Jurassic World : critique préhistorique

Simon Riaux | 30 avril 2023 - MAJ : 09/08/2023 14:44
Simon Riaux | 30 avril 2023 - MAJ : 09/08/2023 14:44

Plus de dix ans ont passé depuis le dernier épisode de Jurassic Park. Entre temps, la mode des reboots et autres remakes a pris des proportions délirantes, poussant logiquement Steven Spielberg et Universal à nourrir la nostalgie du public en redonnant vie à une saga encore très présente dans l'imaginaire collectif. Après une promotion clairement orientée autour de l'idée du fun et du second degré, nous étions donc particulièrement curieux de découvrir quelles surprises nous réservait le Park, ou plutôt le World de Jurassic World de Colin Trevorrow avec Chris Pratt.

DIT NOSAURE

Ceux dont le cœur bat toujours pour les dinosaures y trouveront à peu près leur compte, le film faisant tout pour les exposer continuellement et au grand jour, avec une relative générosité. Les spectateurs en quête d’un divertissement rondement mené pourront également se satisfaire du produit proposé par Universal. Son rythme est constant, l’ensemble ne souffre globalement pas de temps mort et on constate l'effort des scénaristes pour élaguer l'histoire et ne pas alourdir le film, notamment ses dialogues.

 

Photo Chris PrattChris Pratt, prêt pour l'aventure

 

On redoutait que la mode du tout numérique ne joue contre la tradition d'excellence de la franchise dans le domaine des effets spéciaux. Il n'en est rien, les équipes d'ILM ont une nouvelle fois fait du très bon boulot. Hélas, ils n'ont manifestement retenu aucun enseignement de l'expérience acquise sur les précédents épisodes. Les animatroniques ont manifestement été quasiment éliminés de l'équation, tandis que l'animation semble ne plus se soucier de modèles physiques, comme Spielberg l'imposa par le passé. Résultat : une fouletitude de bébètes numériques dénuées de réalité, sortes de chewing gum rugissants incapables de procurer le moindre frisson.

La conséquence est terrible, Jurassic World est le film aux effets les plus ratés de la saga. Et de loin.

 

photo, Ty Simpkins, Nick RobinsonFAKE

 

SUBSTANTIFIQUE MOËLLE

Malheureusement, Jurassic World souffre de son indécision. Alors qu’il agite en permanence la nostalgie du premier épisode sous notre nez, le scénario de Colin Trevorrow semble ne pas du tout en comprendre l’esprit et échoue à créer une réelle dramaturgie ou un quelconque émerveillement. En témoigne la scène où retentit pour la première fois le thème principal de John Williams, utilisé ici non pas pour accompagner la découverte des formidables créatures qui peuplent le parc… mais pour nous dévoiler la déco de son hôtel de luxe.

 

photo, Bryce Dallas HowardBryce Dallas Howard

 

Le long-métrage se pense et se vit comme une attraction, ni plus ni moins. Une orientation qui lui confère son dynamisme, mais limite son impact. Les personnages témoignent cruellement de cette orientation, à l’image de Chris Pratt, dénué de personnalité et de motivations, qui se contente de jouer les guides touristiques rigolards, annulant systématiquement tout effet de tension ou de suspense. Comment croire à une menace mortelle quand nous évoluons aux côtés d’un blagueur capable de contrôler les Raptors, l’espèce la plus dangereuse qui soit ?

Autre source de déception : le refus du film de nous offrir la dose de frissons indissociable de la saga Jurassic Park. Non content de piocher presque toutes ses victimes parmi des figurants anonymes, le film ne nous offre pas le cataclysme annoncé par ses bandes-annonces. On se demande ainsi quel était l'intérêt de situer l'action dans un parc rempli de touristes, pour finalement ne pas vraiment les confronter aux dinosaures affamés qui les entourent. Une timidité regrettable, car on se rappelle que la conclusion furieuse du Monde Perdu n'empêchait pas le film de demeurer un divertissement grand public.

photo, Ty Simpkins, Nick RobinsonLes deux mioches là

 

À force de ne pas choisir de direction claire, Jurassic World n’assume pas non plus sa dimension Z. Certaines péripéties semblent pourtant offrir au spectateur une relecture inattendue de Mega Shark vs. Giant Octopus et ses inombrables suites qui remplissent les étagères des cinéphiles déviants. Alors que le film se transforme en match de catch pour sauriens génétiquement modifiés, nous réalisons que cette voie nanardeuse mais jubilatoire était peut-être une issue pertinente pour un film qui n’a clairement pas les ambitions de son sujet.

Mais pour assumer une folie à la fois sauvage et bon enfant, il aurait fallu faire le choix de se couper d’une partie du public potentiel, la frange la plus cinéphile et nostalgique, plutôt que de tenter artificiellement de satisfaire toutes les audiences, quitte à n’en combler aucune.

