Cabin Fever (2016) : la critique contaminée

Christophe Foltzer | 25 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 25 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sorti en 2004, Cabin Fever est le film qui a révélé Eli Roth au public. Film violent, drôle, irrespectueux, il passe à son tour par la case remake, des mains mêmes de son créateur. Est-ce que c'était bien nécessaire ?

Soyons honnêtes dès le départ, la mode des remakes, ça commence sérieusement à nous gonfler, surtout pour des films qui ont à peine 12 ans. En effet, quel est l'intérêt de refaire un petit film dans quasiment les mêmes conditions, avec les mêmes gens à la production aussi peu de temps après l'original ? Tout ça pour dire que le remake de Cabin Fever, on n'y croyait pas du tout. Et comme en plus Eli Roth lui-même déclarait il y a quelques mois que son intention était de refaire exactement le même film, on était prêt à hurler au foutage de gueule intégral. Et pourtant...

 

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UNE SALE GRIPPE

L'histoire est exactement la même que le film que nous connaissons déjà : 5 potes vont passer une semaine de picole et de baise dans une maison perdue dans les bois. Ils rencontrent des bouseux qui voient leur arrivée d'un mauvais oeil. Un type malade fait irruption, ils le butent et se retrouvent infectés par un mystérieux virus qui les décime les uns après les autres de façon très sale. Bref, rien de nouveau, on connait. Pourtant, et c'est le petit miracle du film, ce nouveau Cabin Fever réactualise ses personnages pour les mettre au goût du jour. Le déconneur devient un gros geek survivaliste bien stupide qui s'est acheté un fusil mitrailleur pour jouer à la guerre dans les bois, le leader est toujours un abruti auto-suffisant mais un peu plus subtil que l'original, et la blonde qui tombe malade la première est diablement plus attendrissante. Qu'on ne se trompe pas, ils restent des stéréotypes mais étonnament, ils sont extrêmement attachants et les voir souffir fait vraiment de la peine.

Photo Cabin Fever

Beaucoup d'éléments ont été modifiés ou supprimés ici et là et les coupes ne dérangent en rien tant ce film parvient à créer son propre univers et une cohérence intrinsèque. Et on se surprend même à penser que l'histoire fonctionne beaucoup mieux ainsi, sans les caméos débiles d'Eli Roth (pourtant réjouissants) mais dignes d'un sale gosse qui profite de son premier film pour y placer tous ses délires. Ainsi l'humour toujours aussi bas de plafond au début de dilue rapidement dans le drame, le personnage du gamin Dennis ne fait plus de kung-fu sans que l'on sache pourquoi et la fin a été totalement changée. On ne dira pas en quoi exactement mais sachez qu'elle fonctionne beaucoup mieux que l'originale.

On pourra par contre émettre un grief contre le gros changement du film, Winston l'adjoint du shérif. SI dans l'original, il s'agit d'un petit gars lourdingue qui ne pense qu'à faire la fête, ici nous avons affaire à une bombasse balafrée qui semble bien consciente de sa montée d'hormone. Un personnage totalement artificiel et qui nous fait sortir du film lorsqu'il apparait mais qui gagne en profondeur dans le dernier acte et nous fait quelque peu regretter qu'il n'ait pas été traité de cette manière plus tôt.

Photo 2 Cabin Fever

BACTERIES ET COMPAGNIE

Débarrassé de la folie d'Eli Roth, ce nouveau Cabin Fever surprend par son ton sombre, sérieux et résolument dramatique. Enrichi par des décors exceptionnels, une photographie magnifique et une incroyable bande-son, le film installe dès ses premiers plans une ambiance remarquable, lourde et crépusculaire, presque mélancolique dont il ne séparera jamais. Et Travis Z, le réalisateur, semble maitriser son sujet puisque, même s'il ne faut pas s'attendre à des merveilles de mise en scène, il tient sa ligne du début à la fin. En fait, ce Cabin Fever rappelle énormément dans son intention le remake d'Evil Dead sorti il y a quelques années : utiliser un classique bien ancré dans l'inconscient collectif pour en livrer une version dépressive et sans concessions.

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Car, du point de vue de l'horreur, on peut dire que le film ne prend pas de gants. Rien ne nous est épargné. L'original ne faisait déjà pas dans la dentelle, mais là on a encore franchi une étape. C'est très graphique, impressionnant par moments, et on a mal pour les personnages. Alors certes tous les effets ne sont pas réussi, on pense par exemple au chien retouché en CGI qui trahit les limites du budget du film, mais mis à part ce petit détail, c'est du tout bon. Les acteurs, eux, varient entre le passable et l'excellent. Peu à l'aise dans leurs personnages archétypaux du début, ils font preuve d'un grand talent lorsqu'il s'agit d'exprimer le calvaire qu'ils vivent durant ce week-end fatal. Le processus d'identification fonctionne parfaitement et, par exemple, le sort révervé à la blonde (qui a vu le film de 2004 sait de quoi l'on parle) arrache une petite larme.

Photo Cabin Fever

Le film se permet même un petit commentaire social plutôt bien vu sur la paranoïa latente de la jeunesse actuelle et la défiance de chacun face à l'étranger, le tout exacerbé par les nouveaux moyens de communication. Un fond surprenant, politiquement incorrect et très intéressant que l'on n'attendait absolument pas dans ce type de production.

Bref, ce Cabin Fever 2016 réussit l'exploit de rendre hommage à l'original tout en ayant une identité propre et par là même, il devient un film d'horreur très intéressant et probablement un de ceux de mémoire récente qui nous marquera le plus. Et comme en plus il n'y a pas de morale pseudo-chrétienne débile comme dans tous les films Jason Blum de ces dernières années, on espère qu'il sortira bientôt chez nous parce que, à notre grande surprise, il vaut le coup d'oeil.

Résumé

Loin de la catastrophe annoncée, ce nouveau Cabin Fever surprend par son ambiance, ses ajouts et sa vision propre d'un sujet bien connu. Pas un chef-d'oeuvre certes, mais un film d'horreur prenant comme on en n'a plus vu depuis longtemps et qui surpasse régulièrement l'original. Chapeau les gars.

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commentaires
Ch tite biloute
19/01/2021 à 00:07

Ne soyez pas méchants. Je suis fan d eli Roth, ce mec est génial. Il fait des super films d horreur. Ce remake de cabin fever est très bien fait, plus gore et les acteurs sont bons. Comme la critique est facile !!!!

Angelssen
25/04/2016 à 15:05

Pareil j'ai pas du voir le même ou je me rappelais pas que l'original dont j'ai le dvd était aussi mauvais et c'est même plus du stéréotype et de la bêtise à ce niveaux la les personnages ...

west666
25/04/2016 à 14:52

Aussi bien que l'original c'est un bon film rien d'extravagent mais toujours mieux que le 2 de l'époque

Netsplit
25/04/2016 à 14:32

On a pas du voir le meme film , parceque celui que j'ai vu , c'etait un navet .

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