Avant Captain Marvel : de Barbarella à Wonder Woman, la super-héroïne, pour le meilleur et pour le pire

La Rédaction | 8 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 8 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Retour sur les super-héroïnes qui précèdent Captain Marvel.

Elles n'ont pas attendu que Marvel Studios se décide à enfin embrayer après 20 films centrés sur des super-héros : les super-héroïnes, représentées ce mois-ci par Captain Marvel et Brie Larson, sont là depuis des décennies.

Alors que le film de Ryan Fleck et Anna Boden est célébré comme un grand pas côté MCU (aussi parce que c'est la première fois qu'une femme est à la réalisation, et à la composition de la musique, avec Pinar Toprak), quelques films ont par le passé mis au premier plan des héroïnes extraordinaires. Pas Catwoman dans Batman, le défi ou The Dark Knight Rises, ni Gamora ou Valkyrie dans le MCU, mais bien des films entièrement dédiés à elles.

Retour sur quelques uns d'entre eux. Pour le meilleur et le pire.

 

 

MARY POPPINS 

Ça parle de quoi : Rien ne va plus dans la famille Banks. La nurse vient de donner ses huit jours. Et ni M. Banks, banquier d'affaire, ni son épouse, suffragette active, ne peuvent s'occuper des enfants Jane et Michaël. Ces derniers passent alors une annonce tout à fait fantaisiste pour trouver une nouvelle nounou. C'est Mary Poppins qui répond et apparaît dès le lendemain, portée par le vent d'Est. Durant tout le film, la nanny va entraîner les enfants dans son univers merveilleux et finalement bouleverser les convictions de toute la famille.

Ça vient d'où : Après la publication en 1934 d’un roman de littérature jeunesse dont le personnage principal est une gouvernante-magicienne, l’auteure Pamela Lyndon Travers, fille d’un banquier et d’une suffragette, a donné naissance à une série de récits ayant pour héroïne le personnage de Mary Poppins.

En 1964, le roman est adapté au cinéma sous le titre Mary Poppins, un film musical américain réalisé par Robert Stevenson pour Walt Disney Pictures, avec Julie Andrews dans le rôle-titre (rôle qui lui vaudra l'Oscar de la meilleure actrice), et que Pamela Lyndon Travers n’aura de cesse de détester.

En 2018, soit 54 ans plus tard, il y aura la suite Le Retour de Mary Poppins, avec Emily Blunt.

 

photosupercalifragilisticexpialidocious

 

C'est quoi ses pouvoirs : De son sac sans fond à son parapluie volant, de son sirop - dont la couleur et le goût s'adaptent à chaque personne – à la possibilité de glisser sur la rampe d’escalier pour monter ou descendre, en passant par son claquement de doigt magique (illustré par la chanson Un morceau de sucre), Mary Poppins est capable d’effectuer une myriade de tours de passe-passe pour amuser, impressionner, émerveiller et faciliter la vie des petits comme des grands.

Mais son pouvoir le plus merveilleux reste quand même celui de pouvoir voyager vers des mondes imaginaires, en sautant à pied joint dans un dessin de rue peint à la craie sur les pavés par exemple.

 

photoUn, deux, trois...

 

Ça vaut le détour parce : S’il ne fallait retenir qu’un mot, ce serait "supercalifragilisticexpialidocious". D'une part parce qu’il a certainement à lui seul la capacité d’épuiser une bibliothèque d’adjectifs. Et de l'autre parce que grâce à lui, exit Le Retour de Mary Poppins qui fait perdre toute sa superbe au film de 1964.

En outre, Mary Poppins est d’une grande richesse d’écriture. Car s’il use de gags et de monde merveilleux pour charmer les plus petits, il réunit aussi des réflexions sur le mouvement des suffragettes dont fait partie Mme Banks et d’autres sur le milieu de la finance qui finit par ronger Mr Banks. Problématiques que Le Retour de Mary Poppins s'évertue à bafouer.

 

photoLe londres des suffragettes : Vote for Women !

 

Et si le scénario de Mary Poppins a modifié l'histoire originale en de nombreux passages, le résultat est une adaptation libre qui mêle avec brio fantaisie, sentiment et humour dans un ensemble épicé par des chansons entraînantes, des danses énergiques et des effets spéciaux à la pointe du progrès.

