99 Homes : Critique du grand Prix de Deauville
Les films américains consacrés à la crise ne manquent pas, du côté de la fiction comme du documentaire. Mais 99 Homes est le premier à se pencher précisément sur la crise du logement et ses terribles conséquences.
L’immobilier est un loup pour l’homme
Dennis vit avec sa mère et son jeune fils, qu’ils tentent péniblement de nourrir. Lorsque la banque saisit leur maison et les condamne à déménager dans un motel miteux, peuplé d’autres déshérités, il décide de travailler pour l’agent immobilier qui les a expulsés et s’est spécialiser dans ce business très lucratif qu’est devenu l’éviction.
Dans une salle de bain de stuc rosâtre, git un cadavre ensanglanté. Face au corps suicidé se tient Carver (Michael Shannon), impénétrable, comme protégé par son costume crème et ses cheveux gominés. C’est ainsi que s’ouvre 99 Homes, sur un plan séquence de 3 minutes, qui propulse le spectateur aux côtés d’un « real estate broker », agent immobilier exécutant les basses œuvres de l’état de Floride et des banques.
Cette introduction à la tension formidable contient la note d’intention du film de Ramin Bahrani : nous plonger au sein d’un milieu socio-économique dévasté par la crise, où le rêve américain est devenu un rêve de prédation absolue. L’excellente idée de ce film sera de suivre non pas une simple victime ou un pur bourreau, mais bien de les réunir, l’innocent joué par Andrew Garfield préférant rejoindre les loups qui l’ont mordu plutôt que d’être sacrifié avec les milliers de victime d’un système devenu fou.
Sauver les meubles
Entre le toujours prodigieux Michael Shannon et l’électrique Garfield, naît une alchimie remarquable, une relation père-fils tordue et malsaine, qui procure au récit une grande part de sa force, de son alchimie. Situé dans un décor de rêve habilement perverti - la Floride et ses lotissements trop propres – le film nous tient en haleine.
Du moins jusqu’à sa dernière bobine, où le scénario, jusqu’alors crédible et resserré, fait subitement des pieds et des mains pour nous pousser jusqu’à une conclusion trop convenue. On sent le réalisateur décidé à offrir à l’un de ses personnages une porte de sortie, quitte à perdre de sa cohérence et de sa radicalité en cours de route. Dommage, d’autant plus que la mise en scène, si elle ne retrouve jamais la virtuosité de la séquence inaugurale, nous maintient sous pression avec brio pendant plus d’une heure.
Lecteurs
(2.0)18/03/2016 à 09:46
Plaisir de voir ce consensus autour de Michael Shannon, on en parle pas assez.
Puis, quitte à me faire flinguer, je préfère Andrew Garfield à Tobey Maguire en Peter Parker, il était plus naturel, moins dans le surjeu idiot de l'ado attardé. Tout ça pour dire que j'apprécie de plus en plus aussi ce jeune acteur.
15/09/2015 à 07:21
N'importe quel film avec michael shannon vaut le coup.
14/09/2015 à 15:06
Votre critique fait envie et effectivement il y a Michael Shannon.
10/09/2015 à 09:46
De toute façon y'a Michael Shannon.
09/09/2015 à 20:33
Ravi que Garfield renoue avec des projets à la hauteur de son répertoire : le potentiel dévoilé Never Let Me Go et The Social Network peut enfin s'imposer.
Next, le Scorsese...