Sing Street : Critique d'un feel good movie
Après l’interlude américain de New York Melody, John Carnay retrouve l’Irlande de Once, pour un nouveau drama musical, en forme de coming of age matiné de comédie romantique. Cette nouvelle balade aux accents pop-rock s’intitule Sing Street et devrait se consommer sans modération.
Good Morning Ireland
A bien y regarder le feel good movie rock est un genre plus encombré qu’il n’y paraît. De Rock Academy, Good Morning England, en passant par Rock’n Love, les représentants du genre ne manquent pas. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est à rapprocher d’une petite pépite indé passée relativement inaperçu dans l’Hexagone, intitulée God Help the Girl, dont il partage la fraîcheur acidulée, sans chercher à dupliquer les atours gentiment sophistiqués.
Car avant d’être une comédie musicale, Sing Street est tout simplement le récit d’un amour naissant, dont nous ne saurons pas s’il est voué à s’épanouir au-delà de la bluette initiatique, mais dont l’importance est fondamentale aux yeux de notre jeunes héros.
Conor est un adolescent pas bien dégourdi, pris en étau entre une famille en voie de décomposition et une institution scolaire qui n’a d’autre ambition que de le faire végéter jusqu’à ce qu’il soit en âge d’user les banquettes des bars de Dublin. Pour séduire une mystérieuse jeune fille, aspirante mannequin, il lui propose de l’embaucher comme modèle dans un clip de son groupe de musique. Groupe qu’il va donc devoir inventer de toute pièce pour tenter de séduire la belle.
Guitar Hero
Sing Street se situe au début des années 80, dans une Irlande où Duran Duran et The Cure explosent, alors que le clip de Thriller est en train de bouleverser l’appréciation de la musique. Un détail qui n’en est pas un, tant l’âme du film repose sur cette période charnière. Si les clips vidéo de Connor et son groupe rythment le récit, c’est car il est situé à une époque où cette forme artistique est en pleine expansion et en mutation, écartelée entre une ambition expérimentale délirante et une ambition narrative impulsée par le succès de Michael Jackson.
De la même manière, Sing Street est une combinaison remarquablement équilibrée d’ingrédients divers. On y trouve un fort terreau de cinéma social (le film traite frontalement de la déréliction de l’Irlande des années 80), un récit fraternel étonnamment fort (où explose Jack Raynor, le veau aux hormones du dernier Transformers, transfiguré), ainsi qu’une déclaration d’amour à la musique bricolée, la fabrication artisanale et l’image cradingue typique des 80’s.
Incroyablement drôle et touchant, malgré son développement classique, voire académique, Sing Street parvient avec une sincérité désarmante à puiser son énergie dans la dynamique d’une époque protéiforme. Dopé par une bande-originale éclectique et électrique, soutenu par une myriade de gags désarmants et nimbé du charme maladroit déjà à l’œuvre dans le Be Kind Rewind de Michel Gondry. Le résultat s’impose comme un petit classique instantané, et le feel good movie de 2016.
Lecteurs
(4.5)18/10/2016 à 14:59
C'est pour moi, le film de l'année ! une vraie pépite qui deviendra culte avec le temps. J'avais déjà adoré Once et New York Melody, mais là c'est encore mieux. Tous ceux qui ont grandi dans les années 80, ont formé un groupe de musique, etc... se retrouveront dans ce film. A voir et revoir d'urgence!