Main dans la main : Critique

Damien Virgitti | 17 décembre 2012
Damien Virgitti | 17 décembre 2012

Tout juste un peu plus d’un an après La guerre est déclarée, le duo décidément inséparable de Valérie Donzelli et Jéremie Elkaïm s’attaque à un sujet plus léger à travers leur troisième œuvre à quatre mains très justement intitulé Main dans la main. Loin de la gravité de La guerre est déclarée, Main dans la main invite le spectateur à prendre part à un conte de fée mâtiné de fantastique. Jugez plutôt : quand Joachim (Elkaïm) rencontre Hélène (une autre Valérie, Lemercier cette fois ci…) ils se retrouvent soudainement incapable d’agir l’un sans l’autre, obligé de se suivre et de s’imiter dans une valse burlesque…

Si on imagine alors aisément les situations et les scènes comiques qu’on peut tirer d’un tel postulat, la cinéaste Donzelli va en profiter, comme d’habitude, pour partir dans une toute autre direction et en tisser une oeuvre qui lui reste personnelle.
 
Il faut alors accepter dès le départ, comme l’indique son titre, de se laisser prendre « main dans la main » pour courir le long de cet étonnant voyage. C’est seulement à ce prix qu’on peut passer au-dessus de certaines séquences complètement carnavalesques, à l’image de cette course-poursuite ubuesque où Jérémie Elkaïm et Valérie Lemercier se font courser par un Ministre dans les couloirs de l’Opéra Garnier qui prend soudain des allures de labyrinthe d’Alice. Au milieu de ce laboratoire d’idées foutraques, le film prend peu à peu corps au travers de chaque détail et de ses personnages secondaires attachants (inénarrable Béatrice de Staël) pour offrir un propos qui éclaire de plus en plus la personnalité de ses deux scénaristes.
 

 
 
S’ils en profitent une fois de plus pour explorer l’attachement humain au travers du corps, leur thème de prédilection depuis maintenant La reine des pommes, Main dans la main est aussi un film qui en dit beaucoup sur les raisons de leur rupture, notamment au travers d’une séquence envoûtante où Béatrice de Staël commente les affres du couple moderne, rebaptisé pour le coup « trouple ». Un propos qui ausculte les sentiments contradictoires de l’âme humaine mais qui fait aussi terriblement écho au débat politique actuel empêtré sur les questions de l’évolution des mœurs.
 
 

 
Si Valérie Donzelli a quitté depuis longtemps son postulat surréaliste, c’est pour nous offrir un film qui parle avant tout au coeur, emballé comme à son habitude dans un jeu de couleurs chatoyantes, une réalisation fraîche et décalée et la partition toujours autant envoûtante de Peter Von Poehl. Une patte caractéristique du cinéma de Valérie Donzelli trop rare et singulière dans le paysage du cinéma français pour qu’on la jette si vite aux oubliettes. Et Main dans la main de bien porter son titre et de se révéler un pari réussi.
 

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