D'ailleurs ceux qui ont été bercés aux rythmes des chansons de Mary Poppins, comme la magnifique Les petits Oiseaux, se souviendront à coup sûr des chorégraphies qui les entourent ; La Jolie Promenade, La Danse des pingouins et autre Chem Chem Cheri qui voient Bert faire le pitre, mais aussi (et surtout) les géniales Gardez Le Rythme et Les Soeurs Suffragettes.

Et si on a surtout parlé du film initial c'est parce que le second n'est pour nous que son pâle artefact. 

 

photoMary Poppins version 2.0

  

BARBARELLA 

Ça parle de quoi : Barbarella est une poupée-aventurière de l'espace, engagée par le président de la Terre pour retrouver un scientifique disparu. Elle va aussi apprendre à faire l'amour comme au bon vieux temps, redonner ses ailes à un ange grâce au sexe, échapper à une machine de torture à base d'orgasme, mais grâce à son innocence, Barbarella triomphera des méchants. 

Ça vient d'où : Des comics de Jean-Claude Forest lancés en 1962, avec Brigitte Bardot en référence pour créer cette femme emblématique de la libération sexuelle et l'émancipation. Sans surprise, la BD fera scandale, car un chouia érotique.

 

photo, Jane FondaVery Wonder Woman

 

C'est quoi ses pouvoirs : Barbarella est libre, indépendante, n'obéit à personne d'autre qu'elle-même et ses envies. Dans les années 60, c'est un super-pouvoir.

Ça vaut le détour parce que : Barbarella relève d'une hallucination collective, née dans le nuage de vapeurs de weed et sueurs d'orgies des années 60. Jane Fonda incarne toute une époque de libération sexuelle, où le corps et la femme sont repensés dans la culture. L'héroïne ne se bat pas pour sa liberté, qu'elle doit gagner ou défendre : elle est inscrite en elle, et elle la porte dans toute la galaxie avec un naturel déconcertant.

Le film de Roger Vadim (alors mari de Jane Fonda) est un sommet de kitsch flamboyant, de science-fiction old school dont le charme reste intact des années après. C'est un festival d'outrances, dans les décors, les costumes et le jeu des acteurs, avec une légèreté irrésistible à tous les étages. Ça ressemble à un porno soft la moitié du temps, mais le ton est si enjoué, assumé et exagéré, qu'il s'en dégage une bienveillance folle. Roman Coppola rendra au film un bel hommage dans CQ.

Le fail que plusieurs producteurs et réalisateurs aient tenté de lancer un remake depuis (notamment Robert Rodriguez et Nicolas Winding Refn), et même une suite à l'époque, en dit long sur l'impact qu'a eu Barbarella en son temps, et le symbole de pop-culture qu'elle est devenue.

 

photo, Jane Fonda, Milo O'SheaMachine mémorable

 

SUPERGIRL 

Ça parle de quoi : La jeune Kara, une kryptonienne, fait une grosse connerie en perdant l’omégaèdre, ce qui menace la cité d’Argonville. Elle vient sur Terre pour la récupérer mais la sorcière Selena veut l’utiliser pour dominer le monde. Kara, sous l’identité de Linda Lee, mène l’enquête et devient Supergirl, la cousine de Superman, pour empêcher Selena d’arriver à ses fins, même si elle a déjà convoqué un démon. Elle gagne et retourne sur sa planète avec l'omégaèdre. 

Ça vient d'où : Apparue pour la première fois dans l'Action Comics #252 en mai 1959, Supergirl est la création du scénariste Otto Binder pour répondre à un besoin de DC Comics de mettre en avant des héroïnes et, plus spécifiquement, une concurrente digne de ce nom à Captain Marvel.

Depuis, elle a connu plusieurs déclinaisons et identités, apparaissant sous les noms de Kara Zor-El, Matrix (une forme de vie artificielle), Linda Danvers, Cir-El (présentée à l'origine comme la fille du futur de Superman) pour enfin redevenir Kara Zor-El en 2006, où elle se présente officiellement comme la nièce de Lana Lang, sous le nom de Linda Lang.

En 1985, elle a droit à un film rien qu'à elle, Supergirl de Jeannot Szwarc, pour profiter de la popularité des films Superman. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous. Il faudra attendre 2015 pour que la série Supergirl soit diffusée sur la chaine CW et que le personnage trouve enfin son public.

