Victoria : Critique

Simon Riaux | 14 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 14 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sensation frenchie du Festival de Cannes, Victoria nous arrive comme la comédie qui va dépoussiérer les zygomatiques hexagonaux. Après une Bataille de Solférino remarquée par la critique, Justine Triet fait donc une entrée remarquée dans la cour d’un cinéma plus « traditionnel ». Et si elle y impose de réelles qualités d’écriture, elle y perd hélas grandement en spontanéité.

 

RESPONSABLE…

Car si son précédent long-métrage avait le plus grand mal à s’extraire de son décor et surmoi germanopratin, il demeurait un vibrant exemple de cinéma démerde, un manifeste de la débrouille débordant d’énergie. Une dynamique qui semble ici s’éteindre, alors que les mésaventures de Victoria s’alignent sur le tout venant du cinéma français, à savoir un enchaînement de plans moyens, à la photo manquant clairement de personnalité. Visuellement, le spectateur quitte trop rarement le bain tiède d’un cinéma qui lorgne (trop) dangereusement du côté de la série de luxe.

Cette timidité formelle se retrouve également dans la structure du récit, qui hésite toujours quand se profilent les éruptions, comiques ou dramatiques, comme si le métrage refusait à ses personnages d’exploser. Par conséquent, les acmés que le spectateur ne manquent pas de voir se profiler manquent singulièrement d’électricité.

 

Victoria

 

… MAIS PAS COUPABLE 

Et c’est d’autant plus dommage que Victoria convainc totalement dans son écriture de personnages attachants, contradictoires et au bord de la crise de nerfs, ainsi que dans la direction des comédiens qui les incarne. Si sur le papier les tourments d’une avocate parisienne nous en touchent une sans faire bouger l’autre, Justine Triet sait conférer à son héroïne suffisamment de failles et de dérision pour éviter tout apitoiement parisianiste, quand Virginie Efira, insolente de virtuosité, compose un portrait de femme magnétique, souvent hilarant.

 

Photo Virginie Efira, Melvil Poupaud

 

Le scénario, tout comme ses interprètes, sait jouer avec habileté de l’alternance entre pathétique, effusions humoristiques et rupture de ton, se réservant même la capacité à jongler entre un humour issu de la comédie américaine classique et très technique (reposant essentiellement sur le tempo) et un autre plus européen, basé sur un décalage poétique des personnages et de leur environnement.

Ce sont ces richesses qui font de Victoria une comédie dramatique revigorante et divertissante, à défaut d’être un morceau de cinéma aussi riche que l’engouement Cannois pouvait le laisser espérer.

 

Affiche

Résumé

Bien écrit et porté par un casting parfaitement dirigé, le film pêche par un manque de folie et une timidité visuelle qui l'empêche de se hisser au-dessus de sa condition de comédie dramatique sympathique.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.8)

Votre note ?

commentaires
mesangelique
05/02/2017 à 16:05

La réalisation et le scénario sont un peu brouillons mais la présence de Virgina Efira sauve la mise. Sa fraicheur et son naturel lui permettent d’endosser n’importe quel rôle. Et même si l’idée de base, avec ces quelques scènes cocasses, nous offre un bon moment de détente et nous fait sourire, les personnages manquent de folie et d’explosion.

Annatune
14/09/2016 à 10:54

Commencer à s'emballer sur la base d'un trailer pour qualifier un film d'entreprise vulgaire, consternante et sans finesse comparé à Lubitsch ou Hawks... C'est pas un peu consternant, justement ?

Ded
14/09/2016 à 10:19

Le trailer m'a suffi. Les dialogues sont vulgaires et l'actrice, malgré un indéniable capital sympathie, est vulgaire. C'est de la comédie française de consommation courante où des dialogues orduriers, destinés à renforcer les ressorts prétendument comiques de situations vulgaires, remplacent "l'esprit", indispensable, à mon sens, à ce genre d'entreprise. Consternant ! On est très très loin de la finesse et de l'humour racé d'un Lubitsch, Wilder, Hawks ou autre...

votre commentaire