The Spectacular Now : Critique

Geoffrey Crété | 20 novembre 2013
Geoffrey Crété | 20 novembre 2013

Appréhender un film estampillé Sundance est devenu une véritable gageure au fil des années, truffée de phénomènes indé survendus, corrompus par le marché hollywoodien. La carrière de ces films reposant par définition sur la surprise, ou du moins l’absence d’attente, chaque nouvelle perle relayée par la presse outre-Atlantique est à prendre avec des pincettes, sous peine de broyer la marchandise des mois à l’avance. Car pour chaque Little Miss Sunshine, il y a un Like Crazy, une rom-com tendre mais anecdotique, au succès d’estime peu compréhensible avec le recul. Prix spécial du jury et double prix d’interprétation de la session 2013, The Spectacular Now bénéficie d’un buzz spectaculaire depuis presque un an. En conséquence, il en paye le prix.

Vendu sur son affiliation avec (500) jours ensemble, lancé sur la scène de Sundance 2009, The Spectacular Now semble coller à la perfection à la formule du feel good movie : un ado populaire, largué par sa petite amie parfaite, décide de se changer les idées avec une camarade de classe introvertie, choix inattendu qui va bouleverser sa vie. Se déroule immédiatement dans la tête du spectateur un peu usé la suite des aventures, avec un coup de foudre à rebours, une prise de conscience de la vacuité d’être normal, une apologie de la différence, une galerie de personnages secondaires excentriques, ainsi qu’un sentiment diffus de bien-être, lié à une mise en scène de la vie comme une expérience sensée.

 

 

Or, The Spectacular Now n’est pas ce film facile en vase clos, livré avec un mode d’emploi émotionnel. L’ex petite amie ne sera pas une peste superficielle, mais une fille intelligente, tendre et attachante – excellente Brie Larson. Le meilleur ami ne sera pas ce gars lourd à l’humour gras, ni celui qui exprime toute l’intériorité des personnages au spectateur. L’adolescente banale ne sera pas métamorphosée en bombe après avoir enlevé ses lunettes. Le scénario, s’il reste dans les clous, épargne au spectateur un certain nombre d’impasses du teen movie, du bal de promo suranné qui va humilier la pauvre fille à la scène de crise où elle réalise qu’elle a d’abord été utilisée par le héros. Une somme de détails bienvenus, qui traduisent une volonté de ne pas céder aux désirs d’un spectateur conditionné.

 

 

Passé la déception d’avoir affaire à un film plus normal que prévu, qui a moins de chances d’être un phénomène de mode, The Spectacular Now ouvre sa coquille et laisse apparaître un film bien plus nuancé et amer. Comme l’héroïne alcoolique de Smashed, incarnée par Mary Elizabeth Winstead dans le film précédent de James Ponsoldt passé à Sundance en 2012, Sutter Keely a un sérieux problème avec l’alcool, traité en périphérie de l’intrigue. Un thème cher au réalisateur, traité avec suffisamment d’humilité pour ne pas sombrer dans la facilité.

 

 

Il y a bien des ficelles évidentes dans cette histoire somme toute banale, comme le personnage du père, très accessoire dans le scénario, mais James Ponsoldt ponctue son film de très belles scènes, loin des écueils du genre – la scène de la dispute dans la voiture, d’une violence imparable. Avoir sous la main une actrice comme Shailene Woodley participe énormément au capital sympathie du film, tant elle insuffle une spontanéité et une tendresse irrésistibles, dans un accoutrement loin d’être à son avantage. Plus encore que Miles Teller, c’est elle le clou du Spectacular Now.

 

 

Résumé

Le phénomène Sundance n'est pas à la hauteur des espérances, mais n'en demeure pas moins un beau teen movie, plus sobre et âpre que prévu.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire