Hérédité : on a testé la claque horrifique de 2018 en Blu-ray

Simon Riaux | 31 octobre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 31 octobre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Premier long-métrage d’Ari Aster, Hérédité a suscité la curiosité dès son premier trailer, cinégénique et anxiogène, avant de se muer avec son succès international, d’une ampleur inédite pour la firme indépendante A24, en un petit phénomène horrifique, qui n’a pas fini de chambouler les amateurs d’horreur radicale. Et justement, voici que débarque son édition vidéo.

 

photo

 

FAMILY VALUES

Le revisionnage joue grandement en faveur d’Hérédité. Dès sa découverte, le métrage nous avait impressionnés par sa richesse formelle, la rigueur extrême de son découpage et sa capacité à générer un vertige horrifique persistant. Mais, et de nombreux commentateurs l’avaient relevé, la relative longueur de ce récit d’auto-destruction familiale pouvait rebuter le spectateur, plus coutumier de bandes horrifiques menées tambour battant sur 90 minutes, au rythme de jumpscares incessants.

La redécouverte d’Hérédité permet d’apprécier la construction globale de cette chapelle cauchemardesque, proche de la perfection. Jamais Ari Aster ne répète ou bégaie son propos, construisant l’ensemble à la manière d’une spirale. Tout ici se fait piège, chausse-trape, jusqu’à ce que le spectateur réalise que chaque scène a pour but de refermer une issue, d’évacuer un espoir, de barricader une porte de sortie.

 

photo, Alex WolffUne fin d'adolescence... mouvementée

 

Avec ses faux airs de drame familial, Ari Aster dévoile une radioscopie glaçante, puis franchement cruelle, des relations parents-enfants, dressant un portrait terrible d’un clan qui fait de ses femmes les servantes, consentantes mais broyées, de mâles inconsistants et délétères malgré eux. Mais il n’en reste pas là et Hérédité va bien plus loin qu’une charge brutale contre la famille nucléaire.

Car le cinéaste attend patiemment que son spectateur en vienne à croire qu’il assiste à un drame psychologique, intense mais finalement balisé, de ces films de genre qui abordent la peur avec une caméra timorée, en se pinçant le nez, pour mieux basculer dans une horreur totale. Revoir ce dernier tiers, où la folie et l’ultra-violence cohabitent avec des visions proprement infernales, une représentation démoniaque de démence païenne, permet de réaliser combien Hérédité rejoint instantanément les grands classiques du genre : L'ExorcisteNe vous retournez pas et La Maison du diable.

  

photoUne jeune comédienne et un claquement de langue que vous n'oublierez pas

 

NOW YOU SEE ME

Visuellement, cette édition vidéo est un régal. En Blu-ray (format sur lequel a été réalisé ce test), l’image est d’une netteté à tomber, le piqué rend toujours justice aux compositions du chef op Pawel Pogorzelski et les noirs sont d’une profondeur idéale pour abriter les horreurs qu’y invitera votre inconscient.

Du côté des bonus, à l’heure où les supports physiques, dont les ventes dégringolent, sont soumis à des pressions financières de plus en plus intenables, on se réjouit grandement de bénéficier de véritables matériaux pour prolonger l’expérience du film lui-même.

C’est tout d’abord un intéressant making-of qui se propose à nos yeux chamarrés. Long d’une vingtaine de minutes, il permet de découvrir les influences directement revendiquées par Ari Aster et surtout son équipe artistique. Puis des décors aux maquillages prosthétiques, il nous est véritablement donné l’opportunité de découvrir comment est né l’univers du métrage.

 

photoJoies de la prothèse

 

Détail qui n’en est pas un, on trouve aussi une galerie de photos du tournage dont plusieurs ont le bon goût d’être aussi belles qu’inédites, donnant sincèrement le sentiment d’avoir été capturées sur le vif. Voilà qui ravira les collectionneurs et fans hardcore.

Élément de plus en plus rare, cette édition contient 17 minutes de scènes coupées. Si toutes paraissent avoir été retirées intelligemment, tant elles auraient alourdi une œuvre déjà chargée, elles permettent d’apprécier la finesse du procédé d’écriture, les relations entre les personnages et une nouvelle fois, le talent ébouriffant d’Ari Aster.

Cette édition Metropolitan est donc indispensable pour les amateurs d’horreur, auxquels on conseille de jeter un coup d’œil à la liste de nos copains de Cinetrafic, consacrée aux meilleurs films de genre de 2018. Et puis lisez donc celle consacrée aux meilleurs films de 2018. Ça vous fera les pieds.

Hérédité est disponible en Blu-ray et DVD depuis le 15 octobre.

 

Affiche française

Tout savoir sur Hérédité

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Dexter
21/11/2018 à 13:48

J'avoue que j'attendais beaucoup de ce film vu les éloges , et donc comme souvent très déçu.

Un scénario plutôt classique avec un twist final à la limite du ridicule , un casting mitigé et une mise en scène efficace mais pas ébouriffante.

Un film très moyen.

pepe
04/11/2018 à 14:12

Une petite perle horrifique ce film dont la dernière partie m'a bien marqué.