Edge of Tomorrow : critique die and retry

La Rédaction | 12 février 2023 - MAJ : 13/02/2023 10:23
La Rédaction | 12 février 2023 - MAJ : 13/02/2023 10:23

Curieux parcours que celui de Edge of Tomorrow. Blockbuster de science-fiction emmené par Tom Cruise et Emily Blunt, le film aurait logiquement dû être au centre de l'attention d'une grande partie du public. Mais une promotion ratée et une sortie accolée au Festival de Cannes auront interdit au film de rencontrer le très grand public avant sa sortie. C'est pourtant un alléchant récit guerrier et paradoxal, où un déserteur se voit doté de la capacité à revivre éternellement la même journée de défaite, jusqu'à devenir capable d'inverser le cours des évènements.

DARK SOULS OU WARHAMMER 40 000 ?

De prime abord, Edge of Tomorrow est une grande surprise. En effet, si Doug Liman ne se montre jamais inspiré dans son découpage, il parvient à mettre très efficacement en valeur la direction artistique discutable du film et à tirer le meilleur parti de décors finalement très communs. On est également surpris par Tom Cruise, qui ne prend jamais le dessus sur Emily Blunt et se retient très efficacement de phagocyter le récit.

Tout héros qu'il soit, le comédien façonne un personnage aux évolutions lentes et profondes, qui ne prend pas la main sur la narration, nous permettant même d'oublier son embarrassant statut de VRP superstar d'un mouvement sectaire indigne d'une exécution sommaire.

 photo, Tom CruiseBienvenue en Normandie !

 

Et si les sources d'inspirations qui donnent vie à cet univers sont (trop) évidentes, tant le script convoque Matrix, en passant par Gears of War, tout en faisant de la réclame à tous les third person shooters sortis sur consoles depuis 10 ans, le scénario fait largement passer la pilule. Retors, intelligent, il exploite son principe de répétition de l'action brillamment. Notre héros recommence ainsi le film/jeu sitôt qu'il meurt, ce qui pousse le récit vers une sorte d'abstraction, puis d'accélération stupéfiante.

Alors que Tom Cruise meurt, choit, tue et massacre enfin, le film s'autorise des séquences d'une folle créativité, ou renaît de ses cendres une sorte de burlesque parfaitement inattendu et ravageur. Ainsi le personnage de Cruise traverse-t-il le champ de bataille engoncé dans un exosquelette qui rappelle certains costumes Keatoniens, quand la mort elle-même, devenue sanction autant que soulagement, surgit telle une bouffée d'air raffraîchissante.

 

Edge of tomorrowParé à signer les autographes ! 

 

NOOBIE PLAYER ONE

Edge of Tomorrow déroule ainsi plus d'une heure, où le spectateur se demande sans cesse s'il n'a pas été piégé par une ellipse. À travers ce concept brillant, c'est bien sûr les jeux vidéo que Doug Liman ausculte. Mourir pour mieux recommencer, effectuer un pas, chuter. Apprendre, ingérer, par coeur, jusqu'à maîtriser tout à fait son environnement. Que réalisons-nous en tant que joueur ? Pourquoi toujours recommencer ? Le but à atteindre est-il finalement aussi important que le chemin pour y parvenir ?

Hélas, ces questionnements, qui font du métrage un des premiers films sur le concept punitif à l'origine des jeux vidéos (die & retry, meurs et recommence) sont brusquement balayés par un rebondissement et une dernière demie heure en mode automatique. Comme si les producteurs reprenaient subitement la main pour s'assurer une conclusion qui ne chamboule pas trop le spectateur venu reluquer son quota d'explosions, de grosses pétoires et d'Emily Blunt en sueur, le film abandonne intellectuellement et visuellement ses enjeux, pour se concentrer sur une conclusion d'une effrayante médiocrité.

 

photo, Tom Cruise"Alors c'est donc ça la Seine Saint Denis..."

 

Adieu doutes, boucles temporelles et noirceur balbutiante, le scénario dégage toute la construction des soixante minutes précédentes pour transformer ses deux héros en guerriers dégagés de tout enjeux, évidemment promis à une happy end d'une bêtise clinique. Et le sourire final de Tom Cruise de venir éclabousser l'écran avec une obscénité crasse, accompagné d'un petit rire qui se voudrait la clef d'une complicité retrouvée avec le spectateur, mais fleure bon le mépris de classe hollywoodien.

