La French : critique jambon-burger

Geoffrey Crété | 23 septembre 2018 - MAJ : 22/06/2021 16:03
Geoffrey Crété | 23 septembre 2018 - MAJ : 22/06/2021 16:03

Difficile de ne pas soupçonner Cédric Jimenez de se rêver en French Scorsese avec ce film de gangsters situé dans le Marseille des années 70, centré sur la lutte obsessionnelle entre un juge incorruptible et un parrain du banditisme. Une ambition naïve mais louable, pour un film heureusement bien troussé.

BIGGER THAN LIFE ?

Montage dynamique sur une bande son pêchue, caméra aérienne sur les trafics en tous genres, lignes de coke sur fond de néons de discothèque, réunions de famille entre gangsters, personnages féminins coincés en arrière-plan : La French, superproduction de 26 millions d’euros, ne cache pas ses rêves de grandeur hollywoodienne.

Avec un Marseille filmé comme Brooklyn, un scénario étalé sur une dizaine d’années, une relation quasi intime entre l’homme de loi et le hors-la-loi, Cédric Jimenez, réalisateur du sympathique Aux yeux de tous, a la belle ambition de se mesurer à une dimension trop rare du cinéma hexagonal. Première raison, non négligeable, de ne pas mépriser une entreprise qui se place comme la bonne alternative à un Blood Ties écrasé par ses références.

 

photo, Jean Dujardin

 

GILLES ET JEAN JOUENT AUX GANGSTERS

Passé l’évidente comparaison avec Martin Scorsese, que le metteur en scène semble adresser avec la chanson de Shutter Island (This Bitter Earth And On The Nature Of Daylight de Dinah Washington), La French se révèle en toute humilité un bon exercice de style, solide, maîtrisé et trop conscient de ses limites pour s’y perdre. Avec tout juste plus de 2 heures au compteur, l’histoire peine ainsi à prendre son envol, devenir plus qu'une simple addition de scènes et donner chair aux seconds rôles – celui de Céline Sallette manque de dimension, quand Mélanie Doutey est réduite à de la figuration de luxe.

 

photo, Gilles Lellouche

 

Ce qui n’empêche pas à cette histoire vraie, qui a servi de base au génial French Connection de William Friedkin, d’offrir une tragédie à la mécanique bien huilée entre une figure du bien et une autre du mal, présentées sans surprise comme les deux faces d’une même pièce. Jean Dujardin s’en sort avec les honneurs dans le beau rôle du juge obstiné, face à un Gilles Lellouche nettement plus faible en mafioso, qui tombe dans le piège de la performance à l’américaine. A l'image d'un film qui souffle le chaud et le froid, tour à tour touchant et grotesque.

 

photo

Résumé

Cédric Jimenez invoque les figures classiques et se rêve en Scorsese : La French garde la tête haute et se place comme un film de gangsters populaire et solide.

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commentaires
Brooklin44
03/12/2014 à 18:39

Une mise en scène consternante d académisme ; des acteurs qui n ont absolument pas l épaisseur pour ce genre de rôle ( en même temps à leur décharge ils ne sont pas dirigés) ; et dire qu il y a eu un âge d or du polar en France ..ou sont mêleville ou Corneau. En bref à peine mieux que le grand pardon 2 ou immortel et largement inférieur au Lyonnais qui était deja pas bien brillant. Revoyez plutôt le juge Fayard de Boissetbavec Dewaere c est quand même autre chose. Ps: mort de rire sur le post de sylvinception qui considère coppola et Kubrick surcotė alors que vu son pseudo il semble être fan de Nolan voilà voilà 2001 vs interstellar, le prestige vs le parrain , etc .... Merci pour ce jugement qui si il dénote un certain manque de culture ciné a eu le mérite de me divertir

Jo
01/12/2014 à 15:44

Scorsese va bien rigoler surtout avec ces deux m'as-tu vu

Etvazydonc
01/12/2014 à 14:44

Encore un film qui sent bon le fiasco financier et que "bravo c'est nous qu'on paye !"
Ceci dit la bande-annonce est très très drôle et ça sent le grand moment de comique involontaire.

Dirty Harry
01/12/2014 à 13:44

Pourquoi essayer d'être quelqu'un qu'on est pas ? Refaire, ou essayer de singer le travail de Scorsese (ou d'un autre) pour créer un polar je ne comprends pas, certains comme Marshall, Alain Corneau ont une signature forte et essaient d'être eux-mêmes et cela marche. Pas besoin d'en revenir toujours à des figures tutélaires et tellement valorisées par la presse (américanisée ?) que cela coupe les jambes avant même de faire la course à force d'imposer des modèles indépassable (qui ne sont que des hommes, certes de talent, mais pas des figures mythologiques).

memede lebarbare
30/11/2014 à 16:48

Au risque de faire bondir certaines personnes ,le maître es polar en France a l heure actuelle n est autre qu olivier marchal les autres ont encore des leçons a prendre y compris mr jimenez.

sylvinception
28/11/2014 à 10:38

Scorsese, le réalisateur le plus surestimé de l'histoire ??
Certainement pas!! Pas contre faisant partie du "club des 3 plus - TROP BORDEL!! - surestimés" avec Kubrick et Coppola ?? Certainement!!

zitouni
24/11/2014 à 18:06

...Ce qui n'empêche pas (à) cette histoire vraie...
empêcher : transitif
Z

Frank Castle
23/11/2014 à 10:03

Pour une fois qu'un réalisateur français a de l'ambition! Se prendre pour Scorsese, il y a pire comme rêve...

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