Alone : la critique qui tue le père

Christophe Foltzer | 1 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 1 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Thierry Poiraud n'a que trois films à son actif en 12 ans, mais il s'essaye à chaque fois à quelque chose de différent. Après avoir calmé tout le monde avec la seconde partie de Goal of the Dead, il se montre plus intimiste avec ce Alone pourvu de grandes qualités.

Comment encore traiter du survival et des infectés dans un genre cinématographique qui semble avoir tout dit depuis longtemps et tourne cruellement en rond ? Peut-être en s'intéressant plus au fond qu'à la forme. Car, c'est bien connu, un film d'horreur n'est vraiment marquant que s'il raconte quelque chose de notre condition d'être humain. Sinon, c'est juste du spectacle gore, plaisant sur l'instant, mais diablement inoffensif. Après le gros délire qu'était Goal of the DeadThierry Poiraud s'attaque aujourd'hui à un tout autre sujet alors qu'on pourrait penser à tort qu'il reste sur le même terrain. Evidemment, ce n'est pas ce qui se produit.

Alone nous parle donc d'un groupe d'ados piégés sur une île écossaise, dans pensionnat vide de toute âme autre que les leurs et qui découvrent que quelque chose ne tourne pas rond dans le coin. Les adultes semblent s'attaquer aux enfants et il ne leur reste bientôt plus qu'une seule solution pour survivre : quitter l'île. Plus facile à dire qu'à faire cependant.

Photo Alone 2

On le voit, sur le papier, Alone est tout sauf original et dans son déroulé purement dramatique, il n'évite pas certains poncifs en vigueur. Mais l'important ne se trouve encore une fois pas dans sa forme mais dans ce qu'il raconte. En questionnant ses personnages sur le rapport à l'avenir, les désirs de construction et ce que cela signifie d'être adulte de nos jours, Thierry Poiraud offre une radioscopie très intelligente d'un monde qui n'a plus rien à offrir au fruit de ses entrailles. Et par opposition, les ados en sont pleinement conscients et n'en attendent plus rien non plus. En résulte une ambiance désenchantée dont le métrage ne se dépareillera jamais, et heureusement. Entre rêves brisés d'avance et destins déjà joués, le film en dit long sur le rapport entre une génération qui commence à avoir peur de ce qu'elle a engendré.

Photo Alone

Mais Alone n'est pas un pamphlet philosophico-intello-juvénile pour autant, il n'oublie jamais qu'il est avant tout un film d'horreur, un survival, un film d'infectés et un huis-clos à ciel ouvert. Et sur ce plan, le contrat est aussi largement rempli. En mettant en opposition l'univers intimiste que le réalisateur a créé à l'horreur et la violence de la situation, Alone parvient à se construire une identité propre, à la limite du réel et du contemplatif, n'hésitant jamais à verser franchement dans la poésie mélancolique.  

Pourtant, le film n'est pas parfait et n'évite pas une certaine perte de rythme notamment dans sa seconde partie. Il aurait mérité un scénario un peu plus fourni qui dépasse largement le cadre de son postulat de départ et il n'est malheureusement pas exempt de quelques longueurs en milieu de métrage. Pourtant, le film n'en est pas moins extrêmement sympathique. Doté d'une mise en scène posée et simple (mais en aucun cas simpliste), d'une ambiance très prenante et servi par d'excellents jeunes comédiens, Alone est une proposition très originale et rafraichissante autour de la figure imposée de l'infecté. Sa plus grande idée étant bien sûr de ne jamais fournir d'explication sur le pourquoi du comment. Et c'est bien dommage qu'il ne bénéficie pas d'une sortie au cinéma parce que de nombreux plans fort beaux auraient eu une toute autre dimension sur grand écran.

Résumé

Petite série B sans prétentions, Alone est une très bonne surprise et prouve qu'il y a encore beaucoup à faire autour de l'idée galvaudée de l'infecté. Film d'ambiance et de tension, le nouveau travail de Thierry Poiraud mérite largement qu'on le découvre en e-cinema toutes affaires cessantes, ne serait-ce que pour encourager d'autres initiatives du même calibre.

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commentaires
stivostine
02/04/2016 à 12:19

jai vu ce film et il ne mérite pas votre note mais alors pas du tout, vous l'avez attribué par pure solidarité pour un real français ou bien ...
Le film est court 1h15, les personnages pas développés donc on sen fou de leur destin, dialogues sans intérêts, qq jolis plans dans la foret et au bord de mer et basta 1,5* pour ma part.

stivostine
01/04/2016 à 17:28

meme note 3,5 que sup vs bat, le film est dispo sur le net, bonne soiree en perspective alors

dreamon86
01/04/2016 à 17:23

Ayant bien aimé goal of the dead j'espère que celui là aura droit à une sortie blu-ray et DVD.

diez
01/04/2016 à 13:20

J'aurais apprécié une sortie ciné...

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