Je suis un soldat : la critique qui montre les crocs

Chris Huby | 18 novembre 2015
Chris Huby | 18 novembre 2015

Sandrine, 30 ans, sans emploi, est obligée de travailler avec son oncle dans un chenil qui s’avère être une plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’est.

Le personnage de Sandrine, en perte de repères, cherche à tout prix à en sortir. Arrivée sur le marché du travail à un point de non-retour, elle est désormais prête à tout. Le giron familial, aveuglé par la galère et la misère des classes d’en bas, ne se rend pas compte qu’elle entretient en son sein un trafiquant de haut vol.

Louise Bourgoin et Jean-Hughes Anglade portent ce beau premier long métrage sur leurs épaules. Il s’agît d’un modèle de film social par excellence, portrait d’une génération de français qui tente de survivre, quitte à utiliser toute forme de vie animale et d’en faire un commerce au noir crapuleux.

 

 

Les nombreux chiots que les trafiquants se repassent sont autant d’éléments représentatifs d’un monde qui exploite ses ressources jusqu’au bout au profit de l’intérêt personnel. Alors que des dizaines de chiens sont emmenés dans les pires conditions, trainés dans des cages à l’instar de cochons d’abattoir ou de légumes, ils finissent souvent dans les boutiques des rues chics, ou dans des chenils certifiés conformes. Le chien, animal de compagnie et exutoire sentimental, est traité ici comme une marchandise, à la limite de sa transformation en objet. Cette thématique soutient le film dans son ensemble : l’humain, apeuré, exploite et massacre tout ce qui se trouve autour de lui sans se rendre compte des conséquences.  

 

 

Les deux personnages principaux en sont réduits aux pires bassesses et calculent de bout en bout, quitte à se mettre leur famille à dos, le seul espace humain qu’il leur reste. Ce dernier cocon, hypocrite mais nécessaire, reste pourtant le but à définir et à atteindre, chose fragile lorsqu’on finit par se trahir à l’intérieur même de cet espace privilégié.

 

 

Jean-Hughes Anglade campe un héros solitaire et dur avec brio, comme à son habitude. Mais l’on retiendra surtout le jeu tout en finesse de Louise Bourgoin qui ne cesse d’étonner dans un rôle complexe sur bien des points. En manque de féminité et de désir, réduite à néant par sa situation sociale, la jeune femme mène un combat intérieur permanent et va devoir retrouver une certaine forme de sensualité à la sortie de ce passage honteux de son existence. La réalisation n’est pas en reste et soutient parfaitement cette dernière idée. Le metteur en scène Laurent Larivière livre un film de haute tenue, très bien filmé et maitrisé.

 

 

 

Résumé

Un drame social très sombre, mais un premier film vraiment passionnant et un metteur en scène à suivre.          

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