 

photo supergirlHelen Slater et le super placement de produits

 

C'est quoi ses pouvoirs : Kryptonienne, et cousine de Superman, Supergirl possède plus ou moins les mêmes aptitudes. Capacité de vol, super force, super souffle, rayons qui sortent des yeux, elle est en tout point identique à son modèle et partage avec lui la même faiblesse face à la Kryptonite. La petite différence étant que, contrairement à l'Homme d'Acier, elle modifie son apparence sans artifice extérieur puisque, lorsqu'elle revêt son identité secrète, elle change de couleur de cheveux et, dans certaines incarnations, de taille.

 

photo, Faye DunawayFaye Dunaway, dans un grand moment de cabotinage

 

Ça vaut le détour parce que le film est tout pourri et préfigure déjà le génialement nul Superman IV qui sortira un an plus tard. Les producteurs Alexander et Ilya Salkind, qui avaient produit les trois premiers films de l'Homme d'Acier, ambitionnaient déjà à l'époque de créer un univers étendu autour du personnage, et c'est donc pour cela qu'ils ont mis en branle le projet Supergirl.

Ils n'ont pas lésiné sur les moyens, dotant le film d'un budget de 35 millions de dollars et engageant des acteurs aussi prestigieux que Faye Dunaway et Peter O'Toole, et laissant le soin à la jeune Helen Slater d'incarner la super-héroïne - ce qui flinguera plus ou moins sa carrière naissante. 

Manque de bol, le produit fini est un gros nanar à la limite du déviant, doté d'une direction artistique qui pique bien les yeux, d'un scénario plus que faible et surtout d'une méchante composée par une Faye Dunaway en pleine descente d'acide qui cabotine comme rarement. Si tout le souffle mythologique de Superman est absent, le film se savoure aujourd'hui comme une petite perlouze drôle parce qu'elle se prend incroyablement au sérieux. Un échec au box-office qui tuera dans l'oeuf un Supergirl 2 pourtant déjà prévu.

 

Affiche

  

BARB WIRE 

Ça parle de quoi : Dans un futur proche, en 2017, les « Congressistes » ont pris possession des Etats-Unis, progressivement devenus une dictature militaire, tendance néo-nazie. Mais la zone de Steel Harbor demeure une des dernières enclaves libres du territoire. On y trouve le Hammerhead, bar tenu par la plantureuse Barb Wire. Et la patronne ne se contente pas de remplir des fonds de verre crasseux, puisqu’elle est aussi chasseuse de primes à ses heures, quand elle ne trafique pas pour embêter le régime en place.

Ça vient d'où : Avant de devenir un mauvais film de David Hogan en 1996, Barb Wire fut une héroïne de comics publiée chez Dark Horse, entre 1994 et 1995, sous la plume de David Arcudi.

 

photoPour l'amour du cuir 

 

C'est quoi ses pouvoirs : Elle ne possède aucun pouvoir surnaturel ou super-héroïque à proprement parler, sinon celui de ressembler fortement à Pamela Anderson, et de ne jamais attraper froid, même avec beaucoup de vent dans les voiles.

Ça vaut le détour parce que : Le film, très mal reçu lors de sa sortie (ce qui n'est pas véritablement une injustice) a gagné avec le temps une patine plutôt appréciable, quand bien même il lorgne sévèrement vers le nanar psychotronique. Pour autant, le métrage de David Hogan n'appartient pas réellement à cette catégorie, la faute à un budget trop confortable (environ 9 millions de dollars en 1996). Il est d'autant plus surprenant de le voir s'accoler à l'esthétique de certains bis italiens, territoire alors indigne pour le cinéma américain, qui n'avait pas encore été secoué par Quentin Tarantino.

 

photo Pamela Anderson en toute simplicité

 

Pourtant, avec sa Pamela Anderson au jeu grâtiné, ses tenues qui feraient honte à un mauvais soft-core du dimanche soir, la surabondance de cuir dans les costumes, Udo Kier en nazi à perruque, le décor qui n'arrive jamais à dissimuler sa nature d'entrepôt maquillé à la va-vite, tous ces ingrédients renardent le bis rital comme c'est pas permis.

Une équation bizarroïde, plutôt unique dans le cinéma mainstream américain, qui contribuent à faire de Barb Wire un sympathique navet. Enfin, la représentation de la femme et la dimension incroyablement anachronique des fantasmes machos qui s'y déploient achèvent de faire du film une étrange pièce de musée.

