Logan Lucky : critique au diesel

Alexis Vielle | 27 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexis Vielle | 27 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Fidèle à lui-même, Soderbergh continue de nous peindre une Amérique loin de l'American Dream. Le cinéaste pose cette fois sa caméra dans la campagne profonde de l’Oncle Sam pour un grand huit cinématographique, prouvant une nouvelle fois que le réalisateur des cultes Traffic ou Erin Brokovich pèse toujours dans le game. 

UNE AMÉRIQUE OUBLIÉE

Le retour du prodige. Dix ans après son efficace Ocean's Thirteen, le surdoué du 7e art est de retour dans un nouveau feel-good movie qui sent bon l’Amérique white trash. L’Amérique des abandonnés, de ceux qui ne comptent pas mais dont les récentes élections outre-Atlantique nous ont rappelés ô combien ils sont d’une force redoutable. Logan Lucky ou la vengeance des oubliés de la vie.

C’est dans la campagne à l'est de la Viriginie que le récit commence. Jimmy (Channing Tatum) et Clyde Logan (Adam Driver) sont deux frangins gangrénés par une guigne qui ne leur laisse aucun répit. Le premier a perdu une partie de l’usage de sa jambe ainsi que la garde de sa fille tandis que le deuxième s’est vu privé de son bras droit à la guerre. Histoire de mettre un terme à la médiocrité de leur existence, ils se décident à commettre un braquage lors de la grande messe annuelle qu’est la légendaire course de NASCAR en Caroline du Nord.

 

Photo Riley Keough

 

Loin d’être uniquement  un brulot sur l’Amérique Trumpienne profonde, Steven Soderbergh choisit le prisme de la comédie à suspense pour nous livrer une galerie de personnages allumés du ciboulot. Illustré par de réels passages burlesques, teintés de Buster Keaton, des losers patentés vont se retrouver en proie à des situations kafkaïennes hautement ridicules. Entre absurde et réalisme, le cinéaste allie précision et justesse dans sa mise en scène avec une insolence tutoyant le génie. Loin des dimensions dramatiques ou polémiste de The Informant !, The Good German ou Erin Brockovich le ton du film insufflé par Soderbergh s'avère plus léger que ses précédentes réalisations.

Pour autant, s'il nous offre une énième œuvre de divertissement, aussi jouissive soit-elle, Soderbergh livre également une peinture politique où les oubliés de cette Amérique trop longtemps méprisée prennent une revanche flamboyante. Chacun adoptera la vision qu’il souhaite mais le fait est que le film a on ne peut plus de poids depuis la crise sociale qui secoue la toute-dominante nation.

 

Photo Adam Driver, Channing TatumAdam Driver et Channing Tatum en personnages sanguins très loin d'êtres si con 

 

TATUM POUR M'PLAIRE 

Intrinsèquement lié à ce qui fait son génie, Soderbergh n’en oublie pas sa légendaire direction d’acteurs qui avait notamment value l’Oscar à Julia Roberts pour Erin Brokovich, celui du meilleur second rôle pour Benicio Del Toro avec Traffic ainsi que le prix d’interprétation à Cannes pour Che. En plus d’offrir des rôles mythiques à des acteurs reconnus, il est aussi celui qui a contribué à l’éclosion de Channing Tatum en le faisant tourner dans le sous-estimé Magic Mike, Piégée et Effets Secondaires. Ce dernier est tranquillement en train de nous retracer une carrière à la Matthew McConaughey tant l’américain confirme film après film qu’il est plus qu’un énième éphèbe benêt. Jonglant entre moments de la vie universels, donc éminemment personnels, et courses haletantes, les acteurs du film sont chacun des petits bijoux de crétinerie corrosive : Tatum en faux idiot victime de ses origines, Adam Driver en géant taiseux sur le point d'mploser et surtout un Daniel Craig incroyable. Brisant son image de belle gueule héroïque, l’anglais impressionne de charisme en incarnant une forte-tête animale et dangereuse. 

 

Photo Daniel CraigDaniel Craig 

 

Là où logiquement on flaire le coup de pinceau des Coen. En nous contant l’histoire de pantins s’improvisant marionnettistes à s’en emmêler les ficelles, le réflexe comédie noire des frangins se fait automatiquement ressentir. On pourrait se laisser tenter de résumer Logan Lucky par du Ocean's Eleven saupoudré de Burn After Reading, la double lecture est toujours nécessaire pour le style Soderbergh. On sait pour autant que le script du film est signé d’un pseudonyme ce qui laisse planer le mystère quant à l'identité du scénariste… Une énigme dont on soupçonne le monstre à deux têtes de No Country For Old Men d'être responsable de ce joyau sur pellicule. 

 

Affiche

 

Résumé

Coloré, rythmé, faisant la part belle à des acteurs au top de leur forme, Steven Soderbergh accouche d'une œuvre à l'efficacité redoutable.

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Lecteurs

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commentaires
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25/10/2017 à 20:10

Gregdevil666 c'est bien vrai !
Par contre "envi" et "c'est peut nul", ça la fout mal quand on veut donner des leçons d'orthographe :)

Fantofesse
25/10/2017 à 15:25

@gregdeville666

Ton commentaire sur le club des correcteurs d'orthographe m'a tué!! C'est tellement vrai !

max
27/09/2017 à 23:11

Pas un mot sur Katie Holmes dans l'article.

miaoumiaou
27/09/2017 à 21:36

Pour l'avoir vu en AVP, c'est un mélange d'ocean eleven et de snatch chez les bouseux, les oubliés des USA qu'on ne montre presque jamais à la TV.
Tatum est vraiment un acteur caméleon comme Tom Hardy, ils sont surprenant car ils peuvent tout faire comme rôle et ça fait du bien par rapport à Cruise ou d'autres.....
Film génial, déjanté, revoir enfin Katie Holmes au cinéma fait du bien aux yeux...lol. Tous les acteurs jouent bien. J'ai été agréablement surpris par ce film.

Gregdevil666
27/09/2017 à 19:54

Merci, ça m'a donné envi, j'irais le voir. Si mon ciné le passe...

Et remercions le club des correcteurs d’orthographe, de conjugaison, de coquille, de syntaxe et amis du Bescherelle pour nous apporter leurs science et nous éclairer sur les erreurs monumentale et inadmissible que EL peut écrire. OUF !

Sinon oui, Ocean's 13 c'est peut nul...

sylvinception
27/09/2017 à 14:39

"une Amérique loin du American Dream"
une Amérique loin DE l'American Dream, de rien...

"pèse toujours dans le game"... Yo brother, en français c'est possible ??

"après son efficace Ocean's Thirteen"... No comment.

sylvinception
27/09/2017 à 14:34

"son efficace Ocean's Thirteen"
??????????

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