Critique : Je ne suis pas mort

Christophe Foltzer | 7 août 2013
Christophe Foltzer | 7 août 2013

Je ne suis pas mort fait partie de ces films que l'on a envie d'encourager. Loin d'être un chef-d'œuvre, il n'en reste pas moins très sympathique, malgré les nombreux défauts qui jouent contre lui.

 

Il faut reconnaître au réalisateur Mehdi Ben Attia, dont c'est le deuxième film, une volonté d'installer une ambiance, d'ancrer son récit dans une certaine réalité, de suggérer plus que d'expliquer. On y décèle une vraie volonté de cinéma, même si toutes ces bonnes intentions ne payent malheureusement que rarement.

 

Ainsi en partant d'un postulat fantastique archi rebattu, un professeur émérite décède et se retrouve dans le corps d'un de ses élèves d'origine maghrébine, le metteur en scène construit un récit que l'on croit balisé pour mieux s'en écarter à la première occasion. C'est à la fois sa grande qualité et son plus gros défaut. En installant un grand nombre de pistes dans la (longue) exposition, mais qu'il n'explore pas totalement par la suite, Mehdi Ben Attia perd le fil de son histoire, la puissance potentielle de son message. Le film s'égare entre l'aventure post-mortem du professeur, les histoires de la famille de Yacine, les difficultés de se faire une place lorsque l'on ne montre pas patte blanche... De tout cela découle un manque de cohérence pourtant essentiel pour ce type de récit et la fameuse suspension d'incrédulité inhérente au genre ne fonctionne guère lorsque des facilités scénaristiques (ou des maladresses, rien n'est moins sûr) dynamitent totalement la tension dramatique du scénario via des réactions de personnages peu crédibles ou un manque d'événements. Car oui, passé le changement de corps, il ne se passe pas grand-chose, le rythme en pâtit forcément et la direction d'acteurs approximative n'en est que plus renforcée. Sans compter qu'au final, on ne sait plus vraiment de quoi parle l'histoire.

 

Pourtant, allez savoir pourquoi, le film terminé ne laisse pas un mauvais souvenir. On est même content de l'avoir vu pour quelques moments vraiment prometteurs pour la suite de la carrière du réalisateur, des passages où les comédiens sont à la hauteur de nos attentes, des instants où le scénario révèle une profondeur que l'on attendait pas forcément, jouant sur des thématiques ambigües et riches qu'on aurait aimé voir approfondies. Un bilan en demi-teinte donc pour un film dont on ne parlera malheureusement pas autant qu'il le mérite en cet été gavé de blockbusters. On ne le voit pas en effet se faire une place entre Pacific Rim, Lone Ranger et les autres mastodontes américains qui sortent actuellement. Et c'est bien dommage car, même s'il reprend quelques tiques d'un cinéma pseudo intellectuel très pesant, Je ne suis pas mort représente une alternative intéressante et saine à toute la culture geek qui envahit nos colonnes depuis un petit moment. En plus, ça nous change des comédies à la con dont notre système de production s'est fait la spécialité.

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