Critique : Mes héros

Sandy Gillet | 11 décembre 2012
Sandy Gillet | 11 décembre 2012

On avait laissé Eric Besnard se dépêtrer avec ses 600 kilos d'or pur, hommage lourdingue et méchamment raté du cinéma d'aventure français des années 50. En fait l'homme est surtout connu dans le métier pour ses scénarii. Il est par exemple l'auteur du Convoyeur de Boukhrief, co-scénariste de Babylon A.D. ou plus récemment il a commis celui mémorable de À l'aveugle. C'est donc avec un zest de surprise non dénué d'intérêt qu'on le retrouve ici à l'écriture mais aussi derrière la caméra à nous narrer une histoire annoncée comme assez personnelle. Tout du moins les rapports à l'écran entre un fils joué par un Clovis Cornillac pas très inspiré et une Josiane Balasko de mère détonante.

Pour le reste, cela lorgne sans vergogne mais avec bonheur du côté de l'univers de Becker dans la façon dont Besnard pose sa caméra et laisse défiler les dialogues. Non que la mise en scène soit aux abonnés absents, disons qu'elle est juste très effacée pour mieux laisser les acteurs s'exprimer et délier une histoire on ne peut plus convenue. Mais même en terrain archi connu, la magie peut opérer au détour de quelques plans certes appuyés mais portés ici par un bon mot ou là par une situation de comédie bien vue teintée de tolérance et d'humanité. Car dans Mes héros c'est bien de cela dont il s'agit. Comment résister à son échelle contre cette société de plus en plus intolérante et communautariste ? Du coté de Balasko c'est de recueillir un enfant dont la mère sans-papier vient de se faire arrêter. D'y embringuer son mari de Jugnot qui passe ses journées avec son pote de Pierre Richard (quelle bonheur de le revoir aussi en forme) à se taper des gueuletons bien planqués dans la forêt du coin, sans oublier donc son fils de Cornillac qui vient de se faire encorner par sa femme et dont le jeu est aussi subtil qu'un trente six tonnes à l'arrêt.

Même si le film a été tourné du temps du sarkozysme, il est indubitable qu'il porte déjà en lui les stigmates du hollandisme. En cela, il peut s'avérer insupportable et rappelle d'ailleurs ces comédies faussement sociales des années 80 immédiatement datées que furent Black Mic-Mac ou encore L'œil au beu(re) noire. Et pourtant on ne prédit pas le même avenir à ces héros car on y sent beaucoup de sincérité (certes naïve) et une belle dose de don de soi. Pour respecter cela il sera alors de bon temps d'oblitérer son cynisme ou de le cacher au vestiaire et de se laisser un peu aller en souriant aux turpitudes de ces personnages fantasmés mais que l'on aimerait avoir sans aucun doute comme compagnon de route.

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