John Wick 2 : la critique de gros calibre

Simon Riaux | 13 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 13 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Succès surprise de 2014, John Wick a sorti du coma les amateurs d’action et la carrière de Keanu Reeves. Délesté d’un de ses deux réalisateurs, gonflé à bloc et nanti d’un budget conséquent, mais aussi d’une attente décuplée, sa suite John Wick 2 fera-t-elle encore mieux ?

 

DOUBLE DETENTE

Ne nous leurrons pas. Pour sympathique qu’il soit, le premier John Wick tenait plus de la papillote inattendue que du grand film d’action qui a été un peu vite porté aux nues. Grâce au passif de coordinateurs de cascades des metteurs en scène Chad Stahelski et David Leitch, ainsi qu’une série d’idées iconiques et gentiment débiles autour de la mythologie du tueur à gage, le métrage se hissait sans mal au-dessus de la mêlée des actioners à la caméra parkinsonienne.

Une friandise appréciable, mais John Wick 2 avait intérêt à sévèrement muscler son jeu pour s’imposer. Et cela tombe bien, c’est précisément ce que nous propose cette séquelle, qui surpasse son aîné dans tous les domaines. Dès son ouverture, le film s’évertue ainsi à faire passer le chapitre précédent pour un championnat de curling version handisport.

 

Keanu ReevesKeanu Reeves, un Néo-tueur sous Speed

 

GUNS ANATOMY

Si bastons et fusillades demeurent aussi félines qu’élégantes grâce à un mélange de chorégraphie et de découpage particulièrement malin, elles sont désormais d’une inventivité extrême. Leur dimension ludique joue ainsi à plein, chaque adversaire, décor ou rebondissement modifiant radicalement l’approche de la mise en scène.

On est ainsi brinqueballés d’un gunfight « muet » au beau milieu d’un centre commercial, à un ballet meurtrier où le crayon impressionne, en passant par une cascade qui s’étale le long d’un impressionnant escalier romain, nous rappelant que les dispositifs les plus simples sont parfois les plus spectaculaires. Encore une fois, les plans longs, impeccablement raccordés, toujours pensés pour mettre en avant les performances physiques et martiales des comédiens, sont la règle.

 

Photo Keanu Reeves"Horreur italienne, es-tu là ?"

 

Un principe qui sied particulièrement à Keanu Reeves, toujours aussi plaisant en Droopy cocaïné et revenchard, désormais grand amateur de macaronis. Comptant parmi les rares comédiens hollywoodiens compétents en matière de combats physiques et de maniement des armes, il nous offre une série de cascades et de jonglages pyrotechniques jubilatoires. Il faut voir le fringant quinquagénaire immobiliser un vilain rital à coup de crosse dans le larynx, tout en rechargeant un Benelli encore fumant, avant de lui donner les derniers sacrements à coup de plomb en fusion, pour comprendre combien Chad Stahelski et son comédien maîtrisent la violence cinégénique.

 

BATTLEFIELD OF THE GEARS OF THE RAID OF WAR

John Wick 2 est un spectacle intense et racé, mais surtout un bouillon de culture cinéphile. Son climax aux airs de kaléidoscope est un clin d’œil évident à La Dame de Shangaï, quand une scène de suicide parfaitement inattendue nous promène entre Mario Bava et David Lynch, le temps d’un intermède funèbre, qui étonne par sa poésie morbide. Par petites touches, le film lorgne même vers le polar hard boiled issu des années 70 comme le rappelle une conclusion totalement désespérée et paranoïaque, signe que Stahelski, s’il souhaite divertir, ne prend pas son personnage à la légère.

 

Photo Ruby Rose"Miroir, mon beau miroir..."

 

Enfin, les influences de The Raid, dans le tempo comme la mécanique des affrontements, mais aussi du jeu vidéo (les third person shooters innervent littéralement le découpage du film), achèvent de faire du film un délicieux pot pourris d’excellentes influences.

Pour autant, le récit ne se prend jamais trop au sérieux. Toujours prompt à lorgner du côté du cartoon, notamment lors de son ouverture, ou de ses transitions, John Wick 2 évite ainsi le piège du rococo pompier que lui tend son décor romain à base de trahison et de vengeance. Il en va de même pour l’invraisemblable Internationale des Assassins, évoquée dans le premier épisode. Conscient de son potentiel kitsch, le scénario joue cette carte à fond les ballons, bâtissant à la fois un univers distinctif et une fantaisie qui esquive le ridicule.

