Tunnel : critique enterrée

Simon Riaux | 2 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 2 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On avait découvert Kim Seong-Hoon avec le drolatique et nerveux Hard Day. Il nous revient avec le non moins énervé Tunnel, qui prend avec brio la relève de Dernier Train pour Busan en matière de blockbuster intelligent.

 

SYMAPTHY FOR DAYLIGHT

En voiture pour retrouver sa famille à Séoul, un homme se retrouve coincé sous des tonnes de gravats après l’éboulement d’un tunnel. Alors qu’il tente de garder la raison et survivre avec le peu de ressources disponibles dans la carcasse de sa voiture, c’est un véritable cirque politico-médiatique qui se joue à la surface, chacun essayant de tirer sa carte d’un jeu funeste dont il est la variable d’ajustement.

Le cinéma Coréen le rappelle régulièrement, il n’a rien à prouver en matière de grand spectacle et de maîtrise de projet aussi ambitieux que techniquement exigeant. Tunnel en est un nouvel exemple, dont on appréciera la grande rigueur. Rigueur dans la construction du récit tout d’abord, qui sait parfaitement alterner séquences claustrophobes, où le réalisateur déploie une palette de plans inventifs, sobres, parfaitement adaptés à une narration resserrée.

 

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Kim Seong-Hoon n’oublie pas non plus de ponctuer ce récit de pastilles extrêmement spectaculaires, où il démontre également un très grand savoir-faire. Car si Tunnel bénéficie d’un budget honorable, il n’est aucunement comparable avec ses concurrents Hollywoodiens. Le métrage parvient pourtant à emballer au moins deux séquences extrêmement spectaculaire, où les jeux de lumière, le montage sonore et d’habiles effets pyrotechniques se conjuguent pour aboutir à des passages particulièrement intenses.

À l’oppression de son héros en sursis, le cinéaste oppose un univers à mi-chemin entre le drame politique et la comédie de mœurs. Médias, famille et politiciens s’agitent en tout sen pour tenter de trouver une issue, tandis que des enjeux de moins en moins humains se font jour et dénaturent progressivement la mission de sauvetage en cours.

 

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MON TUNNEL, C'EST DU BETON

Car s’il fonctionne parfaitement comme film catastrophe teinté de drame, Tunnel est surtout une nouvelle charge du cinéma Coréen contre l’évolution d’un pays toujours plus puissant, lourd, mais sur le point de céder et d’étouffer ses citoyens sous la pression d’une organisation étatique et citoyenne défaillante. Les scandales de corruption qui ont rythmé l’actualité de la région ces derniers mois tapissent bien sûr l’inconscient du film, qui se garde bien néanmoins de se faire donneur de leçon.

 

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Au contraire, émaillé d’un humour léger, parfois presque gras, Tunnel n’oublie jamais derrière sa métaphore d’un Léviathan politique incompétent et inconscient, que c’est du citoyen et des actions individuelles que viendront un éventuel salut. Et le métrage de se reconnecter ainsi régulièrement à une structure classique et éprouvée, celle confrontant des (anti)héros à une somme d’obstacles qu’ils ne pourront surmonter qu’à force de luttes et de rebondissements éprouvants.

Décidément, le cinéma à grand spectacle Coréen nous rappelle avec brio combien il demeure souvent plus exigeant et mature que son aîné américain, toujours soucieux de proposer à son spectateur un divertissement à hauteur d’homme, dont l’ampleur industrielle n’écrase jamais ni les personnages, ni les thématiques.

 

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Résumé

Rigoureux, fort, spectaculaire et socialement pertinent, Tunnel est de ces films catastrophe qui redorent le blason du cinéma de divertissement.

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commentaires
Flo
25/10/2023 à 16:36

‘sont pas croyables ces coréens : non content de faire un film catastrophe qui rivalise sans peine avec les américains, aussi bien au niveau des effets spéciaux, du rythme, du tragique, de l’humour loufoque (les commentaires ironiques de Lee, la bonne volonté maladroite de Dae-kyeong, le carlin)…
Ils y trouvent aussi le moyen de faire une critique féroce de la corruption politique, qui mène à des drames matériaux énormes. Ainsi que des emballements et autres manipulations médiatiques, qui poussent à mettre en le profit avant la vie humaine par excès de pragmatisme (et quelques coups de malchance aussi).
Kim Seong-hoon nous en met plein la figure, sans rien régler pour autant comme le montre son épilogue contenant une part de pessimisme au milieu de la plénitude.
Tunnel, tu nous tue !

ATS
03/05/2017 à 11:39

@stivostine, clairement leurs naiveté ( culturelle ) peux énerver a la longue..

en parlant de longueur le film a clairement 30 minutes de trop, je me suis embêter, grans spectacle je dirais pas et sur l’enfermement ou closto on as fait vraiment plus intense et mieux.

je m'attendais a mieux..

Simon Riaux
03/05/2017 à 10:09

@stivostine
C'est un point de vue qui s'entend, mais la comparaison que vous faites a ses limites, dans le sens où Tunnel est un film catastrophe grand public, et The Strangers un film d'horreur expérimental assez radical. Par définition, leur rapport à l'humour ou aux "respirations" du récit sont forcément différentes.

stivostine
02/05/2017 à 21:14

vu et je commence à me lasser du ciné coréen, ce mélange d'humour propre à leur culture qui affecte l’interaction entre protagonistes m’insupporte à la longue, un peu comme avec train to busan (ahhh cette putain de naïveté), j’espère que THE MERCILESS va rectifier le tir comme l'a fait The Strangers l'an dernier. Le cinéma espagnol voir sudaméricain explose en ce moment et c'est vraiment mérité.

Geoffrey Crété - Rédaction
02/05/2017 à 20:09

@galetas

C'est le cas : sortie le 3 mai.

galetas
02/05/2017 à 20:05

Plutôt intéressant , en espérant qu'il soit bien distribué en France.

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