 

Affiche française

 

 

Résumé

Étrange film que ce blockbuster malin et agressif dans ses deux premiers tiers, qui retourne soudain sa veste pour piétiner tout ce qu'il a précédemment bâti lors d'un climax expédié.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
13/02/2023 à 15:00

Du plaisir à avoir revu « Edge of Tomorrow »…
Sorti en pleins 70 ans du Débarquement en Normandie… et on a la même chose, version alien au lieu d’allemands dans le film. Ça plus des personnages de guerriers ayant régressé à un stade belliqueux et dingue digne d’un autre temps, et l’utilisation absurde de lieux iconiques comme bases secrètes…
On aura compris, comme « Matrix », ce film est lui aussi un mash-up de multiples influences réunies dans une logique de Gamer. Dans « Matrix » on avait de l’aventure fantastique avec la quête évolutive de Néo, dans lequel ils construisent leurs avatars, qui sont contrôlé de l’extérieur dans le monde réel…
Dans « EOT », on a à la fois un « Tom Cruise movie », avec un personnage assez lâche et superficiel sensé être du New Jersey comme dans « La Guerre des Mondes », des scènes de pendule (câblé donc) comme dans les « Missions Impossible », un peu de « Minority Report » (de la poursuite presciente, comme avec Agatha) et de « Oblivion » (lui aussi petit mash-up de films).
C’est aussi du Doug Liman, c’est à dire se passant avec des américains en Europe, avec des soldats badass et Bill Paxton façon « Aliens: le Retour ».
Et surtout la structure d’un « replay movie », sous-genre rare comme le Survival et popularisé surtout par « Un Jour sans Fin ». Tellement qu’il peut être utilisé dans n’importe quel contexte fantastique (2 épisodes dans ce genre dans « Stargate SG1 », 1 dans « Buffy »…). Voilà pour les grosses références.

Le héros s’appellant « Cage » et étant enfermé dans une boucle temporelle, finit ainsi par rejoindre la logique de jeu vidéo (un peu FPS mais sans toutefois être représenté selon ce point de vue visuel) où le héros évolue sans connaitre tout de son environnement avant de le voir. Et doit s’entraîner et en apprendre dessus pour mieux éviter les obstacles et pièges multiples (mais assez immuables), selon une chorégraphie ordonnée, et aller plus loin dans l’histoire… en se faisant d’abord casser la tête des manières les plus drôles ou douloureuses qui soit (surtout pour Cruise), en ayant vies infinies et point de départ précis.
C’est brillant, : ça repose à la fois sur les cheats de jeux et la logique d’antan qui vous faisait recommencer une partie en entier rien qu’en vous servant de votre mémoire (si vous n’aviez pas de guide écrit), lorsque le jeu n’avait pas de système de sauvegarde par niveau – pensez à certains jeux bien énervants sur la Nes, comme TMNT ou Les Simpsons : Bart vs. the Space Mutants…
Tout en étant dans un univers suffisamment ouvert pour prendre des embranchements, à la recherche d’éléments permettant de faciliter son avancée dans un environnement où presque tous les autres personnages (non jouables ?) sont confinés dans une logique stricte qui en fait des adversaires supplémentaires – sauf si on arrive à convaincre une escouade de se rallier à vous, surtout si celle-ci est si chtarbé qu’elle peut passer pour une bande de bugs…

Et surtout, on n’oublie pas le contexte cinématographique car le héros principal se doit d’évoluer aussi bien au niveau du morale que de l’habileté (jusqu’à un jour mériter véritablement son uniforme)… Tout en vivant son existence également grâce au hors-champ, ne le rendant pas complétement tributaire de la connaissance du spectateur (qui ne joue pas) afin de mieux surprendre ce dernier pour ce qui concerne l’expérience que le héros a pu accumuler à lui seul, dans un montage resserré de 2 heures.
Tout ça permettant à la gravité de s’imposer petit à petit alors que ce protagoniste devient un vétéran de guerre « cassé », sans en porter un seul stigmate visible. Tout dans la tête, qui en a trop vu et qui n’a pas plus envie de faire des sacrifices afin de remporter la partie. Avec une dimension mythologique citant l’histoire de Sisyphe.

Même le début un peu longuet, et les dernières minutes plus classiques et pas très lisibles – mais haletantes – n’empêchent pas le plaisir d’avoir assisté au jeu le plus mortel et ardu qui soit (ce qui aurait été le cas si un concepteur en avait eu l’idée), même si on n’est pas soi-même un joueur régulier.
Le pied de nez final (puissance totale grâce à l’Oméga, mais ironie romantique face à la femme Alpha) suffira toujours à ce film au charme vertigineux, avec ou sans suite.