 

CATWOMAN 

Ça parle de quoi : Patience Phillips est une loseuse, célibataire, introvertie, et serpillère dans une grande entreprise de cosmétiques. Jusqu'au jour où Patience est tuée par ses patrons, vilains méchants dont elle a découvert les plans maléfiques - vendre des crèmes de jour diaboliques. C'est là que des chats magiques la transforment en super-héroïne super-audacieuse super-sexy super-naze. A la fin, elle se bat contre une Cruella édition L'Oréal et gagne.

Ça vient d'où : Le personnage a été créé par Bob Kane et Bill Finger en 1940, dans l'univers de Batman. C'est une ennemie de l'homme chauve-souris, voleuse hors-pair, et figure trouble et ambigüe. Elle a eu plusieurs identités (notamment Selina Kyle, la plus connue), et a eu droit dans les années 90 à sa propre série solo chez DC Comics.

Elle a été popularisée dans la série des années 60 notamment avec le visage de Julie Newmar, dans Batman, le défi de Tim Burton en 1992, et dans Batman, la série animée en parallèle. Sa dernière grande apparition remonte à 2012 dans The Dark Knight Rises, avec Anne Hathaway.

 

Photo Batman, le défiL'inoubliable et indétrônable Michelle Pfeiffer

 

C'est quoi ses pouvoirs : Cambrioleuse de haut vol, Catwoman est très habile, d'une agilité extraordinaire. Elle sait parfaitement se battre, notamment grâce à son fouet et ses griffes rétractables. Et sait se joueur de ses ennemis avec malice, notamment les hommes.

Ça vaut le détour parce que : Le film de Pitof est un sommet du nanar hollywoodien, d'une nullité telle qu'il serait presque fascinant s'il n'était pas aussi mauvais et laid - et ça empire avec les années. Catwoman est devenu un symbole en soi, de Halle Berry venue chercher son Razzie Awards avec un discours magique, aux divers participants qui ne cachent pas la honte d'avoir été de la fête.

Absolument rien ne fonctionne dans cette horreur à 100 millions : le jeu catastrophique de Halle Berry, les scènes d'action ridicules avec la caméra qui bouge dans tous les sens, les effets spéciaux immondes, l'antagoniste campy au possible, et l'intrigue entière. Le montage est imbuvable, la musique atroce, et la caractérisation de cette héroïne voulue légère, sexy, cool, est simplement désastreuse.

 

Photo Anne HathawayNettoyage Catwoman by Nolan

 

Les déclarations du scénariste John Rogers sont à ce sujet très intéressantes puisqu'au-delà de qualifier Catwoman de "film de merde", il explique qu'il a été "balancé par le studio à la fin d'un cycle stylistique et il n'avait aucune pertinence culturelle que ce soit devant ou derrière la caméra. C'est vraiment très mauvais.  (...) Pitof avait l'oeil pour l'action mais personne aux commandes ne savait quel film ils voulaient." Le monsieur sera vite viré après avoir répété que les modifications demandées par le studio rendaient le film affreux.

Pitof lui-même parlera d'une situation désagréable, ou le studio le tenait en lui disant qu'il pouvait parfaitement partir s'il n'était pas content. Et de résumer la chose : "Catwoman c'est Rosemary's Baby : j'ai donné naissance à un monstre".

 

Halle BerryLe décolleté de Catwoman

 

AEON FLUX

Ça parle de quoi : En 2011, un virus a tué 99% de la population mondiale. Quatre cent plus tard, les survivants habitent à Bregna, une ville-Etat dirigée par un groupe de scientifiques. Aeon Flux, elle, fait partie d’une organisation rebelle anarchique appelée les Monican. Elle est désignée par le chef du groupe, The Handler, pour tuer le leader du gouvernement.

Ça vient d'où : De la série animée éponyme créée par Peter Chung et Howard E. Baker en 1991. Après une première de seulement six épisodes au format très court (entre 3 min et 12 min), la série aura le droit à une deuxième saison de dix épisodes (format 20 min cette fois) diffusée sur MTV en 1995.

