Gangsterdam : critique complètement cramée

Simon Riaux | 15 décembre 2018 - MAJ : 22/08/2023 17:38
Simon Riaux | 15 décembre 2018 - MAJ : 22/08/2023 17:38

On avait quitté Romain Lévy avec Radiostars, excellente comédie française matinée de road trip et bourrée d’influences anglo-saxonnes savamment dosées. On était très donc très curieux de le voir tenter le coup de la comédie policière sauce 80’s avec supplément weed. Pour le coup, son Gangsterdam a beau être complètement fumé, la migraine guette plus que le fou-rire.

HAMSTERKEV

Pourtant, le réalisateur confirme qu’il est bien cet auteur capable de marier une certaine inventivité formelle, avec des références allant de Judd Apatow à Walter Hill. Par endroit, notamment lors de ses séquences de transition, le film sait agencer l’espace, jouer de ses décors. De même, dans les rares scènes relevant purement du comique de situation, il nous rappelle combien il maîtrise le tempo comique et la mécanique de la rupture de ton (surtout quand ses personnages manient des pistolets à clous).

 

Photo Kev AdamsEncore une belle bande de winners

 

Mais hélas, c’est bien tout ce qu’il y a à sauver de ce Gangsterdam, qui souffre en premier lieu de son comédien principal. Kev Adams a beau déployer une énergie appréciable, il révèle – encore – ses limites de comédien, qui le situent quelque part entre la kermesse d’école sous Prozac et la rupture d’anévrisme. Désireux de placer un maximum de private jokes ou d’effets en forme de signature, il phagocyte complètement son personnage, grand timide appelé à se révéler à l’occasion d’un deal de drogue foireux entre Paris et Amsterdam, préférant le transformer en une énième prolongation de son alter ego scénique.

Ce qui ne serait finalement pas bien grave, si ses vannes lourdingues ne venaient pas régulièrement s’opposer au rythme comique imposé par la dynamique interne de chaque séquence. On a ainsi le sentiment malaisant de voir Adams gigoter seul dans la lumière, aussi drôle qu'une bactérie mangeuse de chair lâchée dans jardin d'enfants, tandis que ses comparses se démènent pour faire avancer une intrigue bourrée d’incohérences et de trous béants.

 

Kev AdamsNous regardez pas comme ça, on a rien fait nous

 

TOUCHE PAS À MA PURGE

Mais le véritable problème de Gangsterdam ne vient pas tant de l’incompatibilité de différents modes comiques, que de déficits d’écritures qui amènent le film à faire des contresens énormes. L’ensemble se rêve poil à gratter potache, course-poursuite azimutée et provoquante, mais en ne se posant jamais la question du sens de ses gags, se transforme en pudding idéologiquement nauséabond.

Garçons manqués sexy malgré elles ou putes nymphomanes abruties, les femmes sont particulièrement maltraitées par le scénario, qui prend un malin plaisir à les rabaisser constamment. Un sort enviable en comparaison des homosexuels, véritable obsession du récit, qui les dépeint tour à tour comme des victimes, des neuneus obsessionnels et des êtres dont la faiblesse semble le seul dénominateur commun.

 

Kev AdamsSurtout vise bien nos yeux stp

 

Une bêtise qui culmine lors du dernier acte du film, ou la sexualité gay est purement et simplement décrite comme une humiliation pire que la mort, soit un point de vue qui ferait passer Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? pour une célébration du vivre-ensemble. C’est ainsi une continuation du rire par l’humiliation, de l’abaissement comme ressort comique, emblématique de l’ère Hanouna et d’une certaine conception de la domination sociale qui se dessine, achevant de tourner un projet sympathique en crachat aigre et toxique. Rutger Hauer méritait mieux comme (presque) dernier film.

 

Affiche officielle

 

Résumé

Malgré le talent bien réel de Romain Lévy, Gangsterdam se mue rapidement en un Kev Adams show dont le sexisme et l'homophobie sidèrent.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
06/11/2023 à 13:37

Intention louable que de donner à Kev Adams un rôle comique flirtant plus avec le polar violent, lointainement inspiré de « Risky Business » – on reconnaît tout de suite la musique du début.
Mais la mise en scène de Romain Levy confond l’insolite avec la vulgarité, son film devenant juste un sous Stoner, sans le rythme gaguesque idoine.
Ainsi tout le côté outrancier, toute la supposée folie du personnage de Côme Lanvin, sonnent comme artificiels. Quelques bonnes idées surnagent (le bluff final à la Fac), mais sans atténuer l’impression de Déjà vu.
Difficile de se relever de ça.

Lc42
07/02/2023 à 22:34

Nul de chez nul.
Ça tombe à plat de prétention sur fond de racisme anti-homo.
J’ai du arrêter après 20’, mal à l’aise

Lorine
05/02/2023 à 22:19

Merci pour ce moment de légèreté

Coralie
05/02/2023 à 22:18

Juste génial.
J'adore

Stash
04/03/2020 à 22:46

Une catastrophe cinématographique plein de clichés avarier.
J ai perdu 1h30 de ma vie pour cette dobe monumentale.

prof west
16/12/2019 à 16:00

Qui ose encore croire a l'aube de 2020 que Kev Adams est un acteur vous ete sérieux ça vaut bien plus que star wars 2 qui a mérité un vomito de 1 étoiles mais donné 2 étoiles a un film avec Kev Adams moi c'est ça qui me fou la gerbe de mon avis perso et je pense que je suis pas le seul de vos lecteurs .......

cdlt

Kiki
16/12/2019 à 15:19

Un effort quand même !!! il y a 2 étoiles en trop...

Babar77
16/12/2019 à 14:55

Présence de Kev Adams dans Film, Série, pub tv etc. = Ultra nul... Une médiocrité sans limites

Jan
16/12/2019 à 12:55

Visuellement Kev Addams donne la gerbe.

Dirty Harry
16/12/2019 à 01:28

Un film qui se veut branché, dans un monde où cette branchitude est complètement OUT this branchitude.

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