Critique : The Activist

Simon Riaux | 11 juin 2014
Simon Riaux | 11 juin 2014
Méconnue et sous-représentée au cinéma, la cause indienne a bien du mal à se frayer un chemin jusqu'aux écrans. On est d'autant plus surpris de voir se passionner pour la question un jeune réalisateur français, Cyril Morin, qui signe avec The Activist un huis-clos surprenant. Aussi étonnant dans son sujet que dans son traitement, ce premier film aux nombreuses imperfections mérite néanmoins le coup d'œil.


En décidant de décoder les enjeux derrière l'insurrection de Wounded Knee (1973) sans jamais nous montrer les évènements dont le film se fait l'écho, Cyril Morin fait un choix simultanément audacieux et problématique. Audacieux car il permet de passer outre la petitesse d'un budget interdisant une reconstitution ambitieuse, problématique car il l'oblige à concentrer dans un lieu unique et plus que limité un trop grand nombre de figures et personnages. Alors que les deux héros du récit se retrouvent enfermés dans un commissariat perdu au milieu de nulle part au mépris de leurs droits, un curieux ballet d'officiels, de politiques et de stars se pressent à leur chevet. L'aridité du concept et plusieurs maladresses d'écriture entament hélas la crédibilité de ce concept simple, donnant l'impression que le metteur en scène récite trop souvent un bréviaire mal digéré de la culture américaine.

On pourra également reprocher à la direction d'acteur une tendance sévère à la caricature, ainsi qu'un certain manichéisme scénaristique, qui culmine dans un final terriblement lourdingue. Néanmoins, ces défauts ne suffisent pas à oblitérer certaines qualités de l'ensemble. Ainsi, en dépit d'une intrigue complotiste des plus terre-à-terre, Cyril Morin parvient à établir une atmosphère intrigante, à l'étrangeté palpable. La photographie ouatée de l'ensemble aide énormément à la diffusion de l'ambiance viciée qui contamine petit à petit le spectateur. On notera également la rigueur du découpage, qui s'affranchit élégamment des limites induites par le décor, à savoir un bureau et deux cellules. Rassembler dans ce lieu minuscule la charge politique seventies (maladroite mais plaisante) et la mythologie hollywoodienne incarnée par Marlon Brando s'avère ainsi une orientation aussi surprenante que bienvenue.


EN BREF : Un premier film souvent maladroit, mais dont le contexte et l'atmosphère retiennent durablement l'attention du spectateur.

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