 

Keanu Reeves - Ian McShaneIan McShane, la bonne fée des tueurs à gages New Yorkais. 

 

MENU OVERKILL MAXI BEST-OF

Mais à trop vouloir rassasier son spectateur, John Wick : Chapitre 2 manque de l'étouffer. Ainsi, le film est trop long d’un bon quart d’heure, la faute à une poignée de rebondissements, ou à quelques affrontements, certes virtuoses, mais qui s'étalent trop pour éviter les répétitions. Il est dommage qu’une partie des combats devienne (malgré une pluie d’excellentes idées) très facile à anticiper, en raison de leur longueur excessive.

 

trailer"J'ai vu de la lumière, alors je suis rentré."

De même, la franchise étant soudain devenue the place to be, on sent bien que l’inflation de personnages n’est pas toujours justifiée. À l’image du second rôle tenu par Laurence Fishburne, qui rappelle cruellement que le comédien est une pub vivante pour la retraite anticipée, tout en soulignant combien la séquence qui lui est dédiée est parfaitement inutile en termes de narration. Et dans un film d’action, inventif, intense, et plastiquement réussi, passer dix minutes aux côtés d’un éleveur de pigeon sous Tranxene frelaté, c’est long. Très long.

Rien de tout cela n’entame durablement le plaisir ressenti devant ce John Wick survolté, mais ces à côtés dommageables interdisent le film de se hisser au niveau de réussite totale qu’il ambitionnait. Reste un film d’action totalement jouissif, d’une générosité et d’une élégance peu communes.

Résumé

Ce nouvel épisode, à quelques scories près, s'impose comme un fantasme de film d'action félin et cinéphile.

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Lecteurs

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commentaires
STEVE
14/10/2018 à 14:05

Concept sympa. Un délire.
Bien filmé et beau.

Mais trop d'action tue l'action...pas d'histoire ou si peu.
Il ne passe pas le 2e visionnage...

Decoy
13/10/2018 à 20:13

Très bon film, malgré une intrigue complexe et des dialogues fleuves.

quickslow
02/03/2017 à 12:05

comment peut-on accepter un film aussi débile ! nous tombons de plus en plus bas ! cette violence devrait -être interdite !

Krokmitten
23/02/2017 à 15:34

Ah je l'ai vu hier! Pour être vénère il est bien vénère! L'idée de le confronter au syndicat des assassins est explosive! Parcontre il va se passer quoi dans le 3 parce que le "level" est bien haut d'un coup pour une sequelle!

Simon Riaux
10/02/2017 à 16:39

@kolby
Le plus judicieux c'est d'être d'accord avec nous.

Non, la seule chose qui compte, c'est d'aller voir les films que vous souhaitez découvrir et de les aimer pour les raisons qui seront les vôtres. Les critiques ne sont là que pour proposer une grille de lecture, un instrument de partage et de débat.

kolby
10/02/2017 à 14:51

@La redaction
C'est vrai que je n'ai pas encore vu xxx3. Mais a vous lire j'ai comme l'impression que xxx3 n'en vaux pas la peine...
Mais en ce qui me concerne n'est il pas judicieux d'entrer dans une salle regarder un film comme xxx3 et ressortir tout heureux... Oui j'ai passe un bon moment ? Je pourrai aussi le dire sans me tromper pour John wick2

Simon Riaux
10/02/2017 à 13:58

@kolby

C'est simple en fait. On trouve xXx 3 moche, mal fait, mal filmé, mal monté et mal joué. Et John Wick 2 spectaculaire, beau, intense, et super vénère.

kolby
09/02/2017 à 23:22

Espérons qu'ils en fasse une saga. Ça sera l'idéal pour lui Keanu... Car les acteur de renom, on ne les connais que par les saga... Mais dites moi une chose vous qui commentée. Pourquoi nos acteurs noirs de renom n'ont il pas de saga propre a eux? Chose bizarre... A condition que moi aussi je ne soit pas informer de leur film a suite a ne point finir?

kolby
09/02/2017 à 23:11

Ecranlarge ... Vous m'etonner très souvent. Pour avez vous critiquer négativement xxx 3 avec vin diesel alors a vous lire sans dans les même veine d'action jouissif

Y Boy
09/02/2017 à 19:34

Une bonne série B.

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