Belgica : Critique bien noyée

Simon Riaux | 3 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 3 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En deux films à peine, Felix Van Groeningen est devenu un des réalisateurs européens les plus surveillés et le nouveau porte-étendard du cinéma belge. C’est donc avec énormément d’attente que l’on découvre Belgica.

Le Belge Prodigue

La Merditude des Choses avait marqué par son ton doux amer, tandis qu’Alabama Monroe avait surpris aussi bien par sa maîtrise technique que sa propension à jouer les tire-larmes bas du front. On espérait par conséquent que le metteur en scène parviendrait à l’occasion de ce troisième effort à nous proposer un récit qui combine le meilleur de ses précédentes expériences et en élimine les rares scories.

Il faut dire que sur le papier, Belgica se prête merveilleusement à une synthèse des thèmes et motifs esquissés précédemment. Nous y suivons deux frères, que la vie a momentanément éloignés, aussi différents que complémentaires, réunis par le projet fou de faire du petit bistrot acheté par l’un d’entre eux un établissement nocturne digne de ce nom. Et le duo de s’embarquer sur le chemin de la gloire éthylique, quitte à sombrer sur une pente stupéfiante.

affiche

 

Cul-Sec

A bien des égards, l’histoire que déroule Felix Van Groeningen est dénuée de surprises, classique, voire convenue. Peu importe, tant l’artiste semble conscient que si la route est connue, le véhicule dans lequel il nous invite à l’arpenter est gonflé à bloc. L’émotion sera le premier carburant du récit, grâce à l’authenticité que lui accordent ses prodigieux comédiens, ainsi que la dimension autobiographique de cette odyssée festive.

Au détour de chaque réplique, dans le moindre regard, mouvement d’humeur, se niche l’écho des choses vues, des épreuves vécues, des humiliations bues. C’est que Felix Van Groeningen a passé sa jeunesse dans l’établissement qui inspire Belgica. Toutefois, le métrage ne se contente pas d’afficher une humanité et un sens de l’anecdote frappant, il fait également preuve d’une virtuosité esthétique qui laisse souvent bouche bée.

bande-annonce

 

La mort sur le dance floor

Fort d’une partition musicale protéiforme et surpuissante signée Soulwax, le réalisateur s’échine à mêler image et son le plus intimement possible. Un mariage d’une efficacité rare, qui ne tombe jamais dans l’illustration glacée symptomatique du clip vidéo, mais permet au scénario d’avancer sans même s’encombrer de dialogues.

En son cœur, le film recèle ainsi des séquences de plusieurs minutes, véritables articulations de l’œuvre, qui se meut alors au rythme des concerts, des live et des hémorragies de champagne. La mise en scène se mue ainsi en un véritable tour de force, qui culmine lors de l’ultime séquence de Belgica, ou le temps d’un long plan séquence désabusé, un des protagonistes mesure avec amertume le chemin parcouru, ce que son rêve aura consumé, dévoré et la fragilité des biens remportés en contrepartie.

Sans révolutionner le genre du Rise and Fall, Belgica le ramène sur le plancher des vaches et nous met soudain face à ce que nos ambitions recèlent de plus excitant, salvateur et amer. Un constat évident, magnifié par le savoir-faire racé de son auteur, qui signe ici son meilleur film.

casting

Résumé

D'un récit classique, Felix Van Groeningen tire une fable habitée, cruelle et euphorisante, sublimée par la partition de Soulwax.

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commentaires
Dirty Harry
01/03/2016 à 14:49

"La merditude des choses" était une chronique succulente et émouvante dans un Groland belgifié tandis qu'Alabama me semblait à coté de la plaque avec son coté pamphlet anti-bush dans un pays où ce n'est pas bush qui fait la loi ! Bref a part des personnages aliénés il y avait une bonne musique j'ai hâte de celui-ci.

diez
13/02/2016 à 12:46

Alabama Monroe je l'avais trouvé mal équilibré. Une superbe et melancolique première partie, un drame excessif pour la seconde. Climat anxiogène, le metteur en scene n'a pas réussit à rendre le drame touchant ou interessant dans la deuxième moitié du film.

Mais il reste un réalisateur intéressant, j'irai certainement voir Belgica.

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