Critique : Insaisissables

Laurent Pécha | 31 juillet 2013
Laurent Pécha | 31 juillet 2013

Après le choc, la magie ! Pour son troisième film américain, Louis Leterrier change radicalement d'univers. En laissant de côté les Dieux de l'Olympe, à bon escient au vu du fiasco nucléaire de La Colère des titans, le réalisateur français prend à bras le corps un scénario à tiroirs pour le rendre le plus cinégénique possible.

Bien conscient des enjeux de cette abracadabrante histoire de quatre magiciens, véritables robin(s) des bois des temps modernes poursuivis par la police, Leterrier dresse un dispositif de mise en scène qui renvoie directement à l'art de l'illusion. Son Now you see me (titre bien meilleur que l'affreux Insaisissables) joue ainsi la carte de l'esbroufe méticuleuse où le rythme incessant du récit - l'efficacité du montage prend ici une importance capitale - est là pour justement empêcher le spectateur de vagabonder sur d'autres cieux. Tel un magicien déployant des trésors d'inventions visuelles pour distraire son public, Leterrier ne lâche pas le morceau. A l'image d'une introduction brillantissime de ses quatre magiciens, le film ne tergiverse jamais et file sur des rails parfaitement contrôlés par le réalisateur au point de réussir à ne pas tromper sciemment ses spectateurs comme ont pu le faire d'autres collègues par le passé (le petit Bryan d'Usual Suspects est demandé à la barre).

Qu'importe alors si les personnages ne possèdent pas une étoffe psychologique très importante, le nerf de la guerre est ici tout autre : the show must go on ! Et la brochette impressionnante de comédiens renommés de l'avoir parfaitement compris, en jouant la carte de l'osmose de groupe et le plaisir de partager ces instants de roublardises cinématographiques. Constamment charismatiques, ils forment un parfait véhicule pour le brillant jeu de prestidigitation orchestré par Leterrier et son équipe technique, qui au passage, ont su optimiser à merveille le budget de «  seulement » 75 millions de dollars alloués (à l'heure des envolées financières des blockbusters estivaux, l'exploit est à saluer doublement).

 

Au final, à l'instar d'un tour de magie, Now you see me apparaît avant tout comme un pur divertissement qui n'existe et n'est construit que pour faire plaisir à son public. En ses  temps de diète estivale dans le domaine, il arrive à point nommé !   

 

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commentaires
Flo
14/03/2023 à 12:29

Une sorte de « Prestige » de Nolan, qui serait mélangé à son « Inception » (avec d’ailleurs la présence de deux acteurs nolaniens). Ça ne marche pas, thématiquement en tout cas, car le côté « film d’action survolté, peu lisible et bavard » prend trop le pas sur le côté Prestidigitateur, devenant l’illusion principale, la diversion aux effets plus numériques que physiques.
Les 4 protagonistes centraux étant vendus comme ceux qu’on doit suivre, alors que c’est vite évident que c’est leur poursuivant, même si ça manque trop de sympathie immédiate pour qu’on s’y attache. Et quand arrive le retournement tant attendu au milieu de plusieures (fausses) pistes, il est trop tiré par les cheveux pour être crédible.
Une solution de facilité semblant sortie au dernier moment plutôt que pensée en amont, que toute personne sensée n’utilise jamais dans un film du genre Whodunit, même pas préparée par le déroulement narratif.
Blockbuster lambda, ça va.

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