Critique : Je fais le mort
Comique de situation, comédie romantique, buddy movie et polar provincial sont les figures que mêle avec une jubilation certaine ce récit qui entend jouer les funambules entre son univers chabroliens, ses influences burlesques et sa direction franchouillarde. Le mélange est inattendu, iconoclaste et fait régulièrement mouche, notamment dans ses ruptures de ton. On passe ainsi avec délectation de la mise en scène d'un meurtre sado-maso à une séquence de drague malaisante, d'un jogging atmosphérique en pleine montagne à un inattendu accident de télésiège. Géraldine Nakkache et François Damiens assurent tout deux des partitions réjouissantes et complémentaires, ce qui tient de la gageure, tant la propension du furieux belge à bouffer tout le monde à l'écran aurait pu mettre en péril l'équilibre délicat que requérait l'exercice.
Malheureusement, la dynamique induite par les fréquentes ruptures de ton ne tient pas sur la longueur, tant le métrage se montre finalement incapable de marier les genres avec amour. La mise en scène de Salomé se fait tantôt élégante, inquiétante ou carrément paresseuse, mais paraît ne pas s'inquiéter de la cohérence de l'ensemble, si bien que cette étrange équipée finit par lasser. Une frustration qui se traduit à l'écran par l'incapacité du scénario à trancher quant à l'orientation du récit, dont la conclusion jongle très maladroitement entre noirceur et romance. Mixer les références ne suffit pas, il faut les doser avec rigueur pour que le soufflé ne se dégonfle pas, hors Salomé donne trop souvent l'impression d'avoir mélangé des ingrédients hétéroclites et laissé ses (excellents) comédiens faire la tambouille.
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