Poltergeist : Critique hantée

Geoffrey Crété | 10 juin 2015
Geoffrey Crété | 10 juin 2015

Plus de trente ans après le film culte, co-écrit par Steven Spielberg et réalisé par Tobe Hooper, le remake de Poltergeist n'est ni une surprise ni un événement. Reste une question essentielle : est-il honteux ?

 

Comme l'original, Poltergeist version 2015 s'ouvre sur un pixel en très gros plan : l'écran à tube cathodique qui diffuse l'hymne américaine dans le salon laisse place à un FPS de zombie, auquel le môme joue sur une tablette en voiture. Là réside l'une des grandes et insignifiantes nouveautés de ce remake à la médiocrité ordinaire, avec smartphone et drone filmés sans grande imagination par Gil Kenan - dont le destin était de filmer cette maison hantée classique, puisque sa carrière a été lancée par le film d'animation Monster House.

 

 

La pulsion primaire sera d'énumérer les trop nombreuses faiblesses et absurdités de ce remake, qui demande au spectateur de frissonner alors même que ses personnages restent amorphes face aux chaises qui s'envolent et autres phénomènes terrifiants : pas le temps de s'attarder sur la réaction de la mère lorsqu'elle entre en contact avec sa fille disparue à travers un écran de télévision, ni l'envie de faire jouer la peur à l'adolescente saisie par une main sortie du sol du garage. Même le quartier demeure curieusement calme lorsque la maison possédée irradie et se désintègre dans le climax, preuve que le spectacle est devenu trop ordinaire (pour les deux publics : le voisinage et la salle de spectateurs) pour provoquer une véritable réaction.

 

 

Mais au-delà de ces travers du genre, auxquels l'amateur du genre est malheureusement habitué, le remake de Poltergeist manque du principal : de l'idée, de l'imagination, et de la force. Passé l'introduction classique et plaisante, en grande partie grâce au charisme naturel du couple interprété par Rosemarie DeWitt et Sam Rockwell, le film gigote dans tous les sens : entre le vide (les mauvais jump scares) et le trop-plein (les CGI pas très heureux des cartes, de l'arbre, de l'au-delà), entre le premier (les Bowen à la recherche de leur fille) et le second degré (l'équipe d'experts paranormaux, avec Jane Adams et Jared Harris stars d'une scène post-générique gênante).

Le remake se cherche sans se trouver, et la dernière ligne droite illustre parfaitement l'incapacité de Gil Kenan à gérer ses personnages, ses effets spéciaux, son rythme, son montage, et ce sentiment indispensable de satisfaction - en un mot : sa mise en scène. Le trouillomètre reste donc à zéro, rappelant que le défi de filmer une maison hantée est grand puisque bien trop connu du public. 

 

 

Poltergeist semble ignorer que s'il n'y a pas eu de remake officiel du film de 1982, des tonnes de films s'en sont inspirés sans vergogne. La version 2015 arrive après la bataille, sans même en avoir conscience. Comble de l'ironie : elle a des airs d'Insidious, la sympathique série B de James Wan qui restera, elle, comme la version moderne de la maison hantée de Poltergeist. De quoi se souvenir que le récent Pyramide avait au moins la présence d'esprit de changer le décor et la menace pour amuser et détourner l'attention.

 

 

Résumé

Qui sera surpris de constater que le remake de Poltergeist n'est pas un bon film (d'horreur) ? Personne. Pas même celui qui ira prendre sa dose avec quelques minces et inoffensifs frissons.

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