Dernier Diamant (Le) : Critique

Simon Riaux | 28 avril 2014
Simon Riaux | 28 avril 2014

Sur le papier Le Dernier Diamant a tout pour attirer notre attention. Une intrigue qui lorgne autant du côté du film de braquage que des heures gloire du divertissement hexagonal Belmondien, un casting réunissant le caméléon Yvan Attal et l'exigeante Bérénice Béjo, il n'en faut pas plus pour titiller le cinéphile en mal de cinéma populaire ambitieux. Seulement voilà, à la manœuvre nous retrouvons Éric Barbier, cinéaste volontaire, qui s'est jusqu'à présent toujours pris les pieds dans le tapis de ses intentions, aussi alléchantes et audacieuses qu'inabouties.

 

Faire cohabiter la romance et le thriller réclame autant d'envolées que de minutie, de préparation que d'exaltation. Si l'on est de prime abord vivement intéressé par le casse monté par Simon, cambrioleur en liberté surveillée, et la valse dangereuse qu'il entame avec une innocente diamantaire, il apparaît rapidement que Le Dernier Diamant manque justement de ces ingrédients essentiels. Trop caricatural pour creuser son propre sillon (les personnages et leurs motivations sont une enfilade de clichés jamais surprenants) et bien trop mécanique dans sa construction, le film a bien du mal à adopter une tonalité propre.

 

 

 

Qu'il s'attarde laborieusement sur les à côté d'un braquage complexe ou change brusquement d'orientation pour se focaliser sur son histoire d'amour finalement artificielle, il manque au film le cœur et le panache indispensable à son entreprise. Jamais on ne sent la menace que pourrait représenter le personnage d'Attal, de même qu'il est bien difficile de s'identifier à Bérénice Béjo, statufiée par un scénario explicatif et riche en incohérences. Les deux comédiens paraissent livrés à eux-mêmes et font ce qu'ils peuvent pour nous faire avaler les invraisemblances d'une intrigue faussement complexe.

 

 

 

Ce manque de vie et de chair est d'autant plus rageant que l'ensemble est exécuté avec un soin et un sens de l'image qui font souvent défaut sous nos latitudes. On sent qu'Éric Barbier soigne ses effets de montage, ses décors et la potentielle dimension iconique du récit, plutôt que de verser dans le pseudo-naturalisme qui sert d'excuse à bon nombre de crypto-auteurs hexagonaux. Las, en l'absence d'une direction d'acteurs solide et d'une ligne directrice maîtrisée, les failles du scénario n'en apparaissent que plus grandes. À l'image de la conclusion ahurissante du récit, qui voit sa comédienne principale défigurée par des prothèses de caoutchouc dignes d'un épisode de Alf, le métrage réserve à chacune de ses réussites un gros ratage pour la contrebalancer. L'échec de ce Dernier Diamant vient nous rappeler une fois de plus que l'enfer du cinéma est pavé de bonnes notes d'intention et de maladresses filmiques.

 

Résumé

Aussi soigné que mécanique et maladroit, le nouveau film d'Éric Barbier évoque un casse ambitieux raté par un gang de pieds nickelés.

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