Critique : Tabou

Composé de deux parties et d'une introduction burlesque, Tabou raconte l'histoire d'Aurora, bourgeoise portugaise, à différents stades de sa vie. Sa vieillesse à Lisbonne puis sa jeunesse à l'époque de l'Empire Portugais dans les colonies africaines. La première partie intitulée "le paradis" met en scène notre héroïne septuagénaire, seule, mystérieuse, obsédée par les casinos, dépensant son dernier pécule à la roulette, ayant pour unique amie sa voisine, Pilar, catholique pratiquante d'une quarantaine d'année, aidant de jeunes étudiantes dans leur voyage universitaire. Par la force des choses, Pilar va découvrir qui est réellement Aurora. La deuxième partie intitulé " le paradis perdu", relate alors la jeunesse d'Aurora au Mozambique alors colonie portugaise et son histoire d'amour passionnel avec son amant, Ventura, un jeune aventurier fougueux batteur dans un groupe de pop local.

Miguel Gomes signe un film voluptueux et sensuel, d'une originalité folle et d'une audace assumée. Il joue avec les codes historiques du cinéma muet en utilisant un format d'image 1.33 et une voix-off pour décrire l'action. Les tableaux s'enchainent les uns après les autres, jonglant entre scènes dramatiques, charnelles, absurdes, cocasses et grotesques. Une expérience singulière qui marque durablement la rétine.

Linoc Taum