Critique : Anna Halprin : le souffle de la danse

Flavie Parmentier | 11 décembre 2012
Flavie Parmentier | 11 décembre 2012
Anna Halprin : Le souffle de la danse pourrait s'apparenter à un documentaire Arté, diffusé vers deux heures du matin. Il faut de l'ouverture d'esprit et l'on n'a pas toujours l'impression de bien comprendre tout ce qu'on nous raconte. Mais ce qui est sûr, c'est que ses personnages hauts en couleurs, Anna Halprin largement en tête, en sont résolument attachants et ne manquent pas d'intérêt.

Et c'est bien ici le sujet du premier film de Ruedi Gerber, réaliser un documentaire sur le parcours d'une femme hybride, Anna Halprin, ou la pionnière américaine de la danse contemporaine. Gerber fait la connaissance d'Anna en 1982, alors qu'elle n'exerce plus de performances publiques. Lorsqu'elle remonte sur scène en 2002, le futur réalisateur vit un tel bouleversement qu'il aura envie de le retranscrire en images. Toutefois, son travail n'a débuté qu'en 2005 et s'est achevé en 2009.

La passion et la détermination lient donc le réalisateur suisse à son premier film, et l'on ressent sa volonté d'être au plus proche d'Anna durant tout le documentaire. Probablement faute d'expérience dans le domaine de la part de Gerber, le film reste sage et finalement assez structuré par rapport à son sujet, mais remplit son contrat de nous conter avec beaucoup de précision l'histoire d'une femme qui méritait que l'on entende un peu parler d'elle en Europe. Linéaire, Anna Halprin : Le souffle de la danse laisse au moins le sentiment d'avoir saisi avec exactitude les enjeux d'une vie dévouée à son art.

Le documentaire prend une tournure intéressante et inattendue lorsque l'on comprend qu'un art tel que la danse peut avoir différents statuts et se révéler là où on ne l'attendait pas forcément. Au delà du sport et du spectacle, la danse peut aussi avoir des vertus thérapeutiques, et plus loin encore, s'envisager comme un véritable travail de justice sociale. Anna Halprin a par exemple utilisé la danse comme propre cure contre son cancer : « Avant mon cancer, je vivais pour mon art, après celui-ci c'est mon art qui m'a fait vivre. »

Elle s'en sert également comme arme de paix suite à un attentat dans les années soixante à Los Angeles d'un « quartier noir ». Elle a alors mis en place durant un an un travail d'expression scénique, d'un côté avec un groupe de personnes noires, de l'autre côté avec un groupe de personnes blanches, dans le but d'une réunification finale lors d'une ultime performance. Comprendre les différences et les points communs, l'esprit de communauté, sont alors autant de valeurs qui entrent en jeu, même si la démarche a de quoi surprendre.

Sans être totalement passionnant et créatif, Anna Halprin : Le souffle de la danse réalise cependant un bon travail de documentation et est littéralement porté par son sujet. Anna Halprin est une icône de maintenant 92 ans qui inculque plus qu'une démonstration de danse « new age », mouvement auquel elle a été longtemps réduite.

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