Maléfique : critique Jolie-cornes

Geoffrey Crété | 14 mars 2023 - MAJ : 15/03/2023 08:59
Geoffrey Crété | 14 mars 2023 - MAJ : 15/03/2023 08:59

C'est d'un œil cynique qu'on observe Angelina Jolie s'envoler dans un tourbillon de CGI pour sa première production Disney, passage obligé des stars soucieuses de leur progéniture. Maléfique marque également les premiers pas de Robert Stromberg, le directeur artistique de l'ignoble Alice au Pays des merveilles de Tim Burton, derrière la caméra. Alors, qu'a-t-il dans le ventre ?

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En 2014, Mickey pouvait encore une fois sourire depuis sa tombe : après le succès du Monde fantastique d'OzMaléfique confirmait, avant Cendrillon de Kenneth Branagh en 2015 et bien d'autres depuis, que le catalogue de Disney avait encore de beaux jours devant lui. Plus d'un demi-siècle après le classique animé qui a enchanté des générations entières, La Belle au bois dormant effectue ainsi son grand retour, remixé à la sauce moderne.

L'insipide princesse à la pureté désolante retrouve donc sa juste place en arrière-plan, tandis que l'antagoniste, naturellement plus intéressante, se voit offrir le premier rôle. En résulte donc un vaste effort pour construire, nuancer, et au final justifier la personnalité et les actes de Maléfique, gentille fée corrompue jusque dans ses entrailles par la perfidie des hommes.

 

photo, Angelina JoliePerfide Angelina

 

ANGELIQUE...

Arrive alors une relecture bienvenue. Sous son air moralisateur, qui transforme l'une des icônes les plus terrifiantes de nos enfances en victime, Maléfique tend vers une réécriture féministe du conte - du moins, aussi loin qu'une superproduction à 200 millions peut l'être. Enclenchée dans une scène au sous-texte cru, où la fée perd ses ailes à cause de celui qu'elle aime, qui utilise l'équivalent féérique du GHB pour la déflorer, l'intrigue se resserre presque exclusivement sur les personnages féminins. Peu importe que la comédienne Elle Fanning soit d'une fadeur colossale, le film balaye tous les hommes jusqu'au troisième acte, où le fauteur originel est puni et le Prince, rendu impuissant (le baiser).

 

Photo Elle FanningElle Fanning manque de piquant

  

L'amour d'un homme n'aidera aucune des héroïnes, sauvées dans un twist maternel qui déforme le conte patriarcal. Seul Diaval, le clochard-corbeau, a un vrai rôle, qui débouche presque sur celui du vrai prince lorsque son amour pour Aurore prend forme ; mais même lui n'a pas les armes pour lutter contre les héroïnes d'un film qui se referme sur leur union dans un royaume loin des hommes, accessoires plus que dispensables de leur bonheur (la présence du prince dans la dernière image semble presque aussi irréelle que les troncs d'arbre parlants).

Le choix de la carnassière Angelina Jolie n'est pas anodin : symbole de la castration hollywoodienne, elle dévore la pellicule et rayonne sur le film jusqu'à éclipser tous ses partenaires.

 

photoBrûlez ces machins

 

... MAIS PAS JOLI

Mais le privilège de ce discours sous-terrain se fera au prix de la laideur. Car l'inévitable avalanche d'effets spéciaux démontre surtout un très mauvais goût : si Dieu se cache dans les détails, le diable aussi. En témoigne cette scène où Aurore rencontre plusieurs lucioles bleutées (Robert Stromberg a aussi signé le design d'Avatar, qui lui a valu son premier Oscar) a priori charmantes, qui se révèlent être d'affreuses sirènes volantes en gros plan.

Même chose pour les immondes marraines qui, en plus d'être d'une lourdeur inépuisable, ressemblent aux sœurs de Chucky sous hélium. Sans surprise, Maléfique n'a aucune autre âme que celle de sa star, contrainte à incarner toute la puissance d'une superproduction anémique, sympathique à déguster mais sans aucune saveur raffinée.

 

Affiche française

Résumé

Véhicule pour la superstar Angelina Jolie, Maléfique lui doit toute sa force. Pour quiconque survivra à une débauche d'effets spéciaux indigeste, au service d'une réécriture très classique, la maigre, mais intéressante consolation d'une lecture moins bête que prévu.

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commentaires
Flo
12/05/2023 à 20:26

Un peu famélique aussi. Et dans leur volonté de prendre le film animé d'origine et rebattre les cartes, là ça va trop loin :
La méchante n'est plus seulement le protagoniste principal, c'est aussi une pauvre héroïne abusée, victimisée... Et ce sont les autres les méchants (le Roi) et les idiots (les marraines bonnes fées). On se croirait dans la série animée "Profession Critique", l'épisode avec la fausse bande-annonce d'un film glorifiant Ike Turner.
L'actrice vampirise le rôle en y mettant ses obsessions, et dévitalise tout : le personnage a beau avoir un nom portant étymologiquement la notion de Mal, personne ne semble s'en rendre compte ni l'interroger là dessus. Ce n'est plus qu'une peau de vache pour un film "de filles", maxi.
Heureusement il ne fait qu'une heure et demie, ce conte un peu mytho ("je vais vous raconter la vraie histoire", ben voyons). Qui fait dans l'illustration et ne tire pas trop en longueur.


15/03/2023 à 14:14

"Maigre", "anémique",.... si ça c'est pas du message...

Tuk
28/04/2022 à 22:42

Perso, j'ai bien aimé, Une grosse surprise. Il y a cette esprit magique qui manque a la suite qui est une catastrophe.

Big law kid
28/04/2022 à 21:03

Le film ne casse pas trois pattes à un canard mais est sauvé par Angelina Jolie en maléfique qui crève l'écran et c'est la plus grande réussite du film.
Le film n'aurais jamais fonctionné si elle n'avait pas réussi à transmettre aussi bien le charisme du personnage, c'est sûrement le meilleur choix de casting que j'ai pu voir

Kyle Reese
27/07/2021 à 22:43

Jamais eu l'envie de voir ce film. Pourtant l'idée est bonne, mais l'affiche, la BA avec ses CGI qui tachent, une direction artistique plastique, et une Angelina Jolie avec qui j'ai énormément de mal maintenant et son maquillage laid ... bref. Une occasion raté. Pour moi, un film Maléfique devrait être fait pour les adultes, façon Joker par pour les enfants, la noirceur du personnage invite à l'horreur pas à la féérie.

DjFab
12/10/2020 à 17:52

Vous ne parlez même pas de la magnifique BO de James Newton Howard...

Matrix r
12/10/2020 à 15:27

Une mocheté ce film

lolo mercedes
11/10/2020 à 21:25

@petitblaspheme

effectivement... quand je vois angelina.... satan m'habite.

PetitBlasphème
11/10/2020 à 20:15

Ont vois clairement que ce film fait partie d'un rituel satanique mondial, regarder comment Angelina Jolie dans cette tenue on dirait Lucifer.

Zakari
16/10/2019 à 11:19

Film misandre

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