Critique : A very englishman

Perrine Quennesson | 19 juin 2013
Perrine Quennesson | 19 juin 2013

Le film de Michael Winterbottom pourrait se résumer en trois sons : le bruit de l'argent sonnant et trébuchant, le gémissement sensuel d'une femme et le renâclement typique de celui qui vient de se faire une ligne de coke. Car ces trois éléments composent principalement l'ambiance de ce biopic sur celui qui fut un temps appelé le roi de Soho : Paul Raymond. Il est devenu l'homme le plus riche d'Angleterre en faisant fortune sur le corps des femmes et la frustration des hommes. Sorte de Hugh Hefner à l'anglaise, Raymond était un véritable business man - il a ouvert le premier strip-club britannique - mais également un amoureux des plaisirs de la vie. Et plus que sa conséquente fortune, c'est cet aspect hédoniste du bonhomme que le film tente de mettre en avant. Mais à l'épicurien, parfois inconséquent qui boit autant qu'il baise et qu'il se drogue, A very Englishman oppose les ravages de son attitude sur les autres et, en particulier, sur les femmes de sa vie.

Telle la sainte trinité, elles sont trois : sa femme, sa maitresse et sa fille. Sa femme, tout d'abord, avec qui il a construit les bases de son empire et qu'il va abandonner au profit de son amante, une de ses meneuses de revues. Elle finira par le quitter, lassée par ses excès et l'image d'elle qu'il lui renvoie : elle est, et restera toujours, l'autre. Puis, enfin, sa fille, sa Cordélia : Debbie. Une fillette lâchée dans la cour des lions dont le père, mi-destructeur, mi-infantilisant, va finalement empêcher l'éclosion. N'ayant pas la force de caractère de ce père qu'elle admire tant, elle en mourra, la petite. Mais si l'histoire est parfois tragique, le film ne manque pas d'humour à l'image de la mentalité et de la ruse de Raymond. Seul le passage d'une émotion à l'autre a dû mal à se faire tant le personnage lui-même, qui n'a pas peur de ressentir, s'empêche de les exprimer. Tout comme le long-métrage, qui aussi démonstratif soit-il, s'empêche de se laisser aller aux sentiments.

Mais si le film brille parfois, c'est notamment grâce à la collaboration, pour la troisième fois, de Michael Winterbottom et Steve Coogan. Dans The Trip, mais surtout dans 24 hour party people, qui n'est pas très éloigné, ni par le sujet, ni dans son approche, de A very Englishman, le duo avait déjà prouvé qu'il s'était bien trouvé. Steve Coogan incarne ainsi ici, avec une délectation toute britannique, ce Midas malheureux qui, certes transforme tout en or, mais fait suffoquer ceux qui ont le malheur de l'approcher de trop près.

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