C'est quoi ses pouvoirs : Aeon Flux, incarnée par Charlize Theron, est une super agent-secret, experte en assassinat et dotée de grandes capacités acrobatiques. Issue d’un clonage, elle est aussi capable de communiquer par télépathie en utilisant des pilules. Elle semble aussi capable de sauter très haut et d’aller vite (mais ça c’est surtout à cause de la mauvaise gestion de l’action dans le film).

 

Photo Charlize TheronUne scène incroyable... -ment nulle

 

C’est tout naze parce que : Avec une production aussi compliquée sur laquelle on revenait en détails dans un article de la rubrique des IndéfendablesAeon Flux partait très mal. Au final, le résultat est pire que prévu : les effets spéciaux sont lamentables, l’histoire foutrement mal racontée et les scènes d’action illisibles à cause d’une mise en scène totalement ratée. C’est bien simple, rien ne va, et au fond, à l’exception du premier plan qui pourra déclencher des éclats de rire sincères devant la débilité de la scène, le film n’est même pas drôle.

Quasi deux ans après avoir reçu son Oscar de meilleur actrice pour Monster, Charlize Theron tombe bien bas. Tellement bas qu’elle s’est même blessée sur le tournage, a été hospitalisée près d’une semaine avant de récupérer pendant un mois et demi de son accident avec de la physiothérapie. Un carnage, on vous dit.

 

Photo Charlize TheronUn grand écart pour Charlize Theron entre Monster et Aeon Flux

 

ELEKTRA 

Ça parle de quoi : C'est l'histoire d'une super tueuse à gages un peu mystique, ressuscitée par un vieux grigou, afin de pouvoir remplir un nouveau contrat. Manque de pot, le contrat n'est autre que ses voisins : une petite fille trop mimi, et son papa qui humecterait jusqu'aux momies des Carpates. Du coup Elektra ne trouve pas le jus nécessaire pour les tuer, et préfère massacrer ses copains d'hier. L'honneur est sauf.

 

Photo Jennifer GarnerJennifer Garner alias Elektra

 

Ça vient d'où : Cette abomination filmique, produite par Kevin Feige alors loin de la gloire du MCU, est une transposition des aventures du personnage inventé par Frank Miller en 1981, qui connaîtra quelques runs en solo, avant de faire une première incursion risible dans Daredevil sous les traits de Jennifer Garner.

Le personnage est depuis revenu de manière plus sérieuse dans les séries Daredevil et The Defenders sur Netflix, avec Elodie Yung.

C'est quoi ses pouvoirs : Elektra est avant tout une tueuse d'exception. Et si elle possède quelques pouvoirs qui la rendent sur-humaine, ell est en premier lieu une athlète de très haut niveau. Elle a été formée aux arts martiaux du Siam, du Japon et de la Chine, dans lesquels elle affiche un niveau olympique. Histoire de parfaire tout cela, elle est capable de pratiquer les bases de la télépathie et de se déplacer à une vitesse la rendant momentanément invisible. Enfin, elle peut se fondre totalement dans les ombres pour plus de discrétion.

 

Photo Jennifer GarnerDes chorégraphies... spéciales

 

Ça vaut le détour parce que : Malgré sa laideur historique et son scénario osef, Black Panther est encore des coudées au-dessus de ce qui demeure probablement le sommet du Z super-héroïque. Même dans ses pires bouillasseries numériques, Green Lantern n'aura pas osé nous offrir quelque chose d'aussi dingo que des tatouages prenant vie et commençant à se fighter. Le film solo restera comme une folle aberration, une folie à peu près indescriptible.

 

PhotoTous les dégoûts sont dans la nature

 

Il faut dire qu'il est le fruit d'une époque encore capable de faire n'importe quoi avec les super-héros. Si Hollywood avait déjà bien compris leur potentiel financier, rares étaient les studios ou auteurs à les prendre au sérieux, tandis que personne ne s'interrogeait encore vraiment sur ce que pouvait véhiculer une héroïne féminine.

Le résultat est donc un gloubi-boulga complètement irresponsable, aux dialogues navrants, à la mise en scène indigne d'une réclame pour serviettes hygiénique (Rob Bowman est pourtant loin d'être un incapable du côté de X-Files ou Le Règne du feu), et dont le personnage principal, une femme surpuissante, ne peut jamais être envisagée indépendamment d'un personnage masculin. Navrant, mais régulièrement hilarant.

