dans lequel le seul personnage littéralement ignifugé meurt... brûlé, avant que Cara Delevingne ne se suicide au dubstep. Là aussi, la tentation de s'en sortir par le rire est grande, mais Will Smith fait beaucoup pour dégoûter le spectateur.
Retour vers le futur du cinéma bis !
Et avec lui on touche au problème essentiel de Suicide Squad : qui a oublié que le sujet principal était une bande de méchants, rassemblés pour faire autre chose que de joyeux mique-niques à coups de grenades ? Qui a pensé que demander à Jai Courtney de tripoter une peluche rose d'un air lubrique était une bonne idée ? C'est bien simple, on ne croit absolument jamais à cette réunion de personnages qui semblent sortis d'un after-work trop arrosés, tout comme eux-mêmes paraissent plus qu'incrédules devant le déroulé du film.
Et au final, ce doute constant est tragiquement incarné par la mise en scène de David Ayer. Impossible de se convaincre que c'est le même cinéaste qui dirigé Fury tant ici la narration ne passe jamais par l'image, le découpage paraît absurde, et l'action mollassonne. Ré-écrit, remonté, au gré de la panique gagnant un studio envieux des Gardiens de la Galaxie et désolé de la réception critique de Batman v Superman, le métrage dévoile le chaos qui a présidé à sa fabrication dès son ouverture, où se superposent trois introductions différentes, jamais cohérentes, et horriblement mécaniques.
"Pitié, fais-nous sortir d'ici !"
ALEXANDRE JANOWIAK
LE MEILLEUR : AQUAMAN
Entre la très classique aventure solo de Superman et son affrontement trop sombre (sérieux on ne voit rien à l'écran) avec Batman dans Batman v Superman : L’Aube de la justice, l'origin story pas déplaisante mais remplie d'incohérences de Wonder Woman, et les deux étrons Justice League et Suicide Squad, l'auteur de ces lignes n'est pas un grand fan de l'univers DC. Etonnamment, c'est finalement Aquaman, le dernier né du DCEU (avant Shazam) qu'il porte le plus dans son coeur.
Bien que le film soit bourré de défauts (des transitions absentes, des choix musicaux gênants, un humour lourdingue et des fonds verts dégueulasses), le film contient une richesse très entraînante. En étant supervisé par le talentueux cinéaste James Wan, le long-métrage jouit d'une mise en scène impactante et lisible. Et c'est sans doute l'un des points les plus importants de Aquaman.
Une baston digne de la mythologie greco-romaine
Là où les précédents films du DCEU souffraient de scènes d'action hachées, incompréhensibles à l'oeil ou trop sombres, le film de James Wan jouit de bonnes grosses bastons ultra-lisibles et où l'impact est réel. A côté de cela, le long-métrage est surtout d'une grande générosité et offre au public un vrai spectacle ultra-coloré. L'univers est passionnant, la direction artistique est totalement dingue et le film ressemble à un mélange ambitieux de Seigneur des Anneaux, Star Wars, Indiana Jones et Avatar.
Evidemment, c'est pour le meilleur et pour le pire. Le tout peut sembler un peu trop kitsch et il y a une sensation de survol de l'univers tant les personnages passent d'un endroit à l'autre rapidement. Cependant, malgré ses 2h20 parfois interminables, cet Aquaman se regarde avec un certain émerveillement. Le film assume ses défauts et en rend une grande partie attachante.
Enfin, il bénéficie surtout d'une des séquences les plus mémorables du DCEU jusqu'ici avec sa plongée terrifiante dans la Trench. Entre la mise en scène ténébreuse de James Wan, la photographie impressionnante de Don Burgess et la musique angoissante de Joseph Bishara qui s'y appose, la scène est absolument parfaite et vient surprendre le spectateur au plus profond de lui-même.
Un des plus beaux plans de tout le DCEU
LE PIRE : JUSTICE LEAGUE
Entre Suicide Squad et Justice League, difficile de faire un choix dans la médiocrité. Cependant, pour ce qu'il aurait dû représenter dans le DCEU, Justice League est sûrement le plus gros plantage de l'univers étendu.
