Kill Switch : Critique très Half-Life

Geoffrey Crété | 8 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 8 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Un homme émerge dans une cité semi-futuriste dominée par une tour gigantesque, menacée par une mystérieuse source d'énergie, où il est poursuivi par une milice et des appareils volants, avec une mise en scène type FPS. Kill Switch, premier film inédit dans nos salles de Tim Smit porté par Dan Stevens (Legion), avec aussi la James Bond girl Bérénice Marlohe, est destiné aux amateurs de jeu vidéo, et plus particulièrement aux fans de Half-Life, la série culte de Valve. Du moins, en théorie.

FULL-LIFE

La ville grise discrètement futuriste, la milice sans visage et omnisciente, les patrouilles volantes, la résistance, la tour inaccessible et sa source d'énergie, la vue FPS : si Kill Switch ressemble à une adaptation officieuse du jeu vidéo culte Half-Life, ce n'est pas un hasard. C'est le premier film du Hollandais Tim Smit, remarqué en 2009 sur YouTube avec le court-métrage What's in the Box ?, lui aussi très inspiré par les aventures de Gordon Freeman (l'utilisation de sons de Half-Life 2 a aidé).

Petit génie des effets spéciaux, il a suivi le chemin des Neill Blomkamp et David F. Sandberg (Annabelle : La Création du MalDans le noir) : repéré par Hollywood et embarqué dans son premier long-métrage pour le grand saut rêvé. Et alors que J.J. Abrams développe depuis quelques années des adaptations de Portal et Half-Life, c'est lui qui s'amuse avec un modeste film de science-fiction dans la lignée des œuvres cultes du studio Valve Corporation, avec l'histoire d'un homme qui tente de stopper une apocalypse urbaine.

 

 

THE BOX

Tout commence avec une tour sombre malgré elle : censée puiser dans une dimension paralèlle une énergie colossale, elle provoque sans surprise le chaos. Will Porter, incarné par Dan Stevens le héros de l'excellente série Legion, est envoyé dans cet ailleurs avec une mystérieuse boîte, censée rééquilibrer les deux univers pour éviter une catastrophe. Il débarque ainsi dans l'Echo, un miroir de son monde avec la même tour, les mêmes personnes, le même chaos. Il pense qu'apporter la boîte à la tour sera une mission simple, mais il est vite pourchassé et se retrouve au milieu d'une guerre civile, au milieu de laquelle il découvrira son véritable rôle.

 

Photo Dan Stevens

 

Aller d'un point A à un point B après avoir été posé sans aucune raison valable loin de son objectif, récupérer au fur et à mesure des éléments pour comprendre sa mission, devenir simple spectateur lors de flashback explicatifs/cinématiques, survivre à une suite d'attaques et poursuites : Kill Switch emprunte sans vergogne le vocabulaire du jeu vidéo avec une honnêteté, voire une naïveté, amusante. 

Il faudra donc écouter des dialogues basiques, subir l'interprétation grossière de Bérénice Marlohe, observer des ennemis manquer inlassablement leurs tirs et voir le héros échapper miraculeusement à une foule de péripéties. Kill Switch ne s'intéresse pas aux détails : il vise les effets, les dimensions épiques, le décalage des univers. Pénétrer dans cet univers procure donc un petit plaisir instantané.

 

Photo Bérénice Marlohe

 

SOFT WILL

Dans une scène, le héros prend un pied de biche et l'observe quelques instants. Il hésite à l'utiliser, de la même manière que le réalisateur a dû s'interroger sur les ressemblances frappantes entre son film et Half-Life. Le spectateur, lui, se questionnera sur la valeur de la chose, sympathique mais finalement anecdotique.

Car Kill Switch n'impressionne réellement ni dans l'action, ni dans la mise en scène, ni dans les idées. Celui qui recherche de l'action folle et inventive restera de marbre face à quelques fusillades et courses-poursuites, celui qui aime la science-fiction sera au mieux amusé par ce monde écho, et celui qui attend une intrigue digne de ce nom devrait rire face aux scènes de dialogues poussives.

 

Photo

 

La mise en scène FPS a beau rappeler Hardcore Henry sur le principe, Kill Switch est aux antipodes. Hormis l'affichage d'un HUD qui indique l'état de santé du personnage et quelques effets captivants, comme les explosions bizarroïdes au ralenti, le film devrait même décevoir l'amateur de jeu vidéo venu chercher un spectacle dans la lignée d'un FPS. Pas de quête perpétuelle de l'adrénaline, de troisième degré explosif, de violence cartoonesque : Tim Smit a l'ambition claire d'emballer une aventure de science-fiction sobre, dramatique, sans effusion de sang ou de dérapages dingo. La dramatugie est très classique mais par petites touches (le choix d'une motivation familiale plutôt qu'amoureuse), elle se révèle efficace et prenante. Et Dan Stevens, malgré une présence réduite à l'écran, apporte suffisamment d'humanité pour consolider l'histoire et corriger quelques gros défauts d'écriture.

Que reste t-il au final ? La naissance d'un cinéaste qui intrigue. Entre un District 9 poussé sur le devant de la scène et soutenu par Peter Jackson, et un Primer de Shane Carruth qui a brillé par sa radicalité froide et impolie, Kill Switch se place comme un de ces premiers films fascinants, imparfait mais habité par un talent évident (Tim Smit a créé une grande partie des effets spéciaux), qui devrait sans mal se déployer par la suite à une échelle plus adaptée. Sous ses airs de court-métrage étiré et malgré ses limites évidentes, le film demeure donc un petit objet fort amusant et attachant.

 

Affiche

 

Résumé

Kill Switch est un premier film plein d'ambitions, d'envies, de rêves et de problèmes. Loin d'être à la hauteur de ses ambitions excitantes, il témoigne néanmoins d'un talent en plein éclosion, et offre quelques images saisissantes. Tim Smit : un nom à suivre, donc.

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Lecteurs

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commentaires
Thierry
10/09/2017 à 13:32

La bande annonce promet beaucoup.
Existe en blu-ray.... :))

Natla
10/09/2017 à 10:14

@Trashyboy

Song to Song de Malick ? Elle a un rôle conséquent

Trashyboy
10/09/2017 à 08:59

Et donc, Bérénice Marlohe, son jeu est vraiment mauvais?
Au final elle a fait quoi de bon depuis Skyfall? (et ne me dites pas Twin peaks, son rôle dans la série m'a insupporté)

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