Pour plus de détails sur cette fête du bon goût, ne manquez pas notre dossier spécial par ICI !

 

Photo Jennifer GarnerSuper-arc pour super-héroïne

 

BOULEVARD DE LA MORT 

Ça parle de quoi : Stuntman Mike (Kurt Russell) est un tueur de femmes, qui assassine celles qui ont le malheur de représenter à ses yeux une menace existentielle. Mais si le meurtrier se vit comme le survivant d'une époque de virilité bénie, il est sur le point de découvrir que toutes les femmes ne sont pas des victimes, et que d'emblème, il est peut-être bien devenu vestige moribond.

Ça vient d'où Boulevard de la mort est un précipité solide des thèmes et obsessions de son auteur (Quentin Tarantino), conjugués avec quantité de motifs issus du cinéma d'exploitation, que le metteur en scène interroge et redéploie. En se penchant sur le cinéma Grindhouse, le cinéaste s'évertue à en souligner les folies et les réussites, mais aussi à questionner leurs images les plus problématiques.

C'est quoi ses pouvoirs : Les Girls de Boulevard de la mort accomplissent totalement ce qui était la mission de la walkyrie Kido dans Kill Bill : s'imposer comme des super-femmes, capables de synthétiser les clichés, de dépasser les stéréotypes en les embrassant, sans oublier de s'imposer comme des purs personnages de pulps, aux personnalités trempées dans l'acier en fusion.

 

Photo Kurt Russell, Rose McGowan Rose McGowan et Kurt Russell

 

Ça vaut le détour parce que s'il a une triste réputation au sein de la filmographie de Quentin Tarantino (avec un succès très modeste en salles), il mérite largement d'être réhabilité. Le cinéaste y pousse tous les potards au maximum et offre le concentré ultime de ce qui compose son style.

Aussi fétichiste que psychologue, il offre une galerie de personnages féminins instantanément iconiques, ambivalents, complexes. Follement humaines et pourtant surpuissantes, elles déclinent quelques unes des meilleures répliques jamais écrites par Tarantino, survivent à une des cascades les plus spectaculaires jamais filmées, et composent l'anatomie d'une oeuvre totalement inclassable.

 

photo, Rosario Dawson, Mary Elizabeth Winstead, Zoe Bell, Tracie Thoms4 jeunes filles pleines d'avenir

 

Séparée en deux groupes (l'un sacrifié par Stuntman Mike, l'autre porteur d'une vengeance symbolique transcendant tout ce qui a précédé dans le film), les femmes impressionnent la pellicule et annoncent une ère nouvelle. Peut-être l'une des propositions les plus introspectives de Tarantino, où Rosario Dawson règne en arbitre des élégances et impératrice du low kick létal.

 

photoCascades inoubliables

 

SUCKER PUNCH

Ça parle de quoi : Après avoir tué par accident sa petite sœur, la jeune adolescente Babydoll est envoyée en hôpital psychiatrique. Son beau-père voulant récupérer l’héritage de la mère de Babydoll, il s’arrange avec un des infirmiers pour qu’elle soit lobotomisée au plus vite. Babydoll ayant entendu la conversation, elle se fixe pour objectif de s’échapper et se projette dans un monde imaginaire pour réussir son évasion.

Ça vient d'où : De l’imagination de Zack Snyder lui-même. Le cinéaste a eu cette idée quelques années auparavant, en écrivant une nouvelle avec Babydoll en personnage principal. Après l’avoir largement remaniée, il en parle à son ami Steve Shibuya, et ils co-écrivent un scénario ensemble pour en faire un long-métrage.

C'est quoi ses pouvoirs : Babydoll n’a pas vraiment de pouvoirs si ce n’est un talent certain pour la danse qui lui permet de, plus ou moins, hypnotiser les hommes qui la regardent. Un moyen parfait pour faire diversion et laisser le champ libre aux autres filles du groupe.

 

photo, Zack SnyderZack Snyder et son casting sur le tournage

 

Ça vaut le détour parce que : A cause de de coupes au montage (notre mal-aimé revient amplement sur tout ça), le scénario a quelques incohérences et, à côté de cela, l’idée même de monde fantasmé ne fonctionne pas vraiment. Elle ressemble plus à un gadget pas vraiment maitrisé qu'à autre chose.