Avec l'objectif de devenir la nouvelle réunion phare de super-héros après les Avengers du MCU, Justice League a été trop gourmand, trop peu précis et par conséquent totalement foutraque. A cette époque, seuls Batman, Wonder Woman et Superman ont eu le droit à leur film solo et de fait, le film est obligé de présenter en vitesse les trois autres larrons du groupe : Flash, Aquaman et Cyborg.
Si la dynamique de création est intéressante avec Bruce Wayne qui tente de les convaincre de rejoindre la Ligue des justiciers, le film est obligé de saborder leur caractérisation. En résulte, durant tout le film, un manque de cohérence dans tous les domaines les concernant. Ce ne sont pas les seuls puisque Wonder Woman subit les mêmes écueils concernant la puissance de ses pouvoirs.
Un climax très coloré mais aux enjeux mineurs
De plus, les gros problèmes de production du film, avec l'arrivée de Joss Whedon pour remplacer Zack Snyder, ont eu clairement raison du semblant d'homogénéité de l'ensemble. A la fois extrêmement sombre et remplie d'humour, difficile de savoir quelle était vraiment la ligne directrice du film, que le studio a profondément remanié à tous les niveaux.
A côté de cela, les reshoots massifs ont clairement empêché le long-métrage d'être bien fignolé pour respecter la date de sortie. Résultat : les effets spéciaux sont déplorables, la direction artistique est d'une immense fadeur et les scènes d'action sont extrêmement pauvres (pas aidées d'ailleurs par la présence d'un méchant tout naze).
Concrètement, ce Justice League est arrivé si tôt dans le DCEU qu'il ne pouvait pas trouver sa place. Impossible pour lui de créer sa propre mythologie dans un univers encore trop peu développé et qui n'a pas de vraies lignes directrices (contrairement à Thanos dans le MCU par exemple). Quand on y réfléchit, DC semble avoir voulu copier Marvel sans l'exigence scénaristique de cette dernière, alors forcément derrière, il ne fallait pas s'attendre à autre chose qu'un mur.
La réunion était alléchante sur le papier pourtant
LINO CASSINAT
LE MEILLEUR : BATMAN V SUPERMAN
Encore aujourd'hui, le traitement réservé à Batman v Superman : L’Aube de la justice à sa sortie paraît totalement incompréhensible, tant il met à l'amende l'intégralité du catalogue de super-héros moderne déroulé jusqu'alors. C'est plus ou moins le seul qui claironne fièrement une volonté à la fois de sens et de spectacle total (et même si on s'en tient au niveau photographique global des films de comics depuis 2008 hors Man of Steel : simplement une envie de faire du cinéma tout court).
Peut-être que le film est parfois lourdaud dans son symbolisme, peut-être aussi qu'il fait de la Généalogie de la Morale (tiens donc) trop grossièrement, notamment via Superman. Peut-être même que son histoire avance un peu trop par à-coups. Mais ces menus écueils ne sont-ils pas au fond la marque d'une insondable générosité ? Zack Snyder déballe tout l'arsenal du coffre à jouets (Doomsday, Wonder Woman, des bombes atomiques, le soleil bon sang), si bien que le spectacle ne fait que grimper en intensité et qu'on est à chaque fois surpris de le voir capable de passer encore une vitesse au dessus de la précédente.
Zack Snyder emballe trois heures de chaos jubilatoire absolu, une orgie pantagruelique de démesure plastique et cinégénique. Mais là où il est le plus fort le bougre, c'est qu'il n'oublie pas le peuple, les gens, et parvient même au milieu de tout ce bordel à lui donner sa juste place, celle d'objet de transcendance. C'est ce qui explique déjà pourquoi Avengers est le seul film regardable du MCU, et c'est aussi ce qui explique pourquoi Batman v Superman : L’Aube de la justice est si brillant : qu'importe que des dieux en collant se chamaillent si nous ne sommes si peu concernés que nous ne sommes pas filmés ?
LE PIRE : WONDER WOMAN
On ne va pas tirer 107 ans sur l'ambulance Suicide Squad, tout le monde a compris - beaucoup trop idiot pour être véritablement dangereux, au fond il suffit de s'en foutre. Difficile par contre de se sortir de la tête la médiocrité maquillée en candeur philosophico-politique de Wonder Woman de Patty Jenkins, qui rate à peu près tout ce qu'il entreprend, et se prend même les pieds dans le tapis de son discours.
