Pentagon Papers : Spielberg, Tom Hanks et Meryl Streep défendent le film lors d'une passionnante conférence de presse

Simon Riaux | 24 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 24 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le samedi 13 janvier 2018, Steven Spielberg, Meryl Streep et Tom Hanks étaient à Paris pour présenter le film Pentagon Papers, attendu sur nos écrans le 24 janvier de la même année.

Il est des activités humaines invariablement stériles, parmi lesquelles les compétitions de finger skate, les retranscriptions de air guitar en audiodescription et les conférences de presse données dans le cadre de la promotion de longs-métrages. Sauf que quand c’est Steven Spielberg et ses comédiens qui s’y collent, l’exercice prend une autre dimension.

Ordinairement consacré à de longues litanies promotionnelles, l’exercice fut l’occasion pour le metteur en scène comme ses acteurs de revenir à la fois sur la fabrication de Pentagon Papers, de ses influences et sur la philosophie présidant à sa conception.

 

Affiche

Pentagon Papers

 

« Le style du film s’est imposé à moi très rapidement. J’ai travaillé main dans la main avec le deuxième scénariste du film Josh Singer, qui  a écrit 27 versions du script, il me semble. Après que j’ai lu la version initiale, qui était déjà excellente, on a commencé à laisser infuser dans le récit l’idée, à coups de petits ajouts et transformations, de parfois moins d’une page, que nous racontions l’histoire du point de vue d’une rédaction. Donner au spectateur le sentiment d’assister à la création d’un article au sein d’une rédaction, c’est le principe qui a impulsé le style de l’ensemble. »

De son côté Tom Hanks est revenu sur son personnage de directeur de rédaction, vieux routard du journalisme, malicieux et roué, secoué par une profonde remise en question déontologique.

 

Photo Tom Hanks

Ben Bradley (Tom Hanks)

 

« Ben Bradley avait ce dicton.

La vérité c’est la vérité, si vous la connaissez, vous devez l’écrire, un fait est un fait, vous devez l’imprimer. Sinon, pourquoi écrire un journal ? Pourquoi vendre un quotidien ? Pourquoi faire ce job ?

C’est fort, il y a une évidence qui vient de là. J’ai retrouvé ça dans la manière d’appréhender mon travail de tous les jours. J’ai travaillé 5 fois avec Steven Spielberg, et son mantra m’a permis de m’élever : Sors, trouve tout ce que tu peux sur ce type, et lorsque tu reviendras pour le tournage, montre-moi ce que t'as dégoté. C’est une approche que j’ai eu la chance d’apprécier plusieurs fois. »

En plein débat sur la place de la femme au sein de la société, quelques mois après le scandale Weinstein, la question du féminisme à l’écran, à fortiori dans Pentagon Papers, apparaît logiquement fondamentale. Mais quand on demande à Steven Spielberg s’il s’agit de son premier film féministe, il fait une petite mise au point, ferme  comme il faut.

 

Photo Steven Spielberg

Streep, Spielberg et Hanks

 

« Non, mon premier film féministe était La Couleur Pourpre. C’est le premier film dans lequel j’ai parlé de féministe. Et j’en ai parlé en connaissance de cause. J’ai été élevé par une mère très forte, j’ai été élevé dans un monde féminin, j’ai trois sœurs plus jeunes, pas de frère, toutes les personnes qui ont dirigé mes entreprises étaient des femmes, tous les départements et filiales d’Amblin sont en ce moment dirigés par des femmes. C’est le monde dans lequel j’aime évoluer. Je suppose que cela fait de moi le réalisateur tout désigné pour mettre en scène Pentagon Papers. »

Problématique à laquelle fut sensible Meryl Streep, notamment via l’écriture du scénario, et ses interactions entre les personnages.

« Une des parties les plus intéressantes du scénario, c’est qu’il ne s’agit pas uniquement de l’histoire de Kay Graham s’accomplissant. C’est une histoire de partenariat. Le travail commun d’un homme et d’une femme, qui grâce à elle, va bouleverser l’histoire. Dans les premières scènes du film, on ne sait pas vraiment qu’il n’est pas son patron. Parce qu’il agit comme s’il était son patron, et dans une certaine mesure, elle a le sentiment de devoir le traiter avec déférence. »

 

Photo Meryl Streep

Kay Graham (Meryl Streep)

 

Enfin, on aura bien sûr abordé la mise en scène du métrage, notamment sa gestion du montage, via des scènes de dialogue téléphonique assez impressionnantes de maîtrise et de dynamisme.

« J’adore l’idée que la scène la plus palpitante que j’ai connue sur un plateau ait été une conversation où j’étais hors-champ sous une tente à côté du plateau, entendant Meryl Streep prendre une décision qui transforme tout le film. »

Mais ce n’est pas peut-être pas tant les interprètes que les influences assumées par Steven Spielberg, qui permettent à Pentagon Papers de proposer une telle intensité.

« Les discussions téléphoniques au cinéma sont ennuyeuses. LE film qui ne les rendait pas ennuyeuses, où les coups de fils étaient palpitants, était Le Crime était presque Parfait d’Alfred Hitchcock. »

Pentagon Papers sera sur les écrans dès le 24 janvier 2018, et sa CRITIQUE est par ici.

 

Photo Tom HanksTom Hanks

 

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commentaires
Eddie Felson
25/01/2018 à 11:27

Pourquoi, Dirty, poser la question de l’intégrité journalistique de la rédaction d’EL relative à l’accueil de Pentagon Papers quand bien même celui-ci traite de leur métier sous un angle flatteur?
Confiance, j’ai... peut-être trop, je ne sais ?
Début de réponse après avoir vu le film next week!

Simon Riaux
24/01/2018 à 14:17

Bah oui Dirty, tous les matins, quand on va en projo de presse, on se dit qu'on est un peu des warriors de l'info, comme le Washington Post...

Dirty Harry
24/01/2018 à 13:41

‪Spielberg chante dans Pentagon Papers le courage de la presse, laquelle chante en retour la qualité de son film. "L'encenseur" n'est jamais en panne en ce moment...