Promised land : Critique

Sandy Gillet | 17 avril 2013
Sandy Gillet | 17 avril 2013

Depuis Last days, Gus Van Sant a semble-t-il mis de côté (définitivement ?) sa veine « altergrunge » à tendance naturaliste qui l'avait mené jusqu'à la Palme d'Or d'Elephant

Exception faite avec Harvey Milk, son cinéma est devenu depuis beaucoup plus rangé des camions comme si le réalisateur recherchait un second souffle que pour l'instant il ne trouve pas. Promised Land n'apportera en effet rien de nouveau à ce constat. On avait pourtant hâte de revoir pour la troisième fois le couple Damon / Van Sant lancé avec un certain Will Hunting dont la résonnance influe encore sur leur carrière respective. À croire pourtant que cette association devenue profonde amitié depuis n'était que le fruit d'un film. Car qui se souvient de Gerry et surtout qui se souviendra de Promised Land ?

 

 

Film aux enjeux mal définis et assez caricaturaux, Promised Land semble en effet surtout être le fruit d'une époque où le militantisme se confond forcément avec écologisme. De celui ici d'une petite ville plongée dans la crise et planquée au fin fond de l'État de la Pennsylvanie qui va progressivement se rebeller contre le représentant d'une grosse compagnie venue leur proposer de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu'elles renferment. On pense au gaz de schiste même si la chose n'est jamais vraiment nommée. Très sincèrement on peut être plouc et ne rien connaître à l'écologie, mais impossible de faire confiance au personnage joué par un Matt Damon aussi impliqué qu'une loutre sur une pierre précédemment chauffée par le soleil.

 

 

Et pourtant on sait que c'est Matt qui a proposé le projet à Gus ne pouvant in fine le réaliser lui-même pour des raisons de timing serré dans son calendrier d'acteur surchargé. Mais les torts sont à partager avec une mise en scène mal fagotée et sans envergure qui s'englue dans cette histoire dont on a peu de mal à en deviner très vite le dénouement. Reste tout de même la collègue de Matt jouée par la toujours extraordinaire Frances McDormand. On a là un personnage bien écrit qui du début jusqu'à la fin ne dévie jamais vraiment de sa route. On pourrait croire à du surplace. Mais non car en fait l'actrice sait se la jouer et donne l'illusion de portes qui s'ouvrent sur de nouvelles facettes. Des fausses pistes qui rejaillissent quelque peu sur une sous intrigue dont l'intérêt est à porter intégralement à son crédit.  

 

 

Résumé

C'est bien peu au final pour un film représentatif de cette gauche arty ultra libérale américaine qui veut se donner bonne conscience en mettant en boîte des œuvres qui n'ont ni la fougue d'une dénonciation salvatrice, ni la force du rouleau compresseur carré et ultra documenté. On suit cela d'un œil un peu torve en souriant de temps à autre aux saillies verbales de Frances et en passant à autre chose dès les lumières rallumées. On en regretterait limite les films foutraques mais bien vivants de Michael Moore.

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