Même le fabuleux thème de Wonder Woman composé par Junkie XL paraît anodin ici, mais peut-être est-ce cette ronflante réalisation générée aléatoirement par ordinateur hollywoodien qui nous a endormi (comparez les climax de Batman v Superman : L’Aube de la justice et de Wonder Woman, c'est affolant), ou la moustache ridicule du PNJ de Skyrim qui tient lieu de méchant stupide qui nous a distrait (ce qui, quand on y pense, initie le début d'une récurrence inquiétante sur les moustaches dans le DCEU).
La bataille pour le succès (remportée)
Stupide, c'est d'ailleurs bien le mot, et ça a beau rimer avec candide, ça n'est vraiment pas la même chose. Remplacer les nazis et le zyklon B par de vilains allemands qui rient et font des expériences sur des gaz mortels (ne faites pas cette blague), ce n'est pas candide, c'est stupide (ou hypocrite). Aussi musclée qu'elle soit, promener une potiche en laisse et lui offrir une sempiternelle histoire de rédemption par l'amour, ce n'est pas candide, c'est stupide. Caractériser à gros traits des personnages en fonction de leur clichés ethniques (le maghrébin tchatcheur, le malin indien, et l'écossais rigolo-bourré), ce n'est pas candide, c'est stupide et prodigieusement lourd. Et après on vient se plaindre à cause de Martha.
Et on se répète, mais mettre une moustache à Arès c'est... vous avez compris.
PRESCILIA CORRENTI
LE MEILLEUR : BATMAN V SUPERMAN
Projet de longue haleine d’un réalisateur incroyablement doué pour insuffler la vie à ses super-héros, le Batman v Superman : L’Aube de la justice de Zack Snyder n’a pas fini de déchaîner les foules. Nombreux sont ceux qui le détestent, le haïssent. Pourtant, le film n’est pas aussi mauvais qu’il laisse le présager.
Déjà parce qu’il s’appuie sur un monument de la culture des comics en s’inspirant du The Dark Knight de Frank Miller, et deuxièmement parce que le cinéaste de Watchmen n’a jamais aussi bien réussi à retransmettre la dualité aussi forte qu’impressionnante entre Batman et Superman. Tiraillés entre le bien et le mal qu’ils n’arrivent même plus à définir, les deux hommes sont en désaccord total sur leurs méthodes, leur façon de voir le monde et d'appréhender cette notion si ambigüe de la justice.
Et c’est bien là toute la beauté de ces deux super-héros. Batman v Superman : L’Aube de la justice montre un homme d’acier en perte de vitesse, perdu, cherchant où est sa place dans le monde et comment il peut faire don aux humains de ses pouvoirs. Cet homme pourtant si puissant, vu comme un extraterrestre indomptable, tombe ici bien bas dans la vision très noire et pessimiste portée par Snyder. L'espoir se meurt, et c'est ce qui au final devient le plus marquant.
Plus que tout, c’est l’image de deux super-héros idôlatrés par les foules qui tombent en morceaux et qui ne sont plus l’ombre d’eux-mêmes. Et nous, les justiciers torturés, et bien on adore !
LE PIRE : SUICIDE SQUAD
Rien que les premières images ne donnaient pas envie. Alors quand on a vu les premières vidéos et les bandes-annonces qui ont commencé à sortir, là, rien n’allait plus. Pourtant, au fond de nous, on gardait quand même espoir de voir avec Suicide Squad un film dans la moyenne des longs-métrages DC. Malheureusement (ou pas), ce ne fut pas le cas.
On ne va pas y aller par quatre chemins, Suicide Squad est une énorme déception sur tous les niveaux. Mal dirigé, trop de gros plans, trop d’action mal dosée, trop de changements d’angles, trop d’effets spéciaux, manque d’esthétisme flagrant ou encore coupe grossière en plein dialogue : le film pue le projet bourrin bâclé et refaçonné au dernier moment. Rien d'étonnant quand on connaît l'histoire derrière le projet.
Avoir une bande-son choisie avec soin est une preuve que cela ne suffit à porter un film, puisque le rendu final est d'une paresse à mourir d’ennui. Le pire dans tout ça, vous savez ce que c’est ? Et bien que l’aventure n’est pas terminée et qu’il y aura un épisode 2. Quoiqu’avec James Gunn, on peut avoir une bonne surprise.
