Rodin - Cannes 2017 : critique à l'aise glaise

Simon Riaux | 25 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 25 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Cela faisait bien longtemps que Jacques Doillon n'avait plus arpenté les marches du Festival de Cannes. Accompagné de son Rodin, il retrouve le plus grand Festival de cinéma au monde, la compétition officielle et son monde impitoyable.

LA MAIN A LA PATE

D'années en années, le Lindon Movie prend son essor, le comédien français se muant progressivement en un véritable effet spécial, un gage d'exigence. Cette proposition inhérente à la réception du film joue néanmoins contre lui. Il ne fait aucun doute que le comédien s'est donné corps et âmes à son rôle, que sa préparation et son investisement ont été jusqu'au-boutistes. Mais ces engagements ne le protègent pas de dialogues fréquemment sur-écrits, qui contrastent violemment avec sa volonté d'imposer une performance terrienne, aussi organique que la glaise que sculpte Rodin.

De même, l'interprétation habitée de l'acteur, pour impressionnante qu'elle puisse être, prend au sein du film des airs de corps étranger. La mise en scène de Doillon, toute de réflexion et de rigueur, est pensée selon une dynamique extrêmement précise de composition des plans, d'organisation du cadre. Une rationalisation du travail de l'artiste qui empêchent le jeu tonitruant de Lindon de se mêler totalement au découpage du cinéaste. De même, si le regard du sculpteur, ses mains, ses travaux, sont toujours placés dans le cadre avec une logique redoutable, un sens aigu de l'analyse et une déférence évidente à l'acte créateur, toute cette dévotion pose problème.

 

Photo Vincent Lindon

 

A L'AISE GLAISE

Car en ne traitant la vie de l'artiste qu'en pointillés, en considérant que c'est la représentation de l'homme au travail qui souvent prévaut, ce Rodin nous donne à voir sous tous les angles un donjon imprenable, un mégalithe créateur, un morceau d'histoire en marche. Rien ne nous permet jamais h'abiter ce récit aux côtés de ses occupants, impossible de ressentir ou d'approcher par un biais sensoriel cette oeuvre qui semble voir traiter son spectateur comme un spectateur de musée.

Et ce n'est pas Izia Higelin qui pourra compenser cette aridité. Elle a beau proposer une Camille Claudel qui vient heureusement nuancer le portrait historiquement absurde proposé par Bruno Nuytten et incarné par Isabelle Adjani. Mais si la jeune comédienneapporte ici et là à la narration un peu d'air, permet de fendiller la carapace d'un Rodin impénétrable, son jeu n'est pas assez puissant pour apporter un contrepoids à l'ours Lindon et ses faux airs de Capitaine Haddock en pleine crise mystique, ou aérer un peu la mise en scène ascéthique de Doillon.

 

Photo Vincent Lindon

 

C'est que le film, initialement une commande de documentaire, porte encore en son sein l'identité d'une oeuvre focalisée sur une série d'informations à transmettre, l'éthique d'une forme d'exactitude, qui pèsent sur le potentiel romanesque du récit. C'est d'autant plus dommage que le projet regorge de qualités et jouit d'un soin maniaque dans son exécution. Mais en l'état, ce Rodin troque la sensualité de la glaise, la puissance de la terre dont elle est extraite, contre la rigidité grisâtre du béton.

 

Photo Vincent Lindon

Résumé

Vincent Lindon et Jacques Doillon prennent manifestement leur mission très au sérieux, oubliant au passage de donner chair aux concepts qu'ils manipulent.

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commentaires
Manuel
29/10/2017 à 11:21

Film décevant. Inaudible. Aucun intérêt.

un passant
23/10/2017 à 09:00

"...ses faux airs de Capitaine Haddock en pleine crise mystique, ou aérer un peu la mise en scène ascéthique de Doillon."
Mille milliard de sabords,
si la relation entre les personnages est bien vu,
l'orthographe est à revoir...

Jean
22/10/2017 à 20:46

Les acteurs devraient faire un petit stage chez Luchini !

Louis
22/10/2017 à 20:39

Je viens de "subir" ce film inaudible. Vraiment même avec beaucoup d'attention les phrases "marmonnées" sont incompréhensibles. J'ai interrompu ce film après 1 heure.
J'ai perdu mon temps.
Est-ce possible que ce genre de réalisation soit accepté par des professionnels du spectacle ?
J'aimerais bien avoir une explication !

Bibi
02/06/2017 à 13:03

Trop long, les acteurs lisent leurs textes, trop mal dirigés, Le role de Mirbeau et les autres Monet ... il ne manque plus que le prompteur !
Dommage parce que la photographie, le décor et la lumière sont magnifiques. Je me suis endormie à plusieurs reprises alors que je suis artiste moi même !

Renaud
28/05/2017 à 16:16

Après avoir attendu en vain que la sauce prenne, je me suis vu contraint de sortir avant la fin,tant le souffle de la création artistique manquait à ce film......long,lent sans intérêt aucun

Guillaume
28/05/2017 à 16:07

Quelle déception ! Film ennuyeux, peu crédible avec un Vincent Lindon inaudible aux antipodes de son jeu habituel ou platitude assumée par le réalisateur,au mépris du grand Rodin ? Quel gâchis !!!! Inutile d'utiliser toutes les circonvolutions langagières pour essayer de donner de la consistance à ce film qui frôle le néant

Christine
27/05/2017 à 23:38

Très ennuyeux
Lindon marmonne dans sa barbe

Violette
27/05/2017 à 23:37

J'adore les sculptures de Rodin, j'adore les biopic sur les artistes et la période 1850-1910.
C'est dire si je me réjouissais de ce film et que j'étais acquise d'avance. Je me suis endormie après 5 minutes...réveillée quelques fois et rendormie...c'est grave tout de même.Pendant mes phases d'éveil j'ai tout de même constaté plusieurs défauts:
Les acteurs jouent assez mal, prononcent mal, on ne comprend rien. Pas de belles images, peu de décors...c'est comme si le cinéaste n'aimait pas et ne comprenait rien aux artistes!
Tout sonne faux dans ce film! On est loin des biopic sur Modigliani ou Renoir...pauvre Rodin!
Quand je pense à l'émotion que l'on peut ressentir devant ses sculptures, et celles de Claudel aussi...ça me fait mal pour eux. Ce film est à enterrer dans le jardin, avec les carottes et surtout les navets.

Guess
27/05/2017 à 16:27

Paroles inodibles! Longueur bruit de fond...décevant !

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