Ethan
31/03/2022 à 20:55

Quel plaisir de revoir ce film j'avais oublié que c'était en France l'histoire

@Kyle
Le niveau a baissé tu veux dire que Tom n'a pas fait de film de science-fiction depuis ou tu veux dire il n'y a pas eu de meilleur film de science-fiction depuis?

cmtdp
31/03/2022 à 10:04

Perso ma seconde vision du film l’a fait baisser dans mon estime alors que je l’avais initialement bcp apprécié.

Hormis le concept de boucles qui est bien traité et rend le rythme du film haletant sur une grosse heure, le début ( du sous full métal jacket) comme la fin sont grossièrement expédiés.

Finalement il n’y a pas tant de petits détails sympas à repérer une fois qu’on connaît la fin, à contrario de Shutter Island par exemple.

Les 3 étoiles me paraissent justifiées, la médiocrité générale des blockbusters depuis 15 ans met ce film en valeur, mais il est sympa sans plus finalement.

un jour sans fin sans les marmottes
31/03/2022 à 09:46

c'est l'un des meilleurs blockbuster depuis 2000 tout simplement, evidemement la derniere partie sur le Louvre est un peu expédiéeet convenue , mais le reste est du top top, à côte les Marvelleux ou dcu tout crasseux font peine à voir, notamment au niveau visuel, les cgi dans edge of tomorrow restent de tres bonnes factures en 2022 alors que du côte des marvel, dcu ou wonderwoman ont voit l'arnaque

Kouak
30/03/2022 à 23:46

Yoh...
Je ne m'en lasse pas de ce long...
De Netflix à la TV avec les multiples coupures pubs, dès que je matte les 1ėres minutes, je me fais avoir...
En réalité je subis exactement le scénar du film...
Je vis et revis le même film... Tout en connaissant toutes les situations...
Avec une question en suspend tout de même :
Combien de fois peut subir un être humain, même en sachant qu'il va ressusciter, sa propre mort avant de perdre la boule ??
Question déjà abordée dans la "vieille garde"... Avec l'immortelle enfermée dans un cercueil plongé au fond de l'eau durant 500 ans ( Un truc dans le genre)...Se réveillant toutes les 30 secondes pour se noyer de nouveau...500 ans dans ces conditions, ça doit être angoissant... ;-)
Bref...

Kyle Reese
30/03/2022 à 23:18

Toujours aussi bon à la seconde vision. Sortie en 2014, le niveau à sacrément baissé en 8 ans !

sprig
05/12/2021 à 22:01

@plasto T'es sur ? SPOIL : dans mes souvenirs il se réveillait, voyait la transfusion et comprenait qu'il ne pourrait plus le faire vis à vis de ce emily blunt lui a dit précédemment (ce qui ne change pas mon problème mdr). Ils se voient plus tard, elle veut le rebouter mais il dit qu'il a été transfusé. Me souviens pas qu'il dise qu'il ne ressent plus sa capacité à recommencer. Soit ! Cela me fera une excuse pour le revoir encore ;)

Plasto
28/11/2021 à 23:23

En réponse à Sprig, Cruise dit avoir senti perdre le pouvoir quand il a été transfusé dans la dernière partie du film, on peut imaginer que Blunt a ressenti la même chose.
Pour ma part j'ai bien aimé ce film, petite visite guidée à Paris, en Europe, un Renault espace considéré comme un mini van par Cruise et qui s'en prend plein la gueule. Merci à la console centrale pour son affichage simple du niveau de carburant et surtout ... Blunt aurait pu le démarrer sans trouver la clé plutôt carte à moins que le pare soleil en bloque la détection, question à débattre chez Renault.
Je remarque aussi que les moteurs français vrombissent toujours plus que les autres tout en produisant le même effet.
Sans parler de la mégane police qui se fait évacuer par l'exo-soldat et Cruise propulsé contre un mur par une CX bien cadrée d'ailleurs.
la fin parait simpliste mais elle est le résultat de l'apprentissage de Cruise tout au long de son aventure.
Un film à revoir plusieurs fois car truffé de détails.

Ethan
20/11/2021 à 15:15

@Sprig
En fait elle sait cela car elle travaille avec la personne qui a mis en place ces répétitions

Ethan
20/11/2021 à 15:01

Un film dans la lignée de Starship

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