A ta santé Joaquin Phoenix
04/01/2021 à 03:24
Comment ne pas mettre shazam comme le pire film de l'univers dceu, sérieux ce film est juste horrible en plus d'avoir réussi à faire pire que justice league et suicide squad !!
L'humour est juste horrible, l'ambiance donne l'impression d'un tele-film à faible budget diffusé un dimanche après- midi, les costumes sont kitsch (celui de shazam notamment..), la musique n'a rien de transcendant. ça manque d'un bon son vraiment memorable (on regrette que hans Zimmer ne soit pas intervenu pour film :( ).
Sans oublier un manque flagrant de chorégraphie pour les scènes de combats, à croire que l'équipe de cascadeur est parti en grève..
Une perte de temps au final !!!
07/08/2019 à 13:31
Article très intéressant et complet. Pour le moment, je n'ai vu que Man of Steel (que j'ai partiellement aimé) et Aquaman (que j'ai trouvé très sympa, j'ai été agréablement surprise), et je m'apprête à regarder Shazam!, tant pis s'il n'est pas à la hauteur, je me ferai ma propre opinion, avant de lire l'article qui lui est consacré, et je suis plutôt team Marvel, so… :D
En revanche, il y a pas mal de fautes d'orthographe, dommage.
01/04/2019 à 16:32
Le meilleur : BvS version longue
Le pire : Suicide Squad plutôt que Justice league, qui a,lui, au moins, de bons personnages.
Mais Sans Snyder y'a pas grand chose à sauver de DC version ciné, entre un WW sympa grâce à Gal Gadot, et un Man of steel qui a de très bonnes scènes - merci Kevin, le reste est bof..
Même si Aquaman reste fun, ce qui est déjà pas si mal
31/03/2019 à 22:51
Vu!
Grand spectacle, effets spéciaux à foison, acteurs sympas et assez charismatiques, pas trop de vannes lourdingues (à part celle dans les wc), pas de second degré ridicule...
Hey, DC ne nous avait pas habitué à ce genre de film, on croirait voir du bon Marvel :-)
31/03/2019 à 20:49
Le meilleur Batman V Superman
Le pire Suicide Squad
31/03/2019 à 15:49
Aaprès tout le bien que vous dites d'Aquaman, je vais finir par le regarder, sachant que au niveau comics, j'ai toujours trouvé ce personnage totalement inintéressant; une pale copie de Namor quoi.
Tiens, pour l'équipe, vous ne feriez pas un article sur les super-héros dentiques entre Marvel et DC? Aquaman/Namor, Les 4 fantastiques/Les challengers de l'inconnu, Sentry/Superman etc etc, histoire de voir à quel point les deux univers sont proches.
31/03/2019 à 08:55
Le meilleur : Aquaman véritable ovni après le tohu-bohu laissé par Snyder.
Le pire : BvS car c'est bien ce film tout pourri qui a créé les désastres que sont Suicid Squad et JL.
31/03/2019 à 08:48
le meilleur : aquaman
le pire : suicide squad
Quoiqu'il en soit le DCU reste une grande entreprise malade aux intentions plus risquées que le rival Marvel : la mégalomanie de Snyder, le féminisme de Jenkins, la boulimie de Wan.. Un univers qui tâtonne et qui se cherche encore, un studio Warner qui veut garder la main tout en voulant accorder une belle place à ses réals qui cherchent à se sortir d'un genre totalement aseptisé par le monstre Disney. Le revers de la médaille : des gros loupés mais aussi des belles réussites.
30/03/2019 à 22:41
Et aucun film Kirby de prévu? OMAC, Etrigan, les Challengers de l'inconnu, the News gods?
Ah si, The Eternals mais ça semble mal parti si j'en juge des photos d'Angelina Joli (devenue tout sauf Jolie (oui, c'est facile mais j'aime ça))...
Et Lobo, personne y pense?
D'ailleurs qui a les droits de tout ça?
30/03/2019 à 19:37
" Batman v Superman : L’Aube de la justice à sa sortie paraît totalement incompréhensible, tant il met à l'amende l'intégralité du catalogue de super-héros moderne déroulé jusqu'alors "
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