V/H/S : Critique

Symptomatique d'une mouvance actuelle où tout n'est qu'hybride, V/H/S mélange le found footage et l'anthologie (genre si rare dans le domaine de l'horreur et pourtant si appréciable à l'instar du sympathique et malheureusement maudit Trick'r Treat) en regroupant 5 histoires reliées entre elles par un  fil conducteur.

Depuis ses débuts au Sundance Film Festival en Janvier 2012, le film a fait le tour des festivals à travers le monde et a connu un franc succès auprès du public qui lui réserva une critique dithyrambique. Côté presse, les avis sont plus que divergents (demandez donc à notre rédac chef ce qu'il en pense...). Alors quand est-il après visionnage de l'objet ? Il faut avouer qu'on reste un peu perplexe devant le résultat final car malheureusement le film souffre d'inégalité et l'on retiendra seulement deux histoires qui sortent réellement du lot.

La première de David Bruckner (The Signal), Amateur Night, roublarde mais diablement efficace, révèle une future égérie de l'horreur indie, la flippante Hannah Fierman (on pense alors à Angela Bettis). Le sketch (très EC Comics dans l'esprit) nous raconte les mésaventures de trois amis décidés à filmer leurs ébats sexuels avec de jeunes demoiselles rencontrées en boîte de nuit. Ils poussent donc le timide de la bande à revêtir des lunettes avec une caméra dissimulée dans les branches pour qu'il filme l'intégralité de la soirée. Les malheureux croiseront sur leur route Lily (Hannah Fierman), jeune femme mystérieuse éprise du jeune introverti et répétant sans cesse « I like you... ». Après avoir ramené la jeune fille dans leur chambre de motel, les trois potes regretteront amèrement leur décision... Le réalisateur réussit à jouer avec nos nerfs par le biais d'images tétanisantes qui sauront marquer les esprits, tout le mérite revenant au personnage de la ténébreuse et envoûtante Lily.

La dernière histoire sous la houlette de Radio Silence (Matt Bettinelli-Olpin, Justin Martinez, Tyler Gillett et Chad Villella) saura elle aussi capter l'attention. Quatre jeunes, interprétés par les réalisateurs, sont en route pour une soirée d'Halloween. L'un d'entre eux porte un costume de Nanny Bear Cam, peluche dissimulant une caméra utilisée par les parents n'ayant pas confiance en leur babysitter. Ils vont malheureusement se tromper d'adresse et se retrouver dans une maison où se déroulent des phénomènes paranormaux. Ils y trouveront une jeune femme sur le point d'être sacrifiée par des hommes dans le grenier et décideront de la sauver sans savoir ce que leur réserve la suite des évènements... Ce petit bijou horrifique nommé 10/31/98,  se révèle être un véritable train fantôme au rythme frénétique et aux effets spéciaux malins.

Quant aux autres segments, ils sont affublés de twists finaux déplacés qui plombent littéralement la flippe qu'on venait de nous faire subir le quart d'heure précédent. En témoigne les sketches Second Honeymoon de Ti West et The Sick Thing That Happened to Emily When She Was Younger de Joe Swanberg (une lune de miel tournant au vinaigre après la visite d'une étrange inconnue venue frapper à la porte de la chambre du motel pour la première et plusieurs conversations skype entre un couple montrant la fille sombrer lentement dans la folie suite à des visites régulières d'ectoplasmes pour la seconde). Ou alors ils sont totalement hors de propos comme pour le 3ème segment intitulé Tuesday the 17th, un found footage Troma-tisant totalement vain et nullissime réalisé par Glenn McQuaid (I sell the Dead). Et quand est-il du fil conducteur Tape 56 d'Adam Wingard (A horrible way to die) dans tout ça ? Brouillon et confus dû à un maelstrom d'images syncopées et une entrée en matière peu convaincante voire à la limite de l'incompréhensible malgré un côté glauque et poisseux.

Pourtant on se surprend à suivre agréablement ce coup d'essai, inégal certes, mais auquel on ne peut enlever une chose, le concept de found footage est assumé de bout en bout, à entendre par là que la présence de la caméra est justifiée à 100% (fait si rare qu'il est à souligner ! Cloverfield, The devil inside et consorts sont là pour en témoigner...), notamment par l'intermédiaire d'astuces (les lunettes d'espion, les conversations Skype, le costume de Nanny Cam Bear). Qui plus est le réalisme est accentué grâce à l'âpreté d'un montage maison (les found footages sont bien souvent trop montés, le découpage s'apparentant davantage à un film dit standard).