Critique : Un nuage dans un verre d'eau

Traumatisé par la mort d'un voisin âgé qui s'occupait de lui, Srinath C. Samarasinghe a décidé de lui rendre une sorte d'hommage dans son premier long-métrage : Un nuage dans un verre.

Le film s'intéresse à la disparition d'une personne âgée, Mr Noun, un immigré égyptien, dans un quartier populaire du XVIIIème arrondissement. Sa voisine, une immigrée roumaine, Anna, amie du vieil homme, décide avec le petit fils de celui-ci de mener l'enquête.

Un nuage dans un verre d'eau commence comme un portrait social : deux immigrés, d'âge et d'origine différentes, trouvent du réconfort et une forme de protection l'un avec l'autre. Une protection par rapport à un dehors violent, loin d'eux et particulièrement cruel. Mais cet aspect social, quasi-documentaire, disparaît soudain quand Mr Noun, disparaît lui aussi. Le film se transforme alors en enquête policière, en essai personnel et frôle le fantastique. Un mélange des genres, un peu lourd, qui surcharge l'histoire au risque d'en perdre l'émotion mais qui ne manque pas de générosité.

Le duo d'acteurs qu'offre Gamil Ratib, grand acteur égyptien, vu notamment dans Lawrence d'Arabie, et Anamaria Marinca, vue dans le palmé 4 mois, 3 semaines, 2 jours, est plutôt merveilleux. Une simplicité rare et une évidence presque surnaturelle coulent entre ces deux acteurs et leurs personnages. Surnaturel, le film l'est aussi grâce à ces petites incartades fantastiques et poétiques comme ce nuage dans un verre d'eau que l'on peut voir graphiquement à l'écran mais qui est aussi, en plus du titre, le parfait résumé du film. Après tout, ce n'est qu'un petit mystère dans un environnement très circonscrit. Mais s'il y a bien une chose que le réalisateur s'efforce de faire, c'est bien de nous faire comprendre que les petites choses ont également le droit à une grande attention. Comme ce film d'ailleurs.