 

Affiche française

Résumé

À ne pas choisir entre l'hommage respectueux et le gros délire, Jurassic World finit par se perdre et proposer une grosse attraction manquant singulièrement de caractère.

Autre avis Geoffrey Crété
Potentiellement amusant mais toujours inoffensif, parfois distrayant mais jamais exaltant, Jurassic World rouvre en fanfare les portes pour jeter de la poudre aux yeux. Il ne manquait plus qu'un scénario, un point de vue sur l'univers, et des idées de mise en scène pour offrir autre chose qu'un blockbuster générique, sans aucune scène forte.
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commentaires
Lougnar
01/05/2023 à 22:14

65 la terre d'avant est un bien meilleur JP que ce JW ^^ !

Jurassic meta
01/05/2023 à 07:50

Hommage fantastique et gros délire, Jurassic World jamais ne se perd et propose une attraction marquante et rare.

Sanchez
28/11/2022 à 01:07

Et des personnages …. Comment dire. Dans jurrassic Park c’était dès paléontologues et mathématiciens , ici nous avons une cruche et un dompteur, athlète, expert au combat en corps à corps et en motocyclette, encore une fois c’est crédible.

Sanchez
27/11/2022 à 20:22

Je m’étais endormi au ciné. Contrairement au tout premier , le film est inclu dans aucune réalité, le parc est un parc futuriste avec des technologie de science fiction , on y croit pas 2 secondes. C’est naze

Daniel@gmail.com
09/08/2022 à 18:16

J'ai trop s la hipe de faire ce film chaque semaine je vous donnerai des nouvelles sur la production de ce film amateur sa va être énorme !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Daniel@gmail.com
09/08/2022 à 17:40

Moi je l adore il est très beau et je vais m'en inspirer Pour mon prochain film Isla Verde la suite de la saga thé créatures se sera génial

Wooster
30/05/2022 à 11:12

Je reste pour ma part bluffé par les effets spéciaux, même s’il faut reconnaître que ceux de JP dans les années 90 avaient été une véritable claque : à l’époque on n’avait jamais vu ça!
Quant à l’histoire et aux personnages, c’était assez stupide dans la série JP initiale, et ça ne s’est pas amélioré dans les JW d’aujourd’hui.

jorgio69
27/11/2018 à 13:16

Ioutch !
Vous êtes dur avec le scénario de JW. J'ai trouvé très intéressant, même si c'est un thème de fond peu exploré, la confrontation entre les environnements créatifs, commerciaux et militaires.
Très bien amené mais trop peu exploité.
Après, quand on va vu le scénario du JW - Fallen Kingdom, cela rehausse le niveau du 1e.
Parce que oui, le scénario du 2, écrit majoritairement par Colin Trevorrow, est complètement con...

alan
27/11/2018 à 11:32

Le film marche sur les pas du JP original avec une structure quasiment calquée sur ce dernier, en jouant sur la fibre nostalgique du retour dans LE parc. Après avoir vu world 2 j'ai regardé avec plus de clémence celui ci, il n'est certes pas un monstre d’originalité mais respecte un minimum l'esprit JP ce que ne fais pas world 2 avec son scénario stupide et ses personnages totalement inconsistants.

WinslowLeach
25/08/2016 à 16:41

Moi je me suis endormi après 50 minutes de projection...
J'aimais bien le premier grâce notamment à l'esthétique de Dean Cundey derrière la caméra (au meilleur de sa forme) et aux interprètes tous géniaux.
J'ai mis du temps à apprécier le deuxième... Ce n'est qu'à la deuxième vision que je me suis rendu compte que suivre les aventures du professeur Ian Malcolm (Jeff Goldblum) était aussi plaisant que de suivre celles du Professeur Alan Grant (qui manque quand même cruellement).
Le troisième était gâché par les interprétations minables de William H. Macy et Téa Leoni, mais il nous offrait le retour d'Alan Grant, la meilleure idée du script.
Le quatrième film abandonne quasiment tous les personnages de la trilogie originale, à l'exception de DB Wong (le scientifique asiatique appelé Henri Wu,du premier film) qui revient sous les traits du même personnage mais à la sensibilité totalement opposée... Super ! Quelle idée lumineuse, tout le monde voulait voir ça en effet ! On nous propose une nouvelle galerie de personnages dont on se fou royalement (je ne connais même pas ces nouveaux acteurs) tant ils sonnent creux.
Le but de JURASSIC WORLD est bien de séduire un nouveau public qui n'a pas vu les précédents opus, plus que séduire ceux qui ont aimé la trilogie originale. J'aurai aimé voir un film qui me parle plus, contenant des références aux œuvres précédentes...
L'idéal pour me séduire aurait été un plan d'ouverture style flash back dans les années 50 montrant un enfant émerveillé devant le CIRQUE DE PUCES ... On comprend alors qu'il s'agit du petit Professeur Hammond jeune...

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