De plus, malgré des scènes supprimées, Sucker Punch manque considérablement de rythme à cause de dialogues peu inspirés et surtout une structure narrative trop répétitive. Enfin, les effets spéciaux loin d’être optimaux et la mise en scène tape à l’œil, peuvent agacer rapidement.

 

photoUn jeu vidéo ? Non non, Sucker Punch !

 

Heureusement, Zack Snyder apporte tant d’amour à ses personnages, donne tant d’importance à leur évolution et à leur parcours initiatique, et se révèle si généreux lors des scènes d’action, que son film a un vrai charme. Le film jouit d’un casting féminin resplendissant avec Emily Browning, Abbie CornishJena Malone ou Carla Gugino (en arrière-plan), et de seconds rôles masculins biens choisis avec Oscar Isaac (déjà parfait), Jon Hamm et l’excellent Scott Glenn.

Un partage des rôles qui permet justement au long-métrage d’appuyer le propos qu’il veut développer sur l’émancipation des femmes. Au-delà du blockbuster geek onirique et fantasy vendu par le film, il y a un vrai pamphlet féministe, sur la liberté, sur le pouvoir… en sous-texte. C’est parfois maladroit mais l’intention de Snyder est bel et bien là, donne largement matière à réfléchir, et encore davantage à l’ère de MeToo.

 

photo, Emily Browning, Abbie Cornish, Jamie Chung, Jena Malone, Vanessa HudgensUne belle équipe de warrior

 

WONDER WOMAN 

Ça parle de quoi : Avant d'être Wonder Woman, elle s'appelait Diana, princesse des Amazones, entraînée pour être une guerrière impossible à vaincre. Élevée sur une île isolée et paradisiaque, sa vie bascule le jour où Steve Trevor, un pilote de l’armée américaine, s’écrase sur son île. Autorisée à quitter Themyscira, Diana l'accompagne combattre et à toutes les guerres. À la fin, Steve Trevor se sacrifie pour que Wonder Woman puisse vaincre Arès. Mais elle ne pourra pas échapper à Justice League en revanche.

 

photoDiana avant Wonder Woman...

 

Ça vient d'où : Créée par William Moulton Marston, Wonder Woman, ou Diana Prince, apparaît pour la première fois dans All-Star Comics #8 en décembre 1941. Et son personnage (comme tout personnage de comics) n'a cessé d'être écrit et réécrit depuis. Ainsi en 2016, le scénariste Greg Rucka annonce publiquement la bisexualité du personnage, une évidence selon lui si l'on regarde la manière dont a été élevée Diana.

En dehors des comics, elle a été très largement démocratisée par la série Wonder Woman avec Lynda Carter, diffusée aux États-Unis de 1975 à 1979. Suite à cette série, l'héroïne a surtout été visible à l'écran dans des séries animées. Avec un projet de reboot TV devenu tristement culte.

Dès le départ, Wonder Woman avait une dimension féministe forte. Première super-héroïne apparue dans l'univers DC, elle est libre, courageuse et tout aussi capable de lutter contre ses ennemis qu'un Superman. 

 

Photo Wonder Woman... et Lynda Carter avant Gal Gadot 

 

C'est quoi ses pouvoirs : Hormis sa force, sa vitesse et sa longévité surnaturelle, Wonder Woman est d’une grande sagesse. Elle possède aussi le lasso de Hestia, un fouet magique incassable qui a le don de faire dire la vérité aux personnes qu'il enserre. Diana porte à ses poignets des bracelets de soumission construits à partir du bouclier légendaire de Zeus qui lui permettent de dévier les balles et autres dangers, et une épée magique forgée par les Dieux.

 

gal gadot trailer 2Sympa la petite redirection des éclairs

 

Ça vaut le détour parce que : Super-héroïne plus que célèbre, Wonder Woman est un personnage fort de l’univers DC. En comics, en série ou bien en film, la princesse amazone a toujours une image de femme indépendante et déterminée.

Dès le départ conçue pour être un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l'idée que les femmes sont inférieures aux hommes et pour leur inspirer une confiance en elles assez grande pour investir des activités essentiellement masculines, Wonder Woman est par-dessus tout un film symbolique pour l'univers des blockbusters.

 

Photo Gal Gadot, Chris Pine, Saig TaghmaouiWonder Woman, Steve Trevor et leurs équipiers

 

En effet, c’est le premier blockbuster de cette ampleur à mettre une femme en avant dans l'ère moderne des super-héros. Et en plus, le film en lui-même est réalisé une femme, Patty Jenkins. Une donnée qui impacte forcément le résultat final, notamment dans son propos.

