I Origins : critique cosmique

Geoffrey Crété | 2 septembre 2014 - MAJ : 24/06/2022 17:00
Geoffrey Crété | 2 septembre 2014 - MAJ : 24/06/2022 17:00

Trois ans après la rencontre faramineuse entre deux Terre dans son premier film couronné à Sundance, Another Earth, Mike Cahill orchestre une nouvelle aventure au-delà du réel dans I Origins, fable surnaturelle avec un Michael Pitt en quête du sens profond de la vie au fond de l'iris.

La formule n'a pas évolué d'un iota : conjuguer la poésie grandiose du film de genre, avec son appétit pour l'ailleurs, avec la délicatesse du cinéma indépendant américain. Le mélange, illustré dans Another Earth, habille I Origins, qui s'ouvre d'abord sur le terrain miné de la romance typique entre un homme terre-à-terre et une créature féminine qui va, par son approche unique de la vie, bouleverser celle du héros. Caméra flottante, plages lyriques sur les corps et les voix flottantes, ellipses à foison : la première partie du film respecte le cahier des charges du genre, vu et revu dans quantités de comédies romantiques branchées. Au risque de frôler le cliché, à l'image de la mystérieuse Sofi incarnée par Astrid Bergès-Frisbey, qui symbolise par ailleurs toute la thématique d'un film qui s'obstine à opposer la religion à la science, la croyance à la démonstration, et de manière générale, l'esprit cartésien à celui des enfants et des mystiques, plus aptes à lire les signaux silencieux du monde.

 

photo, Michael Pitt, Brit Marling

 

La fracture opérée à mi-chemin du scénario, d'une violence presque grotesque, répare en partie l'édifice. Le film se retourne contre le spectateur, contre le héros, tous deux démunis face à un avenir incertain. I Origins demandera alors aux deux de croire : en l'incroyable, en l'invraisemblable, en la magie d'une coïncidence puis d'une réminiscence. La foi au cœur de l'histoire, questionnée par le personnage jusqu'en Inde, sera ainsi mobilisée de l'autre côté de l'écran, puisqu'il faudra accepter d'embrasser la fameuse suspension d'incrédulité, carburant instable mais ô combien satisfaisant de cette fable new age.

 

photo, Astrid Berges-Frisbey, Michael Pitt

 

A condition de l'accepter, sans résister outre mesure, le voyage se révèle parfaitement excitant, dilué dans une enquête solide et tortueuse. Le lien créé par la comédienne Brit Marling entre le cinéma de Mike Cahill et celui de leur ami commun Zal Batmanglij, qui l'a dirigée dans Sound of my Voice, construit une fascinante constellation, tracée dans le paysage américain avec douceur et adresse. La scène en fin de générique, elle, confirme que l'univers du réalisateur d'Another Earth va devoir s'étendre pour s'adapter à ses folles ambitions. De quoi pardonner une écriture parfois maladroite, et une candeur qui sera perçue comme une faiblesse par les plus cartésiens, justement.

 

Affiche française

Résumé

A condition de l'accueillir, I Origins s'offre, fragile, comme une aventure enivrante, qui confirme la force de Mike Cahill.

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