Frances Ha : Critique

Nicolas Thys | 29 octobre 2013
Nicolas Thys | 29 octobre 2013

Certains pourront penser que c'est le sommum du cliché du cinéma indépendant US : une fille un peu hors du monde, rêveuse qui se cherche, danseuse et chorégraphe maladroite à la vie dissolue. Et d'autres petites choses : le mal être, l'envie de changer, les amis, les amours, l'impossibilité de s'intégrer à la société, l'art et puis New York. New York comme fantasme du cinéma américain à l'opposé d'Hollywood comme la ville est à l'autre bout des Etats-Unis par rapport à Los Angeles. Le tout, évidemment, en noir et blanc.

Frances Ha, c'est un peu une adaptation de Bridget Jones par Woody Allen dans sa ville fétiche. Et, finalement, c'est l'opposé de tout ce cinéma faussement indépendant et vraiment redondant qu'on nous sert. Sous un versant féminin et décapant, Noah Baumbach, réalisateur qui s'amuse des clichés revient avec une belle critique "sous la forme de". Parce que la protagoniste est surtout drôle : elle en fait trop, elle va toujours plus loin dans les mimiques, le grotesques et la caricature.

 

 

D'ailleurs, entre ses problèmes de couple, ses problèmes de gays, ses problèmes de best-friend-forever qui ne l'est plus vraiment, ses problèmes de boulot, elle part même visiter Paris sur un coup de tête et sans argent. Ah, Paris : ville romantique, ville du bonheur, de l'insouciance bohême. Ah non... Assommée par le décalage horaire, elle dort. Quand elle se réveille, il fait nuit, elle fait la touriste (mais c'est cher) tout en essayant de joindre une amie injoignable qui finira par l'inviter, trop tard, dans une soirée privée avec artistes et avocats (pas le fruit).

 

 

Paris Bobo dont on se moque bien volontiers et qui a tout perdu de ce qui faisait sa valeur, New York surprenante où rien ne se passe comme habituellement au cinéma. Le monde ne tournerait-il plus rond dans le ciné-cliché ? (indépendant formaté et remake d'Hollywood, même combat !). En cela Frances Ha, et son nom franco-raccourci, renvoie tous les pseudo-Woody et consorts à leur torpeur thérapeutique. De même qu'en participant à des soirées où elle n'est guère plus qu'une attraction, Frances met en évidence le ridicule de ceux qui financent leurs rêves et oublient que non, le monde entier n'est pas comme eux.

 

 

Pourtant Frances Ha n'est pas qu'une critique, elle vient en filigrane. C'est d'abord une fable aux arrières plans cyniques mais qu'on voit à peine pour suivre le périple amusant et amusé de cette petite fille mélancolique qui va chercher à ne pas trop grandir. C'est aussi le prototype du film qui rend heureux et qu'on est heureux d'avoir vu : pas de joie immense ni de drame profond, pas de bonheur exaltant ni de tragédie humaine. Juste des petites choses, simples, plaisantes, drôles ou un peu moins, un peu de vie ici et là. Et puis surtout un personnage perdu mais humain : une rêveuse filmée comme dans un conte faussement arty et qu'on aime suivre à la folie dans sa course contre elle-même !

 

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