Ouija 2 : Les Origines - critique es-tu là ?

Simon Riaux | 26 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 26 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dans un contexte où la franchisation est poussée à l’extrême, la suite d’un navet désincarné comme Ouija ne présente que peu d’intérêt, même pour le spectateur le moins exigeant. C’était sans compter sur le talent du réalisateur Mike Flanagan, qui à force de rigueur et d’inventivité insuffle littéralement la vie à un projet terriblement opportuniste sur le papier.

LE RETOUR DE LA VENGEANCE

Le remarqué réalisateur d’Oculus et Hush s’affirme comme un excellent technicien, suffisamment rigoureux pour redresser la barre de projets dont on ne donnerait pas cher à priori. Dans cette suite en forme de préquel au dispensable Ouija, intitulée logiquement Ouija : les Origines, il s’efforce donc de ressusciter une franchise entamée par un suicide artistique.

Bien sûr, tout doué qu’il soit, Flanagan ne peut pas faire de miracles, tant la matière première dont il dispose est périmée. Ainsi, pour apprécier son nouveau film, il faudra passer outre une moraline catholique stupide, dispensée sans applicateur, ainsi qu’un script volontiers crétin. Outre la focale initiale sur le jeu qui donne son titre au métrage – absurde tant on peine à croire qu’un jeu de société produit industriellement recèle quelque secrets mystiques que ce soit – il faudra aussi supporter l’affreuse débilité des deux personnages masculins, manifestement très enclins à se jeter dans la gueule du loup.

 

critique

 

SWEET SIXTIES

Exception faite de ces encombrants tropismes, qui entament régulièrement la suspension d’incrédulité, Ouija : les Origines est un régal pour amateur de série B horrifique. En situant son récit en 1965, le film s’offre une patine rétro du plus bel effet, allant jusqu’à reproduire « les brûlures de cigarettes » indiquant la fin des bobines, distinctives de la glorieuse époque du format pellicule. La direction artistique, minutieuse, est à l’avenant et le spectateur se plonge avec une nostalgie parfois un peu forcée mais appréciable dans cette parenthèse enchantée propice à une pluie de références.

Ouija 2 cite ainsi tous ses classiques, d’Amityville en passant par L’Exorciste, avec bien plus de finesse que le bourrin Conjuring 2, n’étouffant jamais son récit ni son trio d’attachantes héroïnes sous le poids des références. Fort d’un univers attrayant, dont la fonction de Madeleine de Proust constitue un piège redoutable, Flanagan peut s’en donner à cœur joie pour ce qui est des mécanismes de la peur.

 

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AU-REVOIR LES ENFANTS

Egalement monteur du film, le cinéaste utilise littéralement de chaque ficelle à sa disposition. Plages de silence, rupture de ton, jumpscares, apparitions grotesques et terrifiantes, tout y passe. Orfèvre maîtrisant parfaitement son sujet, le réalisateur nous fait passer de l’excitation aux sursauts violents, de l’attente nerveuse au pur malaise, grâce à la précision de ses cadres, mais aussi à un timing redoutable, qui sait gérer aussi bien l’angoisse que l’adrénaline.

Et si le troisième acte du film est un furieux bordel, impossible de ne pas apprécier la générosité dont il fait preuve. Enchaîner en une quinzaine de minutes des meurtres bourrins, des hommages à Lucio Fulci et sa Maison près du Cimetière, un détour vers la Nazisploitation, tout en orchestrant un final d’une cruauté devenue rarissime sur les écrans, voilà un menu aux airs de festin. Bref, malgré ses scories indissociables de son contexte de production, Ouija : Les Origines est une réussite inespérée en matière de série B horrifique.

 

Affiche FR

Résumé

Suite d'un sinistre navet, Ouija : les Origines s'impose comme une réussite inespérée à mettre au crédit d'un réalisateur inventif et rigoureux.

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commentaires
ImranNRV
08/08/2020 à 11:47

Gros gros film de me*de. J'ai perdu 1h30 de ma vie. De plus, il n'y absolument aucune logique dans l'histoire, je me demande meme si le film a commencé à un moment.

west666
24/11/2016 à 08:13

Deception pour ce prequel de ouija , perso j'ai encore préféré le premier qui tient plus en haleine ......
Ce ouija 2 est assez vide , le fond de l'histoire est sympa , mais traine en longueur , et certains effets sont a la limite du ridicule pour moi c'est la moyenne tout juste sans plus a oublier .

Simon Riaux
26/10/2016 à 12:56

@okok

Le fait est que Conjuring 2 (comme tous les James Wan) ne fait pas dans la subtilité. Qu'on aime ou pas le film, c'est un produit qui vise l'efficacité maximum avant tout, à renfort de gros effets basés sur des jumpscares et des citations "hénaurmes".

C'est une recette, elle n'empêche pas nécessairement d'apprécier le métrage.

Wes
26/10/2016 à 12:46

@okok

T'aurais peut-être dû cliquer sur le lien pour lire leur critique plutôt très positive du film

okok
26/10/2016 à 12:42

me suis arrêté dès que j'ai lu "le bourrin Conjuring 2", dommage :(

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