Ainsi, le film distille sa dimension féministe avec assez de naturel et réussit même à faire passer le message auprès de ceux qui se plaisent à éructer des « féminazi », dès qu’une femme ose faire valoir ses droits les plus élémentaires. Le succès énorme du film (supérieur à celui de Batman v Superman : L’Aube de la justice au box-office américain) en est la preuve.

Hormis cette dimension hyper importante pour l'avenir, dans son déroulement, Wonder Woman reprend les formules qui ont déjà fonctionné (coucou Marvel). Le film raconte une histoire à mi-chemin entre celle de Thor et de Captain America : The First Avenger, soit celle d'une déesse qui quitte son confort pour se plonger dans la guerre moderne. En cela, le film de Patty Jenkins réutilise tous les poncifs du genre, et ne surprend jamais vraiment.

 

photoUn film canonique en pleine Première Guerre mondiale

 

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
08/03/2019 à 15:45

@M1pats

Toujours ce petit souci avec la diversité des opinions ?

On dirait qu'en fait, vous n'êtes pas d'accord avec nous. Ça arrive, c'est aussi simple que sain.

Votre "purge immonde" est le coup de coeur du voisin, et vice-versa. Oui, on trouve que Black Panther est médiocre, et une partie de la rédaction aime Batman v Superman. Peu importe l'avis sur ces films, il y aura toujours quelqu'un pour s'en agacer. C'est la vie, et de notre côté, aucun problème si vous détestez BvS et aimez Black Panther.

Pour info, ce "tacle", on l'explique dans la critique, en lien orange.

Simon Riaux
08/03/2019 à 15:42

@M1pats

Et 'oubliez pas votre tisane.

M1pats
08/03/2019 à 15:41

Toujours un petit tackle envers black panther au passage, on dirait que vous parlez d un film raté de A a Z

Venant d un site qui a donné 3 étoiles et demi a cette purge immonde qui est batman v superman et qui donne 4 étoiles aux films pornos de Gaspar Noe cela ne m étonne pas

Geoffrey Crété - Rédaction
08/03/2019 à 12:57

@Hatori Hanzo

On ne parle juste héroïne d'action, comme dit plus bas, mais héroïne avec une portée fantastique et fantaisiste, une aura spéciale, dans le cadre d'un blockbuster hollywoodien qui est en partie construit sur cet angle culturel.

Et si vous nous lisez, vous savez très bien qu'on aime le cinéma asiatique et qu'on en parle souvent. Cette semaine avec Les Etendues imaginaire par ex.

bob57
08/03/2019 à 12:50

Oui oui je comprends, c'est pas une critique négative ;)

Hatori Hanzo
08/03/2019 à 12:49

Le cinéma asiatique et Russ Meyer ça existe pas chez écran large ?
Si il y a bien un cinéma qui a pas attendu les navet occidentaux pour proposer des héroines qui foutent la raclée aux mecs depuis longtemps, c'est là qu'il faut aller chercher. Faster pussycat, Phoenix the ninja, Azumi, Princess blade, chocolate ou The Villainess pour du plus récent, etc. etc.

Geoffrey Crété - Rédaction
08/03/2019 à 12:35

@Dredd

Ce ne sont pas des "oublis" : c'est une petite sélection, pas une liste exhaustive :)
D'autant qu'on ne voulait pas faire juste de l'héroïne d'action basique (comme Salt) mais explorer des personnages plus fantaisistes, fantastiques et marqueurs d'une époque.

@bob57

Oui, on aurait pu, mais il a fallu faire une sélection :)

Dredd
08/03/2019 à 12:07

Kill Bill, les Resident Evil de Jovovich, Kalidor, salt , Lara Croft etc. Vous en avez oublié beaucoup.

bob57
08/03/2019 à 11:31

Super dossier :)

Vous auriez pu rajouter Milla jovovich, puisqu'il y a Aeon Flux. Je suis pas un fan de ses films, mais on peut pas nier qu'elle incarne la femme forte badass par excellence. Bon, pas de superpouvoir peut être mais je vois que vous vous êtes permis quelques entorses donc pourquoi pas la rajouter ;).